Auteur: Zoran
Date: 12-06-2005 22:19
Henri,
Je vous rends votre politesse pour les mêmes raisons (juin est toujours très chargé).
Vous parliez de votre situation personnelle (qui a l’air excellente), et de votre regard sur le " métier " qui devient très simple.
Bien.
Personnellement si j’appréhendais le " métier " a l’échelle de mon environnement immédiat, je ferai probablement le même constat que vous. Les " revendications " de mes confrères ne me parvenant que dans un bruit de fond indistinct, une agitation lointaine et sans conséquence.
J’ai 36 ans, je gagne ma vie en réalisant des commandes avec des " clients ", que je choisis, qui me permettent de vivre et de financer mes sujets personnels.
Ce travail pourrait éventuellement être bien plus lucratif si je décidais de vendre mon travail tous azimuts, au plus offrant. Cette attitude peu sembler hautaine, méprisante à l’égard de l’argent, mais je suis resté fidèle à l’image de cette idée d'être photographe que j’avais quand je me suis lancé. Cette image (bien personnelle) est celle d’être heureux dans ce que je fais, ce qui implique des choix et tant pis si je ne deviens pas " riche et célèbre ".
Cela fait un peu plus de 10 ans maintenant que j’essaie de m’y tenir, et depuis 6 ans ma situation s’améliore chaque année.
J’ai longtemps été indifférent aux difficultés des autres, à leurs combats et revendications.
Et puis un jour il m’est arrivé un truc anodin, presque subliminal qui a fini par tout changer.
Je feuilletais des livres dans la librairie de la (défunte) galerie Durand Dessert rue de Lappe à Paris donc. Au hasard de cette flânerie active je tombe sur un exemplaire d’un journal édité par l’ensba " Des territoires en revue ". Une très bonne publication avec un petit dossier fascinant sur Yves Bélorguey, peintre de l’architecture contemporaine au regard photographique.
Au dos d’une de ces cinq publications (1999) éditée par l’école nationale des beaux arts de Paris donc, il y avait cette citation d’Antonio Gramsci tirée de " Ordine Nuovo " qui disait ceci : " Instruisez-vous, agitez-vous, organisez-vous, car nous aurons besoin de toute votre intelligence, car nous aurons besoin de tout votre enthousiasme, car nous aurons besoin de toutes vos forces ".
Je suis resté vraiment surpris de trouver cette injonction sur ce livre, en fait ce " télescopage " à produit, à mon insu, une sorte de choc lent. Je suis devenu progressivement plus attentif à ce monde de la fin des années 90 début 2000 .
En tant que photographe j’évolue dans un milieu culturel, économique et social. C’est pourquoi je m’intéresse aux discours des économistes des sociologues et philosophes, des gens évoluant dans d’autres domaines que la photographie, avec des points de vues différents mais donnant un éclairage sur mon milieu .
Ainsi vous comprendrez peut-être que les motivations strictement " corporatives " ne sont pas ma tasse de thé.
En revanche je suis vraiment optimiste quand j’apprends l’initiative de l’ONU qui voudrait exclure les biens culturels des débats de l’Organisation Mondiale du Commerce !
Dans un autre fil vous disiez que nous étions d’accord sur le fond avec une différence sur la forme, cette différence nous permet de " causer un peu et c’est pas mal !
Bien à vous.
Zoran
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