Auteur: E. Bigler
Date: 26-04-2003 10:26
Je me permets d'ajouter ma contribution au sujet du séchage des
papiers barytés.
Je rejoins totalement Michel Guigue que je ne peux que paraphraser.
Le pire cas, c'est lorsque vous laissez des gouttes d'eau non essorées
sur la feuille, cela fait une cloque très difficile à rattraper.
Pendre la feuille par un coin est une méthode qui fonctionne, mais on
peut lui reprocher un séchage haut/bas inhomogène. Il me semble donc
préférable d'essorer et de laisser sécher à plat. Ansel Adams utilise
des clayettes en toile pour cela, je crois qu'on en a discuté ici.
C'est quelque chose que je ferai un jour mais cela prend de la place.
Pour essorer, j'utilisais au début une raclette à vitres (à Besançon,
on dit : une rââclett'), on m'a fait remarquer que j'allais tout
arracher, d'autant plus que j'ai l'habitude de sur-laver un peu ce qui
finit par détremper et affaiblir la gélatine (affaiblir mécaniquement,
j'entends) ; bon cela ne m'était pas arrivé mais par dévotion pour le
maître qui m'avait dit cela j'ai finalement acheté une essoreuse à
rouleaux fabriquée en république tchèque mais étiquetée française.
(Vive l'Europe Centrale et son conservatoire-photo-argentique).
Donc lorsque les coins sont quasi-secs mais que la feuille est un poil
malléable, (Pardon Michel G. je redis ce que tu as dit fort bien) le
petit coup de chauffe gélatine sur toile et métal sur carton parachève
le séchage sans dommage. Néanmoins mes tirages ainsi séchés sont à
peine en forme de selle, pas gênant pour les ranger dans une boîte, au
contraire, ni pour les manipuler, mais pour les monter il faut sans
doute re-mouiller ou les presser fermenent sur colle et support.
La sécheuse-glaceuse que j'utilise est une 30x40 d'amateur bas de
gamme distribuée il y a fort longtemps par Foto-Quelle. En passant,
cela donne une idée de l'activité familiale 'Foto' en Allemagne dans
les années septante, un peu comme si la Redoute vendait des glaceuses
en page Photo. Puis j'ai complété par un objet qu'on appelle en
allemand 'Hochglanzfolie", un mot composé que j'adore car il évoque
(lorsqu'on ne cherche pas à traduire le mot 'feuille') l'espèce de
folie déraisonnable de vouloir à tout prix faire du glaçage à
l'ancienne, comme si le papier baryté ce n'était pas déjà pas assez
dur comme cela. Une bonne raison, évidemment, pour continuer à faire
du glaçage de baryté en 2003 ;-);-)
J'ai fait quelques essais en 18x18 avec du Record Rapid de chez Agfa.
Je le laissais sécher comme précédemment, et avant de glacer je le
trempais rapidement dans de l'agent mouillant avant de glacer,
gélatine contre plaque chromée cette fois. Le passage au mouillant me
semble indispensable. Si le papier n'a pas le temps de trop détremper,
on n'a pas de gondolage.
Dire que le noir glacé à l'ancienne d'un Record Rapid est une splendeur,
c'est peu dire ; ici on ne peut que l'évoquer en ASCII ISO-8859-1, une
injure, ou presque.
Enfin terminons par quelques expériences de montage mouillé/agrafé sur
bois.
C'était très en vogue dans jusqu'aux années 1970, les photographes
vendaient encore de belles photo noir et blanc montées ainsi pour
leurs clients. Par parenthèse, à Pontarlier (Doubs) dans la rue
principale vous verrez chez l'un des photographes de telles photos N&B
traditionnelles en vitrine, cet art ne s'est pas perdu (je n'ai pas
regardé de près comment elles sont montées, d'ailleurs ce sont
peut-être des impressions à jet d'encre !!).
Mon ami Jean-Claude Bertin m'a appris la technique de l'agrafage, qui
rappelle évidemment l'entoilage à la soie des modèles réduits,
d'avion, la soie se tendant parfaitement ainsi même sur des surfaces
non développables pendant le séchage.
J'ai fait moi-même ce type de montage sur le pire support qu'on peut
imaginer : de l'aggloméré mince (~8mm) de bas de gamme ! horresco
referens. Cela aurait dû être une catastrophe ne serait-ce qu'à
cause de l'affreuse colle qui lie les grains de bois, les lignines et
autres horreurs chimiques dont le bois n'est pas exempt, tout cela
aurait dû ronger inexorablement l'épreuve. De fait, non. La planche
mince s'est cintrée légèrement, et j'ai un tirage 40x40 exposé ainsi à
la lumière du jour depuis 25 ans. Un tirage où on compte les pl/mm sur
les tuiles (Agfapan 25 et Rolleiflex-Tessar 75). En se cintrant, le
bois s'écarte du papier qui est de fait parfaitement tendu sans
contact avec le support sauf sur le bord. Effectivement au dos vers
les agrafes il y un peu de contamination, mais en façade, rien,
absolument rien, au point qu'on peut se demander s'il n'est pas
judicieux de laisser cintrer volontairement une planche mince ou de
monter sur un cadre comme les toiles des peintres.
Ce montage me semble parfait, très simple, très bon marché, une
agrafeuse de tapisserie avec des agrafes de 6mm suffit. Pour donner à
des amis c'est parfait, ils ne trouveront personne qui leur fasse cela
maintenant. Un inconvénient de l'aggloméré auquel il est clair qu'il
faut absolument substituer un contreplaqué marine (le CTP ordinaire
est collé d'une colle soluble dans l'eau), c'est qu'en cas de chute,
la lourdeur de l'aggloméré et sa fragilité massacrent les coins du
tirage irrémédiablement. Un CTP résistera évidemment beaucoup mieux.
Je n'ai, en revanche, pas d'expérience de montage à la colle, et en
tous les cas je n'ai guère de sympathie pour la colle néoprène qui
jaunit atrocement et qui doit faire à la longue beaucoup plus de mal
que n'importe quoi d'autre. De plus n'étant pas toujours
repositionnable, avec ces colles on n'a pas droit à l'erreur. Il y
avait bien les colles latex repositionnables pleines d'un solvant
dangereux, je ne sais pas si cela existe toujours.
Alors que le montage mouillé est sans aucun produit chimique, laisse
tout son temps de bien ajuster. Cela perd un peu de papier, mais les
radins rabattent le strict minimum, 5 mm par derrière suffisent ;-);-)
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