Auteur: mougin
Date: 07-08-2008 15:44
Chère Colombe
soyons clair
Il ne s'agit pas de condamner la numérisation. le faire ne changerait rien. Nous sommes confronté à un fait, à un "progrès des techniques", et ce fait quelque soit son opinion, on ne peut que faire avec. Je me sers du net et je possède un numérique, bien obligé si je veux avoir un souvenir immédiat de mes petits enfants, maintenant qu'il n'y a plus de polaroid.
Les questions que je pose concerne une pratique qui comme toute pratique s'inscrit dans d'autres, économiques, politique, et maintenant mondiale. C'est ici que j'ai rappelé la thése de benjamin sur l'esthétisation de la politique ou celle de debord sur la société du spectacle. C'est une simple démarche de citoyen ou simplement de quelqu'un qui s'interroge. Il ne s'agit pas de condamner.
Pas de matière? De fait les techniques traditionnelles voient la matière comme un moyen, un obstacle et une limite. On reste dans le manuel. Mes palladium sont fait à la main. Il m'est impossible de faire deux tirages identique. Le temps qu'il fait à lui-même une influence sur leur couleur. Le palladium qui est dans le papier donne au tirage une profondeur. Si j'en tire en numérique je perds ce rapport physique avec la matière. L'image tirée peut être clonée à l'infini. Tout cela est un progrès du point vue de "l'exposition", de la circulation. L'usage populaire de numérique consiste à prendre une image, à la montrer à son voisin et puis le plus souvent à la détruire. on a perdu le cérémonial de la photo de famille, l'attente du tirage, la conservation dans un album. Un certain rapprt au temps et à la mémoire
Pas pérenne? Pour l'instant on n'a aucune certitude de conservation des images numériques, y compris des fichiers.
Trop rapide, La nouvelle image est au rendez-vous de la rentabilité, dans tous les sens du terme.
Trop démocratique. Sûrement pas, elle est devenue un objet de consommation courante comme le téléphone portable qui devient obsolète en quelque mois. il faut bien faire marcher le commerce. Il s'agit là d'un processus de masse et non un processus démocratique qui donnerait à chacun le moyen de s'exprimer.
Si l'on s'en tient au matériel professionnel, il est hors de porté de l'amateur averti. avec un salaire de professeur je pouvais m'acheter un Hasselblad. je ne pourrais pas m'acheter le même matériel aujourd'hui. J'ai le même Hasselblad depuis trente ans, un hasselblad numérique est obsolète en trois ans.
Vulgaire, au sens propre oui, si on prend vulgus au sens propre a savoir ce qui est commun à tous. Sûrement pas vulgaire au sens moral. Les photos de votre ne sont pas vulgaire, elles sont très jolies et donne envie d'habiter cette maison qui malheureusement n'existe plus.
Humain, bien sûr dans ce qui en résulte, vos images j'imagine vous ressemblent et donne envie de vous connaître. Pourtant ces images sont acheiropétique ( non faites par des mains humaines) comme on disait à l'époque byzantine des images saintes comme le Saint Suaire.
L'acte de photographier en lui même n'a pas changé, prise de vue, cadrage diaphragme vitesse. il est vrai que le plus souvent l'utilisateur s'en remet à un programme et non a une démarche d'anticipation ou de prévisualisation comme disait Ansel Adams.
Prisonnier du suppoprt? Sûrement pas , comme vous j"aile les matières, les beaux papier? tirer un palladium permet de choisir le support de son choix. Le chois ne manque pas non pour tirer en numérqie.
Comme tout le monde et par définition je suis partie prenante de la conscience collective. Ce terme n' veut pas dire grand chose et je lui préfère celui d'idéologie. Parler d'idéologie c'est se poser la question de la provenance, du mécanisme des idées ou des images. C'est soupçonner que ce qui a l'apparence de la liberté peut être un moyen de contraindre. Ne serait-ce comme client, sans rien dire de cette nouvelle idole qu'est le progrès qui suscite tous les émerveillements.
Chère Colombe, vous voyez je ne vous ai pas houspillé, j'ai même pris plaisir à vous répondre. Vous dites détester prendre des photos en numérique. Vous avez raison de le faire sans états d'âme? La photo est je suppose votre gagne pain et vous n'avez bien sûr pas le choix. bonne réussite donc dans vos entreprises. Elle vous est sans doute promise à voir la qualité de vos images.
Je ne suis qu'un amateur et qui plus est devenu pour de bon obsolète, statut rêvé qui est celui du retraité.
Amicalement à vous qui portez un si joli prénom
Jean-Claude
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