Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 05-06-2008 09:32
De Jean-Philippe :
Emmanuel: Donc il faut faire images avec Ses objectifs !
ce serait déjà pas mal, non?
Exactement ! Ce qui n'empêche pas d'en emprunter une ou deux à des copains pour voir !
De M. Gonidec :
D'où l'idée saugrenue (pour obtenir le maximum de définition) de devoir diaphragmer à f/16 ou f/22 avec une chambre, pour compenser.
M. Gonidec, c'est votre énoncé qui est parfaitement saugrenu. Mais il y certainement une petite part de provocation : c'est la règle du jeu, alors nous nous y plions bien volontiers.
Je pense que vous êtes habitué en cinéma à des optiques qui ont les caractéristiques suivantes :
- le coût unitaire est celui d'un outil de production à la mesure des budgets du cinéma ;
- les grands angulaires dans le genre 90° ne sont pas tellement utilisés ; mais je peux me tromper, et vous nous expliquerez ;
- les grandes ouvertures photométriques sont la règle.
En grand format, on fonctionne différemment. Presque à l'opposé.
D'abord le coût unitaire des optiques de chambre pour grand format, en neuf, est ridiculement bas par rapport à une optique de course pour le cinéma.
Ensuite, l'évolution du métier de photographe en grand format entre 1960 et nos jours a plutôt privilégié les grands angulaires que les grandes ouvertures.
Par exemple, alors qu'il était courant d'avoir des Heliars et des Tessars pour grand format ouvrant à 3,5 dès les années 1930, la plupart des optiques de chambre modernes n'ouvrent pas plus que 4,5 ; 5,6 étant la norme pour les standards 70-75°.
Sujets fixes, on se moque de la grande luminosité, on privilégie d'autres facteurs. En particulier tenir l'homogénéité en piqué sur un champ qui peut aller au-delà de 100°, c'est une problématique, me semble-t-il, inconnue au cinéma.
Les lois de l'optique instrumentale font que pour avoir un grand angulaire il est difficile d'avoir en même temps une grande ouverture photométrique. Non pas que ce soit impossible techniquement, mais un 90°- 100° ouvrant à f/2 en grand format ce serait une bête énorme et pesante, au prix d'un budget incompatible avec celui des photographes. Et surtout qui ne correspond à aucune tâche identifiée en photo professionnelle (me semble-t-il, je ne suis qu'amateur).
Concernant votre remarque sur la médiocre précision mécanique, ou que sais-je, par exemple la médiocre profondeur de champ en grand format qui obligerait à diaphragmer à f/16, vous faites fausse route. Mais vous le savez sans doute, s'il y avait dans votre remarque le soupçon de provocation que nous cultivons volontiers ici ;-)
C'est en petit format qu'on est obligé de garder de grandes ouvertures photométriques (petites valeurs du nombre N) à cause de cette fichue longueur d'onde de la lumière qui s'obstine à être un nombre fixe indépendant du format. Pour que la diffraction ne dégrade pas la qualité des images, il faudrait travailler avec un diamètre d'iris (de pupille d'entrée, pour être précis) qui ne soit pas inférieur à une certaine valeur exprimée en millimètres, cette valeur en millimètres est la même pour toutes les optiques, elle donne la limite de résolution angulaire lorsqu'on regarde le sujet.
Par exemple si on cale une optique sur une résolution angulaire de une minute d'arc, l'acuité visuelle du pilote de chasse qui travaille à l'ancienne comme en 39-45, cela nous donne un angle de 1/3440 radians ; pour une longueur d'onde de 0,7 microns (limite du spectre visible effectivement perçu par le pilote de chasse non muni de jumelles infra-rouges) cela nous donne un diamètre d'iris minimum de 3440 x 0,7 microns = 2,4 mm.
Bien entendu, j'entends déjà les protestations des militaires : mais dans nos optiques de course utilisées dans nos satellites d'observation stratégique, la résolution, et donc les [CENSURÉ PAR LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE].
Revenons à notre 150 mm de focale photographique standard pour le 9x12 - 4x5 pouces, cela correspond à un nombre d'ouverture proche de f/64. Donc à f/22 on est encore très modeste.
Même Saint Ansel Lui-Même travaillant en 20x25 avec un 300mm standard (ou plutôt : un douze pouces, comme on dit Chez Lui), avec ses potes du groupe f/64, est encore en retrait par rapport à la limite de diffraction comparable à l'acuité du pilote de chasse et sa minute d'arc puisque les 2,4 mm nous donnent f/128 pour le 300.
Autrement dit, un tirage contact de Saint Ansel à f/64 pris en 20x25 avec le 300 satisfait le pilote de chasse qui regarde le tirage à la distance orthoscopique de 300 mm (les pilotes de chasse ne sont pas presbytes)
Alors que pour un 50 mm, les 2,4 mm c'est environ f/22. Quel que soit le format. En particulier l'apo grandagon de 55 que vous connaissez bien n'aime pas qu'on le ferme au-delà de f11. Pour ne pas choquer nos lecteurs utilisateurs d'appareils numériques de très petit format sur silicium, avec des très petites focales (je veux dire : les vraies focales, en vrais millimètres, parce que le longueur d 'onde de la lumière ne se convertit pas d'un format à l'autre !!) je préfère ne pas donner les chiffres, cela leur ferait peur et il seraient capables de se précipiter pour faire du grand format !!
Donc en grand format avec de grandes focales les nombres d'ouverture ont de grandes valeurs, le meilleur diaphragme préconisé par les constructeurs étant comme le dit Henri comprise entre f/11 et f/22 selon les optiques, leurs performance, leur focale.
Quant à l'impossibilité de faire le point sur un dépoli parce que les montants de la chambres ne seraient jamais parallèles, on croirait que vous n'avez jamais vu de chambre construite avec soin ! (mais nous relativisons en pensant toujours au petit brin de provocation, bien entendu ;-) ))
Là encore, comparons avec le cinéma ce qui n'est pas comparable : quel est le flou de bougé moyen sur une image de ciné 35 mm dès que la caméra ou dès qu'on personnage bougent ? Alors flou pour flou, chacun le sien ;-)
Le groupe galerie-photo et ses prosélytes est à votre disposition pour vous faire toutes les démos d'un large choix de chambres si vous les souhaitez !
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