Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 29-05-2008 10:42
Suite du calcul qui se simplifie pour donner quelque chose de parfaitement utilisable en pratique ; et en prime, le modèle résout la question de l'appairage des focales du bi-objectif !
On va commencer par négliger brutalement la variation du terme HH' (voir plus bas réponse à M. Tournier à ce sujet). Dans un premier temps on suppose qu'on garde une optique de même nom ou de famille très voisine et de focale voisine.
Dans ce cas l'écart au niveau des objets entre ce que vise le télémètre à fausse came et l'objectif non appairé s'écrit, si l'écart des focales F2-F1 est faible :
D2-D1 = 2(F2-F1).(1+1/G)
avec G = X/F le grandissement par exemple G = 1/20 lorsque l'objet est en gros à 21 fois la focale en avant de l'appareil.
On prend un 150mm avec G=1/20, l'objet sera à 3,15 m on trouve un écart D2-D1 qui vaut 42 cm.
Est-ce important ou pas ? en fait c'est au niveau du déplacement de l'image qu'il est plus simple de raisonner ; sachant que lorsque l'objet se déplace le long de l'axe d'une quantité D2-D1, l'image se déplace d'un quantité D'2-D'1 = G^2.(D2-D1) on trouve une formule sympathique
D'2-D' 1= 2.(F2-F1).(G+G^2) = 2.(F2-F1).G.(1+G)
La formule a le bon goût de donner zéro lorsque l'objet est à l'infini, G=0, normal on suppose que l'optique et la came en butée donnent une image nette de l'infini.
On compare ce défaut de mise au point à ce qui est admissible dans le modèle du cercle de confusion projeté dû à une défocalisation :
(D'2-D'1)_(flou) = c.N.(1+G)
où G est toujours le grandissement et "c" le cercle de confusion, choisi. Le terme correctif en (1+G) est nécessaire si on veut descendre jusqu'au rapport 1:1
En comparant ces deux expressions, le terme (1+G) a le bon goût de se simplifier et on trouve une condition d'appairage valable pour les cames de télémètre ou pour les optiques de bi-objectifs :
2.(F2-F1).G < c.N
l'écart maximal admissible sur les focales est donc
(F2-F1) < c.N/(2G)
Ce qui est très simple
Prenons G=1/20 et pour c la valeur traditionnelle égal à la diagonale du format/1720, soit c= 90 microns environ en 4x5 pouces, fermons à f/11, N=11, on trouve dans ces conditions :
(F2-F1) < 0,09 x 11 x 20 /2 = 9,9 mm
Dans ces conditions, si on reprend une optique de 150 de même type, la probabilité pour que l'écart de focales atteigne ces 9,9 mm me semble très faible, donc on peut y aller.
En revanche imaginons qu'on ait trouvé un superbe Zeiss planar 3,5 de 135 gravé Linhof-sur-Compur, bichonné par son propriétaire mais sans came !
Cherchons à l'utiliser à main levée à pleine ouverture, toujours avec G=1/20, la condition d'appairage devient :
(F2-F1) < 0,09 x 3,5 x 20/2 = 3 mm environ.
Dans ces conditions, inutile de chercher une came orpheline censée provenir d'un 135, la probabilité pour qu'elle corresponde à 3mm près à celle du planar est faible.
Au passage mettons les chiffres pour l'appairage d'un bi-objectif 6x6, c=50 microns conventionnellement, de 75 mm de focale, toujours avec G=1/20 soit l'objet environ à 1,5 mètre, utilisé à pleine ouverture de 3,5 :
f2-F1 < 0,05 x 3,5 x 20/2 = 1,75 mm : çà plaisante pas !!
D'où le soin maniaque de chez Rollei à appairer soigneusement les optiques de visée et les optiques de prise de vue à une époque où les fluctuations des focales étaient de l'ordre du mm....
Et pour terminer imaginons un amateur qui s'achète une Gowland-flex ou une Cambo bi-objectif pour faire des portraits à la chambre en 4x5 pouces avec une valeur de c=90 microns en fermant à f/11
On va prendre une paire d'optiques de 270 de focale et on va se mettre à la distance-Avedon-de-l'ouest-réglementaire de 1,80 mètre en avant de l'objectif. Donc (1/G)+1 = 1800/270 = 6,6 ; (1/G)=5,6
F2-F1 < 0,09 x 11 x 5,6 /2 = 2,7 mm soit 1% de la focale de 270mm ; pas facile sinon a prendre deux optiques identiques de même formule fabriquée si possible à peu de temps d'intervalle pour n'avoir que les fluctuations de focales liées aux tolérances de fabrication.
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réponses diverses :
Pour M. Tournier :
Merci Emmanuel, mais si on a des objectifs de formule très différente, pour la même focale, le tirage pourra être aussi très variable ? Il me semble que c'est surtout ça qui explique les différences d'une came à l'autre... Entre par exemple un quasi-symétrique et une formule télé de 240 mm., la différence me paraît nettement plus importante que celle qui résulte de variations plus ou moins infimes de la focale.
Objectifs de formule très différente mais de même focale, supposés calés à l'infini au démarrage de la rotation de la came : cela ne concerne que les longues focales pour lesquelles on a des télé-objectifs. La plus courte focale de télé objectif de chambre que je connaisse c'est le petit Sonnar de 180 pour la baby Linhof 6x9. Sinon ce sont toujours des focales plus longues, des 250, 270, 360, 400...
Dans ces conditions on ne peut plus négliger la variation de la quantité HH'. HH' vaut moins de 10% de la focale pour une formule quasi symétrique, mais pour un télé çà peut atteindre le tiers de la focale. Cela conduit à un décalage systématique de la mise au point de l'ordre de quelques cm ou jusqu'au décimètre si on essayait de coupler un télé-arton de 360 sur une came prévue au départ pour un quasi symétrique de 360.
Même un décimètre ce n'est pas énorme par rapport à l'effet du terme en 2(F2-F1).(1+1/G) ; par exemple soit un 360, on prend G=1/20, sujet à environ 7 mètres un écart de focale F2-F1=1cm, on trouve D2-D1 = 42 cm, si la variation du HH' rajoute 10 cm, c'est notable mais pas capital.
Remarque de M. Roman :
cames: pour les Super Technika III, elles doivent impérativement être réalisées pour un couple unique optique-chambre, auparavant Linhof le faisait mais ne le fait plus.
Donc pour la Technika III, les choses sont simples : on bricole, en ayant en tête la condition d'appairage ci-dessus si par hasard on trouve un came de Tech III !
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