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phorum - équipements et procédés - Ilford SFX 200 - Expériences ?

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 Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Michel Guigue 
Date:   02-08-2008 20:45

Bonjour à tous,

Concernant ce film Ilford SFX-200, qui a une sensibilité spectrale étendue vers les rouges et qui n'est pas un "vrai" infra-rouge, avez-vous des remarques ou retour d'expérience à faire :

Utilisation générale : précautions diverses (chaleur, etc ...)

Utilisation en studio tungstène,

Utilisation en extérieur lumière du jour . . .

Développement particulier ?

Filtres éventuellement ?

. . .

Bref, tout retour d'utilisation heureuse ou autre bienvenue.
(j'ai déjà la doc complète Ilford mais rien ne vaut l'expérience de chacun)

Merci d'avance.

M.G.


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Babar de Saint Cyr 
Date:   05-08-2008 11:41

J'ai utilisé un rouleau en paysage: J'attends encore de voir un effet infrarouge quelconque...
Peut-être en studio pour éclaircir une rougeur ?

Babar




 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Yann M 
Date:   05-08-2008 12:15

Voici un lien qui peut peut être répondre à votre question:

ici

Yannick Michel


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Laurent35 
Date:   05-08-2008 14:15

J'en ai utilisé une fois avec mon Rolleiflex et le filtre Rolleiflex infrarot (+/- 700h). Il fallait vraiment surexposer pour voir un effet infrarouge. J'ai été bien mieux surpris par le maco IR 820 aura qui donne un bel effet IR. Une fois que je n'en aurais plus, je passerai à l'Efke.
Pour le développement, il fallait utiliser le développeur non dillué. Sinon rien de spécial.
L.


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Michel Guigue 
Date:   05-08-2008 14:42

Merci pour vos réponses.

Je suis bien conscient que, vu sa courbe, ce film ne peut prétendre être I.R. .

Mais, en utilisation studio tungstène ou en trichromie, il peut s'avérer intéressant.

J'en ai 10 en 120 et au frigo qui attendent des prochains SUJETS. Le sujet, le plus important !

À suivre ...


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   05-08-2008 16:52

<<Le sujet, le plus important !<<

Pourquoi ?
Tu es journaliste ?

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Michel Guigue 
Date:   05-08-2008 20:18

<<Le sujet, le plus important !>>

Je persiste.

Le sujet prime, avant la façon de l'enregistrer, avant la technique et le support et avant la manière de le présenter.

Je suis effectivement journaliste à mes heures (plus exactement photographe de presse), ainsi la couverture couleur d'une revue locale montrant notre président Sarkosy à Vienne est de moi ; pour un exemple récent. C'était Le SUJET. En pages intérieures, on pouvait voir d'autres photographies du même sujet réalisées par mon fils également photographe de presse à ses heures. Là, on était en complément pour pouvoir tout "couvrir".

Sortons de ce cas particulier de l'événementiel.

Le SUJET n'est-il pas le point de départ d'une photographie ?

Face à un sujet donné, Henri, ne choisis-tu pas le matériel et son environnement qui lui convient ?
Ou alors pars-tu avec un appareil et une pellicule précise en quête d'un sujet ?

- - -

Le journaliste a effectivement un sujet à traiter et à envoyer au journal sa prose ou/et son image -à la limite- avant même que le sujet ne se soit exprimé.

En ce qui concerne ce qui se passe ici, entre amateurs photographes, en MF-GF de plus, si il n'y a pas de sujet, il n'y a pas de photographie. Pas de photographie intéressante.

Je me suis déjà exprimé sur la chose à plusieurs reprises et en particulier concernant le sténopé, les procédés "alt" et la trichromie.

Faire du sténopé pour du sténopé, du alt pour du alt ou de la trichromie pour de la trichromie n'est qu'un exploit technique. Le "SUJET" étant souvent absent.

Le SUJET - le SUJET .. . . .!

Journaliste ou amateur averti ou photographe du dimanche : LE SUJET !

M.G.


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Marc Briand 
Date:   05-08-2008 20:38

Je n'ai utilisé la Sfx qu'en paysage avec un filtre 89B Le pieds est nécéssaire. Je développe au rodinal et c'est très bien. Ce n'est pas un véritable infra rouge mais les effets sont saisissants.

Nous espérons le meilleur mais nous sommes prêts au pire.


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   05-08-2008 22:51

Je parle des mes travaux personnels,
Le boulot c'est autre chose.


<<Je persiste.

Le sujet prime, avant la façon de l'enregistrer, avant la technique et le support et avant la manière de le présenter.

Le SUJET n'est-il pas le point de départ d'une photographie ?<<

Pas vraiment, tu crois que Weston s'intéresse aux poivrons ?

<<Face à un sujet donné, Henri, ne choisis-tu pas le matériel et son environnement qui lui convient ?<<

Pas vraiment, je décide, c'est suffisant.

<<Ou alors pars-tu avec un appareil et une pellicule précise en quête d'un sujet ?<<

Pas en quète de, je sais ce que je vais trouver, et le sujet est sans importance.

<<Je me suis déjà exprimé sur la chose à plusieurs reprises et en particulier concernant le sténopé, les procédés "alt" et la trichromie.<<

Tu es libre, mais on peut penser que le sujet n'a aucune importance.

Picasso le pensait aussi ;-)))

Pas trop mal comme référence ;-))

<<Faire du sténopé pour du sténopé, du alt pour du alt ou de la trichromie pour de la trichromie n'est qu'un exploit technique. Le "SUJET" étant souvent absent.

Le SUJET - le SUJET .. . . .!

Journaliste ou amateur averti ou photographe du dimanche : LE SUJET !<<

Tu oublies un truc au passage,
La technique on s'en fout, mais on en a besoin,
Mais tu oublies,
Le point de vue, le notre,
C'est le seul truc qui compte.

Bonne journée

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Michel Guigue 
Date:   05-08-2008 23:07

- - ? - -

Plutôt bonne nuit vu qu'il plus de 11p.m.


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   05-08-2008 23:38

N'oublie pas Michel,
Le point de vue,
Rien d'autre.

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Michel Guigue 
Date:   06-08-2008 00:00

Je n'oublie pas, Henri ; rien d'autre que le point de vue.

Du reste, je n'arrête pas de prendre en exemple (comme point de vue) une de tes images que nos amis qui n'étaient pas là il y a quelques années peuvent retrouver -ICI- (la deuxième image).

Je progresse, lentement. ;-))).


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   06-08-2008 08:32

;-)

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: colombe lévi 
Date:   06-08-2008 09:09

Sur le sujet :

"Pas vraiment, tu crois que Weston s'intéresse aux poivrons ?"
Heureusement que le poivron n'est pas le sujet, Weston ne serait pas photographe.

Les surréalistes ont abordés la question avec pas mal de sérieux : très aboutit en littérature, un peu moins (à mon goût ) en photographie. Faut dire, tout était à inventer.
Avec le recul et la maturité du numérique, la question du sujet en photographie mérite d'être redébattue.

tout sujet est interchangeable.
" La vérité est ailleurs "





 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: mougin 
Date:   06-08-2008 10:52

Avec le numérique, le sujet on ne voit que ça, hyper défini, lissé,sans défaut, obscène. Je dis obscène au sens propre, on ne voit que lui, fasciné par lui. Il n'a plus que de l'apparent.

Aucune place pour l'inapparent. Un poivron en numérique, photoshopisé ne serait plus qu'un poivron, très bien pour la pub. le poivron de Weston dit tout autre chose, il nous cache quelque chose, il nous fait voyager.

Relisez Benjamin, et vous comprendrez que la seule valeur du numérique, c'est sa valeur d'exposition, de circulation. Pas de trace d"aura" dans tout çà.

C'est par abus de langage que ce procédé qui par ailleurs a de grands mérites s'appelle encore photographie. Quelques personnes, plus réalistes appellent cela digigraphie. Voilà qui est plus honnête.

Il en est de la photographie comme du pain. Comme on a oublié le goût du vrai pain, on finira par appeler pain quelque chose qui ressemble a du pain mais n'en a plus le goût.

Croyez moi chère Colombe (Henri Gaud vous dira que je suis un indécrottable nostalgique) on n'est pas prêt de voir l'équivalent d'un poivron de Weston en digital, à moins bien sûr qu'on ait jamais vu un original, mais seulement une reproduction du dit poivron.

Bien à vous

Mougin le palladonicien

"attention ! la fermerure des portes est automatique"


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: colombe lévi 
Date:   06-08-2008 11:25

Jean-Claude, il y a méprise.

Chez moi, les portes sont mécaniques, aucun risque. :-)





 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Quentin 
Date:   06-08-2008 11:26

Evidemment, si pour vous la haute valeur historique et esthétique de la photographie s'arrête à Walter Benjamin, le numérique ne peut avoir aucune valeur à vos yeux. Non pas que Benjamin n'aie droit à aucun crédit, loin de moi cette idée, mais il faudrait peut être essayer de la définir autrement, sous un autre prisme de pensée, que par les théories de Benjamin... Non ?

L'aura... si mes souvenirs sont bons, l'aura qu'évoque benjamin tient justement de limitations techniques liés aux optiques et aux appareils nécessitant des temps de poses interminables... L'aura dont parle Benjamin, ce n'est rien d'autre qu'une interprétation métaphorique (presque métaphysique !), du malheureux flou de bougé, si faible qu'il dessine autour du sujet cette matière si mystérieuse qui nous fascine tous... Mais voyez vous, Benjamin gueulait déjà contre la photographie des années 20 et 30, trop nette, ayant déjà perdue cette aura à cause des progrès techniques des films et des optiques. Vous avez la nostalgie d'un temps que Benjamin récriait déjà.

"hyper défini, lissé,sans défaut, obscène" : L'intérêt ne serait-il pas, justement, d'utiliser ces critères (que vous définissez comme des défauts indécrottables) et de les utiliser pour soutenir le sujet (où le point de vue), de votre photographie ?
Si l'on met de côté votre goût nostalgique et passéiste, je ne vois pas en quoi une photographie hyper définie est, en soi, un problème. La photographie contemporaine s'est bien adaptée à ces spécificités là.
Quant à dire que le numérique est une obscénité - Je suis de ceux qui pensent que le principe de pornographie n'est pas contraire à l'art ; Alors en quoi l'obscénité serait-elle un problème ?

"il n'a plus que de l'apparent."
On ne voit rien de plus et rien de moins qu'avec une photographie argentique. Plus détaillé, certes, et encore. Plus froid, tranchant, nous sommes d'accord. Et ? Est-ce un problème en soi ? Non. Certains travaux s'accommodent juste mieux du numérique quand d'autres seraient peut être plus intéressants en argentique. On adapte sa technique, c'est tout.

Que vous n'appréciez pas le numérique, je ne peux que le respecter, mais les arguments que vous évoquez respirent trop la nostalgie et le goût du temps d'avant pour qu'ils ne souffrent pas d'une petit peu (tout petit peu!) de mauvaise fois (sympathique). Et ce n'est pas un fanatique du numérique qui écrit cela - je n'ai pas de réflexe numérique, je travaille en argentique, quand bien même je fais partie de cette génération de jeunes blancs becs pour qui la pellicule est un objet d'ordre archéologique.


Amicalement,




 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: mougin 
Date:   06-08-2008 12:34

Cher Quentin,

il ne s'agit pas ici d'ouvrir une polémique. Ce que tu dis de Benjamin et de l'aura est tout à fait exact. L'aura effectivement est aussi la conséquence de la rusticité des procédés photographiques de l'époque. Il y a chez Benjamin visiblement une nostalgie, des primitifs de la photographie, pourtant il ne condamne pas l'évolution et l'apparition de techniques nouvelles. Il préfère Atget le moderniste au pictorialistes, et sans doute n'aurait-il pas été un admirateur de Weston s'il l'avait connu.

Par contre son opposition , entre aspect cultuel ( unicité de l'oeuvre, rituels liés à son usage) et exposition c'est à dire multiplication et circulation de l'oeuvre est tout à fait d'actualité . Comme sans doute tu le sais, Benjamin est à la fois marxiste et tout en même temps marqué par la mystique juive. En bon marxiste il nous donne à méditer par cette distinction cutuel/exposition sur la distinction que fait Marx entre valeur d'usage et valeur d'échange.

La numérisation ne concerne pas seulement la photographie mais la réalité en son entier y compris nos histoires personnelles à travers les nombreux fichiers et traces électroniques que nous laissons derrière nous. Quant Benjamin moderniste se range du côté d'Atget il pense qu'il est possible de politiser l'art. L'art qui change le monde parce que l'artiste nous fait voir le monde autrement, comme le font par exemple Rodchentko ou Sanders. En même temps cette circulation accélérée des images rend possible une esthétisation de la politique. Ce sont les régimes totatilitaire qui font cette utilisaation politique, au point que l'on peut définir ces régimes rouges ou bruns comme nationaux esthétiques. Aini Rodchentko à la fin de sa vie n'a plus fait que des images de propagande pour Staline, et les artistes futuristes italiens se sont mis au service du fascisme.

D'ailleurs nous allons avoir dans deux jours une illustration spectaculaire de ce qu'est un nationalisme esthétique, ainsi que la mondialisation de cette propagande grace à la mondialisation numérique.

Il est vrai qu'il est possible d'imaginer un retournement de cette esthétisation. Il suffirait que le réel fasse irruption au milieu de la fête,( manifestation, répression avec caméras pour témoins) pour qu'à nouveau l'art se politise. Mais les autorités veillent et contrôlent l'accès, la circulation et l'usage des images. Ils le font de façon un peu trop voyante. nos régimes démocratiques en font tout autant mais de façon plus subtile, moins voyante.

Il est patent qu'en Chine une certaine liberté critique est laissée aux seuls artistes, alibi sans doute, mais alibi.

Quant à la fermeture automatique des portes, ce n'est qu'une image epoyée par gérard Granel, pour signaler l'aspect inéluctable et aussi incontrôlable du progrès des techniques. Ni vous ni moi n'avons le pouvoir d'arrêter ou de maîtriser cette nouvelle technique qui a déjà envahi le monde.

Quand au caractère obscène, il faut entendre le caractère unaire de ces images (l'expression est de Roland Barthes). Face a leur perfection fascinante, on ne voit qu'elle, ce qui est l'une des caractéristique des images pornographiques, qui elle aussi a l'obsession des détails.

Il ne s'agit donc pas ici de condamner une technique, mais de poser une question quand son avenir et ses implications sur notre condition. On peut en chanter les louanges et se poser des questions techniques pour ce qui la concerne. La questionner n'est pas une offense, et faire l'effort de la pensée, ce que fait Benjamin, est sans doute une activité ringarde, mais néanmoins nécessaire.

Mougin


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Serge COSNIER 
Date:   06-08-2008 14:21

Bonjour,
A propos de l'échange entre Henri et Michel sur le "SUJET",je suis de ceux qui pensent que c'est la façon de voir qui fait le sujet. C'est le regard porté sur les choses qui est soit banal , soit intéressant.
Est que quelqu'un peut me dire qui est ce Mr Benjamin? Et pourquoi vouloir se servir de l'Art à des fins politiques? A mon sens l'Art ne repose pas là dessus, ou il devient de la propagande.

Photographe amateur


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: mougin 
Date:   06-08-2008 15:01

Walter Bendix Schönflies Benjamin (15 juillet 1892 à Berlin- 26 septembre 1940 à Portbou) est un philosophe, critique littéraire, critique d'art et traducteur (notamment de Balzac, Baudelaire et Proust) allemand de la première moitié du xxe siècle, rattaché à l'école de Francfort.

La suite sur wikipedia.

A lire d'urgence

J-C M


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Serge COSNIER 
Date:   06-08-2008 16:18

Merci pour ces éclaircissements sur Benjamin.
<<A lire d'urgence<<
Je ne suis pas pressé .

Photographe amateur


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: mougin 
Date:   06-08-2008 18:19

Vous trouverez l'oeuvre d'art à l'âge de la reproductibilité technique dans la collection Allia. C'est un joli petit livre, pas cher, et essentiel pour comprendre ce que nous somme en train de devenir. Benjamin est un auteur passionnant et totalement hors norme. Ne tardez pas à le lire. ce n'est pas un auteur difficile. Enfin un livre qui donne à penser et qui rend intelligent. Du moins je le crois.

Barthes qui ne le cite guère en a fait grand usage dans sa fameuse "Chambre Claire".

Bien à vous

Mougin


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Quentin 
Date:   06-08-2008 19:35

Chère Mougin,

En toute plaisanterie, je ne sais pas si la lecture de Benjamin rend quelqu'un plus intelligent qu'il ne l'était avant de le lire ! Mon Dieu, sinon il n'y aurait aucun con qui ne soit cultivé, et pourtant il y en a beaucoup. ^_^

Votre critique du numérique de votre premier poste (celui auquel j'ai réagi), était surtout un problème esthétique. Vous avez répondu par une critique idéologique de cette technologie. Idéologie et politique mise à part, si nous nous limitons au problème esthétique, je trouve tout de même que cette grande différence de "matière", qui sépare l'argentique et le numérique est quelque chose de très positif, qui permet de nouvelles possibilités et ouvre de nouvelles fois. Les enjeux ne sont pas les mêmes mais les caméras HD pour le cinéma apportent, malgré leur évidente limitation sur certains points (et ce n'est que provisoire), des avantages et des méthodes complètement nouvelles qui changent la manière de filmer. Je ne vais pas me lancer la dessus, c'est très long et hors sujet, mais les possibilités esthétiques sont réelles. Je ne vois pas pourquoi le numérique en photographie n'apporterait pas, lui aussi, ce genre d'apport

Ai-je raison d'être optimiste, la question reste ouverte.




 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: mougin 
Date:   06-08-2008 22:55

Le problème n'est pas de savoir si on peut distinguer politique et esthétique. Il apparaît bien que nous vivons une réalité du tout image et du tout esthétique, donc une esthétisation du politique.

Ce que Benjamin montre c'est que la reproductibilité technique des oeuvres d'art, reproductibilité qui est sans limites aboutit à une esthétisation du politique à une société du spectacle comme l'a montré Debord, on pourra même dire dans quelques heures à une mondialisation du spectacle. Le monde est beau et cette mondialisation est rendue possible par la numérisation qui ne concerne pas que les images mais notre existence même dans ce que nous sommes. Cette nouvelle réalité des images et toute autre chose que ce que l'art dit dans sa tradition à savoir les limites de notre humaine condition.

Comme disait Aristote l'infini n'est pas au commandement. Il l'est présentement. Les possibilités du nouveau médium sont infinies, et cela constitue à mon sens un péril qui mérité d'être interrogé. Ne serait-ce que parce que comme le disait Hôlderlin: "Du péril peut naître ce qui sauve". Il y a déjà des oeuvres d'art numériques qui font déjà le marché de l'art et cela continuera. S'inscrivent- elles dans la durée, nous n'avons pas les moyens d'en juger. Avons -nous des raisons d'être optimistes, pourquoi pas! Mais il est sûr qu'en quelques années, la photographie, pour ne pas dire nous les hommes avons changé de planète.

Il est vrai que sans le net , et en dehors des discussions que j'ai avec mon épouse, je n'ai pu aujourd'hui échanger de paroles ou d'idées qu'avec vous Quentin. Tout n'est donc pas perdu, et les utilisations imprévues de la toile montre bien qu'il est toujours possible de retourner l'instrument contre l'employeur, selon l'aphorisme célèbre de René Char.

Excusez-moi pour les références littéraires qui font dans le prétentieux, un tic de vieux prof, installé depuis longtemps dans le scepticisme. De toute évidence le monde ne va pas bien mais cela n'empêche pax certains et même beaucoup de garder la foi.

Ce que je vous souhaite ainsi qu'une bonne nuit car il est tard.

Mougin


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: Quentin 
Date:   06-08-2008 23:44

Vos "tics de vieux profs" m'intéressent car je ne suis encore qu'un élève qui, du haut de ses 22 ans, cherche à découvrir toujours de nouvelles choses.
Les problèmes que vous soulevez par l'intermédiaire de la photographie numérique et du scepticisme que vous éprouvez, ne relèvent-ils pas d'une inquiétude... comment dire... liée à la perte globale de la matière ? Certes, l'identité même de l'homme se virtualise, et en quelque sorte perd de sa matérialité. Je ne citerai pas d'exemple, vous les connaissez aussi bien que moi - internet, jeux-vidéo, atomisation du savoir.
Mais si le numérique est binaire, la nature humaine l'est aussi, jusque dans ses tentatives de dématérialisation (virtualisation) de sa pensée et de son identité. La matière ne se perd pas pour autant, puisque le virtuel naît de la matière, quoi que l'on en dise. En d'autres termes le virtuel n'est rien d'autre qu'un concept. En pratique il n'existe pas puisqu'il naît d'une réalité matérielle.
De toute évidence nous vivons dans une civilisation qui a horreur de la matière et le virtuel n'est rien d'autre que l'écoulement moderne d'une conception platonicienne du monde. Je parle par intuition mais... l'idéologie, LES idéologies nées au XX siècles ont amené, il me semble, à une haine nouvelle de la matière. Pépère Malraux l'a bien dit : "le XXI siècle sera spirituel". Cela veut certes tout et rien dire, mais l'évolution que nous connaissons actuellement (virtualisation de l'information, du corps, des supports de la pensée) sont selon moi des réactions d'ordre épidermique, mais finalement très logiques, à la haine primale (d'un point de vue moral) de la matière. On ne se décrottera pas si aisément du monde des idées. Peut-être que cet univers n'est rien d'autre qu'une Idea platonicienne à hauteur d'homme. Du moins une trace...

je divague et ne dis finalement pas grand chose...

Voilà ce que je pense de la courbe sensitométrique de la SFX 200 ! Pardonnez-moi monsieur Guigue.




 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: colombe lévi 
Date:   07-08-2008 09:00

Tout ça me semble confus :

Quels reproches à la numérisation ?
pas de matière ?
pas pérenne ?
trop rapide ?
trop démocratisant ?
Trop vulgarisant ?
Bref humain quoi ! -- étonnant comme les extremes se rejoignent toujours --

Quel rapport avec l'acte de photographier ?
Jean-Claude, seriez vous esclave du support ? ou pire d'une prétendue conscience collective ?

Avant de me faire houspiller : J'aime la matière, donner un sens aux choses et prendre mon temps. Je déteste photographier en numérique et pourtant je le fais sans états d'âmes. Quand je reproduis numériquement, je m'adresse à une conscience collective, je fais des clichés. Pour mon travail perso, je m'adresse à moi (la principale raison pour laquelle je n'expose pas). Et là, j'ai une réflexion sur le support.





 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: mougin 
Date:   07-08-2008 13:09

Quentin

Je suis particulièrement content de discuter avec un tout jeune homme aussi perspicace.

Tu as tout a fait raison, c'est bien à une disparition de la matière à laquelle nous assistons. Les tirages numériques sont tellement pauvres, absence d'une troisième dimension que l'on trouve dans la peinture la gravure les barytés; images que l' on se contente en général de voir sur un écran. Cette image est tellement pauvre que pour lui donner plus d'épaisseur on lui donne une dimension exagérée et on la met en sandwich entre une plaque d'alu et quelques centimètres de plexi, sans parler du poids de la chose et de son prix car nécesaitant la mise en oeuvre de procédés industriels. Cette spiritualisation de l'art cette dématérialisation, Hegel l'avait anticipé, puisqu'il a annoncé la mort de l'art avec la venue de l'Esprit Absolu.

Par contre on ne peut pas dire que la réalité humaine soit binaire. Le vrai et le faux, le beau et le laid. tout cela est réducteur, puisque l'existence humaine c'est au contraire l'affirmation de la multiplicité de ses possibles, de même que son existence sociale et politique est marquée par la pluralité. A l'échelle de la planètes les cultures, les civilisation sont diverses. La mondialisation et l'uniformisation culturelle qui l'accompagne réalise ce que Robert Jaulin dans les années 70 appelait la Paix Blanche, c'est à dire une paix qui est celle de la mort, puisqu'il n'y a que la mort qui puisse nous rendre tous identiques et interchangeables. On connaît ll tragédie que constitue la disparition progressive de la diversité biologique, moins celle de la disparition de la diversité culturelles. Les Chinois qui étaient pour nous occidentaux les êtres les plus étrangers n'aspirent plus qu'à l'American Way of Life. Comment ne pas voir dans le numérique sous toutes ses formes l'élément moteur de cette uniformisation.

Quant à ce que tu dis de Platon, tu as tout a fait raison. L'idée que la réalité est numérique c'est lui, et il l' a emprunté à Pythagore. Cette omnipotence que nous vivons et qui s'accélère est donc une vielle histoire dont Descartes est le relais. La technique moderne n'est que l'aboutissement de la métaphysique. Le prix à payer si l'on suit la thèse de Platon est bien la déréalisation du monde sensible, c'est alors notre monde qui devient virtuel et n'est plus qu'un simulacre, un écran. Tout le monde connaît le célèbre mythe de la caverne, dans laquelle des prisonniers face à un écran prennent les apparences pour la réalité. Ils vivent déjà dans le virtuel. Comme sans doute tu le sais Platon n'est pas un démocrate il est même pour certain l'ancêtre des totalitarismes.

Nous sommes loin de nos pixels, mais il est bon de savoir d'où l'on vient. Ce pas arrière a souvent été pour l'humanité le moyen d'une renaissance.

Tu es bien jeune, et tu as bien de la chance, ta grande curiosité et les questions que tu poses sont riches de recherches et de lectures. Car c'est sans les livres que se trouvent les questions et parfois les réponses. Mais la aussi nous ne saurons bientôt plusce que le plaisir de toucher un livre, caresser le grain de son papier; l'odeur si particulière de l'encre. Les livres chinois en 68 sentaient particulièrement mauvais. Si l'on avait pris garde à l'odeur, on aurait été moins pressés à encenser le grand Timonier.

Bien à toi

Jean-Claude


 
 Re: Ilford SFX 200 - Expériences ?
Auteur: mougin 
Date:   07-08-2008 15:44


Chère Colombe

soyons clair

Il ne s'agit pas de condamner la numérisation. le faire ne changerait rien. Nous sommes confronté à un fait, à un "progrès des techniques", et ce fait quelque soit son opinion, on ne peut que faire avec. Je me sers du net et je possède un numérique, bien obligé si je veux avoir un souvenir immédiat de mes petits enfants, maintenant qu'il n'y a plus de polaroid.

Les questions que je pose concerne une pratique qui comme toute pratique s'inscrit dans d'autres, économiques, politique, et maintenant mondiale. C'est ici que j'ai rappelé la thése de benjamin sur l'esthétisation de la politique ou celle de debord sur la société du spectacle. C'est une simple démarche de citoyen ou simplement de quelqu'un qui s'interroge. Il ne s'agit pas de condamner.

Pas de matière? De fait les techniques traditionnelles voient la matière comme un moyen, un obstacle et une limite. On reste dans le manuel. Mes palladium sont fait à la main. Il m'est impossible de faire deux tirages identique. Le temps qu'il fait à lui-même une influence sur leur couleur. Le palladium qui est dans le papier donne au tirage une profondeur. Si j'en tire en numérique je perds ce rapport physique avec la matière. L'image tirée peut être clonée à l'infini. Tout cela est un progrès du point vue de "l'exposition", de la circulation. L'usage populaire de numérique consiste à prendre une image, à la montrer à son voisin et puis le plus souvent à la détruire. on a perdu le cérémonial de la photo de famille, l'attente du tirage, la conservation dans un album. Un certain rapprt au temps et à la mémoire

Pas pérenne? Pour l'instant on n'a aucune certitude de conservation des images numériques, y compris des fichiers.

Trop rapide, La nouvelle image est au rendez-vous de la rentabilité, dans tous les sens du terme.

Trop démocratique. Sûrement pas, elle est devenue un objet de consommation courante comme le téléphone portable qui devient obsolète en quelque mois. il faut bien faire marcher le commerce. Il s'agit là d'un processus de masse et non un processus démocratique qui donnerait à chacun le moyen de s'exprimer.

Si l'on s'en tient au matériel professionnel, il est hors de porté de l'amateur averti. avec un salaire de professeur je pouvais m'acheter un Hasselblad. je ne pourrais pas m'acheter le même matériel aujourd'hui. J'ai le même Hasselblad depuis trente ans, un hasselblad numérique est obsolète en trois ans.

Vulgaire, au sens propre oui, si on prend vulgus au sens propre a savoir ce qui est commun à tous. Sûrement pas vulgaire au sens moral. Les photos de votre ne sont pas vulgaire, elles sont très jolies et donne envie d'habiter cette maison qui malheureusement n'existe plus.

Humain, bien sûr dans ce qui en résulte, vos images j'imagine vous ressemblent et donne envie de vous connaître. Pourtant ces images sont acheiropétique ( non faites par des mains humaines) comme on disait à l'époque byzantine des images saintes comme le Saint Suaire.

L'acte de photographier en lui même n'a pas changé, prise de vue, cadrage diaphragme vitesse. il est vrai que le plus souvent l'utilisateur s'en remet à un programme et non a une démarche d'anticipation ou de prévisualisation comme disait Ansel Adams.

Prisonnier du suppoprt? Sûrement pas , comme vous j"aile les matières, les beaux papier? tirer un palladium permet de choisir le support de son choix. Le chois ne manque pas non pour tirer en numérqie.

Comme tout le monde et par définition je suis partie prenante de la conscience collective. Ce terme n' veut pas dire grand chose et je lui préfère celui d'idéologie. Parler d'idéologie c'est se poser la question de la provenance, du mécanisme des idées ou des images. C'est soupçonner que ce qui a l'apparence de la liberté peut être un moyen de contraindre. Ne serait-ce comme client, sans rien dire de cette nouvelle idole qu'est le progrès qui suscite tous les émerveillements.

Chère Colombe, vous voyez je ne vous ai pas houspillé, j'ai même pris plaisir à vous répondre. Vous dites détester prendre des photos en numérique. Vous avez raison de le faire sans états d'âme? La photo est je suppose votre gagne pain et vous n'avez bien sûr pas le choix. bonne réussite donc dans vos entreprises. Elle vous est sans doute promise à voir la qualité de vos images.

Je ne suis qu'un amateur et qui plus est devenu pour de bon obsolète, statut rêvé qui est celui du retraité.

Amicalement à vous qui portez un si joli prénom

Jean-Claude

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