Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 10-09-2008 09:44
Certes Autopano n'est pas l'unique voie pour assembler deux images. On peut s'y coller "à la main",
Il y a un point technique important qui est réalisé par les logiciels d'assemblage et que la meilleure main du meilleur constructeur & pilote de cerfs-volants photographiques du monde ne peut pas faire ;-)
C'est la correction géométrique permettant de reconstituer dans l'image-mosaïque assemblée soit une perspective en projection cylindrique, soit une perspective en projection orthoscopique. Ou même en perspective sphérique, pourquoi pas.
Certes, la manipulation automatique des fichiers et leur raccordement automatique est un point de confort très important par rapport à celui qui dans un intéressant article de Chasseurs d'Images, disait : j'm'en fous, j'bosse au cuttère pour raccorder mes images....
,.... mais si ces logiciels ne faisaient que cela, remplacer le cuttère, il n'y aurait guère de progrès par rapport au pano de la rade de Toulon en 1850.
Dans son bouquin sur les moyens formats, René Bouillot n'a pas de mots assez durs pour fustiger le raccordement panoramique comme on devait encore le faire en 1980, c'est à dire exactement comme en 1850.
Dans le raccordement de projections planes obtenues à partir d'un appareil normal, même en prenant soin de tourner autour de la pupille d'entrée pour minimiser les problèmes de parallaxe, les grandes lignes droites du sujet sont rendues brisées, ce qui avait comme conséquence à la fin du XX-ième siècle de rendre aux yeux de René Bouillot le raccordement pano classique parfaitement irrecevable, insupportable dans le cadre d'un travail professionnel.
Le problème du décentrement est en fait que ces logiciels supposent implicitement que la projection est une projection centrale sur un plan perpendiculaire à l'axe optique avec point de fuite au centre de l'image.
On a expliqué plus haut comment tricher très facilement avec une image décentrée mais bien repérée au départ via les graduations de décentrement de l'appareil, qu'il soit chambre ou petit format, c'est le même problème !
Une fois le point de fuite défini, le logiciel déforme les images selon un algorithme de votre choix, vous pouvez ainsi lever de façon élégante l'objection de René Bouillot de plusieurs façons différentes. Vous pouvez bien entendu ne rien faire du tout et laisser les lignes se briser !
Dans la projection cylindrique, les grande lignes droites ne sont plus brisées, le formes des objets en bord de champ sont plus naturelles ; mais les grandes lignes droites deviennent des courbes.
Dans la projection orthoscopique, les grandes lignes droites restent des droites dans l'assemblage, mais les formes des objets en bord de champ sont affectées de ce qu'on appelle en perspective l'aberration marginale, un problème connu depuis la Renaissance, cette distorsion ne disparaissant que si l'oeil se met en un point bien choisi pour observer la projection. Problème classique des sphères prises en photo avec un ultra-grand angulaire, par exemple.
|
|