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 UN PAYSAGE.
Auteur: stéphane.S 
Date:   09-09-2005 13:59

"un paysage ",
cela pourrait être des paysages, ou paysage tout court ,

le fait est que "le paysage" n'existe que par le regard que l'on porte sur lui , peintres ,photographes et observateurs divers ...

il existe donc, des milliards de paysages autant que d'observateurs !
celui qui nous interesse à trait au vide ...

vide, dans le sens de "la pauvreté" en tout les cas de cette apparente pauvreté,
mais qui, pour un observateur attentif se révèle être d'une "richesse étonnante ",

il est tout de même amusant de regarder dans le petit Robert sous vide est de voir que la majorité des définitions soient aussi négatives !

est ce que dans la culture Japonaise (par exemple) la notion de vide est percue de la même façon que chez nous ?

et puis dernière question pour lancer le débat ... ce n'est pas un monologue :-))

le vide ne serait t'il pas dans la photographie de paysage ce que le silence est à la musique ?

S.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: matthieu gafsou 
Date:   09-09-2005 14:49

Bonjour,
Le silence en musique n'est pas le vide, il est musical, au contraire, tout comme une nuance ou une assonance. Le silence est constitutif d'un ensemble et n'a donc, à mes yeux rien à voir avec le vide. Qui est négation par définition: c'est une notion abstraite, quasi insaisissable à mon sens par notre esprit. Puisqu'il n'existe pas de façon absolue en tant qu'objet de perception (dès qu'il y a perception il n'y a plus vide), il ne peut être qu'objet de représentation intellectuelle. Mais, au même titre que l'on ne peut se représenter l'infini que d'une façon approximative (comme une succession infinie d'éléments, et donc in fine comme quelque chose de fini), le vide ne peut être qu'approché. On peut tenter une allégorie du vide peut-être. Plutôt qu'un vide en soi, tentative dont la pertinence me semble douteuse.
Pour en revenir à vos paysages, je dirai que l'idée de s'intéresser à des sujets a priori pauvres est très riche mais qu'elle n'a pas nécessairement trait au vide, plutôt à "l'absence" à mon sens. Absence des attributs qui traditionnellement sont considérés comme constitutufs d'un paysage. Réflexion donc sur le genre, sur ses potentialités et sur les représentations esthétiques et sociales qui conditionnent ledit genre.
Evidemment, cette discussion est très théorique et une exemple de photo serait bienvenu, afin d'enrichir le débat.

Concernant les miliards de paysages: c'est assez banal et romantique; le filtre de la subjectivité comme générateur d'un point de vue, d'une vision du monde. Mais aussi indispensable.
Cordialement ,
Matthieu


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: stéphane.S 
Date:   09-09-2005 15:07

Matthieu ,

si je crée un lien , ou une tentative de lien avec la musique et le silence c'est en souvenir
de la phrase de Milles Davis qui disait que pour lui "le silence est aussi de la musique "

donc à mes yeux le "vide" dans le paysage est au dela de son étiquette première de banalité et de pauvreté une véritable richesse ,un véritable sujet ... lui donnant le droit d'être un vrai paysage .
S.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Nicola 
Date:   09-09-2005 15:22

Parfaitement résumé Matthieu.


Stéphane,

Le vide s'est l'absence de matière et c'est au delà de la temporalité.

L'inverse donc du silence, donc et pas une analogie.

;-)


 
 Re: PAYSAGE
Auteur: guillaume p 
Date:   09-09-2005 15:36

On ne peut pas séparer l'idée de paysage de l'idée de représentation. Le paysage est une représentation, codifiée dès ses origines. Origine liée à celle du jardin qui procède de la même volonté d'idéalisation de la nature.
Les codes formels perdurent en photographie, même si Baltz et d'autres ont tenté d'agir sur le fond en introduisant la trop rabâchée "banalité", en se tournant vers le rebus de la croissance urbaine, les lieux de l'entre-deux, les fameux "non-lieux" (eux aussi trop rabâchés) et autres lieux constituant le refoulé du paysage (se rappeler au passage de l'importance du paysage dans la fondation du mythe Américain…).

Le paysage, en tant qu'ensemble d'images héritées et partagées (communes), construit les représentations, le sens commun sur ce qui relève du remaquable (si ce n'est du beau). C'est peut être ce qui fait dire que ce qui est dépourvu de ces éléments remarquables est pauvre… pauvre parce que vide de sens commun, mais pas vide en lui-même, sinon, c'est la page blanche ! ;-)

Abrégeons…

Agir sur le fond comme l'on fait les photographes dits de la nouvelle topographie (qui font encore école !) n'a rien changé à notre rapport à notre environnement. Ce n'est pas faute d'avoir pointé d'un doigt accusateur l'abandon, le rebus urbain… Geste politique vain.
Ce qui me laisse penser que le paysage en tant que genre codifié ne peut plus nous permettre de formuler notre rapport à l'environnement… (c'est une question hein ! un doute, pas une affirmation !)
Voilà pour mon grain de sel.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Nicola 
Date:   09-09-2005 15:44

S'il vous reste un peu de sel, voudriez pas en jeter un chti sur la phrase du mois au passage, ça assaisonnerait mon WE... ;-)


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Stéphane Joudain 
Date:   09-09-2005 15:56

Dans la philosophie chinoise, Lao Tsi si j'ai bonne mémoire, le vide c'est la fonction.
Si le vase n'a pas de trou, il n'est plus vase ou récipient et la maison, ou un espace est fonctionellement défini par son vide.
Je dis bien fonctionellement, non plastiquement!
Peut être qu'en s'interrogeant sur la "fonction" du paysage on apréhenderais mieux le rapport qu'il entretien avec le vide?
Je ne parle pas de l'absence absolue de matière, vu que ça n'existe pas, je parle de la perception humaine du vide sur terre, ou plutôt de l'espace vide.


S J


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: JSJ 
Date:   09-09-2005 16:04

Le paysage est un espace multi sensoriel qui incite à l'exploration. Face à une page blanche, notre oeil cherche désespérément un chemin et peut créer la sensation du vide même si sa définition est tout autre.

Jean


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Serge 
Date:   09-09-2005 18:47

Je me souviens de ces pancartes qui fleurissaient les routes départementales à l'époque de la mise en place de la Politique Agricole Commune : " Pas de paysage sans paysan " !

;-)

Bonne fin de semaine.
S.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   09-09-2005 19:06

" Pas de paysage sans paysan " !

En Europe bien sûr ;-)

Mais les Paysans ne regardent pas trop dans le rétroviseur,
Le paysage européen est Monastique,
800 ans de boulot, et d'intelligence, et de frères convers.

HG


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Guillaume Jouet 
Date:   09-09-2005 19:35

" Pas de paysage sans paysan " !

Depuis une trentaine d'années, surtout des paysages dévastés par les remembrements !


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: guillaume p 
Date:   09-09-2005 20:09

J'crois qu'ça va finir en parlant environnement"…
Et le paysage dans tout ça ?


 
 Re: PAYSAGE
Auteur: Zoran 
Date:   09-09-2005 23:05




même si Baltz et d'autres ont tenté d'agir sur le fond en introduisant la trop rabâchée "banalité", en se tournant vers le rebus de la croissance urbaine, les lieux de l'entre-deux, les fameux "non-lieux" (eux aussi trop rabâchés)

A propos de Lewis Baltz...
Lewis Baltz fait partie d'une génération de photographe qui suit celle de Robert Franck et de Lee Friedlander, et bien sûr de Walker Evans dans son approche "faciale" du réel. Depuis une quinzaine d'années (15-20 ans) en France, son nom s'est imposé comme référence majeure de la photographie américaine. Depuis peu car LB est un personnage assez discret.

S'il y a bien un mot qui caractérise le travail de Baltz, c'est bien celui de frontière : ses photos montrent bien la pointe extrême entre la société de consommation et la nature colonisée. En ce sens le territoire américain lui a fourni un terrain d'observation extraordinaire (en particulier l'Ouest).

Sa production s'inscrit dans les années 60-70, une époque où la question de la banalité n'existait pas... Au mieux l'accusation "d'indifférence" était portée.

Lewis Baltz à produit une œuvre remarquable, dont la filiation non photographique (Joseph Beuys, Arnold Newman, Carl Andre) à permis , certes, l'émergence d'une nouvelle génération d'artistes...

ZK


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Xavier R 
Date:   09-09-2005 23:12

Un paysage c'est un pays sage.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Zoran 
Date:   10-09-2005 00:06




Agir sur le fond comme l'on fait les photographes dits de la nouvelle topographie (qui font encore école !) n'a rien changé à notre rapport à notre environnement. Ce n'est pas faute d'avoir pointé d'un doigt accusateur l'abandon, le rebus urbain… Geste politique vain.
Ce qui me laisse penser que le paysage en tant que genre codifié ne peut plus nous permettre de formuler notre rapport à l'environnement… (c'est une question hein ! un doute, pas une affirmation !)


Je continue à vous lire Guillaume...
"Politique" et "Artistique".
Il parait que la politique est un art…
Les artistes seraient des politiciens ? Ils auraient un pouvoir de changement sur le paysage ?
Pas pour moi, et moins que jamais !
Le paysage, oui, est politique, il en est un reflet de celle-çi (cf actu immédiate...).


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: guillaume p 
Date:   10-09-2005 07:55

Vous m'avez mal lu…
Je parle de geste politique vain, au passé.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: guillaume p 
Date:   10-09-2005 07:58

Pour ajouter une couche, oui, les artistes ont un pouvoir sur le paysage car c'est eux qui le fabriquent !


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: guillaume p 
Date:   10-09-2005 08:00

Un coup de vernis…
Ils changeront le paysage, le regard sur la chose, mais pas l'"environnement", la chose elle-même.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: guillaume p 
Date:   10-09-2005 08:13

Il reste une pétouille qui gêne sur le vernis…
Si je parle d'"environnement", c'est simplement pour ne pas confondre avec ce qu'on appelle à tord 'paysage', pas pour évoquer 'écologie'.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Zoran 
Date:   10-09-2005 08:50



Bon eh ben j'vous laisse à vot' vernis -)))
Faut pas déranger l'bonhomme quand y bricole :-)))


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   10-09-2005 09:03

On pourait peut-être définir le mot paysage avant de discuter,
Cela me parait hyper cafouyeux,
La relation entre le paysage et l'artiste semble exister,
Mais dans la fabrication, j'ai un doute,
Faut pas voir des artistes partout.

Je vais regarder ce qu'en pense le Robert historique, j'aime bien ce Robert là.

HG


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Serge 
Date:   10-09-2005 11:02

Bonjour,

Les dernières contributions à ce fil m'invite à préciser mon clin d'oeil (pas de paysage sans paysan). A cette époque, fasciné par le dépouillement dans l'art japonais, je traversais les routes en décortiquant les lieux qui se prêtaient à la construction d'images très épurées (sûrement le vide dont parle Stéphane), tout en conservant quelques signes de présence humaine. Et puis, j'en ai parlé, c'était en plein dans les remous de la PAC et j'ai vu ces slogans. Voilà, c'était juste pour dire que la coïncidence ne m'avait pas laissé insensible (ou amusé, je ne sais pas trop).

Pour Henri (G) :
J'imagine que vous parlez de l'excellent Robert historique (et étymologique) de la langue française, sous la direction de Alain Rey. J'ai la flemme de recopier toute la définition, mais ici quelques grandes lignes : " Richelet (1680) signale que les peintres prononcent pésage, la prononciation moderne étant alors réservée aux profanes. [...] Avant la fin du siècle [le XVIe], il désigne couramment l'étendue du pays que l'oeil peut embrasser dans son ensemble (1573) et c'est cette valeur visuelle qui l'a emporté ".

Pour répondre à Stéphane, le vide est pour moi présence. Présence du calme.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: stéphane.S 
Date:   10-09-2005 11:16

"Cela me parait hyper cafouyeux,"
diable oui:-))

j'en suis certainement responsable ,

en attendant la définition du Robert... une définition qui me plait assez de Georges Bertrand (lors d'un débat):



"Question 1 : Quelle est votre propre définition du paysage ?

Georges Bertrand : Le paysage n'existe pas en lui-même. Quand un regard croise un territoire, c'est un processus entre quelqu'un qui regarde et surtout qui voit un paysage, qui met sa mémoire en marche et qui le traduit dans sa matérialité, en fait un paysage. La question est de savoir comment combiner cette subjectivité avec la matérialité d'un territoire. On sait reconnaître la matérialité d'un territoire mais, à l'intérieur d'un même individu, il peut y avoir des représentations contradictoires d'un même territoire qui sont fonctions des différents usages qu'en fait cet individu. Comment saisir la subjectivité ? "

à débattre c'est une idée :-)


maintenant concernant le vide

gros mot chez nous :-) mais idée et concept positif dans la philosophie orientale ,le vide serait un concept égal du plein
et dans le TAO :


" vide et plein sont deux concepts basiques qui créent toute chose. Le vide n'est pas l'absence de chose mais la matrice de toutes les choses"

à suivre.
S.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Zoran 
Date:   10-09-2005 12:55



Deux "paysages" :

1- Le paysage "physique", maîtrisé ou pas (plutôt maîtrisé d'ailleurs), c'est un espace d'interventions de l'homme.
Aujourd'hui quand celui-çi pas dans le paysage c'est qu'il l'a décidé !

2- Le paysage représenté (peinture, photo, vidéo, film etc...) fruit de la vision d'un artiste
parfois critique à l'égard des interventions.

L'ambiguité éventuelle provient d'une part du regard ou de la vision qu'à un paysan, un paysagiste, ou qu'un urbaniste porte sur le paysage. Il arrive que cela soit la "même" vision que celle de l'artiste mais les buts sont distincts.
D'autre part le land art (par ex) est une intervention "physique" dans le paysage.

L'art peut changer nos regards, pas le paysage ou alors de façon très très elliptique -))


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Zoran 
Date:   10-09-2005 12:58


Damned !
J'ai oublié un mot !



Aujourd'hui, quand celui-çi n'intervient pas dans le paysage c'est qu'il l'a décidé !


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: stéphane.S 
Date:   10-09-2005 13:34

Zoran,

laissons de côté l'aspect "physique "
et parlons du paysage" représenté".

celui ou je pense le photographe se retrouve ,
ne pouvant intervenir sur le paysage physiquement quels sont ses moyens pour
le " dominer " ne pas en être le spectateur au risque de le subir ?

S.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Zoran 
Date:   10-09-2005 14:05



celui ou je pense le photographe se retrouve

Voilà une réponse.

Maintenant dominer ou subir ne font pas partie de mon arsenal théorique.
Je n'aborde pas la question du paysage de cette façon.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   10-09-2005 14:07

Mes lectures du dictionnaire,
Plusieurs dictionnaires pour être sûr,
indique qu'il n'y a paysage que dans le cadre d'un regard,
Et pas parce qu'il y a un pays ou des paysans.

Intéressant.

Mais regard et représentation,
C'est différent,
J'aimerai que Guillaume m'explique pourquoi Paysage = représentation,
Je parle du concept paysage,
Bien sûr ensuite il y a sa représentation photographique mais c'est autre chose.

HG


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Zoran 
Date:   10-09-2005 14:18



À propos de lectures…

Indispensables : "Séquences paysages"1997 et 2000.
Revues de l'observatoire photographique du paysage (chez Hazan).

Toutes ces questions théoriques y sont abordées.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: guillaume p 
Date:   10-09-2005 14:28

Il est évident que le sens commun du mot paysage désigne la chose qui s'offre au regard, mais on ne peut éluder le fait que le paysage{/i] est une invention de la peinture. La vue de paysage a ainsi fondé une manière de regarder la nature ou plus généralement le territoire. Dans ce rapport, on se place devant quelque chose ordonné selon un point de vue ; un peu comme dans la représentation en perspective… Etre devant le monde ou au monde est un choix, mais choisir ne peut se faire qu'en connaissance de cause.

On ne peut non plus nier les conséquences sur notre regard du fait que la peinture de paysage soit une idéalisation de la nature (le paradis terrestre perdu ? — recherche d'idéal qui motive aussi le jardin d'ornement).

En définissant ce qui doit être vu et comment il faut le voir, la peinture de paysage pose un rapport au monde qui persiste encore. Rapport distant et volonté de soumettre la nature.

Le concept de 'basho' ('le lieu' — énoncé par Nishida Kitaro) constitue une approche qui me semble plus fructueuse : c'est l'interaction entre le lieu et celui qui s'y trouve qui prime. Peut être une manière plus subtile d'être au monde…
(si Pierre F passe par là, il saura mieux en parler)

C'que j'en dis…


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: guillaume p 
Date:   10-09-2005 14:30

y'a une balise qu'a sauté !


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: stéphane.S 
Date:   10-09-2005 14:54

je les avait oubliés ces 2 bouquins ...
je regarde merci,

au fait pas de numéro 3 en vue ?
S.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Zoran 
Date:   10-09-2005 15:31



Hélas, hélas Stéphane, trois fois hélas !

Caroline Mollie-Stefulesco qui dirige l'observatoire, ne m'a pas parue très optimiste quand je l'ai eue au téléphone...
Les crédits ministériels sont coupés pour de nouvelles veilles, et les reconductions suspendues.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   10-09-2005 15:45

Le rapport avec le paysage et la peinture est incontournable,
Mais j'ai l'impression que la photographie comptemporaine,
S'est assez bien détachée de ce regard de peintre,
Que le paysage, devient la trame d'un langage social,
Et non plus bucolique paradis terrestre,
Mais plutôt la trace de l'empreinte de l'homme,
Relue avec un peu de doute, de désabusement, de rage, ou de simple constat.

Mais on échappe un peu à l'idée d'une représentation de la représentation.

HG


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Pierre Stringa 
Date:   10-09-2005 19:34

"... c'est l'interaction entre le lieu et celui qui s'y trouve qui prime. Peut être une manière plus subtile d'être au monde…"

"L'interaction entre le lieu et celui qui s'y trouve" engage des questions de géographies humaines. Le paysage y est forcément présent mais de manière périphérique et n'est pas l'objet d'une réflexion sur la perception, la présentation ou la représentation du paysage.
Le paysage comme perception "conditionnée" est par essence indéfinissable. A chacun son paysage.
Penser le paysage engage une réflexion et un "dépassement" des enjeux politiques et économiques liés à une "construction" de l'esthétique (opposition du beau face au sublime, du collectif face à l'individu, etc..). Le "brouillage" occasionné par ces enjeux tend à occulter le "voir le paysage" au profit de "lire le politique et l'économique".
La question, reste pour moi posée, de comment photographier le paysage sans tomber dans la représentation de l'ordre social et économique ou/et dans une vision romantique de la chose politique ?

Ceci dit modestement depuis la fenêtre de la maquette de train (la Suisse).

Pierre


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: guillaume p 
Date:   10-09-2005 21:45

"comment photographier le paysage sans tomber dans la représentation de l'ordre social et économique ou/et dans une vision romantique de la chose politique ?"

Parce que le paysage est mouvant dans ses formes et dans ses perceptions, il ne peut être qu'inachevé. Indéterminé? Indéterministe même ! Poétique et non politique.

Vu d'ici bien sûr…


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Zoran 
Date:   10-09-2005 22:20



comment photographier le paysage sans tomber dans la représentation de l'ordre social et économique ou/et dans une vision romantique de la chose politique ?

Pour moi également ce sont les bonnes questions.
Il reste la poësie, un puissant venin susceptible de tout contaminer -)
Chacun d'entre nous se frottant à la question du paysage s'est heurté au problème.
Les réponses peuvent être personnelles sans être romantiques : un paysage qui ne serait pas (ou pas uniquement) le miroir de l'âme sans tomber dans le commentaire sociologique.
Difficile, très difficile tout ça,
le projet d'une vie probablement.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Zoran 
Date:   10-09-2005 22:21


Salut Guillaume !


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Pierre Stringa 
Date:   10-09-2005 23:23

Zoran : Difficile d'être poète dans un pays sage comme la Suisse!...

Je ne peux partager l'avis de Guillaume.

Pour faire très rapide.
Ici, en Suisse, le paysage est un héritage de la fin du 19ème siècle. Il a été véritablement fabriqué, "maquetté" par la bonne société bourgeoise citadine dans le besoin de fédérer villes et campagnes. Ceci c'est fait sur les restes du monde paysan et de façon totalement caricaturale. En effet, la maquette du village suisse typique, à l'échelle 1/1, proposée lors de l'exposition nationale Suisse de Genève en 1890 (pas sûr de la date), vision citadine et grotesque, va s'imposer, compte tenu de son succès, comme modèle identitaire. Pour exemple, les géraniums aux fenêtres du chalet est une pure invention citadine, aucun paysan n'en a jamais eu l'idée, ses seuls préoccupations à l'époque n'étaient pas d'ordre décoratives mais bien plutôt alimentaires. On pourrait multiplier les exemples d'anachronismes, mais force est de reconnaître que le paysage suisse s'est construit autour de ce modèle réduit (si vous n'en êtes pas convaincu, visitez la Suisse en hélicoptère;-)). Bien sûr d'autres facteurs, comme le tourisme romantique anglais (le Club Alpin Suisse est une invention anglaise) participent de la modélisation, de chosification du paysage. Rapidement, l'obsession de la maquette parfaite a supplanté toute réflexion et toute possibilité critique (j'exagère mais pas trop9. En effet, comment vivre dans un paysage parfait tout en restant humain et critique?

Lorsque Ben écrit que " La Suisse n'existe pas! " à l'expo universelle de Séville, pour représenter le pavillon suisse, c'est l'aveu d'une impuissance certaine vis-à-vis de la perfection de l'objet (la micro-technique suisse par ex.) et en même temps un espoir que le trait puisse ébranler nombre de certitudes. Ce qui fût le cas.

A+

Pierre


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: marc 
Date:   10-09-2005 23:34

et pourquoi y'a des drapeaux partout ? dans chaque jardin un drapeau, etc : ça va on a compris depuis la frontière qu'on était en Suisse ! C'est par fierté ? Vous êtes fier du paysage donné à voir ?


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Zoran 
Date:   10-09-2005 23:36



Je pars pour deux jours à Lyon pour la biennale.
On se reparle bientôt pour se donner des nouvelles de la Suisse:).

A+

ZK


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   11-09-2005 08:49

J'aime bien ce dit Pierre,
Sur ce paysage fabriqué,
Ce n'est pas un cas isolé,
Nos paysages Européen sont tous fabriqués,
Pas forcément à la manière suisse, mais fabriqué,
C'est ce qui m'intéresse dans le paysage, c'est l'histoire,
Ce qu'il en reste, une sorte d'archéologie visuelle,
Avec tous les aspects que cela comporte, y compris le socio-politique,
Parfois sur les périodes très lointaines,
Le paysage sauvage, lunaire, sans homme et sans histoire,
c'est pas mon truc.
L'histoire a travers ses empreintes comme les paysages,
Me permet de placer qq chose à comprendre,
Comme une sorte de miroir.

HG


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Pierre Stringa 
Date:   11-09-2005 08:57

"... dans chaque jardin un drapeau, etc : ça va on a compris depuis la frontière qu'on était en Suisse ! C'est par fierté ? "

Je ne crois pas. Je pense plutôt que c'est le besoin et l'affirmation d'une appartenance au modèle suisse en tant que système établi comme parfait. - La perfection de l'objet fût très longtemps une préoccupation majeure de l'institution -.
"Mon petit jardin, à l'image du jardin-paysage suisse, est maintenant parfait. Je peux donc le labeliser suisse (planter un petit drapeau,... un peu comme sur la lune). De fait, j'appartiens maintenant à cette communauté. Je suis visiblement un Suisse. Mon petit jardin va me protéger du Monde ".
On ne peut qu'avoir de l'empathie pour l'homme qui construit un piége, s'y enferme, et jette la clef de la cage par dessus la haie.

Le paysage suisse en tant qu'outil fédérateur a fonctionné comme un formidable levier
institutionnel et économique.

Heureusement, un évènement a fragilisé l'objet-paysage parfait et suisse . Cet évènement, en relation directe avec le paysage, est bien évidemment la chute du mur de Berlin. Pour la Suisse, c'est une chance de réfléchir à son présent et à son devenir. En effet, le paysage suisse, très préservé, porte la trace encore vivante du romantisme anglais du 18ème et de idéaux - une possibilité individuelle de se confronter à la réalité du Monde -.

C'est très résumé, caricatural mais si vous n'êtes pas content lisez Durenmatt!

A+

Pierre


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: stephane.s 
Date:   11-09-2005 09:47

bonjour,

ce que vous dites Pierre sur "ce paysage" suisse ,
me fait penser aux fois ou je suis "en suisse"

avec comme mission, par moment de photographier un batiment, un paysage et
je suis à chaque fois surpris (et ce uniquement en suisse) du côté majestueux
des arbres , je trouve que c'est unique à la Suisse .

la seule explication que je peux donner, c'est l'absence de guerre depuis fort longtemps
et l'absence de bombardement , préservants un Paysage unique .

la politique liée au paysage .
S;


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   11-09-2005 10:01

Pour les drapeaux et les arbres,
Toute la Scandinavie vit sous le rythme Suisse,
Des drapeaux partout et des arbres intacts,
L'Irlande aussi a plein de drapeau, mais ce sont ceux d'équipe de sport.

Les Suisses ce qui m'amuse souvent, c'est qu'ils veulent pas tellement entrer dans l'Europe, mais qu'ils sont persuadé qu'elle ne pourra fonctionner qu'avec eux ;-))

Mais le côté Suisse très propre, a fait un peu tache d'huile dans toute l'Europe,
Ou l'on fleuri les villages à tour de bras,
Cette manie est désespérante ;-))
Surtout sous la forme de giratoire image du patrimoine dont nous sommes envahis.
Triste paysage urbain.

HG


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: guillaume p 
Date:   11-09-2005 10:16

La Suisse, si conforme soit-elle à ses aspirations, doit bien présenter quelques petites failles…
Quand j'évoque l'inachèvement, c'est à mon sens à la photographie de le donner, d'autant plus quand le paysage est si sûr de lui ; il est alors urgent de le dépayser !


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: stephane.s 
Date:   11-09-2005 10:17

ce côté propre sur soi,
exaspérent , ne fait t'il pas "réfechir" et réagir les artistes (photographes et autres...)
et les menent à trouver un autre paysage.
ainsi que certains paysagistes
(je pense à gilles Clément avec entre autre son" traité succinct de l'art involontaire" chez sens et tonka )
:un jardin nomade ...libre !

S.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Pierre Stringa 
Date:   11-09-2005 10:42

Bonjour Guillaume (... !)

"... il est alors urgent de le dépayser ! " Oui, mais comment l'architecte que tu es envisages la déconstruction par la photographie ;-)

L'archéologie visuelle proposée par Henri me semble une possibilité de lecture et une perspective qui fait lien avec le présent. Mais ne reste-on pas là dans la documentation topo-photographique?

Stéphane S. que se cache-t-il derrière le jardin nomade?

A+
Pierre


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: guillaume p 
Date:   11-09-2005 10:57

Déconstruire ?!
Non. Enfin, je ne crois pas…( l'architecte que je suis édifie dans le monde de l'image ;-))
Juste ébranler, toute comme pour un édifice… ébranler putôt que de monumentaliser (?)


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: stephane.s 
Date:   11-09-2005 11:01

pardon ! Pierre

: "un jardin en mouvement" à moitié réveillé moi :-)

je reviens en fin de journée
bon dimanche


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: stéphane.S 
Date:   11-09-2005 20:02

pour Pierre,

gilles Clement est " l'auteur d'une théorie du "jardin planétaire", qu'il appelle le jardin en mouvement : au lieu de cantonner les plantes dans un lieu précis afin d'organiser une création, il laisse les plantations "redessiner" en permanence le jardin qui aujourd'hui a telle forme qui ne sera pas la même au même endroit à la prochaine floraison..."

un paysage qui évolue ...

rapidement un beau livre:
l'histoire d'un artiste qui fait l'achat d'un petit cottage sur la côte anglaise ,à côté d'une centrale nucléaire en fait un jardin d'objets à la dérive, de végétal , de minéral et d'espoir... un carnet de jardinier tenu jusqu'à la fin de sa vie .

"UN DERNIER JARDIN " de DERK JARMAN .
S.


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   11-09-2005 22:41

En plus Gilles Clément est super sympa,
Son jardin perso est intriguant,
Et son premier grand jardin est un très bel endroit évolutif of course.

HG


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: maurette 
Date:   21-09-2005 18:17

Lors des rencontres de Lurs, en Provence, aout 2005,il a été proposé par le graphiste-designer conférencier, la création d'une association "à but politique" puisque c'est pour aider un député à déposer une loi, contre l'abus visuel, créé par ces horribles chaises plastiques moulées, qui désormais sont partout visibles , même sur les cartes postales de PAYSAGES "dits" pittoresques ou touristiques.
C'est un grand malheur ! Esthetiquement insidieux et culturellement abetissant.

à bientôt,Martial

( J'aimerai que Guillaume concrétise sa question et ses arguments par de l'image,
sites,exemples,merci )


 
 Re: UN PAYSAGE.
Auteur: stéphane.S 
Date:   21-09-2005 19:10

"le graphiste-designer conférencier"

de qui parlez vous Martial ?

S.




 
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