Auteur: Jimmy Péguet
Date: 10-05-2003 09:20
J'entends bien ce que vous dites tous les deux, mais je ne peux pas m'empêcher d'y voir une vision un peu réductrice du portrait, ce doit être pour ça que je grossis :-). Il y a les portraits, et il y a l'ensemble. Je vais encore grossir :-), mais il me semble que vous prenez les portraits et que vous ne regardez pas l'ensemble (je grossis, hein). Ces portraits me paraissent, comment dire, honnêtes. Avedon ne joue pas la proximité, la compassion. Il voyage, rencontre, choisit et photographie des gens qui ne font pas partie de son monde, une heure, une journée. Mais il donne à voir quelque chose de profond chez les gens qu'il photographie. Ce qu'il leur donne directement, je ne le saurai jamais, et je m'en fiche un peu. Mais ils ne sont pas des prétextes, des apparences, des enveloppes vides. Il n'y a pas que de l'égotisme ici, Avedon va vraiment se frotter à un autre monde. Ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il me propose, la part d'ombre, la lumière et la force sans que je n'aie le sentiment qu'il utilise ses modèles, sans que je n'y voie des trucs et du métier. Oui, bien sûr, j'y vois le métier, j'y vois le bourgeois raffiné, c'est ce frottement-là qui m'intéresse. D'où vient le fait que moi, justement, "je vois, je sens leurs odeurs, leurs mouvements, leurs attitudes, leurs sentiments, leurs destins..." avec des limites, évidemment, que je ne sente pas ces gens niés, que je ne voie pas comme cruel le regard d'Avedon, que je ne voie pas que les moyens, que j'aie l'impression qu'il me donne à voir quelque chose de lointain ?
J'ai encore grossi ? :-)
Pour Marc : je suis évidemment preneur du texte.
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