Auteur: Henri Gaud
Date: 06-05-2005 09:15
<<<<On en vient à ce que vous appelez la crise de la photographie-document...
Au XIXe siècle, la photographie était, dans le domaine du document, porteuse d'un nouveau régime de vérité, parce que l'on croyait que cette image-machine établissait un contact direct avec les choses. Aujourd'hui, on assiste à une perte générale du lien avec le monde, à un déclin de confiance dans les médiateurs et dans leurs outils pour en rendre compte. A cela s'ajoute la concurrence de la télévision. D'où la crise de la photographie-document et l'essor de la photographie-expression. Désormais, de plus en plus de photographes, comme Raymond Depardon, s'assument en tant que sujets-auteurs, revendiquent le travail sur la forme, et prennent en compte l'autre. Donnant à celui qui est photographié le rôle de coproducteur de l'image.<<<<
Mon impression est que cette crise, est sans doute typiquement Française, dans l'analyse qui en est faite, et dans l'histoire de la photographie de reportage dans ce pays, mais ce n'est pas un fait général.
Bien sûr parler de crise, c'est très bien, chaque génération croit être sur une charnière essentielle que l'on nomme une crise (un peu comme l'idée qu'une guerre forme une génération, idée absurde très répendue), mais il n'y a pas de crise, juste un glissement permanent, avec ses annonces en fanfare et ses réalités, et ensuite, ce qui était, n'est plus.
La photographie comme le reste du monde change, la photographie vérité n'est plus crédible, mais dans le même temps, la vérité de l'homme d'état, du chef de file religieux, du professeur du haut de sa chaire, n'est plus trop crédible.
Je crois plutôt à une mutation de la notion de vérité, qu'à une mutation de la vérité photographique, la photographie n'est qu'une partie du reflet du monde et pas un chef de file.
Nous vivons dans un monde de septiques, septique vis à vis de tout, même d'eux même ;-)))
HG
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