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 Jeanloup Sieff
Auteur: xtof 
Date:   05-05-2005 08:50

Superbes, les images de Jeanloup Sieff dans le dernier album de Reporters sans Frontières pour la liberté de la presse (et mieux imprimé que Jean Dieuzaide, le précédent).
Est-ce que quelqu'un peut me dire comment son tireur faisait venir des ciels, des paysages si magnifiques ? Je suppose qu'il ne travaillait pas au grade 2 pour avoir des résultats si contrastés !
Merci.


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   05-05-2005 09:28


Ces masquages me posent souvent problème, je les trouve très (trop) voyants....

Jean-Philippe


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: xtof 
Date:   05-05-2005 10:06

C'est vrai qu'on voit le maquillage autour des maisons, des visages...


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: JL Cuvellier 
Date:   05-05-2005 10:54

Au tirage,à la baguette magique et au métronome...


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: Jean Daubas 
Date:   05-05-2005 11:41

Il n'est pas inutile de de référer à ce que JL Sieff lui même avait à dire au sujet de ses tirages et des critiques qui lui étaient souvent adressées.
Pour cela, lire l'entreten de Dominique Gaessler avec Sieff dans.
Les grands maitres du tirage{/i] - dominique Gaessler- Editons Contrejour -1987 - ISBN 2-859-49-073-6 pages120-121

Et ausi, dans le même ovrage, le point de vue de son tireur d'alors : Jean-Yves Brégand (pages 25 à 33)...

Jean


 
 Re: Jeanloup Sieff à propos du tirage des images...
Auteur: Michel M 
Date:   05-05-2005 12:06

Bonjour,

Les tirages de Sieff ont été longtemps réoalisés par Jean-Yves Brégand. Ci-dessous ce qu'en disait Sieff lui-même.

— Vous êtes connu pour apporter une attention particulière aux tirages de vos images, comment situez-vous cette étape dans votre travail?

En photographie, toutes les étapes sont capitales, la plus importante d'entre elles étant naturellement de réaliser une bonne image ! Le tirage, lui, est l'étape ultime, car c'est la représentation finale de ce que l'on a photographié, la forme sous laquelle on montre l'image. A partir du même négatif on peut obtenir un grand nombre de photographies différentes (je ne parle pas là de recadrages: on ne recadre pas une photographie!) qui pourront avoir toutes les valeurs, du blanc au noir. Il est donc capital que l'auteur fasse lui-même ses tirages, ou collabore à leur réalisation, car lui seul sait comment ses photographies doivent être restituées.
Dans l'histoire de la photographie, il y a des exemples de photographes qui tiraient très bien leurs images (Weston, Smith, Strand,...) d'autres tirent de façon correcte, mais la plupart ne tirent pas parce qu'ils le font mal ou qu'ils n'ont pas le temps. Ceux-là font appel à un tireur, car le tirage est un métier en soi.
Mais de toute façon, je pense que ceux qui ne réalisent pas leurs tirages devraient savoir comment cela se passe, car il est très important de connaître les possibilités et les limites de ce qu'ils peuvent demander au tireur.
Dans mon cas particulier, je sais tirer. J'ai appris tout seul à l'age de quatorze ans et suis capable, dans l'absolu, de faire de bons tirages. Mais cela me prend beaucoup de temps, et, ce que je ferais en une journée est fait en une heure par Jean-Yves Brégand, et souvent bien mieux que moi !
Dans le temps, je faisais tous mes tirages moi-même car je n'avais pas les moyens de m'offrir les services d'un tireur extérieur. Par la suite, quand j'ai pu le faire, j'ai toujours collaboré avec le tireur de mes images (à Pictorial Service, puis avec Claudine Sudre, Guy Cevaer et enfin Jean-Yves Brégand qui tire mes photos depuis une dizaine d'années). J'ai mon laboratoire dans mon studio, et nous travaillons chez moi. Je continue d'ailleurs à sécher et repiquer moi-même car se sont les seuls moments où je peux écouter de la musique et trouver des idées !
Jean-Yves Brégand connaît très bien ma «couleur» et pourrait très bien tirer mes images tout seul.

— Pourriez-vous préciser cette notion de «couleur» du photographe?

Par «couleur» je veux parler de la tonalité générale de l'image. Certains aiment les tirages gris, en demi-teintes, d'autres des noirs profonds, du contraste, ..., la «couleur» est le dénominateur commun à leurs tirages, en dehors du sujet ou de la thématique. On peut dire, en généralisant un peu, que Cartier-Bresson préfère les demi-teintes ou William Klein les grands contrastes. Jean-Yves Brégand est habitué à ma «couleur», c'est à dire que pour un grand nombre de mes tirages, en particulier ceux que nous avons déjà tirés, il pourrait travailler sans moi. Il sait exactement de quelle façon j'aime voir tirer mes photos, mais il est évident qu'il y a un grand nombre de cas particuliers et qu'à l'intérieur de cette «couleur», chaque image pose un problème spécifique.

— Au delà de ce domaine de compréhension établi entre vous et votre tireur; quelle est la part de libre arbitre de son intervention, voire la marge de ses interprétations? Existe-t-il, pour vous, une importance hiérarchique entre le tirage et la prise de vues ?

Jean-Yves Brégand dispose d'une très grande liberté, parfois même il me propose une interprétation à laquelle je n'avais pas pensé. Mais il ne faut pas passer d'un excès à un autre. Si une bonne photographie est l'addition de tous les éléments qui la composent, le premier, et le plus important, est naturellement la photographie proprement dite, c'est à dire ce que l'on a photographié, et la façon dont on l'a fait, le tirage n'en étant que la restitution la meilleure possible.
Certains photographes n'acceptent pas que l'on puisse tirer leurs photos à leur place; d'autres n'ont jamais tiré de leur vie. Mais ce ne sont pas forcément les premiers qui font le travail le plus intéressant ! Fond et forme ne peuvent être dissociés, mais privilégier la forme est insuffisant. J'ai souvent vu des expositions ne montrant que de très beaux tirages de photographies totalement ennuyeuses et sans intérêt ! Il existe toute une tendance de la photographie, que certains ont baptisé «l'école américaine», et qui n'est qu'une école de beaux tirages dans laquelle l'émotion est absente. On n'est pas touché par une image parce que c'est un «beau tirage», mais parce qua' elle provoque une émotion qui va au-delà de la simple représentation, aussi bonne soit-elle, d'une qualité plastique.
Je préfère un mauvais tirage d'une merveilleuse photographie que l'inverse. C'est l'addition de tous ces éléments constitutifs qui restitueront ce que le photographe voulait dire ou montrer, et en cela, le tirage final est très important. Quand une image est mal tirée, c'est comme la robe d'un grand couturier qui serait mal coupée, donc importable, quel que soit le talent de celui qui l'a conçue.
On ne peut donc parler d'importance hiérarchique entre tirage et prise de vue, mais de complémentarité.

— La «couleur», votre «couleur, n'est-ce pas là, la reconnaissance de votre style? N'est-ce pas une notion réductrice de votre œuvre ?

La notion de «couleur» est une notion générale, mais il n'y a pas, dans le travail d'un photographe, une image type ou un tirage type. C'est l'image qui commande le tirage, et si l'on reconnaît le travail d'un photographe, c'est plus par les sujets auxquels il s'intéresse et par la manière dont il les photographie, que par le style de ses tirages, qui n'est qu'une partie d'un tout. On ne peut reprocher à un auteur la paresse intellectuelle ou l'absence de sensibilité de ses spectateurs qui simplifieraient son travail en le ramenant à cette notion réductrice de la «couleur» de ses tirages ou celle de l'utilisation de telles optiques. Ce que j'entends par «couleur», c'est qu'il existe dans mes images une tonalité de base: je n'aime pas les tirages gris et plats; je préfère les tirages un peu nerveux, avec des noirs profonds, forts mais pas bouchés. Mais ce n'est qu'une base, à partir de là il existe toute une gamme d'interprétations et d'interventions qui dépendent de la photo elle-même: c'est elle qui dicte la valeur finale d'un tirage et pas le contraire !
De même cette remarque que j'entends souvent, concernant mon utilisation «systématique» des grands angulaires, qui procède de la même paresse intellectuelle. Pour m'amuser, j'ai fait le compte, dans ma dernière exposition qui s'est tenue au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, des photos qui ont été faites au grand-angle: j'en ai trouvé à peu près trente pour cent, toutes les autres ayant été réalisées avec des focales normales ou longues !
Ceci dit, si l'on reconnaît, comme vous dites, ma «couleur», c'est peut-être que l'on reconnaît par là, un style personnel, du moins je l'espère !
Comme je l'ai déjà dit, fond et forme sont un tout, et la forme, c'est à dire le tirage, sa «couleur», n'est que la partie émergée de l'iceberg donc la moins importante en volume !
Mais je ne me fais aucune illusion, les gens ont trop besoin de coller une étiquette simplificatrice pour que cette lecture superficielle soit modifiée. Heureusement je travaille pour moi et non pour satisfaire cette entité abstraite que sont «les autres», et dont Sartre disait qu'ils sont l'enfer.

— Vos tirages paraissent très travaillés au laboratoire, ne dit-on pas, par exemple, des «ciels à-la-Sieff»?

Que mes tirages soient très «travaillés», je crois m'en être déjà suffisamment expliqué, quant aux «ciels à-la-Sieff», comme vous dites, ils existent potentiellement sur le négatif, ce sont «les ciels du Bon Dieu» si l'on croit en Lui, je ne les ai pas fabriqués !
Si un tirage doit être «travaillé» c'est pour une raison purement physique, parce que le papier photographique est moins sensible que l'émulsion négative et que, pour retrouver tout ce potentiel sur le tirage définitif, il faut obligatoirement retenir ici et rajouter par là et ce, pour toutes les photographies.

— Comment avez-vous rencontré Jean-Yves Brégand ?

J'ai rencontré Jean-Yves Brégand aux Laboratoires Central Color où il travaillait avec Guy Cevaer, qui faisait mes tirages. Ensuite, lorsqu'il est devenu tireur indépendant, il a continué à travailler avec moi et cela doit faire plus de dix ans que nous collaborons.Mais Jean-Yves Brégand n'est pas seulement un excellent technicien, il a une sensibilité, une intelligence qui en font un véritable artiste.

in "Les grands maîtres du tirage" Dominique Gaessler éditions Contrejour (1990)


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: xtof 
Date:   05-05-2005 12:53

Très intéressant, les ciels du bon dieu et les tirages unn peu nerveux qu'il affectionne.
Mais il ne dit pas s'il utilisait un papier à grade 3 ou 4 pour donner cet aspect, ou un fitre rouge. (je veux bien : les cies existaient, mais bon...) .
Peut-on faire la même chose avec du grade 2 ?


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: Michel Guigue 
Date:   05-05-2005 19:58

Bonjour,

C'est pas une question de grade 2 ou autre.

C'est un "ciel à la Sieff" ! "."


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: gabriel 
Date:   05-05-2005 21:26

Si justement c'est une question de grade, plutôt 4 que 2, mais pas de filtre rouge . Pas que les ciels d'ailleurs mais aussi les fonds de studio.
Dans le cas de Sieff ce sont plus que des effets; c'etait un merveilleux photographe.


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: xtof 
Date:   05-05-2005 22:40

Oui, mon Dieu que c'est beau.
Si je posais la question, c'était pour faire pareil !
Un jour peut-être.


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: JL Cuvellier 
Date:   06-05-2005 01:51

Je vous conseille le livre de Sieff et Chenz:"La Photo" paru il y a longtemps chez Denoel et qu l'on doit trouver d'occasion...


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: Laurent Venot 
Date:   06-05-2005 10:53

Bonjour,
le grain trés présent résulte-t-il de l'utilisation d'un révélateur type rodinal par exemple ou bien monte t il au tirage (ou les deux )?

Laurent (qui ne pratique pas le tirage).


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: thomy 
Date:   08-05-2005 17:12

Ah Jeanloup Sieff... !


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   08-05-2005 18:06


Grain spécifique de la légendaire Tri-x, associée me semble-t-il au D76.

Jean-Philippe


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: Yves LETELLIER 
Date:   09-05-2005 16:47

AAAHHH !!!
LES FESSES DE JEAN LOUP SIEFF !!!!

Enfin, les fesses des modèles photographiées par JLS ...
Quelle courbe de réponse, quel piqué, quel contraste, quelle accutance, quelle définition ...

Yves LETELLIER


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   10-05-2005 00:43


J'allais dire "Quel cul", mais je m'égare....
Qu'importe le balcon pourvu qu'on ait les fesses...

Jean-Philippe


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: xtof 
Date:   10-05-2005 07:59

Quelles courbes en effet, ça suffit...


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: Gilles ATON (82.230.167.---)
Date:   10-05-2005 13:45

TRI X
DK 50
=
Grain à la Scavulo.
Peut-être...


 
 Re: Jeanloup Sieff
Auteur: Patrick Cartou 
Date:   10-05-2005 14:53

courbes sensitométriques, je suppose.....................!

PC




 
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