Auteur: Marc Genevrier
Date: 09-04-2003 18:41
Pour me consoler de n'être qu'un être humain, veule, ambitieux, arrogant, indifférent, présomptueux, jaloux, méprisant, injuste, j'en passe et des meilleurs, prêt à me disputer sur un forum, à engueuler bêtement mes enfants, à ignorer un mendiant dans la rue, etc. Si je peux une fois dans ma vie produire quelque chose qui rachète tout ça, ce serait bien. Oui, c'est ça, je m'achète mon paradis, mais j'aimerais surtout qu'on puisse dire un jour devant une de mes images : c'est un humain qui a fait ça ! Ah bon, ils n'étaient donc pas si mauvais que ça ? Peu importe qu'on retienne mon nom, je m'en fous.
Photographier, c'est comme entrer dans une église pour se recueillir, ou partir quelques semaines dans un lointain désert pour se ressourcer. C'est ça, le confluent de Lyon, dont j'ai déjà parlé ici, c'est mon désert à moi. Selon les jours, je photographie pour rendre grâce, remercier devant la beauté du monde comme pour dire que nous autres humains ne sommes peut-être pas si indignes d'un tel cadeau. D'autres jours, la prière tourne à la supplique et je cherche désespérément cette beauté, comme pour me rassurer, me dire qu'il y a encore de l'espoir à être au monde. Tiens, photographier, c'est aussi un formidable manifeste pour l'espoir : certains jours, devant le spectacle du monde, il faut vraiment en vouloir pour encore oser construire quelque chose !
Vous me direz, tout ça, c'est l'acte créateur, un peintre ou un musicien peut dire la même chose. C'est vrai. Mais la technique photographique est nettement plus facile à apprendre, plus immédiate à mettre en oeuvre que le dessin ou le maniement d'un archet. C'est à la fois sa force et sa faiblesse, c'est certainement ce qui m'a amené à elle. Aujourd'hui, c'est la seule que je maîtrise un peu. J'attends la retraite pour apprendre à dessiner.
Marc
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