Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 03-04-2009 09:54
S'il y a bien un instrument dont je ne m'encombrerais pas en montagne avec un moyen format rapide en action c'est bien le spotmètre ! Du moins çà fait 35 ans que je fais des diapos en montagne sans spotmètre... Et si on fait du négatif couleur : tout passe, inutile de se torturer, le posemètre de l'appareil en général suffit !
En diapo pour repousser encore un peu le passage au spotmètre on peut utiliser un posemètre en lumière incidente (une 'tite digisix-Gossen ou une 'tite Sekonic concurrente) ou une petite carte à 18% de matière grise et mesurer en réfléchi si on a vraiment peur de rater son coup ; mais les scènes de montagne très brillantes avec neige correspondent en fait à la règle de seize par soleil brillant. On peut éventuellement fermer de 1/2 diaph par rapport à la règle de seize, comme l'indique la table d'exposition du rolleiflex T !!
http://www.cijoint.fr/cj200904/cij27gRCja.pdf
Dans cette vénérable table, avec du film ISO 50/18°, les scènes de neige sont recommandées à IL 14 ce qui fait 1/60 à f/16, 1/3 de diaph de plus que la règle de seize qui donnerait 1/50 à f/16.
Donc déjà on se cale sur la règle de seize pour éviter de faire des erreurs énormes (par exemple en essayant un spotmètre pour la première fois ;-)
Ensuite on se rappelle les recommandations d'Henri Gaud en fonction du sujet !
Finalement avec la table Rolleiflex, la règle de seize et les règles de Moisenay, on couvre déjà pas mal de situations à peu de frais ;-)
Blague à part, H.G. a raison de mentionner que tout dépend du sujet.
Si le sujet est un rocher ou un bonhomme au soleil et que c'est le sujet principal, on ne modifie pas grand chose par rapport à une mesure bête genre pondérée centrale sur le sujet mais la texture de la neige sera perdue.
Si on veut une texture de neige en éclairage rasant, par exemple les beaux cristaux de givre de surface, sans autre objet plus sombre dans le champ, le problème est différent.
Dans le bouquin de Willy Ronis sur la montagne, il y a une vue de ces beaux cristaux dans le Jura, mais la neige apparait grise sur le bouquin.. c'est très difficile d'avoir à la fois la texture et que la neige ne soit pas grise. En couleurs je trouve finalement que çà passe mieux.
En début de matinée ou en soirée la lumière est moins crue, c'est meilleur pour le relief, dans ce cas il n'y a guère de problèmes d'exposition.
Un accessoire très utile en revanche si on veut garder des souvenirs des amis qui étaient ensemble lors d'une belle course, c'est le petit flash à déboucher les ombres pour les vues au sommet. Sinon, on a des silhouettes aux visage sombres impossibles à reconnaître ! Car il n'est pas interdit de prendre les gens en photo haute résolution !
Concernant les prises de vue de neige par temps totalement nuageux, donc un ciel gris uniforme comme une carte grise à 18%, en février dernier j'ai fait des mesures avec ma p'tite digisix et j'ai trouvé les résultats suivants :
Sensibilité réglée sur ISO 200/24° (j'avais de la scala(TM) dans l'appareil)
J'ai pointé l'instrument avec ou sans calotte diffusante vers le sol neigeux tout propre et vers le ciel, bas et lourd, pesant comme un couvercle et j'ai relevé :
lecture ____ incident _ / _ réfléchi
ciel gris ___ IL 14 ___ / _ IL 16-2/3
neige direct _ IL 13-2/3 / IL 16-1/3
Donc si on applique la règle du deux diaphs 1/3 recommandée par H.G., il faudrait donc exposer à 16-2/3 moins 2-1/3 = 14 -1/3 c'est à dire à très peu de chose près ce que donne la mesure incidente pointant vers le ciel gris !!!
Sinon je recommande d'observer le paradoxe de la neige plus brillante que le ciel gris : en regardant un horizon terrestre enneigé sur fond de ciel gris, sans contestation possible la neige est vue comme plus claire, alors que le posemètre pointé vers le sol neigeux indique que la neige est évidemment un poil plus sombre que le ciel au zénith, 1/3 de diaph selon la digisix, que le ciel qui l'illumine !
Avec un spotmètre pointant vers l'horizon à la jointure ciel/neige on doit en principe mesurer cette différence visible (tiens, çà fait au moins une raison d'emporter un spotmètre dans le sac à dos ;-)
Ce paradoxe est assez délicat à expliquer, je pense que c'est dû aux propriétés différentes de diffusion et de réflexion par les nuages ou la neige. En fait on regarde le ciel au loin avec des rayons diffusés très inclinés vis à vis de la direction incidente du soleil au-delà des nuages, et ce ciel à l'horizon est plus sombre que le ciel au zénith alors que la neige à l'horizon serait aussi blanche que la neige vers soi.
Entre le zénith nuageux et la neige vers soi, on a pratiquement la même chose à 1/3 de diaph près ce qui est rassurant vis à vis de la conservation de la luminance ;-)
Pour terminer, on peut estimer à la louche l'absorption de lumière par les nuages.
On part d'une exposition de 14-1/3 selon la lecture sur neige corrigée façon Moisenay.
On compare avec le plein soleil façon table-Rollei à IL 16 (toujours pour ISO 200/24°)
La perte serait donc de 1 diaph-2/3 par absorption/diffusion dans les nuages.
ce qui donne (je ne triche pas) un facteur de transmission égal à .......
(... suspense insoutenable....)
.....18% !!!!
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