Auteur: Nico
Date: 27-04-2003 11:26
Bonjour!
J'ai envie de vous faire part d'un moment que j'ai vécu tout récemment…
Plantons le décor: lundi 21 avril 2003, Théâtre de la Ville de Paris, répétition générale d'Utsuri, dernière création de la compagnie japonaise Sankai Juku avant la première mondiale le lendemain. C'est une compagnie de danse menée par le chorégraphe Ushio Amagatsu, relativement connue, très expressive, qui convie à chaque fois ses spectateurs dans une expérience, un moment unique, au-delà des mots (en ce qui me concerne), qui touche autant à l'universel qu'à ce qui peut nous être de plus intime. Quelque chose de magique, quelque part. Voilà pour le décor.
Dans le public, deux bonnes douzaines de photographes (en petit format) invités par les services de presse, quelques vidéastes, et une assistance assez hétérogène d'invités ou d'amateurs de ce type de spectacle (j'en fais partie, je ne suis pas photographe professionnel).
Je passe sur la pièce, ce n'est pas l'endroit approprié pour en parler. J'ai eu quelques impressions, par-delà la pièce, sur le travail des photographes:
- une grande majorité travaillait en numérique (les petits afficheurs à cristaux liquides en attestaient), ce qui est en soi notable;
- qu'est-ce que c'est bruyant ces appareils-là! Entre l'autofocus qui patine (pourtant, on ne parle pas de moteurs silencieux?), les miroirs des boîtiers, les "bip-bip" des engins, et le "bruit" généré par les diodes qui s'allument à tout bout de champ en plus des petits écrans, on se croirait presque au zoo!
- évidemment, un moteur qui rembobine 36 vues, c'est pas mal non plus…
- et enfin, le cœur du sujet: j'ai remarqué que les photographes déclenchaient énorméménent, changeaient fréquemment de support d'enregistrement, et ont passé un bon moment de l'après-spectacle à effacer tout ce qui ne leur semblait pas bon; je me suis dit: "ces gens-là, ils ne s'attendent pas à recevoir quelque chose, vraiment, ils prennent des photographies, jettent les mauvaises (ce qui peut sembler juste) mais alors pourquoi ne pas faire en sorte d'avoir le moins de déchet possible?"
Je ne mets pas en cause ces photographes, c'est leur métier qu'ils assument mieux que moi qui suis là, avec un recul qu'ils n'ont pas. Mais je trouve que le numérique change la manière de travailler, dans leur cas: c'est "on prend/on jette/on prend/on jette/on prend/on garde/etc." plutôt que "j'attends de prendre/mince tant pis/j'attends de prendre/ah! pas mal/je prends/mince tant pis/etc." et, surtout dans le cas de ce type de spectacle (mais chacun prendra ses propres références) où quelque chose est donné à comprendre, il y a un décalage de position qui me paraît dommage. Je me dis que le photographe qui travaille en argentique, qui n'a pas la souplesse du support électronique ni le silence relatif (pas de moteur d'entraînement du film) des boîtiers numériques, doit être quand même un peu plus attentif à sa cadence de travail, en tout cas c'est ce qu'il m'a semblé.
Voilà, un petit point de vue qui, pourrait-on dire, me conforte dans ma position réactionnaire de méfiance vis-à-vis de la prise de vues numérique et de tout ce qu'elle entraîne avec elle…
Bien à vous,
N
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