Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 28-03-2009 12:40
si la discussion ne se recentre pas ...
... d'elle-même, de la même façon qu'on peut être sceptique sur la capacité de la finance capitaliste à s'auto-réguler, eh bien nous nous recentrerons sans attendre que les lois naturelles du forum le fassent pour nous ;-);-)
À la question de Matthieu Bussereau :
...je me demande si je peux utiliser mon 1,8/50 monté sur bague allonge ou si le 2,5/50 ou le 2,8/60 macro serait ostensiblement meilleurs...
.. on pourrait répondre de façon lapidaire que les optiques macro étant au catalogue de toutes les bonnes maisons, tous formats confondus, si ces optiques étaient sans intérêt et sans marché, elles seraient au musée depuis longtemps. Mais les bagues-allonge sont en vente libre, comme dirait l'Archevêque de Moisenay, donc évidemment çà marche avec un n'un-huite de cinquante.
Une optique macro c'est mieux mais c'est plus cher ;-) encore faut-il préciser l'exigence du photographe.
Par ordre de qualité d'éclairage et de qualité d'image croissantes, on citera :
- l'objet posé directement sur un scanner à plat
- l'optique ordinaire avec ce qu'il faut de bagues ou de soufflet pour atteindre le tirage nécessaire au grandissement cherché ;
- l'optique macro-de-course extra super top apo-de-légende, mais toujours avec ce qu'il faut de rampes hélicoïdales longues, de bagues ou de soufflet pour atteindre le tirage nécessaire au grandissement cherché ;
Sachant qu'un soufflet automatique pour appareil 24x36 coûte plus cher qu'une chambre monorail d'occasion ! Et que de sympathiques fabricants proposent des plaques-à-baïonnette à glisser derrière votre dépoli quat'cinq international !
(si c'est pas du recentrage ? hein ? ;-);-) )
Proposer d'utiliser un scanner n'est pas une provocation visant ceux qui peaufinent la hauteur de leur support de film au dixième près. Les optiques des scanners sont très bonnes, on ne leur demande que d'imager une toute petite surface, le raccordement de champ fait le reste. Quant à la profondeur de champ... eh bien regardez la pomme ci-dessus. Les lois de l'optique sont les mêmes pour tous... mais comme on ne sait pas grand chose des optiques des scanners, on n'en dira pas plus.
Certes au scanner on n'est pas maître de l'éclairage, mais imaginez que vous soyez un militant d'une association de défense des vergers de nos provinces et de leurs superbes espèces de fruits locaux menacés par la mondialisation (non, je n'ai aucun exemple proche de moi en tête ;-) )
Pour aider l'association lors des séances publiques où on apporte des pommes à identifier, vous vous proposez de faire un catalogue des 250 espèces locales connues rien sur votre canton. Eh bien rentrer les images de ce catalogue au scanner, en scannant directement les pommes posées sur la vitre, çà peut se faire sans problème à condition de bricoler un support empêchant que la pomme ne roule à sa guise sur la vitre du scanner.
Mais comme vous possédez déjà la petite machine automatique à manivelle pour éplucher les pommes (vue en action dans un film de Woody Allen), vous n'êtes pas en panne d'idées pour combiner une petit tente blanche de fond avec un support inspiré des carcans & autres minerves photographiques utilisés en 1840 pour les portraits en pose longue.
Un jour, c'est clair, vous sortirez la chambre et l'apo-macro-sironar, mais ce sera pour faire le portrait de vos espèces de pommes préférées : la Belle-Fille-de-Salins, La Pomme-Fraise-de-Franche-Comté, sans oublier celle qu'on appelle Moûr-de-Pô au Pays de Montbéliard, si belle avec ses petites bosses rigolotes par en-dessous.
-----------------------
Mais recentrons-nous :
Bertrand Lapchin nous dit à juste titre (et je suis bien d'accord avec lui)
...mais la MaP très difficile à faire avec un rapport aussi faible, les bagues améliorerons certainement les choses...
...Dès que vous pouvez, achetez vous un 100mm..
Pourquoi macro (**note 1) et pas ordinaire ?
En petit format, les optiques normales étaient, au départ, orientées vers le reportage de l'instant décisif donc calculées pour la meilleure performance à l'infini. À l'époque des focales-fixes-sinon-rien il fallait donc une autre combinaison optique optimisée pour les courtes distances. Tout ceci est un peu de l'histoire car le progrès des zooms en petit et moyen format (je recentre eh, eh) a permis de développer des optiques macro à groupes flottants utilisables de l'infini jusqu'au rapport 1:1. Par exemple le makro planar du défunt contax 645 a des groupes flottants(** note 2) que ses confrères les makro planars de 120 et de 135 des systèmes blad et rollei n'ont pas.
Ensuite on peut se poser la question de savoir pourquoi 100 mm et pas 50 mm macro.
Parce qu'il faut ménager une distance confortable entre l'objet et le sujet, ne serait-ce que pour l'éclairer confortablement. Parfois il faut même avoir recours à une lame semi-transparente à 45° devant l'objectif, avec éclairage latéral, pour éviter l'ombre portée par l'objectif & le soufflet sur le sujet...
Plus on se rapproche du rapport 1:1, plus la profondeur de champ (PdC) devient indépendante des focales. Au rapport 1:1, en, position 2f-2f, la PdC vaut plus ou moins 2.N.c (total : 4.N.c) où "N" est le nombre d'ouverture gravé sur l'objectif et "c" le cercle de confusion choisi.
Point de focale en jeu ici : étonnant, non ? Et comme la valeur de "c" augmente en général en fonction du format choisi, on est dans une situation ou plus le format est grand plus il y a de PdC : paradoxe amusant mais il faut y regarder de plus près...
Pourquoi les considérations précédentes ne concerneraient-elles pas les chambres ? Il se trouve que les optiques standard de chambre du genre 6/4 restent très utilisables jusqu'au rapport 1:2, parce qu'elles sont de construction quasi symétrique. Les optiques de chambre macro existent mais sont pour des utilisations très spécialisées. Ceci étant dit il existe un apo macro sironar digital... donc on a toujours besoin d'optiques de chambre macro, même à l'ère du silicium triomphant !
En conclusion : si ce qu'on obtient avec un scanner ne suffit pas, on passe à l'optique standard qu'on a sous la main avec ce qu'il faut de tirage et si c'est encore insuffisant on passe à l'optique macro mais attention
- la stabilité du montage est fondamentale pour la netteté
- à f/16 au rapport 1:1 le nombre d'ouverture effectif devient f/32, la limite de diffraction impose une période de coupure de l'ordre de la vingtaine de microns, soit 50 cy/mm, au plus net !
On est donc tenu par un compromis difficile entre diffraction et profondeur de champ. Quel que soit le format.
Pour briser cette barrière, on peut enregistrer, de force brute, tout un tas d'images avec des mises au point étagées en profondeur et les fusionner par un logiciel ad hoc.
Pour les objets proches d'un plan mais incliné, un coup de scheimpflug peut suffire, le nombre de solutions commerciales pour monter un boîtier petit ou moyen format derrière une chambre à mouvements est étonnant. Il y a donc un marché pour çà ! L'objection classique de l'impossibilité de faire du grand angle décentré avec cette combinaison chambre+ boîtier reflex est sans objet en macro, on a tout le tirage arrière nécessaire pour décentrer et basculer à volonté.
Et puis avec une chambre on peut monter un bon vieil apo ronar de 150 par devant...
(çà c'est du recentrage ou je ne m'y connais pas ! ;-);-)
** Note 1 : parmi les nombreux personnages pittoresques des histoires d'Alphonse Allais, il y a un général du nom d'Espès de Salmacro, originaire d'Amérique du Sud, probablement.
** note 2 : avant l'Euro, la Comtesse parlait souvent du franc qui flotte.
|
|