Auteur: E. Bigler
Date: 11-03-2003 14:55
Je rejoins l'avis de P. Bedfert concernant l'utilité du "lobbying" et de la réunion de passionnés, professionnels et amateurs via Internet.
Les utilisateurs nord-américains de surfaces sensibles
argentiques disent en ce moment d'incertitude :
le marché est, et sera, ce que les consommateurs veulent.
Un grand fabricant comme Kodak a multiplié ces derniers
temps les déclarations rassurantes quant à l'avenir
du film classique. Signe que, pour le moins,
au département marketing de Kodak, on sait qu'il y a encore
de l'argent --sans jeu de mot ;-)-- à gagner dans le film classique et encore pas mal d'argent à perdre dans le numérique avant
une hypothétique 'stabilisation'. En principe
les appareils professionnels moyen format à dos-magasin interchangeable
et les chambres sont censés être neutres dans le débat : "argentique contre numérique", et pourtant les ventes neuves chutent comme pour les copains de l'argentique.
Pour mettre un élément de plus au dossier des faibles ventes
MF et GF en France, on pourrait repartir de la situation
de la fin des années 1950. En 1957, date de la dernière mouture du Rolleiflex classique, pas d'amateur français utilisateur de chambre, certes, mais beaucoup, presque tous,
utilisent le format 120-620. La survie du moyen format des années 60-70 n'est passée que par la
demande professionnelle, avec disparition des milliers de Truk-flex ayant copié le Rollei, du Semflex, de l'Agfa Isolette et autres appareils d'amateur de bonne qualité. Et en France ? la TVA à 33% appliquée pendant bien longtemps aux appareils photo
et l'inflation galopante de la fin des années 1970 a été, me semble-t-il très dure pour le moyen format alors que le 24x36 triomphe. Néanmoins, je ne pense pas que les appareils
moyen format soient franchement plus chers par rapport au salaire moyen
qu'ils ne l'étaient au début des années 1960.
En 1963, il fallait "aligner" 3000 à 4000 Frs pour un Leica ou pour un 'blad 500C, alors que
le Contaflex Zeiss-Ikon et le Bessamatic Voigtländer, deux appareils pas professionels du tout,
coûtaient 1500 Frs. Que nos amis de la francophonie me pardonnent, ils trouveront
dans leurs archives l'équivalent en CFA, BEF, CHF et CAND. Le litre d'essence était en France
à 0,95 Frs vers 1967, et si on transcrit les francs de 1963 en euros*1,1 ou *1,2 on ne doit
pas être loin de la réalité de 2003.
Les appareils professionnels me semblent être restés pas très loin du même prix en
pourcentage du salaire moyen, mais quel amateur paierait 1500 euros minimum pour un appareil comme le Bessamatic ?
Je pense qu'indépendamment de la structure de prix et de l'organisation
de la distribution européenne, certes "plombée" naguère par des barrières
douanières dont nous nous rions aujourd'hui (sauf les frontaliers jurassiens et savoyards;-);-), la dépense
moyenne en appareils et consommables de l'Angleterre et de l'Allemagne a, ou je me trompe fort, toujours dépassé
la dépense moyenne française. Mon sentiment est que cela est du passé et qu'il faut au contraire
se réjouir du grand marché européen. Personnellement la nouvelle offre en
films noir et blanc issus de l'Europe (surtout Centrale, mais n'oublions pas notre Bergger national) est quelque chose
que je n'aurais certainement pas anticipé et que j'applaudis des deux mains : du Bergger, l'Efke, du Forte et du Foma dans mon châssis 6x9, dans mon Rollei même en 4x4, pourvu que cela dure (même si je reste fidèle à l'Ilford et à l'Agfapan) !!
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