Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 20-10-2006 14:27
La remarque de Christophe P. à propos d'un Rolleiflex des années trente s'explique de façon très simple.
Les combinaisons optiques comme le triplet ou le tessar du Rolleiflex ont assez peu de lentilles, elles laissent donc passer une petite quantité de rayonnement ultra-violet proche des limites du bleu visible.
En noir et blanc l'effet sera un ciel plus noir que de coutume dans les vues de montagne en haute altitude, le gélatino-broume est sensible à l'UV proche.
Avec le traitement anti-reflet des années 50, cet effet s'atténue, parce que le traitement en diminuant les réflexions parasites au centre du spectre visible, doit sans doute couper un peu d'UV, mais restons prudent.
Donc dans les années 1950 malgré le traitement anti-reflet, l'effet des UV reste présent un peu, tout de même, dans certaines situations spéciales.
Ce problème pour la couleur est bien connu et documenté à partir du moment où le film couleur se répand, donc pas dans les années trente !! Certes les autochromes Lumière existaient, mais la fidélité colorimétrique des autochromes est, en soi, un sujet pour une thèse académique ;-)
Donc le problème de la dominante bleue en photo couleur n'apparaît vraiment qu' à partir de la fin des années 1950. En effet pour critiquer le rendu colorimétrique, encore faut-il avoir des points de comparaison : donc des bons films et des optiques censées être neutres !!
Pour remédier à ce problème, les fabricants proposent dans les années 50 très naturellement un filtre qui coupe l'UV afin que cette dominante soit atténuée. Par exemple les filtres skylight, rose saumon (pas « saumon fumé », çà c'est du Pierre Dac) qui apparaissent aujourd'hui insupportables parce qu'ils donnent une dominante un peu rosée. Chez Rollei on propose alors le H1 qui est neutre ; dans son édition de 1964, le Rollei-Buch de M. Herring précise déjà que ce filtre, certes utile avec le tessar et le xenar, sera inutile avec les combinaisons à 5 ou 6 lentilles des planars et xenotars.
Quant au rendu des couleurs, s'il est clair que différentes traitements anti-reflets donnent des nuances un peu différentes, je me permettrai de faire remarquer que les yeux exercés préfèrent en 2006 avec des traitements du XXI-ème siècle tel ou tel traitement à tel autre.
Donc les vieilles optiques font ce qu'elles peuvent mais ne sont pas coupables de tout.
Je dirais même plus : pour avoir utilisé depuis 1977 un rollei-tessar, optique conçue vers 1957, traitement anti-reflet de la technologie des années 50-60, je peux dire que les films diapo couleur que j'ai vus passer depuis 1/4 de siècle proposent une palette de dominantes que le tessar regarde en rigolant : sa contribution dans cet arc-en-ciel colorimétrique est fort modeste, quiconque a comparé un agfachrome 50S version 1980 avec un ekta de chez ekta de la même époque (ah ! l'ekta 64 au flash ! çà c'est du bleu !) ou avec une velvia 50 lorsqu'elle est sortie (oh ! la belle rouge !!) savent ce que je veux dire !
Mon tessar qui n'est pas T* en rigole encore !!
Donc en conclusion, amis des optiques anciennes, photographiez tranquilles, s'il apparaît des dominantes sur vos diapos, un petit filtre ad hoc vous tirera d'affaire.
Le meilleur exemple que je connaise illustrant la pertinence d'utiliser des optiques anciennes avec un détecteur d'images moderne c'est le site ouaibe de M. Veijo Vilva (Finlande)
http://galactinus.net/vilva/retro/
Ma photo préférée (merci à Chrotophe Frot pour avoir déniché dans la meule de foin du web cette aiguille photographique admirable) est celle faite avec le Schneider Radionar de 1938 monté devant un capteur silicium du XXI-ième siècle.
Chacun jugera s'il supporte ou pas l'insupportable bleu du ciel d'Helsinki un jour ensoleillé ;-)
Celles pries avec un xenar 4,5 de 75, version 1932, donc auncun traitement ani-reflet, ne sont pas mal non plus :
http://galactinus.net/vilva/retro/eos350d_xenar75.html
Pour être froid, c'est froid ;-)
On en avait parlé ici :
n2-f1-13853.html
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