forum galerie-photo
galerie-photo, le Site Français de la Photographie Haute Résolution

 Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Elias Faure 
Date:   17-05-2005 10:05

Monsieur Peyre je vous ai lu.

À l¹occasion du fil sur le projet de l¹île Seguin vous avez écrit ce texte,
dont voici la version commentée :

" Je vais pour ma part faire une réflexion de provincial.
L'idée d'avoir un musée de plus en Région Parisienne avec les sempiternelles
figures de l'art contemporain américain ne me transportait pas d'allégresse.
Tout ce qui est dit sur un état qui confond art et politique culturelle est
juste, et j'en suis d'accord. Mais franchement je ne me sentais pas a priori
attiré par le musée d'un particulier dont la collection me semblait assez
proche des conventions admises, et des conventions des docteurs d'Etat. "

Pour un " provincial " vous semblez particulièrement gêné par ce musée " en
Région Parisienne ", témoignage éloquent de votre rancune, car après tout si
vous étiez ce " provincial " (curieuse sémantique pour qualifier votre
appartenance) distant que vous importerait cette collection " de l'art
contemporain américain qui ne vous transportait pas d'allégresse " ?
Et que savez-vous au juste de cette collection que vous vous félicitez de
voir partir ?

" J'aime pour ma part les musées spécialisés : le musée de Dieppe et ses
ivoires de marins par exemple. Voilà un musée où l'on voit des choses
vraiment régionales et formidablement intéressantes. Ou le musée Arlatan en
Arles, avec ses gardiennes vivantes en costume du XIXème présentées l'hiver
sous vitrines chauffées et son adorable collection de crèches...
napolitaines. "

Des santons vivants sous vitrine... " des choses vraiment régionales et
formidablement intéressantes ", aucune référence à l¹art moderne ou
contemporain : voilà qui en dit long sur votre amour de l¹art d¹aujourd¹hui
(vous auriez pu nous parler du Carré d¹Art de Nîmes, et d¹une de leur
programmation qui vous aurait particulièrement intéressée par ex.). Du
régionalisme (" provincial ", et importé : cf les crèches napolitaines) non
tempéré c¹est quoi à votre avis?
Comment osez-vous comparer ce qui ne saurait l¹être : de l¹artisanat local
et une collection d¹oeuvres contemporaines internationales. Voila des
procédés fort douteux.

" Les musées où il faut venir avec des ronds de cuir au genou pour se
prosterner, ce n'est pas trop mon truc. Les musées plein de foule où on doit
faire la queue entre chaque oeuvre non plus. Il me faut du silence et de la
paix pour admirer les choses et au bout de trois chefs d'oeuvre je suis
crevé et je ne vois plus rien comme il faut. Il me semble ainsi que le
Louvre est un machin pour les historiens d'art, les conservateurs ou les
admirateurs débutants qu'il convient de dégrossir et auxquels il faut
apprendre ce qu'il est convenable d'admirer. "

Quel mépris ! Mépris de ceux qui ne sont ni spécialistes ni moutonniers,
mépris de ceux qui honnêtement et sincèrement sont comblés devant un
primitif italien visible qu¹au Louvre.
Ceux là n¹ont pas de " ronds de cuir au genou pour se prosterner " .
Des musées où il à " plein de foule où on doit faire la queue entre chaque
oeuvre " . Je n¹en connais pas un seul. Au Louvre il faut faire la queue
pour entrer, pour voir la Joconde, la Venus de Milo et Les Noces de Cana,
mais après ?
Vous pouvez admirer la Bataille de Paolo Uccello seul aussi longtemps que
cela vous chante sans être dérangé par qui que ce soit et ceci est valable
pour quelques milliers de pièces.
La queue entre les oeuvres, la foule, c¹est durant les expositions
temporaires, pas dans les collections des musées.
À Beaubourg les collections du musée d¹art moderne sont très faiblement
fréquentées (essentiellement par les touristes), idem au Musée d¹Art Moderne
ou au Palais de Tokyo. Je ne parlerais pas de Zadkine où les visiteurs se
comptent sur les doigts de la main.
Mais votre côté " provincial " vous dicte certainement que tout se vaut à
Paris : expositions temporaires dans un musée et collection permanente même
topo ! Même foule décérébrée, " prosternée " devant des oeuvres, qu¹au
demeurant, elle ne comprend pas comme vous le suggérez sans finesse: " au
bout de trois chefs d'oeuvre je suis crevé et je ne vois plus rien comme il
faut ".

" Un bon musée de Province, vide et calme, avec un chef d'oeuvre dans un
coin, mal mis en valeur et sur lequel on tombe presque par hasard, comme si
on était le premier à le découvrir, c'est autre chose. "
Oui c¹est autre chose : un exemple typique et vulgaire de snobisme. Car le
sous entendu est grossier : vous, le connaisseur cultivé, reconnaissez la
pépite, vous n¹avez nul besoin de mise en valeur car cela est bon pour les "
autres ", pour preuve votre dégoût pour les présentations à l¹évidence trop
ostentatoire. Mieux, une mauvaise présentation flatte, de votre propre aveu,
votre vanité.
Pourtant les musées exceptionnels en région ne manquent pas. Le musée Bonnat
de Bayonne par exemple est une pure merveille : la qualité de la collection
de peintures est époustouflante et la présentation très bien pensée.

" Enfin : la muséographie officielle "moderne" m'exaspère.
Nous avons à Nîmes un extraordinaire musée d'histoire naturelle avec des
vitrines restée comme au XIXème. Je tremble que le conservateur ne décide sa
rénovation. Tout ce regard ancien serait perdu et ce serait une catastrophe.
Les animaux m'intéressent moins que la façon dont les hommes les ont vus ! "

Il n¹y a pas que la façon de voir les animaux qui vous intéresse. Vous
devriez vous relire en considérant ces propos à l¹aune de ceux sur les "
gardiennes vivantes en costume du XIXème présentées l'hiver sous vitrines
chauffées ".
Mais quelle sorte d¹homme êtes-vous pour vous extasier devant de tels
procédés même pas dignes de Disney et de leur soit disant " respect pour les
natives américans "?

Alors c¹est cela votre regard ?

Vous réclamez une part de l¹héritage intellectuel de Robert Musil. Mais cher
monsieur vos considérations artistiques à la gloire d¹un régionalisme
triomphant s¹accordent bien mal avec le cosmopolitisme musilien ! (cf : " De
La Bêtise " de Robert Musil, éditions Allia, où Musil s¹exprime brièvement
et sans détours à ce sujet)

Tout cela serait somme toute banal et sans gravité si vous n¹étiez à
l¹origine de ce site. Vous avez une audience, et, en cela, une
responsabilité.
Or sous vos propos se dessine un personnage aux idées clairement
réactionnaires.
Et, comble du malheur, je fais partie de cette audience.

Élias


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Michel M 
Date:   17-05-2005 14:10

Monsieur Elias Faure,

Vous n'aviez pas vu que ce site est un lieu de discussion des procédés photographiques, et en aucun cas de la Photographie dans le champ de l'art !
De plus, pourquoi des professionnels de la photographie utilitaire auraient t-ils un avis pertinent sur l'art ?

Cordialement

Michel


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Xavier R 
Date:   17-05-2005 15:10

Michel M
N'avez-vous pas vu que henri Peyre et prof de photographie aux Beaux arts de Nimes et qu'il a fait les Beaux art de Paris.
Laissez donc Henri se défendre si il le désire.
Il le fera bien mieux que vous et moi.
De plus je ne pense pas que ce site soit réservé aux pros de la photographie utilitaire.
Pour avoir un avis pertinent sur l'art nul besoin d'être pro de quoique se soit, il suffit juste d'aimer celui-ci.


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   17-05-2005 15:18

<<De plus je ne pense pas que ce site soit réservé aux pros de la photographie utilitaire.>>

Il faudrait d'abord montrer qu'il existe une photographie utilitaire ;-)))
Et qu'il faut des pro pour l'animer, la faire, la vendre ;-))

En fait plus c'est inutile plus le pro se rend indispensable ;-))

HG


 
 Paolo Uccello
Auteur: J-L Salvignol 
Date:   17-05-2005 15:19

Puisqu'il est question de bataille, Paolo Uccello est ici :

http://cartelen.louvre.fr/cartelen/visite?srv=car_not_frame&idNotice=1199

JLS


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Pierre Stringa 
Date:   17-05-2005 15:25

Cher Elias,
Connaissant un peu Henri, le texte (dans sa version intégrale?) que vous retranscrivez m'a fait rire... Ceci dit sans vouloir défendre Henri (... il n'en n'a pas besoin).

Par contre;
"Tout cela serait somme toute banal et sans gravité si vous nˆétiez à
lˆorigine de ce site. Vous avez une audience, et, en cela, une
responsabilité."
Là, vous devenez moralisateur, censeur, réducteur, et plus, insultant pour l'"audience"... en tout cas ça ne me fait plus rire!

Pierre


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Jean DESMAISON 
Date:   17-05-2005 15:38

Ce fil est le fils de son père "Mécénat à la Française", où il a été beaucoup question de l'incommunicabilité entre l'Administration et l'argent du Privé.
Celui-ci exprime toute l'incommunicabilité qui existe encore entre Paris et la Province.
Je suis à peu près certain qu'il n'y a pas lieu à dispute.
Seuls les langages ne se rencontrent pas.
S'il n'y avait qu'ici...
Moi qui suis dans la com, je me réjouis d'avoir du boulot pour longtemps.
mais ce fil m'attriste plus qu'il ne me réjouis.
JD


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   17-05-2005 15:48

<<Celui-ci exprime toute l'incommunicabilité qui existe encore entre Paris et la Province.>>

Ce phénomène est lié au simple fait qu'il n'y a point de parisien à Paris,
Mais des provinciaux qui se croient arrivé et font tout pour cela.

HG


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Pierre Stringa 
Date:   17-05-2005 15:49

Merci pour la réf. Jean, j'avais pas lu... supposé trop franco-français pour un suisse romand.

A+

Pierre


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Apelle, peintre grec 
Date:   17-05-2005 15:56

A messieurs Gaud, X.R., etc.

Sutor, ne supra crepidam...

pcc
Pline l'ancien


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Eric B. 
Date:   17-05-2005 16:13

Je me souviens d'un livre d'histoire de l'art écrit par un certain Elie Faure, certainement rien à voir...
Eric


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Zoran 
Date:   17-05-2005 16:17

C'était pas un livre d'histoire de l'art.
C'était de la littérature, de la poésie, des rêveries infinies d'un homme amoureux.
ZK


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Michel M 
Date:   17-05-2005 16:19

à Xavier,

Si vous aviez une adresse e-mail valide, je vous aurais répondu en privéque vous m'avez mal lu :
1 je ne parle pas dans mon mesage de Mr Peyre
2 pourquoi un professeur et ancien élèves des beaux ars ne pourrait-il avoir des opinions discutables sur l'art ? C'est d'ailleurs la vocation d'un professeur d'être mis en question. Même si je pense que les idées exprimées par lui dans le message cité sont un peu restrictives (plutôt que réactionnaires)
3 je n'ai pas dit que ce site est réservé à qui que ce soit, mais que, c'est un fait : il est fréquenté essentiellement par des professionnels de l'image photographique utilitaire et que les sujets abordés sont à 90% (approximativement) techniques. J'entends par là, et dans le contexte du départ de la discussion (qui parle d'art et de musée, je le rappelle) qu'on entend rarement ici des gens qui se situent dans ce champ.

Et à Mr Gaud, je dirais que la photographie utilitaire n'est par définition pas inutile, et qu'il n'y a rien de péjoratif à la nommer telle. Dans le domaine où vous exercer, je citerai votre illustre devancier Eugène Atget, qui s'est toujours situé dans un domaine utilitaire et que la postérité porté au rang d'artiste, et même d'artiste majeur.

Cordialement

Michel


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Henri Gaud 
Date:   17-05-2005 16:27

Michel,

Pour moi la photographie utilitaire,
Serait utilitaire,
Comme le vehicule utilitaire,
Et je préfère penser que ce que je fais n'a pas d'utilité,
Mais que ce travail est plutôt une futilité indispensable.

HG


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Xavier R 
Date:   17-05-2005 16:35

Michel M
Vous ne parlez pas d'Henri Peyre mais vous répondez à un message qui ne parle et qui s'adresse qu'a lui......
Pourquoi me répondre en privé alors que nous nous exprimons sur un espace public dés le début?
Appelle
je n'entrave que dalle a votre jactance en langue clapoté, fusse-t-elle de Pline l'ancêtre.


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Michel M 
Date:   17-05-2005 16:44

Xavier R

Quand je dis que vous ne m'avez pas lu...
Mon premier message commençait par (excusez moi de me citer) :

"Auteur: Michel M
Date: 17-05-2005 14:10

Monsieur Elias Faure,

Vous n'aviez pas vu que ce site ..." etc.

Lisez, s'il vous plaît, avant de répondre. Ainsi pourrons nous avoir une conversation, plutôt qu'une suite de monologues.

Cordialement,

Michel


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: fabrice 
Date:   17-05-2005 17:37

Hummm Xavier, j'aurais plutot dis "j'entrave que dalle..." et non pas "je N'entrave..."...et j'ajouterais, pour que "Appelle" te comprenne, il serais censé de dire " J'entravum que dallum à ta jactaçam d'inutilom"
fab


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Raoul (82.240.17.---)
Date:   17-05-2005 18:11

Cuistrus larinus meillacum!


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Xavier R 
Date:   17-05-2005 20:52

D'ac Fab j'm'allonge, j'suis pas fortiche en français itou.
C'est une erreur que je fais souvent.


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: henri peyre 
Date:   17-05-2005 21:01

Bonjour Elias,

Cela m’est un peu difficile de vous répondre sur tout. Je ne comprends pas toujours bien ce que vous voulez dire.
Je veux juste préciser un ou deux points.

Evidemment, comme vous l’avez relevé, je ne suis pas partisan de la culture de masse. C’est vrai. Je lui reproche le nivellement au plus petit dénominateur commun, c’est à dire l’alignement vers le bas. Vrai encore.

Egalement j’aime bien le dépaysement quand je vais voir un musée. J’y vais pour être émerveillé. Et évidemment le dépaysement dépend de ce qu’on connaît au moment où on le recherche.

Je suis allé au Louvre comme « admirateur débutant », lorsque j’étais parisien, autrefois. J’ai été celui là et fou de joie que le musée existe. J’ai appris les belles choses et ce qu’il était convenable d’admirer. J’ai appris les œuvres. Mais on pourrait apprendre aussi, ailleurs et dans un autre temps, les couchers de soleil, ou la beauté d’une écorce. L’orient à cet égard n’a pas la même approche que nous.
Je me mets à la place des conservateurs et des historiens aussi. C’est formidable que ces énormes musées existent. Ne le prenez pas au second degré. Ce n’est pas de l’ironie. Je trouve que ces grands machins ont une fonction.

Vous me reprochez de tout comparer, de mêler les émotions et d’embrouiller les genres et d’être ainsi réactionnaire. Mais je suis perdu ; n’est-ce pas typiquement contemporain justement, ce métissage des valeurs, des pratiques et des enthousiasmes ? Moi qui le croyait !

Quand je dis que je suis fatigué au bout de 3 œuvres que je vois, ne pensez pas que je fais l’imbécile. Vraiment, si on veut regarder une œuvre en lui donnant sa chance, en la faisant résonner en soi, on y passe du temps et on s’y dévore. Vraiment cela ne vous est jamais arrivé que même sur ce thème vous trouviez à me reprendre ? Vous plaideriez l'importance des œuvres mais pas celle des regards ? Quelle chose curieuse !

Concernant le musée d’Arlatan, je pense que vous faites un contresens sur une mauvaise plaisanterie que j’ai commise, et je m’en excuse. Si les gardiennes sont sous vitrine, c’est pour être mieux chauffées l’hiver. Ce ne sont pas des vitrines mais des logettes. Mais la confusion pour le visiteur est marrante. J’adore ce musée et je vous y emmène si vous passez dans le coin.

Enfin je note votre appel au sérieux et à la responsabilité. Vous avez tout à fait raison sur ce point. Il faut être sérieux et je reconnais ma faiblesse en ce domaine. Le sérieux m’a toujours ennuyé et c’est pourquoi je ne suis arrivé à rien dans ma vie qu’à être un peu libre. C'est toujours ça ! ;-)

Bien à vous.


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: J-L Salvignol 
Date:   17-05-2005 21:41

je suis fatigué au bout de 3 œuvres

Note H.Peyre.

En fait de culture de masse, ce qui est de plus en plus usant, c'est cette masse de culture, ces expositions où on tente de tout "fourguer", comme une obsession de l'exhaustivité.

Mon écran sur le Mac, depuis 2 ans :

http://www.ac-rouen.fr/lycees/jeanne-d-arc/romantik/peinture/louvre/alger.html

Dès que je peux je retourne vers le vrai Delacroix. C'est comme les Sainte-Victoire de l'oncle Paul.

Ou çà, dans les moments de grande d'exaltation :

http://www.moma.org/collection/provenance/items/248.35.html

Ce qui est in-supportable, c'est l'inutile, le superflu, le redondant.

Tous ces discours sans objet, ces expositions inhibées par la terreur du choisir.

Des compils, rien que des compils !

JLS


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Pierre Brasile 
Date:   17-05-2005 22:56

Monsieur Peyre votre réponse est sympathique et je ne souhaite pas participer à la polémique qui vous oppose à M.Faure

Personnellement ce qui me "rajeunis" sur ce forum, c'est qu'après une vie bien remplie, je peux retrouver mes émotions d'étudiant et refaire le monde pour le plaisir de discuter, de mieux se comprendre et de mieux comprendre les gribouillis de mes photos.

Je souhaite rapprocher deux de vos phrases:

"Evidemment, comme vous l’avez relevé, je ne suis pas partisan de la culture de masse."

De la même manière, je déteste les grandes surfaces alimentaires où j'ai l'impression d'être ravalé au rang de l'animal qui va paître; le royaume de la bouffe avec les mémères grasses, grosses et joufflues, alors que j'adore mes marchés de provence et l'élégance de l'humanité. Toutefois, ce sont là de trés grands luxes; d'aucuns diraient de l'élitisme. Beaucoup mieux, il s'agit de plaisirs intimes qu'il faut aborder avec pudeur sous peine de fatuité. Je comprends votre démarche et j'aimerais aussi que la mer ou la montagne me soit livrées en dehors "de toute souillure". Mais la culture de masse, quelle chance justement pour notre humanité. Des centaines de badeaux qui défilent devant la Joconde, Watteau, ou Rembrandt, qui vont au Louvre et à Beaubourg, qui se font un mac do coca light entre deux et qui s'écoutent un ave maria de shubert en grégorien (gag) en short et en suçant une glace; en ce sens je ne désespère pas de l'homme et j'ai pour eux de la tendresse; maladroitement, car ils n'ont pas eu les clefs de l'émotion qui vous effleure, ils cheminent, pataudement, vers la beauté et sont prêts à vous confier leurs enfants pour qu'un jour ceux-ci vous ressemblent.


"Quand je dis que je suis fatigué au bout de 3 œuvres que je vois,"

Mille fois raisons, mais c'est valable pour tous les musées. Mon meilleur souvenir, qd j'avais 20 ans, c'était de rester dans une salle devant Goya à lire Llorca. Bien sûr nous voulons tout voir pour que rien ne nous échappe et parceque nous voulons tout, il n'en reste rien. Quand j'aurais 120 ans, j'aimerais ne garder que quatre oeuvres dans quatre musées différents et je pense que j'aurais fait le tour de ma vie; imaginez un peu ne garder que quatre oeuvres qui sont l'essentiel de toutes les autres.

Amicalement

PS: "l'émotion qui vous effleure" dans un sens non péjoratif; pour exprimer la délicatesse de l'émotion et non dans un sens privatif voulant insinuer que vous n'auriez pas la qualité pour la percevoir


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Xavier R 
Date:   17-05-2005 23:08

.........et c’est pourquoi je ne suis arrivé à rien dans ma vie qu’à être un peu libre. C'est toujours ça ! ;-)

Et voila.


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Zoran 
Date:   17-05-2005 23:55

Douze minutes.
Douze minutes de silence.
ça suffit pour faire apparaitre une image mentale.
Je vous ai vu monsieur Brasile lisant paisiblement sur la banquette.
Des coups de feu.
Les hommes mouraient éxécutés las bras écartés, les chemises blanches sur le tableau.
Il y a un autre jeune homme assis à côté, les pommettes roses, jouissant de félicité. Se préparant à bien d'autres jouissances encore.
Et un troisième silencieux, debout dans l'ombre, d'une pâleur spectrale, Beaudelaire serré contre son coeur.
ET TOUT À COUP...
Un type hurle "Et voila"!
Patatras.
ZK


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Pierre Brasile 
Date:   18-05-2005 00:02

J'ai suivi, Mr Zoran, je suis votre pensée, nous sommes le même jour, au même lieu, je vois ces trois personnages

mais la chute m'échappe

"ET TOUT À COUP...
Un type hurle "Et voila"!
Patatras."

Pouvez vous me préciser


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Zoran 
Date:   18-05-2005 00:10

Mais avec grand plaisir.
La réponse est deux posts plus haut :

"Auteur: Xavier R 
Date:   17-05-2005 23:08

.........et c’est pourquoi je ne suis arrivé à rien dans ma vie qu’à être un peu libre. C'est toujours ça ! ;-)

Et voila."

ça m'a reveillé en sursaut !

ZK


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Pierre Brasile 
Date:   18-05-2005 00:23

Vous avez raison, C'est beaucoup d'être un peu libre;

En d'autres temps, je ne sais pas si j'aurais eu ce courage.

Je n'ai d'ailleurs probablement jamais eu ce courage.

Peut être le fait d'estimer celui des autres....

On oublie beaucoup à notre époque, ces toutes dernières années, le prix payé pour cette liberté.

Bon revenons en au 6x6 il se fait tard


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Marc Genevrier 
Date:   18-05-2005 09:18

Elias,

On peut naturellement parler de régionalisme, mais je crois qu’il faut essayer de comprendre les amertumes des habitants des « régions ». Je suis un petit provincial, mais je n’aime pas tellement les petits musées de province, même si je comprend la poésie qu’y trouve Henri. Ces petits musées me remplissent plutôt d’une certaine amertume, l’impression d’être un laissé pour compte de la politique culturelle nationale, et nourrissent chez moi une certaine rancœur à l’égard du centralisme parisien.

J’ai grandi à Saint-Etienne, je vis aujourd’hui à Nîmes, dans les deux cas c’est le désert culturel. Dans les deux cas, la décentralisation a apporté un musée d’art moderne qui jouit d’une très bonne réputation, mais qui s’adresse plus aux visiteurs de la ville qu’à ses habitants, qui sert plus l’image de la ville vers l’extérieur que sa vie à l’intérieur. Sans doute parce que l’art contemporain n’est pas toujours facile d’accès (avis personnel), surtout si l’on n’a pas pris le soin de former ou d’intéresser un peu les gens. On a mis la charrue avant les bœufs, en somme, car en dehors de ces institutions, il n’y a rien qui puisse éduquer les gens à la peinture classique ou historique, les amener progressivement à s’intéresser aux œuvres modernes, les aider à « entrer dedans ». Il n’y a à Nîmes et Saint-Etienne aucun lieu où l’on puisse voir une peinture italienne, hollandaise ou autre. Bon, c’est un point de vue contestable, j’en ai conscience, mais j’ai l’impression que connaître un peu les anciens aide tout de même à apprécier les modernes. Bref… Par ailleurs, la politique de ces institutions contribue également à cette orientation plutôt vers l’extérieur que vers l’intérieur, et les locaux ont parfois l’impression d’un truc parachuté pour faire chic ou se donner bonne conscience. J’exagère à peine…

Entre-temps, j’ai vécu quelques années à Lyon (pas vraiment un trou, vous en conviendrez). J’y ai eu un plaisir fou à traîner dans les salles du Palais Saint-Pierre, mais à chaque fois, je ne pouvais pas m’empêcher non plus de ressentir une sorte d’amertume car, malgré mon plaisir, je voyais bien que les toiles qu’on me présentait étaient pour la plupart celles de « petits maîtres », des « œuvres mineures » (je sais bien qu’il y a des exceptions à cela, et dans d’autres musées de province, mais ce sont justement des exceptions). Je pensais aux immenses couloirs du Louvre avec tous ces chefs-d’œuvre alignés en un nombre tel que personne ne peut en profiter réellement en une visite (je crois aussi à la fatigue du regard), et j’imaginais encore les richesses qu’il devait y avoir dans les greniers du Louvre et qui ne seraient jamais montrés à personne. L’agglomération lyonnaise, c’est environ 1/10 de l’agglomération parisienne en termes de population. Mais en termes de nombre d’œuvres et de richesse de ces œuvres ? Et que dire de Saint-Etienne et Nîmes ?... Eh oui, nous sommes parfois amers et jaloux, parce qu’il nous faudra faire des centaines de kilomètres pour montrer des primitifs flamands à nos enfants. Et parce que, faute de disposer de ce genre d’œuvres (les meilleures ont toujours été confisquées pour partir au Louvre…), les musées des Beaux-Arts locaux n’ont alors pas d’autre alternative que présenter des œuvres et des artistes régionaux et souvent mineurs. Dès lors, le régionalisme est plutôt subi par le public, et je suis amer de penser qu’on ne me croît pas digne d’œuvres de meilleure qualité.

Faute de grives, on mange des merles… Nous nous replions en conséquence sur ce qui nous reste, comme le petit musée d’histoire naturelle de Nîmes et ses vitrines poussiéreuses…

Marc


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Zoran 
Date:   18-05-2005 09:22

Monsieur Brasile,

Votre souvenir de Llorca devant Goya.
Je le garde.
Vos considérations sur la culture de masse, je les garde aussi.
Tout cela m'est très précieux.
Comme on dit en Égypte :
Votre présence illumine ma maison.
J'avais pas envie de rallumer la lumière artificielle.
J'ai pas eu le choix, ma liberté, on me la prise au cri inopportun de : "Et voila".
22H56 - 23H08
Douze minutes, c'est déjà ça de gagné.

Merci.

ZK


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Xavier R 
Date:   18-05-2005 14:24

Fiat lux
Et voila.


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Xavier R 
Date:   18-05-2005 14:37

Zoran
Vous avez les oreilles sensibles.
Et voila n'est pas un cri juste un murmure.
Si votre liberté ne dure que douze minutes et qu'il suffit d'un cri ou d'un murmure pour l'interrompre c'est peut-être que vous êtes esclave de quelque chose.
La liberté est un cri même si ce cri est un murmure.
Et si ma liberté éternelle offense vos douze minutes, tant pis.


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Xavier R 
Date:   18-05-2005 14:50

"ça m'a reveillé en sursaut !"




Douze minutes de sommeil!
C'est pas la liberté mais un cauchemar et vous ne mettes pas reconnaissant de vous avoir sorti de là!
Quelle ingratitude.
Vous avez une bonne pour faire vos courses au moins.
Afin d'éviter la populace qui elle connaît, le bruit de la mitraille autrement que tiré (c'est le cas de le dire) d'un tableau fusse-t-il de Goya.


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Christian Martin 
Date:   18-05-2005 15:01

C'est un monologue ?


 
 Re: Monsieur Peyre, je vous ai lu.
Auteur: Xavier R 
Date:   18-05-2005 15:15

C'est des rajouts.




 
Retour à l'index général
le forum de galerie photo : http://www.galerie-photo.info/forum
galerie-photo, le Site Français de la Photographie Haute Résolution