Auteur: Lionel
Date: 09-09-2005 02:58
Bonsoir Charlotte,
Le Daguerreotype est le procedé photographique de prise de vue ancienne le plus difficile que j'ai pu tester...
Pourquoi ? Parce que les étapes de fabrication tiennent de l'alchimie...
Ces étapes sont nombreuses, compliquées, et demandent des outils particuliers.
De plus, les essais pour se caler sont multiples et longs car personne (ou presque), n'est là pour nous montrer... La Photographie, c'est comme la Cuisine, il est facile de lire les recettes, mais la pratique et l'obtention d'un résultat valable, c'est tout autre chose...
Voici les grandes étapes simples de la Daguerreotypie sur plaque ordinaire :
Argenture d'une plaque de cuivre parfaitement propre et préparée. Pour ça, il éxiste différentes méthodes, de la plus simple à faire chez soi pour un résultat moyen, à la plus actuelle, dans le commerce, c'est fiable mais cher...
Polissage de l'Argent métal. C'est ici qu'il faut être patient et soigneux selon le procedé d'Argenture du cuivre. Le rendu positif du Daguerreotype demande un poli parfait.
Sensibilisation de la plaque à la vapeur de cristaux d'Iode.
Ici encore, la plaque doit être exposée de façon très homogène... Pour celà, on utilise un coffret spécial muni d'un mince tiroir qui glisse la plaque rapidement à l'intérieur du coffret rempli de vapeur dégagée par une coupelle contenant les cristaux d'iode.
Le temps de sensibilisation dépend du taux d'humidité, de la température, du taux de saturation en Iode de l'intérieur du coffret, et surement d'autres paramètres encore.
Si l'iode sent merveilleusement bon, celle-ci tache beaucoup de choses, dont les doigts, les papiers, les plastiques, etc... (les chimistes sauront préciser tout cela, ça n'est que ma propre observation).
Exposition de la plaque.
Cette étape est aussi très délicate... Il faudra plusieurs essais, mais les temps de pose sont longs... En minutes parfois. (La plaque peut être rendue plus rapide par divers moyens comme les vapeurs de brome)
Révélation de l'image.
Etape très délicate et surtout dangereuse. (LE MERCURE EST TRES TOXIQUE !)
On utilise pour la révélation, une cuve close dont le fond contient une coupelle remplie de mercure, chauffé par une flamme à une température souvent établie à 65°C.
Les vapeurs de mercure vont "accrocher" en formant un amalgame, aux parties éxposées de la plaque en proportion à la quantité de lumière reçue.
Inutile donc de préciser que cette manipulation doit se faire ailleur qu'en espace clos... Dur lorsqu'on sait que la lumière est à fuir pour eviter le "voile".
Ces boites de developpement offraient une ouverture munie d'un vitrage qui permettait de suivre la venue de l'image en laboratoire, éclairé par de la lumière jaune. La lueur indirecte et assez lointaine d'une bougie ne provoque pas de "voile".
La plaque à développer doit également être disposée à 45°, face vers le bas, afin que les vapeurs de mercure lèchent tendrement la couche argentée, sans former de retours de vapeur brusques.
Enfin, le fixage s'effectue dans un bain d'hyposulfite courant en prenant soin d'y aller très doucement car la couche d'amalgame est d'une profonde fragilité. (Je déconseille plus que tout le fameux cyanure de potassium pour le fixage... Il n'ya que les américains pour faire de la Daguerreotypie au cyanure...) :-)
(il est possible de renforcer l'image par l'Or, mais je n'ai pas tenté)
Voilà les grandes lignes de la Daguerreotypie.
Lorsqu'on sait que ce procedé pratique de Photographie fut l'un des premiers, et lorsque l'on prend conscience de la difficulté de réalisation de celui-ci à coté du gélatino-bromure, on réflechi, on pense, on médite...
Lionel
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