Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 28-09-2007 10:00
"suffit d'une bonne caresse à son blad pour devenir lyrique et heureux"
Je sens que, plus on est envahi par les numériques, plus on aime nos appareils argentiques... et encore, plus c'est mécanique, plus on les aime.
Quand je tourne la manivelle d'un Rollei, je peux imaginer les petits engrenages qui font avancer la pellicule 12 poses noir et blanc de 320 ASA jusqu'à la vue numéro 8. J'ai l'étiquette du film collée derrière le dos, et la petite fenêtre qui affiche un petit "7" puis passe à un petit "8". Crrriccc-zzac-Cllliccc. Tout est bien, je suis en paix avec moi-même, le monde tourne rond...
Avec le numérique, j'ai dans un écran minuscule des séries de chiffres et de symboles dans tous les coins, et en haut à droite, un nombre qui s'affiche : "124". Est-ce le nombres de vues prises ou la place restante sur la carte mémoire ? Laquelle, celle de devant, ou celle de derrière ? Il suffit d'appuyer sur un bouton (ah, lequel ?) pour afficher un sous-menu du sous-menu du menu général des préférences d'affichage. Rien de vivant... que de l'électron.
Par exemple, ce qui rend Jean si lyrique, c'est quelque part que dans l'Alpa 12, il n'y a rien mais absolument rien d'électronique, sauf s'il a eu l'idée aussi sotte que grenue d'y mettre un film dont la sensibilité se mesure en pixels.. ;>)
On peut faire mumuse ave une chambre, (comme quand je fais de temps en temps les poussières, par exemple, ou que je déclenche périodiquement les obturateurs), on ne va pas faire ça avec un "hélectraunique"...
Quand j'ai eu ma Linhof entre les mains pour la première fois, j'ai passé une bonne heure à la regarder sous tous les angles, à manipuler les boutons et les leviers, à tester les bascules, entrer et sortir le soufflet, monter les cames. J'ai observé les quelques mouvements visibles de la superbe mécanique du télémètre. J'imaginais chaque pièce mécanique sur l'établi de l'ajusteur.
Avez-vous déjà regardé pendant une heure et caressé une carte électronique ?
Comme si les appareils argentiques avaient une âme, et les électroniques n'étaient que de stupides machines froides et impersonnelles.
Une nouvelle "controverse de Valladolid" : les numériques ont-ils une âme ?
Pas grave... c'est mon quart d'heure... je vais prendre mes gouttes...
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