Auteur: romain
Date: 23-06-2005 11:26
Bonjour,
Depuis plusieurs semaines on peut voir dans ce forum une inquiétude, voire une angoisse qui finir par revenir systématiquement sur le tapis. En ce moment sur trois fils ouverts au départ sur des sujets différents : kodachrome, investissement dos numérique et avenir de la photo ; on retombe sur l’éternelle comparaison de la pérennité absolue de l’argentique contre le numérique qui étincelle mais disparaît aussitôt.
Ces redondances commencent à m’agacer un peu. Alors je vais essayer de refroidir ces bouffées de chaleur.
Comme dirait l’autre "n’ayez pas peur !". Restez inquiet mais pas de panique.
Je vais enfoncer des portes ouvertes mais j’ai le sentiment aux vues de ces fils récents que c’est nécessaire.
Pourquoi cette fébrilité ?
Première cause : c’est nouveau, on ne connaît pas bien, en plus ça évolue très vite. On a peur. C’est légitime.
Deuxième perte de contrôle.
Je crois que la cause de l’angoisse première de tout ça, c’est que c’est du virtuel et que cela nous échappe totalement. Ce passage dans un monde qui nous semble même immatériel puisque la photographie peut se trouver sur du phosphore, sur un support verre + couche ferromagnétique, un papier + colorant, sur du polycarbonate + couche phtalocyanine… De plus, dans la plus part des cas on ne peut plus la lire avec une simple loupe, mais avec une machine qui dépend en partie du monde commercial. On n’a plus accès directement à l’image mais en plus on dépend d’autrui pour conserver un accès.
Troisième élément
On connaît le passé, l’argentique nous est parvenu jusqu’à nous. Donc on considère ça comme quelque chose de stable et de pérenne. Par contre on craint l’obsolescence des systèmes de lectures de nos CD, on craint la durée de vie des DD, des CD-R, DVD-R, etc…
Ce qu’on oublie de considérer :
C’est que l’argentique (pigmentaire mis de coté) n’est pas du tout si stable et pérenne que cela. L’argument de dire mais est-ce que vos petits enfants verront vos photos numériques dans 50 ans est idiot. Je ne peux déjà plus voir les photos couleur de mes parents des années 70 sans voir l’information sacrément dégradées. Sur le plan de la photo couleur l’argentique ne fait pas mieux. Et sur le plan du noir et blanc c’est beaucoup mieux mais on est très loin de la pérennité soit disant idéale par rapport au numérique. Aller faire un tour dans les collection patrimoniale et regardez la tête des papiers albuminés, l’affaiblissement des aristotypes à la gélatine, les miroirs d’argent et sulfuration des plaques négatives noir et blanc.
Heureusement, comme le rappelle très justement Bernard Truffier (fil sur le kodachrome) si l’on veut que la notion de pérennité soit effective pour l’argentique il faut se prémunir de solution technique professionnelle et coûteuse : chambre froide, hygrométrie contrôlée, matériaux de stockage de conservation.
Comparaison pérennité numérique et argentique :
De dire une photo ça dure plus de 100 ans et un CD-R on ne sait même pas si ça durera plus de 10 ans est idiot. C’est une partie de la réponse mais cela ne veut aucunement dire que dans 20 ans on aura perdu nos images numériques tandis qu’on possèdera toujours nos photos argentiques.
Ce dont on ne parle pas c’est de la qualité essentielle du numérique par rapport à l’argentique : c’est sa duplication parfaite.
Vous savez tous que lorsque l’on duplique un plan film il y a une dégradation inévitable de l’information. Tandis que le numérique est le seul outil capable de faire une exacte copie de l’original. ( c’est aussi en cela que la notion d’original explose dans le numérique)
C’est sous cet angle là que la pérennité du numérique est à considérer.
Ainsi si vous projetez une duplication quinquennale de vos données avec des solutions bien conçues, le numérique a de très long jour (DD et stockage sur CD-R, ou DVD-R)
Le numérique peut être une solution pérenne sauf qu’elle ne s’improvise pas et qu’elle doit être pensée par rapport à ses caractéristiques et non par rapport à celle de l’argentique.
Voilà c’est dit.
romain
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