Auteur: guillaume p
Date: 18-04-2005 19:50
Je lance un nouveau fil suite à une discussion qui, partie de la question du choix d'un 6X9, en est arrivée à une passionnante discussion sur l'usage du grand angle… Je reposte donc, en attendant la riposte…
J'entends déjà Henri G. fulminer et affûter sa plume pour pourfendre l'hérétique.
Tout d'abord, en guise d'approche par survol rapide, je rappellerai que la photographie d'architecture n'a fait que systématiser et mécaniser l'usage de la perspective linéaire. Cette dernière se veut fidèle à la perception visuelle ; elle est posée et considérée comme telle depuis son avénement. L'effet de réel photographique (encore souvent pris pour 'la' vérité) en rajoute une couche.
Une très grande part de la photographie d'architecture (pour ne pas dire toute) a ainsi repris certaines habitudes de représentation, particulièrement celle de montrer les chose en tentant de se rapprocher de l'expérience visuelle.
Là, il faudrait faire une digression sur cette question de l'angle de champ, car en tracé de perspective, il est courant de 'cadrer' sous un angle horizontal d'environ 37° et un angle vertical d'environ 28° (pour une proportion de 4:3). On dépasse rarement 40° car on sait qu'au delà, le rendu paraît 'déformé'. Ceci n'est pas une règle, mais une pratique courante qui ne limite en rien les possibilités du tracé perspectif, celui-ci n'étant pas tributaire du manque de recul… Pour arrêter là la digression, il est intéressant de noter que la perspective tracée géométriquement nous a habitué à ce type de rendu qui correspond à celui des focales standard-tendance-longues. En rendu informatique d'archi, il en va aujourd'hui autrement, puisqu'on modélise en 3D et on se place dans le modèle avec une caméra dont on gère les paramètres. Les points de vues sont plus proches de ceux qu'on cherche dans la réalité quand on est contraint, bien qu'il soit possible d'adopter des points de vue plus éloignés. On pourrait aussi partir sur une longue digression sur deux modes de représentation qui s'influencent mutuellement : photographie et dessins d'architectes. Passons…
Revenons à la photographie qui, elle, est physiquement tributaire du réel, pour laquelle les points de vue sont très contraints et qui a ainsi besoin d'optiques à grand angle pour palier au manque de recul et retrouver, en embrassant un champ le plus large possible, quelque chose qui se rapproche de l'expérience visuelle, ou du moins quelque chose qui se rapproche des conventions de représentation de l'architecture. Si on perçoit des 'déformations' (j'insiste sur les guillemets), ce n'est pas pour l'écart fait à la perception du réel, mais plus peut être pour l'écart fait à l'habitus perceptif qu'est la perspective. Il n'y a pas plus de vérité dans le grand-angle que dans la perspective 'canonique', là n'est pas le débat.
Mis à part ce petit écart, la photographie, succédant à la gravure pour documenter l'architecture, est restée dans cette fonction utilitaire de document et s'est conformée à une esthétique sans en questionner les fondements. Ainsi, l'usage du grand-angle 'pour en montrer le plus possible' est la subsistance de cette idée qui veut qu'il faut se rapprocher de l'expérience visuelle, cela devant suffir au spectateur pour reconstruire mentalement l'espace photographié. Cela peut être vu comme une absence de point de vue dans l'effacement du photographe au profit d'un processus admis (sans être démontré).
Par extension à cette idée de s'effacer en 'collant à la perception', on considère trop souvent que c'est la condition pour produire un document. Or chacun sait qu'est un document quelque chose que l'on peut reconnaitre comme tel et lire. Cela suppose un préalable culturel. Il n'y a donc pas de document en soi, seulement des document possibles, mais là je sens que je repars pour une digression, et la question du document est trop complexe pour être réduite à quelque affirmations… Juste pour dire que 'montrer beaucoup', pour peu que le spectateur ne soit pas apte à 'lire', peut revenir à ne rien monter du tout.
Si la photographie a un grand pouvoir, ce n'est pas celui de vaguement restituer une sensation d'espace, mais bien celui de traduire des idées, et l'architecture, ou par extension la ville, est la mtérialisation d'une pensée et non seulement un ensemble d'objets visibles à organiser dans une représentation codifiée.
Pas de condamnation du grand-angle, juste une remise en question de trop vieilles habitudes… °_-
Ouf !
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