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 La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: robert colognoli 
Date:   29-05-2005 18:30

Merci à tous ceux qui ont apporté un commentaire le mois dernier.
Ce mois-ci, quelques réflexions sur le cadrage et la composition.


Henri Van Lier.
Philosophie de la photographie.
Les cahiers de la photographie – Hors série.
ACCP – 1983.
ISSN : 0294-4081
« Il faut bien voir qu’il y a deux cadres, très différents d’effet, dans la photographie :
a) un cadre-limite, qui appartient à toute photo du seul fait que ses bords sont droits et à angle droit ;
b) un cadre-index ou cadrage, qui éventuellement montre du doigt, indique, signalise, certaines parties de l’empreinte, donc certains indices particuliers… Tous les manieurs d’appareil photographique connaissent l’exercice suivant : on applique l’œil au viseur, on fait lentement bouger celui-ci au hasard sur l’environnement, d’abord généralement sans que rien ne se passe, mais bientôt tout à coup et tout d’un coup, sans qu’aucun mouvement supplémentaire ne promette mieux, cela se tend, se courbe, s’infléchit, se tisse de compatibilités d’incompatibles. »




Pour Lee Friedlander, c’est encore plus frappant. Cité par Arnaud Claass dans le livre – L’image décentrée, un journal, septembre 1999 – mai 2001.
Yellow now, 2003.
ISBN 2-87340-172-9
« Trouver soudain son cadrage, c’est comme être traversé par un projectile ».



Citation relevée dans le livre de Jacques Damez, « Hans Hartung Photographe », où il est question de photographies prises depuis l’intérieur d’une automobile par Hans Hartung à New York en 1968.
L’auteur commente une planche contact sur laquelle Hans Hartung est intervenu pour marquer une « vue » faite à partir de trois clichés successifs.
« Hans Hartung Photographe - La légende d’une œuvre »
Jacques Damez.
La lettre volée – Collection Palimpsestes
Bibliothèque Royale de Belgique
3 Trimestre 2003 – ISBN 2-87317-221-5
« Sur une planche-contact agrandie, on trouve une suite constituée de trois clichés successifs : le tracé noté au crayon gras jaune réunit trois photogrammes coupant par le milieu, à la verticale, une première image à gauche, celle du centre restant entière et la troisième étant également coupée par un trait jaune, toujours vertical, dans le premier tiers à droite de l’image. Cet ensemble est pris de l’intérieur d’une voiture dont le capot est coupé par la base du cadrage, ce qui évoque une vision déjà cadrée par le pare-brise et donc une mise en abîme du viseur de l’appareil. Hartung souligne ainsi le fait même de la visée photographique et de sa mise à distance, il nous met en situation de voir par son regard et non pas et non pas de nous montrer ce qu’il voit.»

Cadrage dans le viseur d’une scène déjà cadrée par le pare-brise de l’automobile puis nouveau "recadrage" sur la planche contact faisant jouer trois clichés successifs !


Interview de Brassaï par Pierre Descargues dans Point de vue. Images du monde. 17 mai 1963.
In : Brassaï – notes et propos sur la photographie. Exposition du musée national d’art moderne/centre de création industrielle présentée au Centre Pompidou du 19 avril au 26 juin 2000. Album de l’exposition. Editions du Centre Pompidou.
« On ne compose pas une photo par esthétisme. C’est un sens qu’on a ou qu’on n’a pas. Certains endroits d’une surface sont frappants, d’autres non. Sur le bord d’une photo, il faut parfois enlever trois millimètres et la photo devient bonne. Son expression a gagné en force. Si on n’enlève pas ces trois millimètres, elle restera morte, c’est instinctif ! C’est peut-être pour cela que la photo n’est pas une science mais si elle n’est pas une science que peut-elle donc être ? »

Lisez aussi un fil récent intitulé : « Le carré », où une question a été posée sur la composition en format carré.

Quelles réflexions à propos de ces points de vues ?
Comment voyez vous ça dans le viseur ou sur le dépoli?
Ne me dites pas qu'il y en a trop;-)
RC.


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Xavier R 
Date:   29-05-2005 19:43

Si c'est long mais bon.
Je vais juste faire dans le vécu.
Il y a bien longtemps, le temps ou je faisais des photos au 24x36, je n'arrivais à rien, pas à cause du format, je précise que je n'ai jamais mitraillé, et puis un jour j'ai cadré désinvolte et j'ai reçu le "projectile" de Friedlander.
J'ai su tout de suite que la photo été bonne en fait c'était ma première bonne photo.
Au tirage j'ai retiré 2 millimètres en bas.
Aujourd'hui la plupart du temps le cadre est déjà dans ma tête, je cadre juste pour confirmer ou infirmer mon idée.


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: henri peyre 
Date:   30-05-2005 22:07

Merci Robert, pour cette invitation !

Le cadrage, c'est quelque chose qui ne relève pas forcément seulement de ce qu'on voit dans l'engin.
Comme j'avais tenté de le suggérer dans http://www.galerie-photo.com/y-a-t-il-une-esthetique.html, le cadrage et la composition ont aussi à voir avec l'histoire et avec les qualités du médium (par exemple la photographie de haute résolution).

En d'autre terme il y a aussi une sorte de "pré-conception" de la photo. On cadre aussi ce que l'on s'attend à être en position de cadrer. Ainsi le "projectile" qui nous traverse dans la citation pourrait bien être un boulet tiré sur nous par le passé et dans le sens de nos vieilles ornières.

Une nouveauté radicale à ce titre pourrait consister en un décadrage "total", mais nous ne pourrions évidemment en rien apprécier ce cadrage par trop nouveau.

Les citations réduisent donc un peu trop (à mon goût) la notion de cadrage à une sorte d'esthétique faisant dépendre le succès d'un ensemble de circonstances emprisonnées dans le champ. Cette conception me semble ignorer par trop le "hors - champ" qui constitue probablement l'essentiel de la motivation du cadrage !


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: robert colognoli 
Date:   31-05-2005 11:05

La Photo c'est un langage, un moyen d'expression, une philosophie... mais il ya bien un moment ou on décide d'appuyer sur le déclencheur. A ce moment précis, il faut bien avoir choisi ce qui va rester sur la photo et ce qu'on a choisi d'éliminer?

D'autre part, je cite quelques lignes de la fin de l'article:
"Comme, rappelons-le enfin, les appareils de prise de vue sont lourds, chers et peu maniables, la photographie haute résolution sera plus composée et plus réfléchie que la photographie ordinaire. Sa réalisation exige un cadre où le photographe est en harmonie humaine et physique avec le milieu photographié.

En ce sens, la photographie haute résolution peut aussi représenter une éthique et un regard sur la vie, une façon d’être et de s’intégrer harmonieusement dans un environnement et dans le temps. Elle porte en elle les germes d'un rapport respectueux ou même adorateur à une nature pacifiée. "

Est-ce qu'un appareil ne permet pas de mieux s'intégrer si au contraire il est plus petit?
RC.


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Daniel 
Date:   31-05-2005 11:57

Ce qui est absolument frappant et tout à fait exact c'est qu' à peine quelques millimètres en plus ou en moins, en haut en bas à droite ou à gauche sur une photo changent en réalité énormément de choses !
Il y a là un aspect presque magique et inexplicable de l'art de composer une image.
Ce n'est bien sûr pas spécifique à la photogaphie, mais on s'en rend bien compte dans ce domaine où l' on utilise les ciseaux et le massicot .


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: François LETERRIER 
Date:   31-05-2005 13:23

Cette notion du cadrage est bien complexe et assez mystérieuse.
Sans l'avoir identifiée avec la précision de Lee Friedlander, j'ai en effet ressenti cette impression d'être brusquement "traversé par le projectile" principalement devant des paysages en faisant lentement bouger l'appareil, l'œil au viseur. J'ai fait plusieurs fois la constatation suivante : à l'œil nu, je suis émerveillé par ce que je regarde. Je mets l'œil au viseur et déception, rien ne se passe. Pourquoi ? En insistant, je trouve un cadrage qui convient à peu près. J'appuie sur le déclencheur. Cela ne constitue qu'un aide-mémoire (figer le temps ? voir une précédente phrase du mois) qui permet de retrouver l'impression d'harmonie de la vision à l'œil nu mais ce n'est valable que pour moi, ce n'est pas une bonne photo.

Il faut cependant tenir compte des possibilités du recadrage. C'est là où le format carré du Rolleiflex trouve tous ses avantages. Certes l'idéal est que le projectile vous traverse sur l'ensemble du carré au moment de la prise de vue. Mais rien n'interdit qu'il vous traverse sur le plateau de l'agrandisseur, en déplaçant les lames du margeur ! Il arrive même qu'un cadrage vertical et un horizontal accrochent le regard sans qu'il soit facile de les départager.

Tout cela bien évidemment reste du domaine du subjectif (lié au sujet même qui fait la photo et à celui qui la regarde). N'avez-vous pas constaté qu'une image que vous considérez comme correcte déclenche chez un observateur une manifestation d'enthousiasme qui vous surprend ? Et à l'inverse n'avez-vous pas été déçu par une simple appréciation d'estime devant une de vos images qui avait engendré chez vous le phénomène de traversée par le projectile lors de la prise de vue ?

La photographie est une science (et une science passionnante : optique, photochimie, chimie, électronique …) en ce qui concerne les moyens qu'elle met en œuvre. Mais l'image présentée n'est plus scientifiquement analysable.
Heureusement !

François Leterrier


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: rvlna 
Date:   31-05-2005 14:37

- réflex : visée sur dépoli via miroir et oeilleton (aveugle le temps du déclenchement)
- Rollei : vue par le dessus sur dépoli (parallaxe, mais pas de clignement...)
- Leica M : oeilleton hors champ avec cadre - vue directe oeil / réel
- numérique : vue sur écran WYSYWIG (what you see is what you get - ou presque mais écrasé comme un timbre) - à moins de regarder par le viseur...
- Chambre : dépoli, image à recomposer mentalement quand le dépoli est peu lumineux - ce qui est mon cas en grand angle...)

autants de possibles = autant d'approches du cadrages

Pour rebondir sur la réflexion, je trouve que l'interface caméra / oeil est au coeur du dispositif photographique.
On peut percevoir en filigrane dans les citations ou au travers des travaux des photographes cités qu'il n'y a pas de neutralité du dispositif.
ll y a quelques réfléxions intéressantes de M. Frizot sur l'importance du dispositif photographique, qui changent des approches indicielles ou "punctumesque"...
(a rechercher...)

En appartée :La visée du numérique est son plus grand défaut...


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Gérard F. 
Date:   31-05-2005 17:44

A propos de la phrase du mot.

Un cadrage photographique réussi est comme un projectile qui frappe l'œil qui vise.
Le cadrage ainsi miraculeux illustre d'une manière frappante la théorie de la Gestalt et de l'archer Zen.

Vieille théorie cognitive qui s'appuie sur la psychologie de la vision. L'image sera plus que la somme des parties qui la composent. Une image idéale vue à travers un cadreur d'un appareil photographique sera reconnue d'emblée sans recours aux règles classiques de la composition picturale.

Elle sera évidemment l'image que l'on attendait avant le cadrage. Cette image cadrée aura été vue inconsciemment par le photographe avant même de viser. Il l'aura notée quelque part dans son intellect.
Le cadrage permet de la retrouver, de la reconnaître comme une évidence ou une révélation préexistante.

Les règles de composition et la pratique permettront au praticien de comprendre après coup la raison de cette quasi fulgurance - comme un éclair ou un projectile que l'on ne saurait éviter.

Tous les cadreurs ou viseurs n'offrent pas cette performance. Le confort de visée dépend de la conception de l'appareil. D'où la question : quel est le meilleur cadre ?
Rond, carré, allongé, sur écran ou à travers une fenêtre ?
Quelle dimension idéale ? Faut-il privilégier l'étendue du champ - pour embrasser le maximum d'éléments de composition ou favoriser la précision comme dans un tir réel ?

Qu'induit l'idée d'un projectile qui frappe le photographe quand il vise bien? La philosophie zen du tir à l'arc dit que l'archer est visé par la flèche comme la cible est visée par lui. Le projectile est alors l'archer lui-même qui vole vers la cible. Le photographe-archer est touché par son objet devenu sujet. C'est alors le tir parfait.


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Zoran 
Date:   31-05-2005 18:18



Ahhhh, "Le zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc" de E.Herrigel (collection Mystiques et religions (et oui...), Dervy-livres 1970 isbn 2 85076 083 8).

ça faisait longtemps qu'on nous en avait pas remis une petite louche !

Alors je vais y aller de ma petite citation, coupant l'herbe (haute) sous la barbe de E. Bigler (c'est au plus rapide) et vous livrer cette phrase (ou plutôt cette sentence) du professeur D.T. Suzuki, honorable préfacier :

"Dans le cas du tir à l'arc, celui qui lance et celui qui reçoit (sic!) ne sont plus deux entités opposées, mais une seule et même réalité. L'archer n'a plus conscience de lui-même comme d'un être occupé à atteindre le centre de la cible devant lui. Et cet état de non-conscience ne s'obtient que lorsque l'archer, parfaitement vidé de son égo (nous y voilà!), ne fait plus qu'un avec l'amélioration de son habileté technique -bien qu'il ait dans cette habileté quelque chose d'un ordre tout différent que ne peut donner aucune étude méthodique du tir à l'arc."

;-)))))

ZK


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: jean Saint Jalmes 
Date:   31-05-2005 18:28

On ne peut pas parler de cadrage sans faire référence à notre vécu.

Depuis notre naissance, nous sommes tous bombardés d'images qui ressurgissent plus ou moins inconsciemment lors de la composition de nos photographies.

Le plus souvent, lorsque nous sommes émus par l'image qui se forme sur le dépoli et que nous croyons toucher à la perfection, nous ne faisons qu'appliquer des règles que nous n'avons pas eu besoin d'apprendre.

Si le cadrage et la composition sont un sens divin, une sorte de grace, quel regard pouvons nous jeter sur la peinture du moyen âge aux perspectives si déroutantes ?

Reste que lorsque tout s'ordonne dans le viseur ou sur le dépoli, oubliant tout ce que nous avons déjà vu, une petite voix intérieure nous chuchotte "Voilà, cette fois tu y es" et notre coeur s'emballe.

Jean


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: henri peyre 
Date:   31-05-2005 18:58

Robert, je ne critiquais pas le choix des citations, je trouve qu'un choix partial, au contraire, lance le débat ;-)

Je ne vois pas de contradiction pour la taille de l'appareil. Si on compte un peu, pour l'intégration, en étant un peu visible, il va y avoir négociation avec l'environnement et ce n'est pas plus mal. Une vrai intégration, pas l'oubli !


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Zoran 
Date:   31-05-2005 22:20


Je suis déçu.

Moi qui croyais que ce: "quelque chose d'un ordre tout différent que ne peut donner aucune étude méthodique du tir à l'arc" allait déchaîner les passions spéculatives, un questionnement avide, pour savoir enfin l'ultime secret du pr. Suzuki !

;-( !

ZK


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Zoran 
Date:   01-06-2005 10:32



Aux photographes versés dans l'orientalisme , voici la réponse du pr. D.T. Susuki :

Ce quelque chose d'un ordre tout différent est ce qu'on appelle le satori. (...) Et cela nous amène aux rapports entre le zen et le tir à l'arc - et d'autres arts tels que le sabre, l'arrangement des fleurs, la cérémonie du thé, la danse, les beaux arts.


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Gérard F. 
Date:   01-06-2005 11:00

Suzuki et l'art du tir Zen sont peu connus en Occident.

C'est normal quand on est capable d'inventer au Moyen-âge une machine de guerre terrifiante : une armée d'archers capables de briser dans le sang quinze charges de cavalerie blindée à Azincourt.
Les archers occidents mitraillaient préoccupés par la récupération d'une munition insuffisante et le pillage.
Ils visaient leur rival armé aussi dangereux qu'eux. Non pas leur égo.

L'analogie entre les archers anglais tirant le grand arc gallois et la foule des photographes armés de photoscopes numériques est patente.
Nos modernes mitrailleurs de l'image seront aussi meurtriers pour l'industrie photographique argentique que le fûrent les archers de la Guerre de cent ans pour la fleur de la chevalerie française. Nos vieilles industries argentiques et centenaires n'y résisteront pas. Elles seront balayées du champ de bataille icônique.

Les images seront demain les nouvelles munitions des guerres économiques et culturelles.

Amen.


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Xavier R 
Date:   01-06-2005 14:28

Ça loupe pas, faut toujours que la discussion dérive vers le débat argentique - numérique.


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: rafa 
Date:   01-06-2005 15:39

Perso j'me dit trop souvent que c'est un cadre de bicyclette que j'ai dans la tête; alors de là à porter un jugement.....Sinon que depuis ma derniere prise de vue le télemetre me gonfle royal pour composer, à croire que le cadre, c'est le truc auquel on ne devrai jamais penser ni.....chhhhuuuut....parler.


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: caro 
Date:   02-06-2005 17:22

Bonsoir,
Juste une observation pour montrer que le cadrage peut varier selon la prise de vue envisagée:
Un paysage : on peut "tourner autour jusqu'à trouver l'angle et le cadrage souhaité
la perspective , le cheminement dans la photo , etc....
Dans une prise de vue studio avec un modéle , la photo est prés conçue, le cadrage est donc déjà établi, position du modéle : il reste l'intensité du regard et le modéle doit comprendre l'histoire et s'identifier à ce qu'il fait:( tu penses , tu n'es pas vide.)

merci pour cette phrase du mois , elle permet de réfléchir à sa démarche alors que sur le terrain ou en reportages il faut agir vite
bonne soirée
Caro


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: stephane.s 
Date:   04-06-2005 02:23

un" truc" qui me trouble depuis toujours :

et depuis toujours c'est un" truc" qui me suit depuis que je suis enfant et que ma taille ( assis) me permet de voir le paysage et ce dans la 404 blanche intérieur skai rouge de mes parents c'est un exemple ... une ambiance rien de plus ... mais ....


40 ans plus tard ... je suis le conducteur de ce véhicule ... certe plus une 404
tout vas si vite !!

et soudain le paysage me semble digne ! digne entre guilllemets de stopper l'engin ... boitier à la main ....cadrer le paysage .. visualisé plus loin et ce qui me semble superbe oui superbe !! et bien à l'arrêt reléve de la plus triste déception ...
oui le paysage que je souhaitai prendre avec mon appareil et d'une banalité affligeante, pire:
ce que je vois dans mon cadre est grotesque.
c'est penaud que je remonte dans mon véhicule ...compteur du boitier figé, comme à l'arrêt , brutal ..... l'image n'existe pas ... elle ne peut exister .

elle n'a existé qu'un instant et associée au lien ( magie ) du déplacement propice au rève ... un véhicule qui roule par exemple crée cet univers , stopper ce véhicule le détruit immanquablement et ramène la vision , le cadre et son image à une vision déplacée et destructrice la photo puisqu'il s'agit de cela n'est pas possible . plus possible .

j' ai possédé un Leica M et la seule chose dans ce boitier (revendu depuis
) qui me plaisait c'était l'instant ... le moment ou le choix ...
de faire l'image, de déclencher ce moment, permettait encore de voir hors image ( hors cadre ) ce qui ce passait ... le hors cadre , peut être l' insinué ... ce que le négatif ne retient pas ...comme une 404 à vive allure une forme d'impossible ...

PS.

seul internet permet ce genre de monologue ... si avec des amis ce soir , en bonne compagnie je me serait permis cela ... certainement que l'un ce serait levé pour mettre sur la platine le merveilleux disque D'ARCHIE SHEPP : yasmina , a black woman ... 20,08 minutes de bohneur.............. ( avec sur la fin ..... sonny's back et body and soul respectivement 14,03 et 6,22 minutes )


allez bonjour ...


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Jean DESMAISON 
Date:   04-06-2005 09:25

Je rejoins ce qui se dit du paysage qui semble merveilleux au regard et décevant sur le dépoli.
J'ai résolu en partie cet écart juste en fermant un oeil. Pour que la notion de vision stéréoscopique disparaisse au profit de la vision mono-objective de l'appareil.

Le cadrage est un enfermement obligé.

Voyez la différence fondamentale entre, par exemple, le théâtre et le cinéma.

Au théâtre, votre vision certes limitée entre Jardin et Cour reste relativement libre. Vous "cadrez" les acteurs, la scène dans son ensemble, votre cadre perso bouge en permanence, influencé en cela par le talent (ou l'incurie) du metteur en scène.

Au cinéma, votre regard est enfermé dans celui du cadreur ou du réalisateur. Comme vous êtes enfermés dans celui du photographe dans une expo.

A la fois frustrant et merveilleux parce qu'il y a création, et c'est celle d'un autre que soi.

La création photographique se réduirait-elle à cet enfermement graphique du regard?


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   04-06-2005 09:37

<<elle n'a existé qu'un instant et associée au lien ( magie ) du déplacement propice au rève ... un véhicule qui roule par exemple crée cet univers , stopper ce véhicule le détruit immanquablement et ramène la vision , le cadre et son image à une vision déplacée et destructrice la photo puisqu'il s'agit de cela n'est pas possible . plus possible .>>

J'ai constaté le même "problème" et trouvé une solution,
Je photographie en roulant, a certaines vitesses, on retrouve parfaitement la vision que l'on a au volant, mais le déchet est important, j'ai essayé ce mode au M6 et çà fonctionne pas mal, au Rollei 6008, j'ai rempli ma poubelle, je vais tenter en 4x5 ou au 617, je vous raconterais.

Le but est d'avoir des premiers plan filé et des infinis nets dans des sous bois en contre jour, cela donne à peu près ce que notre cerveau produit quand il croise les images fugitives oeil droit oeil gauche.

HG


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Jean DESMAISON 
Date:   04-06-2005 09:52

Henri pour ça il vous faut du grip cinéma.
Un steadycam si vous êtes à pied, ou un dispositif de stabilisation par gyroscopes ou autres sur votre voiture.
Petite adresse utile,: http://www.glidecam.com/

JD


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Patrick Cartou 
Date:   04-06-2005 09:53

Expérience commune avec Stéphane et Henri...en roulant le temps est "figé" et défile tout à la fois, cette composante apporte une sorte de 3° dimension à l'image qui n'en a que 2 (l'espace-temps, lui, a quatre dimensions).

Et les clichés pris en roulant, s'inscrivant ou non dans un parebrise, ou incluant un élément du "référentiel" comme rétroviseur, aile de voiture, montant de portière, ont un "je ne sais quoi" de plus, avec un cadre fixe et une scène en mouvement.

PC


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   04-06-2005 09:58

Jean,

>>Henri pour ça il vous faut du grip cinéma.>>

Non le problème n'est pas là,
Je n'ai besoin de rien ;-)))
C'est simplement que l'image réussie dépend d'une bonne conjonction entre la vitesse de la voiture, la distance du premier plan, la vitesse d'obturation et le sens de défilement des rideaux de l'obturateur dans le cas d'obturateur à rideau, le reste est sans problème, les images ratés sont cette ou ce croisement ne fonctionne pas.

Ces images sont prises perpendiculaires à la marche de la voiture.

HG


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Jean DESMAISON 
Date:   04-06-2005 23:50

Henri

Que vous le vouliez ou non, vous vous situez dans ce cas dans une problématique cinéma. Libre à vous de remplir encore vos poubelles.
Et libre à vous de ne pas entendre ceux qui se sont cassé la tête avant vous sur le sujet.
Comme vous nous le dites assez souvent sur ce forum, ça ne changera pas ma vie;-))))

Au sujet des ;-)))) et des ;-((( et des ;;;-----))))))))))))))))))))))o'

Quelqu'un peut-il m'expliquer en termes simples et accessibles la signification sémiologique et sémantique de ces signes cabalistiques???;-)))))

Merci


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   05-06-2005 09:19

Jean,

Le parallèle avec le Cinéma n'est pas forcément judicieux,
Obtenir une image intéressante ou un plan intéressant cela n'a rien à voir,
Pourquoi je remplis ma poubelle, simplement parceque j'imite qq part le cinéma en tirant qq rafales, mais la différence avec le cinéma, c'est que je jette ce qui ne me convient pas, et ce n'est pas un équipement particulier qui me permettra de faire des tirs au but sans déchet dans un système en mouvement.

De plus il y a au préalable un réglage a ajuster comme je vous l'ai dit plus haut : C'est simplement que l'image réussie dépend d'une bonne conjonction entre la vitesse de la voiture, la distance du premier plan, la vitesse d'obturation et le sens de défilement des rideaux de l'obturateur dans le cas d'obturateur à rideau, le reste est sans problème, les images ratés sont celle ou ce croisement ne fonctionne pas.

Je crois bien que si je travaillais avec des méthodes cinématographiques mes poubelles serait encore plus les gagnantes ;-)))

Smiley :

Code utilisé entre correspondants, représentant un petit visage créé à l'aide de caractères de ponctuation exprimant l'humeur de l'émetteur d'un message.

 Exemples :
:-) (content)
;-) (second degré)
:-( (pas content)

http://www.arobase.org/culture/smileys.htm

HG


 
 Re: La phrase du mois - juin 2005.
Auteur: Jean DESMAISON 
Date:   05-06-2005 09:53

Merci Henri:-)




 
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