Auteur: pdp
Date: 01-11-2008 11:44
Bonjour à tous et à chacun,
Poursuivant mon apprentissage, j’essaye de suivre tant bien que mal vos échanges souvent très ésotériques pour moi. J’espère que cela finira par percoler dans ma boîte crânienne et exciter mes braves neurones. Je me permets d’intervenir dans votre débat à propos de vos chambres d’humidification. Travaillant à la conservation des biens culturels, je suis amené à concevoir des espaces (plus ou moins importants) à humidité relative contrôlée. La technique que vous évoquez faisant appel à des sels en solution me suggère quelques commentaires.
1 – Pour que le contrôle de l’humidité soit efficace et précis, il faut que les solutions salines soient saturées. Une solution non saturée ne contrôle rien du tout. Pour être sûr que la solution est saturée, il faut et il suffit que des sels non dissous soient présents au fond du récipient.
2 – Il existe une grande variété de sels. Chacun présente une humidité relative d’équilibre de sa solution saturée parfaitement définie. Mais, là encore, si l’on vise une certaine précision, il faut que le sel soit parfaitement pur. Des sels impurs donnent des résultats imprévisibles. Il existe des modèles thermodynamiques permettant de prédire l’humidité d’équilibre de mélange de sels en solution saturée mais ils sont encore imparfaits. Dans ce domaine, l’expérience domine encore. Ainsi, l’humidité d’équilibre du chlorure de sodium est de 75,3 % à 20 °C mais si vous utilisez du sel de cuisine (qui contient du chlorure de sodium mais aussi d’autres sels et des impuretés), vous obtiendrez une valeur très approximative. Il est toujours possible de s’en satisfaire. À noter que les sels très purs peuvent être très coûteux.
3 – Pour la rigueur de l’exposé, précisons que l’humidité d’équilibre d’une solution saline saturée dépend de la température, tout comme, au demeurant, la solubilité du sel concerné ! Tous les sels ont une sensibilité propre à la température. Comme nous sommes dans une chambre noire et non dans un laboratoire, on peut, en première approximation, négliger ce facteur. Pour ceux que cela intéresse, je peux vous communiquer une compilation que j’ai réalisée des sels utilisables en solution saturée et de leur humidité d’équilibre. Pour la plupart d’entre eux, je dispose également des courbes de sensibilité à la température. Il importe de rappeler que certains de ces sels sont toxiques !
4 – En revanche, ce qu’on ne peut négliger, c’est l’étanchéité de la chambre d’humidification à l’air. Aucun contrôle sérieux n’est possible si l’étanchéité à l’air n’est pas excellente. En effet, l’air du local risque en permanence de rompre l’équilibre de la chambre. Ce phénomène est d’autant plus important que l’écart de pression de vapeur entre la chambre d’humidification et le local est important. Si la température des deux espaces est identique, cet écart est proportionnel à l’écart des humidités relatives respectives. Cette étanchéité peut être réalisée facilement par l’utilisation d’un joint à placer sur la trappe, l’orifice ou ce que vous voudrez, donnant accès à l’intérieur de la chambre d’humidification.
5 – Il faut penser également aux parois constituant la chambre d’humidification. Elles doivent être, autant que possible, étanche à la vapeur d’eau sous peine, la encore, de déséquilibrer l’ambiance intérieure que l’on veut créer dans la chambre. Préférer des matériaux comme le métal, le verre, le plexiglass, ainsi que la plupart des matériaux plastiques (polyéthylène, polypropylène, ABS) pour autant que leur épaisseur ne soient pas trop faible. Il faut exclure les films (du modèle utilisé par les jardiniers pour leur serre, par exemple) dont la perméabilité est trop grande.
6 – Pour conclure ce trop long message, j’ajoute que le contrôle de l’humidité relative dans un espace clos, de volume limité (inférieur à quelques mètres cubes), d’excellente étanchéité à l’air et présentant des parois imperméable à la vapeur d’eau, peut être très élégamment résolu à l’aide de petits appareils disposant des fonctions d’humidification ou de déshumidification. On règle l’hygrostat sur la valeur voulue, on branche et sa marche parfaitement. Le cœur du système est une cellule à effet Peltier permettant de condenser la vapeur d’eau de l’air. J’ai utilisé de tels dispositifs pour le contrôle de l’humidité dans une vitrine où on expose des manuscrits enluminés du XVe siècle. Pour ceux que cela intéresse, je peux fournir plus de détail sur ces dispositifs. Coût approximatif pour un appareil capable de traiter jusqu’à un mètre cube : environ 2 500 €. Oui, ce n’est pas donné...
Pierre Diaz Pedregal
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