Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 21-02-2006 11:16
"la durée de vie utile de nos appareils excède rarement quelques heures si on considère qu'il ne sont actifs que pendant le temps où la lumière rencontre le film"
Mouais... On pourrait dire ça de n'importe quelle mécanique, à part le corps humain. (En tout cas, dans le cas présent, la durée de vie de l'appareil a été réellement de 3 ans minimum).
L'hypothèse d'une série de poses, à raison d'une par jour, est effectivement envisageable et intellectuellement plus séduisante. Si c'est le cas, cela se fait tous les jours, en utilisant un intervallomètre, pour filmer la croissance d'une plante par exemple, mais avec des vues multiples. Là, c'est sur la même vue, c'est tout.
En tout cas, je ne vois pas ce qu'apporte, en matière d'informations impressionnées sur la pellicule, un "film" de 94,5 millions de secondes, condensé sur une seule photo, par rapport à un millier de déclenchements quotidiens de 1/60s.
Qui plus est, vu sous l'angle photographique, et non artistique, il doit se produire un phénomène "d'effacement" ou de "non enregistrement" dans la durée des actions les plus volatiles, comme une fenêtre ouverte et refermée cinq minutes après, ce qui représenterait environ 3 millionièmes de l'information totale.
Mais il ne faut pas l'analyser en termes d'efficacité et de précision photographique.
Ce qui marque réellement les esprits, c'est l'idée d'une pose de 3 ans, même si cela ne se remarque pas sur la pellicule.
Les visiteurs de l'exposition seront frappés par cette idée, et observeront la photo avec un regard différent, ce qui aura probablement pour effet de "neutraliser" l'esprit critique.
Ensuite, ce qui restera, c'est "la pose photographique la plus longue au Guinness des records", donc quelque chose sans aucun intérêt.
D'où la conclusion bien connue : "l'esprit humain est plus facilement impressionnable que la pellicule argentique."
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