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 Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Vincent Ziegler 
Date:   10-04-2003 21:00

Bonsoir,

Voici une source de réflexion très intéressante sur le rapport entre la photographie haute résolution et l'écoumène (relation de l'humanité à l'étendue terrestre).

Pour vous mettre en appétit, je vous livre quelques extraits :

"(...) Afin de pointer cette perte d'éthique du paysage occidental, il y a au travers le procédé photographique une réelle envie de procéder à une manière éthique de photographier. J'entends par-là une envie de photographier, ainsi que dans la post production, d'une manière ancienne : ne pas procéder à quelconque retouche, ni de recadrer les images, pour preuve la figuration de l'encadrement du plan film tient pour preuve cette manière de photographier, d'appréhender la photographie et la paysage. Cette méthode est à la fois un respect pour la photographie et pour le paysage, la photographie en tant que constat. (...) Les éléments, les objets, qui constituent notre environnement, rompent avec l'éthique même de l'écoumène. Il y a un phénomène de désymbolisation du monde par la modernité tout en produisant de nouveaux appareils symboliques fonctionnels alors qu'ils étaient autrefois de l'ordre du symbolique cosmologique entretenant une relation avec le droit chemin de l'éthique générale. Ce constat de déviance symbolique affecte même nos paysages puisque le retournement, la mutilation, la contamination de la matière, découle d'appareils symboliques fonctionnels, dépassant la simple puissance humaine, et de par ce fait le paysage à son tour sort de la sphère cosmologique de l'éthique générale. C'est ce que Max Weber appel : "le désenchantement du monde". (...) L'utilisation du procédé photographique à la chambre joue un rôle majeur sur plusieurs niveaux. D'une part en raison de ses capacités à reproduire le détail du paysage, de manière à pénétrer dans tous les éléments qui constituent le paysage : la recherche du détail, de la précision car rien n'est à délaisser, tout est à prendre en considération. De plus, comme chacun le sait, ce procédé photographique permet au travers ses caractéristiques de rendre une image du réel propre, c'est à dire absence de parallaxe, d'une netteté absolue, de manière à pénétrer dans le paysage. Le second point, en ce qui concerne le procédé à la chambre est le rapport qu'engendre ce procédé. Lorsque j'arrive sur ces lieux, la chambre permet une réelle relation avec le paysage en question. La déambulation sur le lieu à photographier avec le matériel pesant, la recherche de l'angle précis qui mettra en évidence toute la problématique du sujet."

J'ai failli oublier le lien... http://mikrokosme.free.fr/teomi.htm

N'hésitez pas à aller sur la page d'accueil : il y a des essais sur la photographie urbaine contemporaine. Le site est très étrange, il a un côté "société secrète" : si quelqu'un pouvait m'en dire plus...

Bien à vous tous.

Vincent


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: tin 
Date:   10-04-2003 22:05

Le texte et photos sont de qui?Je suis convaincu que dans toute epoque il y a toujours plusieurs persones que distantes et sans se conaitre cherchent a comprendre les rapports de l'humain aux choses et la nature,cette personne est nettement plus profonde que moi sur une problematique trés proches,NOUS RESTE IL UN PEUT D'ANIMALITE POUR SAUVER NOTRE HUMANITE?.Merci vous avez fait beaucoup d'effort pour revenir,resté un peut.


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Michel.Guigue 
Date:   10-04-2003 22:27

Très attirant en effet.

Aller voir http://mikrokosme.free.fr/secret.htm, en plein écran F11 et une bonne sono.

Je n'ai pas tout exploré et y retourne.

Merci à Vincent Z pour cette bonne adresse.


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Jimmy Péguet 
Date:   11-04-2003 08:43

Ce site pose des questions que beaucoup d'entre nous se posent, pas spécialement en ce qui concerne la photographie, d'ailleurs. J'ai néanmoins quelques difficultés : la lecture de l'ensemble me semble assez compliquée parce que l'auteur procède à grands coups de simplifications et de citations simplifiées, de confusions, de notions vagues, de mélanges, sans rigueur de raisonnement.

Pour prendre un point de détail (il est difficile pour moi de traiter d'un tel sujet sur un forum, malgré son intérêt), je ne suis pas bien le raisonnement sur la nature et "l'éthique ancienne de la photographie", même si je comprends ce que veut dire le photographe. Je ne comprends pas bien pourquoi un outil et une esthétique du XIXème siècle nous rapprocheraient d'une nature dont nous nous éloignons sans cesse un peu plus. Il me semble qu'il y a aussi un manque de recul et une utilisation d'un lieu commun quand l'auteur parle de l'utilisation de la chambre en prise de vue de paysage. Cela n'étant que des remarques rapides sur des points de détail.

Les textes de ce site donnent en tout cas riche matière à réflexion et à discussion. Je viens de passer quelques jours de vacances où j'avais emporté une chambre, et je tournais également autour d'un certain nombre de ces questions.


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Vincent Ziegler 
Date:   11-04-2003 09:30

Bonjour à tous,

Pour Michel : décoiffant ! Si, vous avez le temps (j'ai un peu abusé avec mon forfait internet pour certaines recherches : il faut que je me calme...), pourriez-vous me dire "ce qu'est" ce site. Il me semble qu'il a un rapport avec le Kollectif Tolbiak dont je n'ai que très vaguement entendu parler.

Pour Jimmy : j'ai eu les mêmes réserves que toi lors de la première lecture. Puis, j'ai archivé et mis en page le texte dans word ; j'ai imprimé et lu à tête reposé en dégustant un bon café... ça change tout ! Même reproche toutefois : si l'auteur cherchait moins a "étaler sa science" (je lui prête certainement des intentions qu'il n'a pas) à grand renfort de citations et de vobulaire ésotérique, la pertinence du propos passerait avec plus d'efficacité.

Pour Tin : je suis comme vous : "flou artistique"... Si vous, ou Michel ou un autre est disposé à "mener l'enquête", je suis preneur.

Bien à vous.

Vincent


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: tin 
Date:   11-04-2003 09:47

>Traces anodines perçues au quotidien, devenu banal, courant : la nature prend recul à chaque instant. Vision chaotique d'un système sur-moderne, inquiétant tend la force de cette fourmilière humaine obtient toute une puissance. La nature, élément clé, source primitive et élémentaire à notre survie connaît cicatrices sur cicatrices, vers une mort obligée.
Cette terre en tant que matière mais aussi au sens large du terme connaît un remaniement perpétuel, incessant qui semble épuiser cette planète, cet interstice entre cette planète et ce ciel qui constitue notre paysage.< Sans chercher la petite bete pour moi tout est la,c'est mon epoque, j'avait deja parlé a Jimmy de cela,temoin de mon temps (quel lien entre petrole democracie et enfants dechiquetes)ou(egalité des sexes et femmes qui n'alletent plus leurs enfants) Le questionement de cet auteur nous renvois a reflechir a notre complicité dans la decheance de la nature.


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Michel.Guigue 
Date:   11-04-2003 09:50

Bonjour,

Il y a en effet un lien sur http://tolbiak.free.fr/ sur la page principale de microkosme. (en bas à gauche)


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Vincent Ziegler 
Date:   11-04-2003 10:22

Tin,

1) J'ai de plus en plus envie de voir votre travail !
2) Avez-vous déjà écrit le fruit de vos réflexions ? Y avez-vous même songé ? Si votre travail procède de la "déco", c'est probablement inutile. Mais, si c'est celui d'un auteur engagé et militant, de quelqu'un qui croit à son combat - ce qui me semble être le cas - alors il le faut. Je crois même que c'est un devoir ! Si, consciemment ou pas, c'est la barrière linguistique qui vous "bloque", il y a des tas de gens qui seraient ravis de vous aider dans la transcription de vos textes, à commencer par moi (même si je n'ai pas les qualités littéraires d'Henri Peyre), car j'ai du temps (surtout pour des valeurs nobles, même si je les croient perdues).

Vincent


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Marc Genevrier 
Date:   11-04-2003 10:46

C'est marrant, vous parlez plus du texte que des photos !

C'est très intéressant ce que vous dites, je comprends bien le raisonnement et le questionnement de Tin. Mais je crois que c'est aussi très symptômatique de notre époque - et je ne veux pas nier la problématique de la destruction. Les photos nous montrent des situations temporaires - un chantier, ça ne dure qu'un moment -, mais parvient à nous les faire prendre (le texte aidant peut-être un peu) pour des situations définitives. D'une certaine manière, il transforme des lieux singuliers en des lieux génériques, c'est aussi la mise en série qui permet ça, mais je crois qu'il ne s'intéresse pas aux particularités de chaque endroit, plus à leurs points communs, à cette terre morbide comme l'écrit très bien Gauthier ailleurs, à propos de Bustamante. Je trouve ça très bien réalisé. Ça marche sans doute aussi parce que nous sommes tellement habitués à voir de partout des lieux comme cela que nous nous sentons submergés et nous nous disons que, quand ce chantier-ci sera terminé, celui-là, un peu plus loin, prendra le relais, de sorte que nous avons cette impression d'un immense chantier permanent dans lequel nous cherchons à nous situer.
Ce qui me frappe dans ces images, évidemment, c'est l'absence de vie, de mouvement. Quand Lewis Baltz a photographié des terrains vagues, il s'est mis au ras du sol, il a littéralement rampé, photographié des herbes folles, des cailloux, on sent parfois le vent, on imagine presque l'odeur de la poussière, et cela nous ramène à notre animalité dont parle Tin. C'est une autre démarche, bien sûr. Ici, on ne s'intéresse pas au devenir possible de ces endroits, à la vie qui va peut-être reprendre ses droits à la faveur d'une pluie et d'un arrêt du chantier, il suffit de peu de choses pour que des herbes poussent à nouveau. On ne s'intéresse pas non plus à des formes ou à des couleurs qui pourraient apparaître dans la terre, non, le sol est ici informe et mort. En regardant les images, j'ai presque l'impression d'un monde d'après l'homme. On dirait que tout est suspendu, comme si tout avait été arrêté d'un coup par une immense catastrophe. On aurait pu par exemple, au contraire, essayer de montrer la vanité des ces interventions humaines par rapport à la puissance de la terre (dans le genre, la vie reprend ses droits et trouve le moyen d'échapper à notre emprise ou de réaffirmer la finitude de nos moyens), mais le point de vue est ici beaucoup plus pessimiste : le combat est fini, la terre a déjà perdu.
C'est ce qui me paraît caractéristique de notre époque : outre le sentiment de gâchis et de destruction, il y a cette interrogation ou cet affollement face à un changement qui ne s'arrête plus, que nous ne maîtrisons plus et qui ne nous laisse même pas le temps de le penser. Ça nous laisse parfois un tel dégoût qu'on en vient à souhaiter la mort de ce monde, d'une façon un peu suicidaire, mais par une sorte de politique du pire, histoire de faire table rase.

Bon, je réfléchis à voix haute, donc je m'arrête là...

Marc


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: tin 
Date:   11-04-2003 11:22

Merci Vincent,le texte est vraiment un probleme pour moi,bientot on pourrat ce reencontrer,je fait des travaux d'amenagement,des que je me libere je vous contacte.Les mot noblese me fait froid dans le dos je ne connait pas l'origine du mot mais je l'asimile aux royaumes et leurs decadence.La folie de voir ou voir la folie,le plus loin posible de l'aliené,est ce posible?


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Jimmy Péguet 
Date:   11-04-2003 12:59

Dans ce site, les textes et les photos sont très liés, mais le texte exprime peut-être mieux à mon sens la désorientation ou ce que tu appelles l'affolement, la confusion, la recherche d'un système spirituel et intellectuel qui permette de retrouver une place et de prendre du recul.

Je ne sais pas, mais ça me paraît un peu vain de penser que le détail va permettre de mieux voir, de mieux entendre, de permettre à l'espèce d'être moins agressive et destructrice, de laisser de la place aux autres (ce qui me semble être le fond du propos). Je sais bien que chacun essaie de prendre ça par le bout qu'il peut, mais ça me fait penser à ces urbains (moi, vous, peut-être) qui, intéressés par exemple par la botanique, sont capables d'énoncer le nom latin et la classification des plantes, mais qui ne sont pas en prise avec la vie du système.


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: tin 
Date:   11-04-2003 13:08

>L'utilisation du procédé photographique à la chambre joue un rôle majeur sur plusieurs niveaux. D'une part en raison de ses capacités à reproduire le détail du paysage, de manière à pénétrer dans tous les éléments qui constituent le paysage : la recherche du détail, de la précision car rien n'est à délaisser, tout est à prendre en considération. De plus, comme chacun le sait, ce procédé photographique permet au travers ses caractéristiques de rendre une image du réel propre, c'est à dire absence de parallaxe, d'une netteté absolue, de manière à pénétrer dans le paysage
Le second point, en ce qui concerne le procédé à la chambre est le rapport qu'engendre ce procédé. Lorsque j'arrive sur ces lieux, la chambre permet une réelle relation avec le paysage en question. La déambulation sur le lieu à photographié avec le matériel pesant, la recherche de l'angle précis qui mettra en évidence toute la problématique du sujet.
Monter la chambre, le calcule de la lumière, la recherche de la mise au point, patienter le déclencheur souple à la main .< Jimmy si c'est le passage que tu cites,je trouve que ton interpretation a pris le dessus.


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Marc Genevrier 
Date:   11-04-2003 13:40

Jimmy,

il faudrait voir des tirages sur un mur, voir dans quelle dimension il choisit de les montrer, notamment. Là, le grand format aurait sa justification, sans doute, mais à l'écran, ce n'est évidemment pas la peine.

Pour le reste, ce qu'il expose dans le passage cité par Tin, c'est presque une forme de rituel, en fait. Tu as parlé de spirituel, ça va dans le sens des idées qui me sont venues depuis mon précédent message. Dieu est mort, nous sommes grands et ne croyons plus aux histoires aliénantes de paradis céleste. Très bien, mais cette mort a laissé un vide. A l'échelle de l'humanité, c'était hier, et nous avons encore besoin, sans doute, de croire en un paradis. Alors nous le cherchons ailleurs, puisqu'il n'est pas dans les cieux ; nous le cherchons devant notre porte (les photographes peut-être plus que les autres depuis que Doisneau et d'autres nous ont expliqué que le bonheur était au coin dela rue :-). Le malaise de notre époque, c'est peut-être en grande partie que, le paradis, eh bien, nous n'arrivons pas à le trouver devant notre porte. Je crois vraiment que ça participe de cette déprime ambiante, de cet intérêt soudain et parfois catastrophiste pour la nature et l'environnement, dont on dirait parfois qu'ils ont pris la place de Dieu. On pourrait y voir aussi une autre forme d'instrumentalisation de la nature, puisque nous l'aimons surtout pour ce qu'elle peut nous apporter et que le modèle place encore l'homme au centre, comme acteur principal - en l'occurence dans le rôle du méchant, mais tout de même.

Attention, pour prévenir les malentendus : je partage ce souci pour l'environnement, ce malaise devant le monde, etc. car je suis moi aussi bien de notre époque. Mais j'ai grandi à St-Etienne et j'ai aussi un livre formidable qui montre des photos du début du siècle dans le bassin houiller et sidérurgique stéphanois. C'est dantesque ! Ça n'a rien à voir avec ce que nous connaissons de nos jours, tout du moins sous nos latitudes. Des progrès immenses ont été accomplis. Donc ça incite à voir les choses un peu différemment, ou tout du moins à se demander parfois si le discours catastrophiste 1. est bien fondé, 2. est vraiment utile. C'est toujours la même question : pour faire avancer le schmilblick, quelles photos faut-il faire ? J'aime bien ce que tu dis sur la botanique, ça résume bien ce que je ressens aussi, c'est pourquoi je parlais de Baltz. Mais j'apprécie quand même la formidable cohérence de ce travail, qui me trouble surtout par cette omniprésence de la terre, des entrailles du monde, toute cette symbolique.

Marc


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Nico 
Date:   11-04-2003 13:55

Pour rebondir sur ces interrogations partagées par un paquet de gens sur notre raport à la nature, et sur ces images de chantiers, j'ai pu assister, lors du Printemps des Poètes à Paris, à Trombonoscope, une "action musicale et poétique" mettant en scène un tromboniste, une pièce musicale jouée par lui et créée par Jean-Baptiste Apéré, sur des images, très belles et évoquant tout particulièrement celles visibles sur le site proposé par Vincent, des images donc de chantiers réalisées par Laura Foucault. Le travail était intéressant à plusieurs titres:
- liens ou connivences images et musique
- lien musique et contexte (J.-B. Apéré, avec son lien tout "familial"qu'il a avec le monde des grands chantiers, a créé quelque chose de très sensible pour son tromboniste)
- qualité des photographies (très très proches de celles sus-citées, mais en 6x6)

Bref un très beau moment, qui sera reproduit en juillet normalement; très sensible, je crois avoir pu sentir le "respect" de J.-B. Apéré pour les hommes qui font les chantiers autant que sa mise en doute par rapport à la place de la nature. Evidemment, cette pièce ne propose aucune "solution", mais ne fait que proposer des pistes de réflexion. Comme dirait M. Frizot, il a "tiré des fils"…

N


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: tin 
Date:   11-04-2003 15:52

>Des progrès immenses ont été accomplis.Au Mexique par ex;les agriculteurs partent vers la ville en tant que sous homes,le mais transgenique Americain balaye leurs cultures ancestrales,le probleme suplemantaire est que la ville ne veut pas d'eux.La vie devenu inutile en quelque sorte.J'espere qu'ils croient aux paradi dans une autre vie.


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Vincent Ziegler 
Date:   11-04-2003 16:00

Je voudrais expliciter les raisons qui m'ont inciter à engager cette discussion : je viens de l'univers mensonger de la pub, où l'on est payé pour mettre sa maestria au service du mercantilisme et je ne connaissais et ne voulais reconnaître que cette forme de photographie, jusqu'à... ce déclic, puis ce deuxième, puis ce troisième, puis cette avalanche de déclics en forme de coups de poings de plus en plus forts...

Je veux parler de l'importance du texte, en tous les cas, pour moi : l'univers de la pub s'étant chargé de me soumettre dans l'ignorance et l'obscurantisme, il y des cultures photographiques que je n'ai pas comprises - pendant trop d'années ! - poussant jusqu'au mépris. Un de ses multiples déclics, mais certainement le plus décisif, fut ma découverte de l'association "Focale" : si je connaissait l'existence des procédés alternatifs, j'étais incapable d'en voir l'utilité, allant jusqu'à les trouver stupides. Pauvre imbécile ! Pour ceux qui ignorent Focale, voici quelques extraits de Gary Auerbach : (...) Vivant à Tucson, j’ai eu la chance de pouvoir utiliser les ressources de renommée mondiale du Center for Creative Photography de l’ Université d’Arizona. J’y ai cherché comment obtenir une photographie durable. Il y avait les Cyanines (Cyanotype), un processus avec du fer ; le Carbone, utilisant le « graphite » ; et les tirages platine (platinium print), utilisant le métal de platine. Voyant des exemples de chaque procédé, j’ai été attiré par la platinotypie avec ses tons chauds à graduations, et sa netteté impressionnante, parce que cette technique nécessite un négatif du même format que l’image. L’image platinotype est adoucie, car elle est imprimée sur du papier aquarelle. Comme on enduit l’émulsion à la main, le papier obtient un toucher organique qui complète la finition de l’image. (...) J’ai cherché à travailler avec des négatifs agrandis, mais je ne parvenais pas à obtenir l’apparence des images tirées à partir de formats plus grands. Ainsi, j’ai commencé à augmenter le format des négatifs. Cela marchait bien, car il y avait une suite d’apprentissages à connaître, qui permettait d’enduire manuellement des images plus grandes, 4x5, 5x7 et 8x10. Finalement j’ai trouvé un Wisner 11x14 d’occasion, une caméra professionnelle et là, j’ai senti que j’avais trouvé ma solution. Les portraits sont ma spécialité - grand format platinium portraits. Des images qui sont faites pour durer 500 à 1000 ans. Moins de 40 personnes dans le monde travaillent dans le domaine du portrait au platinium. C’est de cette manière que je photographie des Américains indigènes dont la propre stabilité culturelle est menacée. Ainsi, j’espère pouvoir ouvrir ce domaine au public qui ne connaît que très peu la platinotypie et la photographie au platinium."

Oups, j'ai encore failli oublier le lien (Philippe Ayral va me tuer !) : http://www.focale.ch/g_auerbach/expo_gary_auerbach.htm

Je pense donc que, plus le numérique s'imposera, plus notre travail semblera être une archaïque curiosité pour le non-initié. De fait, plus que jamais, il aura besoin d'être expliqué. Voilà, j'ai pris cet exemple : j'aurais pu en prendre d'autres et d'autres encore. Le fil initial sur mikrokosme.free.fr illustre ce que j'essaie maladroitement de dire : ce texte ou cet essai, malgré tous ces défauts, me semble être un très bon support pédagogique pour expliquer les cultures photographiques "différentes".

Vincent


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Marc Genevrier 
Date:   11-04-2003 16:29

Tin, je parlais d'un contexte très précis, bien sûr. On peut multiplier les exemples comme ceux que vous donnez, mais j'ai peur qu'on se mette hors sujet et qu'on mélange tout. Parlons-nous de "paysage occidental", de "procédé photographique", "d'éthique générale", de "désenchantement du monde" (citations du texte reproduit par Vincent dans son premier message), ou bien des ravages de la pollution dans le monde ?...

Disons simplement que mes douteuses réflexions pataphysiques ne valent évidemment que pour l'homo occidentalis. Je doute d'ailleurs beaucoup qu'elles intéressent les agriculteurs mexicains.

Marc


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Marc Genevrier 
Date:   11-04-2003 16:49

Vincent, j'avoue que je ne te suis pas bien. Pourquoi ici les procédés alternatifs ? Enfin, je pense aux photos de chantier, j'ai survolé le reste du site.
Le texte est pédagogiquement formidable, c'est vrai, pour expliquer que la photographie peut être un véritable engagement politique, écologique, ou autre. Mais s'il faut opposer des choses, c'est la photographie d'auteur d'une part et les pubs qu'on voit dans les rues, les photos de stars dans les magazines, etc. d'autre part.
Tu penses que la photographie d'auteur doit passer par les procédés alternatifs ? A moins que tu ranges la simple utilisation d'une chambre dans les procédés alternatifs, ce qui sera peut-être bientôt le cas, je ne sais pas.

Marc


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: tin 
Date:   11-04-2003 17:07

Je doute d'ailleurs beaucoup qu'elles intéressent les agriculteurs mexicains.Detrompé vous ils sont trés sensibles a nos agisements,si chaqu'un dans sont domaine d'engagement baigne dans une reflexion d'alternative a une certaine modernité,par ex le transgenique,et que de ce fait, soit integré par toute une societé,l'occidantale par ex,on pourrait decider de interdire ce type d'aliment,du coup l'exode de l'agriculteur mexicain sera ralenti,et la mutation de civilizations ancestrales ne deviendrait pas une catastrophe humaine.Il ne faut rien separer, tout est lie a une certaine harmonie.


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Marc Genevrier 
Date:   11-04-2003 17:21

Vous avez raison, mais je pensais à mes réflexions de photographe et de ma relation à la nature (Est-ce que ces réflexions un peu théoriques sont vraiment utiles ? N'est-ce pas seulement un jeu de l'esprit de la part d'un vulgaire occidental désoeuvré que je suis ? Toujours la même hésitation entre réflexion et action concrète, sur le terrain...), pas de la façon dont je me comporte dans la vie de tous les jours pour essayer de limiter les dégâts à mon niveau. Sur ce point, tout à fait d'accord avec vous.

Marc


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: Vincent Ziegler 
Date:   11-04-2003 18:19

Marc, es-tu sûr de ne pas m'avoir lu en diagonale ? Il est possible que je me sois mal exprimé. J'ai pris les procédés alternatifs uniquement pour illustrer mon exemple, l'exemple d'un type aveuglé par ses certitudes. Parce ce que j'avais la certitude que cette pratique était inutile avant de lire le superbe texte de Auerbach. Elle me semblait inutile, parce que personne ne m'avait aidé à sortir de mon aveuglement, personne ne m'avait éduqué. Il m'aura fallu l'aide d'un texte.

De même, pour beaucoup de gens, la chambre photographique est une curiosité à mettre au rang des antiquités. Combien de photographes à la chambre n'ont-ils pas témoigné d'avoir été regardés par les badauds comme des phénomènes de foire ? Je n'ai donc pas dit que la photographie d'auteur doit passer par les procédés alternatifs : si tel était le cas, on ferait tous la même chose, ça serait ennuyeux, et des tas d'images uniquement réalisables par du matériel léger disparaîtraient.

Je vais prendre un exemple encore plus concret : depuis mon article sur l'éclairage, je suis régulièrement contacté par des élèves d'écoles de photo : comble de l'obscurantisme, aucun d'eux ne comprend l'intérêt d'une chambre photographique ! J'ai donc simplement voulu souligner l'importance d'une démarche pédagogique, d'une éducation. Pour moi, ça passe par le texte, pour d'autres ça sera l'échange oral, peu importe la manière, l'important étant de faire passer le message. C'est d'autant plus important que nous sommes envahis par la dictature de la pub qui ne montre que des "beautés" illusoires, surfaites et convenues. Au final, le public est conditionné pour ne pas savoir regarder autre chose. Dans les expos, ça donne des réflexions du genre : "c'est nul", "c'est moche", "ça sert à rien" ! Je suis sûr que tu as déjà donné avec tes photos de terrains vagues et de quartier détruit. Je suis sûr que toi aussi, Tin, tu as déjà donné.

Finalement, peut-être aurais-je dû intitulé ce fil "De l'importance de la l'éducation" ?... de la pédagogie, de la communication... enfin, on se comprend (j'espère ;-)... ce qui n'empêche pas de s'exprimer librement sur le thème initial, le rapport entre la photographie haute résolution et l'écoumène...

Vincent


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: henri peyre 
Date:   12-04-2003 00:15

Quand on parle de photo, il y a un clivage assez important qui se produit autour de la photographie comme possibilité politique de témoigner du réel (tendance tin) et de la photographie comme volonté de représentation (je suis plus de ce côté je dois dire).
Le constat désenchanté du terrain vague me semble nécessaire mais je pense qu'on pourrait passer à autre chose, qui est maintenant plutôt que de dénoncer, de proposer une façon de voir qui soit embellissante, et non plus seulement dénonciatrice (ou de simple désarroi poétique, façon Dieu est mort). Peut être en se rapprochant (ou s'éloignant) du sujet, en tous cas en bougeant un peu pour voir autrement et éviter de continuer à pleurer des repères qui, fatalement, changent, ont toujours changé et changeront encore. La terre du XIXème avait peu à voir avec celle des dinosaures de toute façon. Il y a des choses qui ne s'améliorent pas, d'autres qui s'améliorent, et des jugements que nous avons dans nos têtes dont on est aussi bien forcé d'admettre qu'ils évoluent !
J'admets que cette analyse esthétisante puisse être contestée par des pragmatiques, mais je plaide pour elle parce que pour ma part j'ai besoin de me représenter les choses et de les trouver belles avant de les aimer. Et n'ai nulle intention de m'occuper de ce que je n'aime point.


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: tin 
Date:   12-04-2003 10:53

>de proposer une façon de voir qui soit embellissante.Je comprend ton point de vu,et ça explique en partie tes images soient des photo montages,qui nous parlent d'autre chose, indispensables a mon sens a la nature humaine,je ne suis aucunnement en oposition a ta demarche,et je ne comprend pas que tu le soit par rapport a la miene surtout apres d'avoir vu mes images,>éviter de continuer à pleurer des repères qui, fatalement, changent,je ne vois pas de fatalite dans ces changements,les enbelliseurs du debut du siecle de l'art academique on essayé de briser des Van gogh,Gauguin,des Picassos,parce que a leurs yeux c'etait plus de l'art il n'y avait plus des beauté.Qui se souvient du nom des ces ilustres critiques?, Bacon qui faisait de du beux objets,decide de devenir peintre en decouvrant les peintures de picasso,peut on dire a Bacon d'arreter de representer ses dechirures?
>changent, ont toujours changé et changeront encore.Pour conclure, ses changement ce le fait des humains en perpetuelle contradiction et impliques comme ils peuvent.


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: henri peyre 
Date:   13-04-2003 00:16

Juste un mot, je ne critique pas plus que cela l'aspect politique, je ne suis pas non plus en "opposition" avec ta démarche non plus. Je ne cherche pas au même endroit tout simplement :
Tout tourne autour de la notion du réel. Soit on le dit extérieur, indépendant de nous et on veut en témoigner.
Soit on pense qu'il n'existe qu'en fonction du regard qu'on y porte (c'est ce que je pense). Je ne remets bien sûr pas en cause le fait qu'il existe en dehors de moi, ce réel(je mourrai et il continuera). Mais en tous cas je pense ne pas arriver à en témoigner, je pense que personne ne peut dire "cela a été comme ceci". Si je cherche à le voir, je ne vois que moi. Je le déforme, même malgré moi. Je cadre, j'étais là et pas ailleurs, mon image était fixe et muette quand le réel était actif et bruyant. A partir de là que faire ? Si on le déforme, si on se rend à cette idée, pourquoi ne pas le déformer encore plus, dans le sens qu'on aimerait qu'il prenne ?

Au total, c'est plutôt une remarque modeste, comme la liberté du nihiliste, qui repose sur la constatation qu'il n'est jamais que lui-même, et que le monde est indifférent !


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: tin 
Date:   13-04-2003 10:18

>je pense que personne ne peut dire "cela a été comme ceci".Trés revolutionaire ton point de vue,archeologie,histoire,geopolitique,memoire des encetres familliaux,tout serait pour toit a remetre en cause ou en doute? je trouve cela trés risqué,la disparition de la memoire individuelle et colletive!Un enfant vivant avec son pere,est tranquillement en train de construire son etre,quelqu'un arive et lui dit c'est n'est pas ton pere
,tout s'efondre la profondeur de la destruction est indescriptible,un recours peut sauver tout,le teste d'adn,le pere etait vraiment le pere!.Fait réel
Un photographe peut il resentir un fait comme celui ci,imposible il y a 20 ans(nouveau dans l'hitoire)pour nous faire des portraits de famille inquietants?

Les Africains disent je suis sur d'etre son oncle,je ne suis pas sur d'etre son pere.

Tout ça pour te dire que la perte de confiance dans certaines "verités",nous ferait tomber dans une cacophonie hors de tout langage,de toute compreansion,ce serait pire que mon ortographe.


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: henri peyre 
Date:   13-04-2003 11:34

Je partage ton point de vue sur le chaos que cette idée induit. Aussi je propose la chose suivante : on sait que c'est le chaos mais on essaie de vivre comme si tout allait bien, en parfait honnête homme moyen. On fait semblant de croire que tout va bien, que les choses sont dans des places immuables et que cela vaut le coup d'être sérieux. On n'abîme rien comme cela.
Par contre on ne se laisse pas entraîner dans les folies de ceux qui y croient trop (folies technologiques, religieuses et autres). Les poètes n'ont jamais menacé le monde. Les gens sérieux si.

Et aussi : le problème est fondamentalement celui de l'engagement politique et pratique, au moment où une dérive apparaît. Il y a des moments où c'est difficile de faire l'andouille et celui qui ne voit pas. A certains moment il y a nécessité d'action.
Maintenant est-ce qu'on place sa photographie là, dans l'action (forcément sérieuse) ou en est-ce qu'on la place en amont dans la philosophie (c'est ma position, préventive en quelque sorte, par rapport au monde de l'action). Pour la lutte, quand il faut y aller, je préfère ne pas y aller avec la photo, mais avec les mots, parce que la photo est pour moi plus efficace en ce qu'elle crée du silence. Pour les gestes dans l'action, je suis nul, corps trop faible pour se battre. On fait avec ce qu'on a.


 
 Re: Photographie haute résolution et Oekoumène
Auteur: tin 
Date:   13-04-2003 11:43

>on sait que c'est le chaos mais on essaie de vivre comme si tout allait bien.Desolé d'autres pourront,moi je suis foutu,tu connais une partie du pourquoi.




 
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