Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 24-07-2007 10:02
Etre la cible des media ne fait pas de quelqu'un une personne "pipol". D'ailleurs, certains s'en passeraient bien, il y en a même qui aimeraient bien se faire oublier.
Mais s'il y a une offre, c'est qu'il y a une demande. Je sais, c'est la poule et l'oeuf.
Mais si quelqu'un un jour identifie une demande potentielle, il n'est pas coupable parce qu'il y satisfait, mais seulement parce que son absence d'éthique ou de scrupules tolère qu'il y réponde.
Paris-Match n'existe pas depuis dix ans. Des journalistes comme Jean-Pierre Pedrazzini ont payé de leur vie pour qu'on puisse y publier les images de la révolte de Budapest en 1956. Et la même revue publie les photos de monsieur x en train de peloter madame y sur le yacht de monsieur z. Les photos sur le pont du bateau sont peut-être le prix à payer pour qu'on voie les chars russes à Budapest.
Etre "pipol", c'est le moment où, de victime, on devient acteur consentant, de préférence en faisant semblant de refuser le rôle du bout des lèvres.
Il y a des gens qui répondent aux questions. Il y en a d'autres qui disent : "j'ai cru entendre la question..." ou mieux, "puisque vous ne m'avez pas posé la question, je répondrai que ..."
Les charognards des media se nourrissent essentiellement de vie privée. Il y a d'immenses acteurs, comme Philippe Noiret ou Jean Rochefort, qui ont toujours bien isolé leur vie privée de leurs rares apparitions dans la vie publique. Et vous constaterez que les media respectaient - ou étaient bien obligés de respecter - ce choix.
Il y a bien un jeu de connivences, de complicité, qui nous est plus ou moins caché. La "fuite" du style "tel jour, monsieur x sera à tel endroit avec madame y" est organisée soit par monsieur x soit par madame y, qui jugent qu'on n'a pas parlé d'eux depuis trop longtemps.
Et il y a les mises en scène... Si la République est devenue "pipol", la faute à qui ?
Et puis il y a le vieux cabotin, qui au lieu de rester chez soi et de "cultiver son jardin" ne peut admettre l'idée qu'on puisse ne plus parler de lui, ne plus l'inviter dans la moindre émission littéraire, ou de variétés, ou le "spectacle de bavardage" à la mode.
Je pense à des cabots comme Jean d'Ormesson, la "référence culturelle de service" : ses bons mots - dont il semble être le premier à se délecter - font oublier l'auteur de la "Gloire de l'Empire". Privez le de télé, et il s'étiole.
Comme on dit de certains bons fruits : "dommage de l'avoir gardé si longtemps, il a fini par s'abimer".
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