Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 07-07-2005 11:13
Hmmm. Ce qu'il faut redire pour l'apo ronar c'est qu'il correspond à un métier qui a progressivement disparu au cours des années 70-80, celui de la repro d'objets plats avec une chambre technique.
Alors que par ailleurs les photographes à la chambre demandaient toujours plus de couverture pour toujours plus de mouvements.
Il est impossible de faire évoluer la formule de l'apo ronar pour lui faire dépasser 50 degrés, de la même façon un tessar --qui excelle pour les objets lointains-- ne dépassera jamais 60 degrés, alors que la formule de sironar/symmar a permis de passer de 65 degrés à 75 degrés avec une amélioration en piqué grâce aux progrès des calculs et des verres. Mais il ya presque 50 ans d'améliorations successives !! donc il n'y a pas eu de révolution brutale, chaque décennie a amélioré la performance des 6 lentilles "standard" pour en arriver aux merveilles actuelles.
L'apo ronar atteint à f/22 au centre les limites imposées par la diffraction, donc on ne peut pas faire mieux, sauf changer la formule pour faire aussi bien mais sur un cercle plus grand, c'est le sens de l'évolution des 6 lentilles. D'après les concepteurs d'optique, il n'y a rien qui mécaniquement bloque les rayons en empêchant de former une image au-delà de 50 degrés dans un apo-ronar. C'est simplement que la chute de piqué devient très rapide au-delà de 50 degrés, c'est tout, alors qu'on part au centre le la limite physiquement possible. Ce qui explique qu'en très grand format pour faire de l'image par contact --où on va se contenter de 10 pl/mm-- la plupart des utilisateurs ne comprennent pas le pourquoi de ces 48 degrés du constructeur...
Signalons que pour la macro ou la proxiphoto en grand format (avec l'équivalent dans les gammes 'digitales') l'apo ronar (et son cousin apo-artar) a été remplacé par des optiques macro 6 lentilles, apo-macro symmar chez Schneider et apo-macro-sironar chez Rodenstock, ces optiques sont destinées à ceux qui veulent le fin du fin en prise de vue de bijoux ou autres petits objets, pour des images de très haute qualité.
Dans son cercle de couverture, il est presque impossible de faire mieux qu'un 4 lentilles apo symétrique en piqué. Reste la performance à l'infini, où en principe on ne devrait pas pouvoir utiliser sérieusement une formule comme l'apo ronar ( de cette classe d'optiques il reste en neuf le très apprécié Fuji C). Or en pratique les gens en sont très contents, vu le prix le poids et la performances, les 4 lentilles symétriques font le bonheur des grand-formatistes en paysage, où il sont en compétition avec les tessars comme les Nikon-M.
Une deuxième carrière, en somme, pour de belles optiques destinées à rester inutilisées dans un placard.. pour toutes sortes de raisons.
La dernière remarque c'est : pourquoi les 4 lentilles symétriques sont-ils inconnus en petit et moyen format ? tout simplement parce leur ouverture max est f/9, ce qui les a mis à l'écart de la course aux grandes ouvertures qui a caractérisé le développement d'appareils prévus a priori pour être utilisés à main levée.
L'autre inconvénient en longue focale c'est que la distance entre la dernière lentille et le film est de l'ordre de la focale, donc pour cette application-là on préfère les télé-objectifs qui sont bien plus courts. Et de plus f/9 avec un longue focale !!! qui en aurait voulu pour la chasse-photo lorsque les meilleurs films couleurs étaient à 100 ISO (non, on disait plutôt : 21 DIN ;-)!!
Une autre remarque : pour les très petits angles de champ ou les très longues focales, si on se moque de l'encombrement, on peut aussi préférer un triplet apochromatique de lunette astronomique, genre apo-télyt®, car les 48 degrés d'un 4 lentilles symétrique, on s'en moquera bien évidemment pour un 300mm destiné à couvrir le format 24x36 !!!
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