Auteur: vinlem
Date: 06-11-2008 21:25
Le Journal des Arts - n° 290 - 31 octobre 2008 (Extrait)
Les primitifs sont à l’honneur avec la dernière partie de la collection historique Marie-Thérèse et André Jammes.
Le 15 novembre 2008, Sotheby’s procèdera à un événement de taille : la dispersion de l’ultime partie de la collection Marie-Thérèse et André Jammes.
Pour rappel, la première partie de cet ensemble historique de photographies anciennes avait été vendue à Londres le 27 octobre 1999 chez Sotheby’s pour 7,4 millions de livres sterling (11,6 millions d’euros). Adjugée 507 500 livres sterling (791 000 euros), La Grande Vague – Sète de Gustave Le Gray avait alors atteint le record pour une photographie aux enchères et le meilleur prix pour une image de Le Gray. Cette vacation fut suivie les 21 et 22 mars 2002 chez Sotheby’s à Paris des deuxième et troisième volumes consacrés à la photographie française du XIXe siècle et au fonds Charles Nègre, pour un montant total de 11,8 millions d’euros. Mariant rareté, état de conservation et provenance, ce quatrième et dernier opus recèle de nouveaux trésors des maîtres de la photographie primitive française, tous autorisés à quitter le territoire français. Une longue préface au catalogue, rédigée par Sylvie Aubenas, directrice du département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), laisse à penser que les Jammes ont pu donner quelques rares tirages à l’institution française pour faciliter la sortie des autres. Car, loin d’être neutres, de telles attentions des gens de musées à l’égard du marché demeurent inhabituelles.
Daguerréotypes, calotypes et un chien
Les pièces maîtresses sont un daguerréotype, vers 1850-1857, du baron Jean-Baptiste Louis Gros, pionnier de la plaque, estimé 150 000 à 200 000 euros, ainsi qu’un des premiers essais couleurs représentant une Table-Nature morte (1869) par le procédé trichrome inventé par Charles Cros, pièce de musée estimée 120 000 à 150 000 euros. Les amateurs retiendront également un fonds important de treize daguerréotypes pris en France, en Égypte, Italie et Grèce par Joseph-Philibert Girault de Prangey, estimés 10 000 à 70 000 euros pièce ; une exceptionnelle étude d’un Chêne dans la forêt de Fontainebleau, vers 1849, par Gustave Le Gray, estimée 60 000 à 80 000 euros et une sélection très rare de négatifs sur papier ciré de John Beasley Greene, estimés 12 000 à 25 000 euros. De 60 000 à 80 000 euros, l’iconique portrait de Charles Baudelaire par Étienne Carjat se trouve être la matrice originale en gélatine positive (vers 1876) qui servait à la production des tirages en photoglyptie pour la fameuse publication Galerie Contemporaine entre 1876 et 1884. De Nadar, notons un beau tirage sur papier salé de L’Apôtre Jean Journet (vers 1857), estimé 30 000-40 000 euros, et de Charles Nègre, un Portrait de chien, vers 1855, estimé 10 000 euros, qui pourrait bien voir son prix s’envoler. Car c’est un sujet rarissime pour l’époque. En 2002, lors de la vente du fonds Nègre de la collection Jammes, une image canine similaire, estimée 1 000 euros, avait été emportée par un particulier américain pour 65 150 euros. L’expert Simone Klein relève aussi « une série extraordinaire de calotypes d’Émile Pécarrère, des vues d’architecture estimées 4 000 à 10 000 euros chacune. Bien que mentionné dans des écrits, ce photographe à l’esthétisme tout à fait exceptionnel reste peu connu. »
Malvoisin Armelle
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