Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 07-07-2007 11:14
Pour votre curiosité j' arrive avec un dos Mamiya ,un SA5,6/65 à un poids de 1320 grammes viseur et film 120 compris.
Bravo !! Encore un bel article en perspective (c'est à ceux qui en donnent déjà le plus qu'on en redemande le plus ;-)
À l'intention de ceux qui vont se lancer dans la construction d'une 6x9 grand angle et qui vont pouvoir profiter de l'expérience des autres lecteurs de G-P (on s'en réjouit), je remets ici quelques chiffres pour situer un peu le niveau de précision requis. Chacun selon les outils dont il dispose fera ensuite les choix techniques appropriés.
Pour tenir 60 cycles par mm, le cercle de confusion dû à la défocalisation ne doit pas dépasser 1/50-ième de mm, soit 20 microns. On voit que par rapport aux 50 microns qui servent à calculer les graduations traditionnelles, d'avant-guerre, de profondeur de champ du Rolleiflex 6x6, c'est très sévère. C'est même plus sévère que le cercle de 24 microns utilisé pour graduer la bague du rollei 35. Mais cela situe bien le but à atteindre, on veut tenir sur le format 56x82 aussi bien qu'avec un format 24x26. les optiques de chambre en focales fixes 35-58 le permettent, du moins sur le papier.
Dans cet esprit on sera conforme aux recommandations de René Bouillot dans son bouquin sur le moyens formats, qui exhorte les photographes à estimer leur profondeur de champ (PdC) comme si c'était en 24x36, le but c'est de faire des images haut de gamme professionnelles, pas des images d'amateur un peu floues, tirées en 6x9 uniquement par contact comme autrefois (auquel cas moins de 10 cycles par mm suffisent ;-)
L'estimation se fait suivant la formule :
c_max = 1,2/f_max
f_max est est la résolution souhaitée en cycles par mm et c_max le cercle de confusion maxi admissible résultant de la défocalisation et de la diffraction mélangées.
Si on s'appuie sur le modèle du cône géométrique projeté, pour aller vite et ne pas s'embêter avec la diffraction, la tolérance de placement du film c'est plus ou moins N.c_max où c_max est le cercle admissible défini précédemment (donc 20 microns pour tenir les 60 cycles/mm) et N est l'ouverture numérique de l'objectif : 5,6 / 8 / 11 / 16 ...(qui doit être remplacée par l'ouverture numérique effective N.(1+G) si on est en macro, laissons tomber, on fait du paysage à main levée.)
Par exemple à f/8 qui est le meilleur diaph des optiques grand angulaires de la gamme 35-58 (c'est sans doute f/11 pour le Grandagon de 65) avec un c_max admissible de 20 microns la tolérance de placement c'est plus ou moins 160 microns. Donc ce n'est pas 10 microns, le centième, un peu dur à atteindre avec une râpe à bois ;-) mais ce n'est pas non plus 1 mm. C'est donc plus ou moins 16 centièmes si on travaille à f/8, mais à f/11 ce sera en principe un peu plus large, dans les 220 microns.
Autre question qu'on peut se poser, c'est la tolérance de perpendicularité de l'axe optique par rapport au plan du film. L'optique sur son obturateur présente au niveau de la partie arrière qui appuie sur la planchette (ou la bague avant de la rampe hélicoïdale) une bonne surface parfaitement rectifiée, on fait confiance aux constructeurs pour que l'axe optique soit bien perpendiculaire à ce plan de référence. Reste donc simplement à mettre ce plan de l'obturateur bien parallèle au plan sur lequel on va appuyer le châssis rollfilm.
On peut essayer de quantifier la tolérance angulaire de la façon suivante.
Pour commencer, on peut se rappeler le scheimpflug de paysage : avec un 55 mm placé à 30 fois la focale au-dessus du sol (donc à 1,65m sur trépied) il suffit d'une bascule de 1 pour 30 pour que le plan de netteté, initialement vertical, bascule complètement et passe horizontal au sol ! 1 pour 30 çà fait environ 2 degrés d'angle (pente de 1 pour cent = 0,6°)
Si on regarde ce que çà donne en défocalisation sur le dépoli, on imagine que le centre est bien mis au point, une bascule de 1 pour 30 çà donne plus ou moins 1 mm de défaut de mise au point à plus ou moins 30mm du centre supposé bien net. C'est donc 6 fois moins bon que la tolérance de plus ou moins 160 microns,,. donc en piqué on chute à 10 cycles par mm. C'est assez terrible parce que cela ne fait que 2 degrés de bascule !
On objectera que dans cette construction d'un appareil à main levée on ne veut surtout pas de bascule, donc il suffit de se débrouiller pour que l'appui de l'obturateur se fasse bien parallèlement au plan d'appui du châssis, si on vient fraiser par devant une pièce à la machine en ayant pris comme plan de référence le plan d'appui du châssis, il n'y a en principe pas de difficulté à faire « au mieux » ce parallélisme.
Mais il faut penser au coulissement pour ajuster la butée sur l'infini, si on ajoute trois petites cales à 120° par exemple en principe on peut peaufiner le tirage sans nuire au parallélisme.
On voit bien que le 6x9, qui semble un format d'amateur, reste un moyen format, pour tirer tout le parti des superbes optiques de chambre, il faut être précis, alors que plus on monte en format dans une construction personnelle, moins on a besoin d'être strict avec ces tolérances mécaniques. Le bois et la râpe deviennent suffisants ;-)
En agrandissant deux fois moins l'image, au lieu de 60 cycles on se contentera de 30 cycles, tout se déduit à l'avenant.
Donc toujours en rêvant un peu à ces 60 cycles/mm cela donne une très belle image qu'on peut agrandir 10 fois, le tirage sera autour de 6 cycles/mm donc dans la fourchette du tirage haute résolution entre 5 à 7 cycles/mm vus par l'oeil à 25-30cm (on peut donc mettre le nez sur le tirage, çà restera net ;-).
Donc le 56x82mm devient un superbe tirage 56x82 cm, c'est tout le bonheur que je souhaite à nos lecteurs une fois leur appareil achevé !
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