Auteur: Palette
Date: 20-05-2003 23:51
Bonjour,
Lecteur passif, je ne commenterai pas la longue discussion en cours.
Je voudrais seulement prolonger l'interrogation de Jean-Philippe sur le devenir de l'argentique et plus particulièrement du labo NB.
Amateur et passionné de photo depuis peu, j'y suis venu par goût pour la peinture.
Ignorant tout à l'époque de l'envolée du numérique, le développement et le tirages me semblaient (c'était d'ailleurs le conseil de mes lectures d'alors) le meilleur moyen de comprendre, d'apprendre et de Sentir le processus photographique, de la prise de vue au moment où la photo est là, devant nos yeux...
Quel bonheur! Je passe encore des nuits blanches (peu raisonnables, mais le reste l'est-il?) à chercher la meilleure exposition, le meilleur papier, le meilleur maquillage pour transformer une image qui me plaît en quelque chose d'unique, dont je ferai cadeau à quelqu'un (pourquoi ne pas envoyer une carte postale géante à 20 euros? C'est bien le privilège de l'Amateur, non? Au sens noble du terme...), ou que je garderai pour y retrouver une sensation, un mystère, une douceur,... voire une imperfection appelant d'autres images...
Vraiment je ne regrette pas le jour où j'ai sauté le pas pour investir (temps, argent, énergie) dans mon premier petit matériel.
Comme beaucoup parmi vous, j'imagine, c'est pour maitriser l'image (mouvements, visée, etc.), pour transcrire des idées au plus juste et pour leur donner en même temps plus d'ampleur (format de visée, acuité de l'image, philosophie de lenteur...) que je me suis essayé puis enthousiasmé pour le grand format (4x5... et là je débute depuis très peu de temps).
Je suis loin encore d'être familiarisé avec le format (je shoote plus de polaroids qu'autre chose pour l'instant) mais là encore la magie opère, la passion emporte.
Le moment de la prise de vue est un grand moment !
J'ai beaucoup aimé les descriptions très personnelles, simples et poétiques de Michele Vacchiano (voir plan du site) - je les conseille :)) - il évoque ce qui fait pour moi le Charme de cette façon de photographier.
Encore une fois, je débute, mais je ressentais déjà cela parfois (même en 24x36... mais c'est sans doute pouquoi je suis si attiré par le 4x5) et j'aimerais que ça dure... :)
Là où la question de Jean-philippe me touche, c'est que je suis en train (c'est quasiment fait!) d'étendre mon labo perso au 4x5. Investissements (agrandisseur, objectif, margeur adapté, etc. etc.) et interrogations!
Est-ce que cela a un sens? Vaudrait-il mieux s'initier à fond au numérique (cela m'intéresse aussi mais je n'ai qu'un - heu... deux? - cerveau alors cela attendra)? Regretterai-je dans un, deux, cinq ans?
Faudra-t-il fabriquer tous ses produits soi-même dans cinq ans??
Je l'ignore.
Mais une chose me semble certaine: dans un monde intangible de circuits électriques, de dialogues virtuels et d'images qu'un click annule à l'écran, la Matière (comme le dit si bien Tin) des photographies compte...
Et peut-être plus encore leur fragilité (j'aime ce que dit Jimmy Péguet dans son article sur la Wista, comme il aime sa fragilité), le fait de les aider à naître au milieu des cuvettes malodorantes, de les laver, de les choyer, de leur insuffler tout ce qu'on peut de vie pour qu'elles expriment, perpétuent, deviennent... une émotion, un souvenir, un Signe qui compte pour nous.
Après tout, les objets et les actes brillent aussi de l'effort qu'on leur a sacrifié.
Sans sacraliser ce qu'elles sont... Mais peut-être les moments qu'elles rappellent ou qui les ont appelées...
Et très concrètement, pour un non manuel pour moi, le bonheur de Façonner quelque chose...
Alors, bon, s'il le faut, peut-être échangerons-nous sous le manteau ces produits chimiques, ces papiers si précieux, dans cinq ans!!
Voilà: beaucoup (trop) d'enthousiasme là-dedans, mais je débute alors pardonnez-moi ;-)
Merci au passage à H. Peyre pour son fabuleux travail et à tous les intervenants du forum pour leur... passion!
Pierre Sensfelder.
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