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 La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: robert colognoli 
Date:   27-03-2005 22:03

Merci à tous ceux qui ont apporté un commentaire le mois dernier.
Ce mois-ci, deux réflexions de Jean Baudrillard et de Mario Giacomelli et les mots de Jean-François Rozier qui se répondent bien.

Jean Baudrillard – Photographies : Car l’illusion ne s’oppose pas à la réalité…
Descartes & Cie, 1998.
ISBN : 2-910301-87-7

« La magie de la photo, c’est que c’est l’objet qui fait tout le travail. Les photographes ne l’admettront jamais et soutiendront que toute l’originalité réside dans leur inspiration, dans leur interprétation photographique du monde. C’est ainsi qu’ils font de mauvaises, ou de très bonnes photos, confondant leur vision subjective avec le miracle réflexe de l’acte photographique.»


Et Mario Giacomelli. Texte de présentation de l’exposition « Métamorphoses » de Mario Giacomelli du 2 février au 30 avril 2005 à la Bibliothèque Nationale de France site Richelieu à Paris.
Ces mots du photographe :

« Ce qu’on ne comprends pas, c’est que ce n’est pas moi qui fait les images, ce sont les images qui me choisissent. »

Si les images sont là à attendre qu'on les photographie, si elles sont là pour tout le monde, pourquoi seulement certains les choisiront. Mario Giacomelli nous dit que ce sont les images qui le choisissent; il oublie de nous dire qu'il est seul à posséder le regard pour les voir!


Jean-François Rozier, voir son article ce mois-ci dans Galerie-Photo, nous livre son point de vue qui semble opposé à celui de ces deux auteurs.
"Voilà, ces images sont donc très fabriquées, recomposées. Nous sommes loin de l'instantané. Proches de la peinture hyperréaliste, je les ai appelées Hyperphotos. J'ai voulu que cela reste de la photographie, ou du cinéma en arrêt sur image, que l'on y croit : j'ai donc veillé à rester dans la plus grande vraisemblance photographique possible : respect des ombres, des reflets, des défauts de la réalité.
Ces paysages sont souvent très recomposés. Afin d'obtenir ce que je cherchais, je me suis constitué des collections d'arbres, de cieux, de champs, de forêts que j'assemble ensuite..."


Un de ses paysages "détail de travaux des champs" est étonamment proche dans sa composition graphique de certains paysages de Mario Giacomelli, l'un l'a construit, l'autre l'a simplement choisi, ou a été choisi?

Quelle est votre perception?
RC.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Emmanuel Bigler 
Date:   27-03-2005 22:32

Permière remarque concernant le texte de J. Baudrillard.

Séance ordinaire de photo à la chambre pour l'amateur qui cherche à se ré-approprier ses lieux favoris.
On arrime tout sur le sac à dos y compris le pied en bois racheté exprès à un copain pour être un peu moins lourd que le modèle métallique de départ. On progresse difficilement dans les fourrés (mais bientôt au printemps les prunelliers seront superbes) pour atteindre ce bord de falaise d'où on croit pouvoir accéder à un point de vue original sur son pays favori. Ouf on y arrive, tomber le sac (avec précaution, la falaise n'est pas loin) placer le trépied, mise à niveau, attacher la chambre, choix de l'optique, sortir le posemètre, chasser de son esprit un petit démon genre Milou-Rouge-Tentateur qui dit 'ce serait mieux avec un spotmère',.. (j'abrège pour ne pas fatiguer le lecteur)....tirer le volet de châssi, Clique ! (et encore on a gagné quelques secondes sur les copains grâce au Prontor auto-réarmant)

à ce moment seulement on se rappelle le texte de Jean Baudrillard :
...le miracle réflexe de l’acte photographique.
Miracle, certes, mais miracle de la formation d'image optique directe et sans intermédaire.
Réflexe ??? là, non, je ne vois pas .. ;-);-)


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Xavier R 
Date:   27-03-2005 23:01

Déjà!
Je rassemble mes aphorismes, j'affûte mon style lourdingue, j'étudie mes référents politiques et......


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: fred 
Date:   27-03-2005 23:47

et la phrase...

" ce n'est pas moi qui ai choisi la photographie, c'est elle qui m'a choisi "

- qui a dit ça ? (je ne sais pas ?)

- que pensez-vous de cette phrase ?

fred


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: henri peyre 
Date:   28-03-2005 12:25

« La magie de la photo, c’est que c’est l’objet qui fait tout le travail. Les photographes ne l’admettront jamais et soutiendront que toute l’originalité réside dans leur inspiration, dans leur interprétation photographique du monde. C’est ainsi qu’ils font de mauvaises, ou de très bonnes photos, confondant leur vision subjective avec le miracle réflexe de l’acte photographique.»

La phrase de Baudrillard semble désigner plutôt toute la tendance photographique du reportage, dominante à l'époque. Il ne fallait pas moins qu'un concept de "l'instant décisif" pour désarmer des critiques aussi épaisses. Aujourd'hui, hors contexte, c'est simplement hors-propos, comme la Chambre Claire de Barthes. C'est d'une autre époque. Tout a changé : technique, rapport au médium, vision de la réalité. Il y a des mots qui ont trente ans et qu'on ne comprend déjà plus.


« Ce qu’on ne comprends pas, c’est que ce n’est pas moi qui fait les images, ce sont les images qui me choisissent. »
Cette vision quasi religieuse de la photographie me plaît bien. On est dans la photographie pensée en terme d'élection (la nôtre, nous sommes des élus ; nous concevons une intimité particulière avec le réel à un moment donné).
C'est aussi le principe du cadrage. Dans toute cette réalité, c'est le fait de mettre en cadre qui me définit, moi.
Par rapport à Baudrillard, comme Robert le souligne avec sa fausse ingénuité coutumière (ici par le classement très graduée des citations) le photographe intervient déjà plus. On n'est plus dans la conception de Barthes pour lequel la subjectivité du photographe était un obstacle à l'apparition pleine du Réel. Le photographe est déjà reconnu en tant que médiateur du réel.

La conception de Rauzier est celle du fabricant de réel. Pour qu'on croit au réel il faut qu'il soit un peu ébréché. Tous ceux qui ont un peu donné dans la réalité virtuelle s'y reconnaîtront... Il y a un sacré déplacement de regard là-dedans. Le réel n'est plus cet Absolu auquel fait référence Baudrillard... il devient un objet qui a des caractéristiques.
A partir de là on peut très bien créer des réels aux caractéristiques déplacées (je ne fais pas autrement avec mes petits nuages) pour inviter à méditer sur toutes les possibilités qu'aurait le réel d'être en fin de compte complètement différent de la perception qu'on en a.
Se placer à la limite du faux, pour comprendre ce qu'est le vrai.... l'éternel jeu des charnières...


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: jb 
Date:   29-03-2005 15:39

"Voilà, ces images sont donc très fabriquées, recomposées. Nous sommes loin de l'instantané. Proches de la peinture hyperréaliste, je les ai appelées Hyperphotos. J'ai voulu que cela reste de la photographie, ou du cinéma en arrêt sur image, que l'on y croit : j'ai donc veillé à rester dans la plus grande vraisemblance photographique possible : respect des ombres, des reflets, des défauts de la réalité.
Ces paysages sont souvent très recomposés. Afin d'obtenir ce que je cherchais, je me suis constitué des collections d'arbres, de cieux, de champs, de forêts que j'assemble ensuite..."
La photo que j’aime le plus est une photo pensée, construite. L’auteur a pris une petite chose de rien du tout, une brindille pour préciser, et l’a photographiée de telle manière que cette brindille porte en elle le monde – mon monde, comme je le vois-. Techniquement, elle est irréprochable. Bien entendu, cette qualité technique participe aussi de son intérêt. Sans maîtrise technique, difficile de faire passer l’émotion. Toutefois combien de photos techniquement parfaites mais qui me laissent de marbre. Celles de JF Rauzier me mettent mal à l’aise, au moins elles font naître chez moi un sentiment, trouble peut-être, mais sentiment quand même qui va m'obliger à m'interroger.
N’est-ce pas simplement que les uns choisissent l’objet qui va représenter leur vision du monde, exprimer leur démarche et j’ignore pourquoi mais je les crois plus heureux, plus accomplis car leurs sujets sont pensés, réfléchis. Ils mettent en œuvre.

« La magie de la photo, c’est que c’est l’objet qui fait tout le travail. Les photographes ne l’admettront jamais et soutiendront que toute l’originalité réside dans leur inspiration, dans leur interprétation photographique du monde. C’est ainsi qu’ils font de mauvaises, ou de très bonnes photos, confondant leur vision subjective avec le miracle réflexe de l’acte photographique.» Plus loin
« Quand je photographie, je ne pense pas au sens…Voilà pourquoi la photographie est pour moi un mode d'apparence heureux du monde et ce, quoi que contienne l'image»
A contrario de ceux qui pensent leur œuvre et qui semblent en être heureux, j’ai le sentiment que J Baudrillard n’a pas été heureux de penser. Il semble être allé vers la photographie pour s’éviter de penser. A quoi voulait-il échapper ? Le vide de sens ? Son métier de philosophe ne semble pas l’avoir aidé à donner un sens à sa vie, alors la photographie comme "c’est l’objet qui fait tout le travail", un refuge pour s’oublier ?


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Pierre MOVILA 
Date:   29-03-2005 20:55


Tiens, hop, une autre phrase. Je vous laisse le soin d'en trouver l'auteur !

"Il existe aujourd'hui beaucoup moins de terres sauvages inconnues. [...] Cela laisse à la photographie une mission nouvelle, mais non moins importante : nous réconcilier avec une nature à demi sauvage. [...] Les photographes qui peuvent nous apprendre à aimer même les terrains vagues seront aussi intègres que les photographes de nature des 25 dernières années. "

Pierre


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: robert colognoli 
Date:   29-03-2005 21:24

Homme?
Femme?
Photographe?
Vivant?
Français?
RC.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: wilhelm 
Date:   29-03-2005 22:21



« Ce qu’on ne comprends pas, c’est que ce n’est pas moi qui fait les images, ce sont les images qui me choisissent. »

C'est un écho de cette phrase d'Alain : "Ce sont les symboles qui nous voient".
Chez Giacomelli il y a cette fulgurance non feinte.
Désolé, je n'ai pu résister...


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Pierre MOVILA 
Date:   30-03-2005 01:20

Bon voilà la solution :

Robert Adams
Essai sur le beau en photographie
p128


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: henri peyre 
Date:   30-03-2005 08:07

Ca c'est marrant le coup du penseur triste qui trouve dans l'anti-pensée photographique une source de bonheur comme repos de la pensée !
Ca serait à étayer. Il faudrait voir si ça marche en allant relire Baudrillard.
L'idée que penser est extrêmement pénible et n'apporte pas de la joie est une idée bien plus répandue que son contraire (évidemment pour moi c'est le contraire). Je ne sais pas si Baudrillard a souffert de penser, mais il n'était pas en tous cas inutile que Nietzsche se tape un "gai savoir" !
Pas inutile mais, pas suffisant ! Il faudrait en remettre une couche de temps en temps !

Baudrillard comme allié encombrant de la photo, c'est marrant et frais ;-))


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Gérard F. 
Date:   30-03-2005 11:31

A propos de la phrase du mois

A quoi sert la pensée ? A penser le monde par l'image. Les images de cette réalité peuvent être vraies ou fausses. Celles de Baudrillard sont fausses: " La magie de la photo, c’est que c’est l’objet qui fait tout le travail."

Non, d'une manière triviale, l'objet ne produit pas son image. Baudrillard se paye de mots pour faire une pensée qui renverse la réalité sans apporter l'image vraie de la réalité ( au propre comme au figuré).
Essayez d'appliquer un instant le sophisme de Baudrillard à votre chambre et à l'objet : rien ne sa passe.
En mettant l'objet à la place du sujet agissant, rien en se passe. L'objet ne sera jamais pas l'agent ; Sinon, la photographie se serait inventée elle-même au paléolithique (le mythe de la caverne chez Platon n'a pas inventé la photographie).

Baudrillard a-t-il volontairement confondu le sujet de la photographie avec le sujet effectif et le photographe sujet agissant, avec un sujet agi ?
Cela ressemble à une élection singulière: l'objet élit le photographe qui passait pas là et lui fait prendre une image. Cette phantasme élitaire est évidemment faux mais valorisant pour le peuple élu des photographe ( ironique pour les autistes).

Il est vrai que l'objet de la photographie - le sujet - peut susciter le désir du photographe.

"Les photographes ne l’admettront jamais et soutiendront que toute l’originalité réside dans leur inspiration, dans leur interprétation photographique du monde. "

C'est précisément ce que les photographes font de mieux : penser l'image avant de la faire. Un photo reporter pense d'une manière instantanée son geste en fonction de la scène qu'il prend en vue, de son cadrage, de sa lumière, de l'urgence du moment. Bref, il réfléchit le monde ( c'est un jeu de mots).
Son geste réflexe est un geste maîtrisé qui n'appartient qu'à lui. Le geste reflex n'existe pas en soi. Il est le résultat d'un processus d'apprentissage complexe et subjectif.

Tout le contraire de " Confondant leur vision subjective avec le miracle réflexe de l’acte photographique."

Le miracle en photographie naît d'une surprise suscitée par l'image : " On voit les fissures des murs " s'est exclamé un membre du jury d'un concours technique en 1857.
L'acte photographique n'a jamais été un miracle - sauf d'une manière accidentelle. Au mieux, c'est une démarche artistique organisée.

A quoi sert la pensée de Baudrillard sur la photographie ? A produire un pâté scolastique en alimentant un faux débat.
Ainsi Baudrillard se rend inutile en photographie. Sauf à permettre à son lecteur de se distinguer : on choisit un maître à penser pour se distinguer du commun qui ne pense pas ( je vous rassure cela est valable pour moi également). ( voir la distinction chez Bourdieu)

Contre un penseur inutile, je choisis les photographes qui pensent sans en être conscients éventuellement en prenant des vues. Eux pensent réellement le monde et la photographie.
Eux font des images vraies ( éventuellement arrangées comme la mort du soldat de Capra pendant la guerre civile espagnole de 1936).


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Nicola D 
Date:   30-03-2005 14:16

"les photographes qui pensent sans en être conscients "

"Un photo reporter pense d'une manière instantanée "

...je crois que vous ne comprenez pas du tout ce qu'est la pensée, ni ce qu'a voulu dire Baudrillard. La pensée suppose une médiation, une maturation, elle implique aussi la conscience et le fait d'être conscient (cf le cogito).

Gérard, depuis que je vous lis j'ai déceler chez vous une grande aversion à l'encontre des philosophes en général......plutôt que de leur vomir dessus de façon compulsive en rabaissant leur pensée en dessous de la vôtre, vous feriez mieux de vous avouez à vous même les raisons d'une telle résistance allergique.

Si leur pensée vous est imperméable, eh bien......allez-y à coup de burin et ne vous découragez pas.

" Essayez d'appliquer un instant le sophisme de Baudrillard à votre chambre et à l'objet : rien ne sa passe.
En mettant l'objet à la place du sujet agissant, rien en se passe. L'objet ne sera jamais pas l'agent ; Sinon, la photographie se serait inventée elle-même au paléolithique (le mythe de la caverne chez Platon n'a pas inventé la photographie). "

Quelle interprétation !!!!


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: guillaume p 
Date:   30-03-2005 17:08

Baudrillard semble refuser au photographe toute possibilité de contrôle sur ses images en parlant d'un miracle, chose peu accessible au simple mortel, et remettant à l'objet tout le mérite. (je paraphrase, mais ça m'aide à réfléchir… °_-)

La position de Giacomelli est quelque peu différente. On pourrait, au premier abord, penser à de la modestie. Simpliste. A la différence de Baudrillard, il ne s'en remet pas à une cause extérieure, mais voit, je crois, la fabrication de ses images comme le fruit d'une rencontre. On peut donc supposer que le photographe est en attente, et trouve dans le réel des situations qui répondent à ces attentes.

De là à la position de Rozier, il n'y a qu'un pas, et son attitude est peut être plus proche de celle de Giacomelli que cette dernière ne l'est de l'idée (fausse) que se fait Baudrillard de la photographie.
Giacomelli ponctionne dans le réel en une seule fois, y trouvant de quoi contenter ses attentes, alors que Rozier procède (entre autres) par échantillonage et recompose une réalité comme il lui convient. Evidemment, les images composites de Rozier sont bien loin de Giacomelli, mais lorsqu'il parle, dans l'article, d'images auxquelles (si j'ai bien compris) il ne fait que soustraire certains éléments, je ne peux m'empêcher de penser à la manière qu'avait Giacomelli de soustraire par le renforcement du contraste tantôt un fond, un sol… exemple de la ronde de séminaristes en vue plongeante. Peut être que s'il avait connu les possibilités du traitement informatique, il aurait détouré ses personnages !
Quoi qu'il en soit, les deux sont des photographes portant une vision, au contraire de Baudrillard qui refuse cette possibilité. Est-ce la pensée d'un photographe raté ?


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Xavier R 
Date:   30-03-2005 18:54

Comme tous les précédentes la phrase du mois n'est pas une mais multiple.
La première sert de repoussoir elle est souvent l'oeuvre d'un non photographe, plutôt sociologue ou philosophe, sur lequel se déverse toute la bile anti intellectuelle de certains.
les suivantes sont de photographes, qui attirent sympathie, compréhension, éloges.
Je trouve le procédé plutôt malsain.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: robert colognoli 
Date:   30-03-2005 20:44

Monsieur Xavier R,
Plusieurs points de vues parce qu'il me semble intéressant de faire répondre les idées de personnes qui ne savaient peut-être pas ce qu'avait dit l'autre.
N'allez pas croire que j'écris trois citations pour montrer que je les ai lues.
Il est plus facile de choisir une seule citation. Moins de travail de mémoire pour faire coller des morceaux qu'on n'a pas rencontrés au même moment.
Il n'y a aucune mauvaise intention de ma part.
Vous me prêtez des intentions malsaines de manipulateur que je n'avais pas imaginées?
On m'a fait le même reproche le mois dernier; je vous répond la même chose: je ne jette pas un os par terre pour voir un combat.
Le plus souvent, en lisant la discussion, je comprends des choses qui m'étaient complètement étrangères au départ.
Le but est que chacun amène sa pierre, pas plus.
Enfin, si ça ne vous convient pas, passez votre chemin, économisez votre temps et votre clavier d'ordinateur!
RC.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: jb 
Date:   30-03-2005 21:27

Comme surprenante est votre mise en opposition de l'intellectuel et du photographe.
Depuis quand ne pourrait-on pas être l'un et l'autre ? Le sujet n'est pas du tout là, encore moins dans l'anti-intellectualisme. Qu'est-ce que l'intellect si ce n'est d'emettre un avis personnel, et pour certains, sur ce forum - dont je les remercie - de les étayer de multiples références qui donnent envie d'aller voir plus loin et surtout de s'interroger et encore mieux quand cela nous permet d'évoluer ?
Pour ce qui vous concerne, Xavier, il me semble vous avoir lu sur ce fil vous moquant de ces phrases du mois. "Déjà! Je rassemble mes aphorismes, j'affûte mon style lourdingue, j'étudie mes référents politiques et......".
Pour le coup l'anti-intellectuel...

Pour ma part, je trouve étonnant qu'un intellectuel dise ne pas penser ses photos et même aimer photographier pour cela. Je n'ai sûrement pas compris ce qu'a voulu dire Baudrillard , alors si Nicolas pouvait m'éclairer, cela nous serait profitable à tous.
Merci d'avance.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: jean-francois Rauzier 
Date:   30-03-2005 22:50

Merci de m'avoir invité à répondre sur ce forum que je découvre. Mais c'est d'un haut niveau tout cela!
Beaucoup de monde a déja donné des réponses trés interressantes ( jb, henri peyre, pierre movila etc...
Je serais plus consensuel que cela. Mes propos vous semblent s'opposer à ceux de Baudrillard et Giacomelli.
Pas tant que cela... Effectivement, j'ai différencié au début de ma conférence les 2 grandes voies de la photo: le reportage et la photo composé ( de studio). Je suis photographe de studio et ai l'habitude de maitriser le plus possible le sujet, loin d'un geste reflexe miraculeux pendant lequel je capte ce que l'objet veut bien me montrer, l'image est le fruit d'une relativement longue élaboration, donc assez pensée. Mais j'ai bien précisé que la part de HASARD est trés importante, caractéristique de la photographie. Sous la photo "pont Gabriel", je vous souligne que :"Le quai était dans l'obscurité totale et j'ai travaillé à l'aveuglette. De nombreux détails me sont apparus après coup; magie du résultat, importance du hasard… ". Bien sûr, c'est le sujet qui projette son image et je le vois à travers les prismes de l'éclairage, l'air, mon oeil, l'appareil photographique mais je capte ce qui m'interresse: j'ai des surprises grace au hasard, souvent bienvenues, mais j'élimine les mauvaises surprises ( a mes yeux...). J'aime dans la photo sa capacité a saisir parfaitement le réel avec ses défauts ("pour qu'on croit au réel il faut qu'il soit un peu ébréché" vous a répondu henri Peyre), mais j'aime dans la technique numérique la possibilité de moins le subir, plus le controler pour exprimer au plus près mon univers onirique.
Le paysage que je photographie, je ne l'ai pas inventé, c'est lui qui s'est imposé à moi, mais c'est un medium que je remodèle.
Je disais aussi dans mon texte que 10 photographes feront 10 photographies totalement différentes sur le même sujet imposé ( j'en ai vraiment fait l'experience à l'école et dans de nombreuses compétitions professionnelles), c'est bien que leur part d'interprétation est importante et que le sujet ne fait pas tout!


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: guillaume p 
Date:   31-03-2005 09:08

(Désolé d'avoir écorché votre nom…)

Il manque à Baudrillard cette perception du rapport qui lie le photographe au sujet. Effectivement, souvent l'image s'impose. Je crois que cela se produit quand le sujet, la scène observée, la situation, … porte en lui/elle une réponse à une des multiples interrogations qui nous parcourent. D'autres diraient qu'il s'agit de la découverte d'une image pré-visualisée… cela est aussi possible. Tout comme vous dites en quelque sorte réaliser, ou du moins mettre en image des rêves.
Quelle que soit l'approche, il y a cette constante qui est que la photographie n'est pas un miroir du monde, mais avant tout un miroir de l'âme de celui qui la fait.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: pscl 
Date:   31-03-2005 10:02

Bonjour,
Jean-François Rauzier, j'étais justement en train de me demander s'il restait une part de hasard dans vos travaux, vous avez répondu, merci.
Michel Tournier parle dans le Crépuscule des masques je crois, du fait "d'inventer" une photographie au sens juridique du terme. Inventer un trésor, mettre à jour quelque chose qui existe déjà, sans pour autant le créer de toutes pièces. J'aime bien la formule.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Gérard F. 
Date:   31-03-2005 10:08

Je cite ce qui me paraît la meilleure critique de la vision de Baudrillard sur la photographie :

"
Je ne sais pas si Baudrillard a souffert de penser, mais il n'était pas en tous cas inutile que Nietzsche se tape un "gai savoir" !
Pas inutile mais, pas suffisant ! Il faudrait en remettre une couche de temps en temps !

Baudrillard comme allié encombrant de la photo, c'est marrant et frais ;-))

"


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: guillaume p 
Date:   31-03-2005 10:58

Anecdotique, mais à rapprocher de cette idée de jouer du faux…
Au cinéma, les bruitages les plus crédibles ne sont pas les prises de son 'exactes', mais bien des sons 'faux', fabriqués avec des moyens souvent très éloignés du phénomène à 'illustrer'.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Xavier R 
Date:   31-03-2005 14:11

Jb
ma premiere intervention c'était une réponse humoristique aux critiques qu'on m'a adressées le mois dernier.
Monsieur Robert Colognoli, puisque vous me donnez du monsieur.
Vous êtes sur internet vous vous y exprimez comme moi et comme moi vous devez en accepter le fonctionnement,je l'accepte et ne passerai pas mon chemin, du temps j'en ai à revendre, je le gaspille comme il me plait, mon clavier va très bien merci.
Je ne critique pas l' homme mais la méthode qui ouvre des portes pour certains intervenants.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Nicola D 
Date:   31-03-2005 15:31

"Pour ma part, je trouve étonnant qu'un intellectuel dise ne pas penser ses photos et même aimer photographier pour cela."

Bonjour JB,

Comme l'ont souligné JF Rauzier et Henri Peyre -et personne ne semble l'avoir noté- , il est important d'analyser et de distinguer la "photo de reportage" et la "photo composée".

Dans la première, on serait plus ds l'intuition, le réflexe conditionné et où le hasard et le s"ujet qui s'impose" auraient une part importante. Pour l'autre, on est plus ds le domaine de la maturation intellectuelle où la volonté du photographe légifère sur la représentation de l'objet, c'est pourquoi l'on peut parler de construction.

Ainsi les deux démarches diffèrent quant à leur rapport à l'objet.

Si pour le reportage tout le monde s'entend sur la définition de l'objet qu'en a donné HCB, à savoir l' "instant décisif", il est évident que pour la "photo composée", on est pas du tout ds la même nécessité (ça urge pas.... en gros!!!!).

Or je pense, à moins de le prendre pour un con et d'insulter son intelligence, que Baudrillard fait référence à l' "objet" en tant que "instant décisif". Donc, il s'agit plutôt de réfléchir à ce concept si l' on veut comprendre la mesure des ses propos. Et en y réfléchissant plus avant, il n'y a pas de quoi jouer les vierges effarouchées (je ne parle pas pour vous JB)......;-))

Et l'on peut rapprocher les propos de Giacomelli de ceux de Baudrillard en disant que cette instant décisif nous est donné, il s'impose à nous-mêmes, ses conditions d'apparition ne nous sont pas données longtemps à l'avance, au mieux pouvons-nous l'anticiper, mais la fugacité de son apparition peut nous faire passer à côté......

C'est ce que les sportifs appellent le "timing" ou que les grecs appelaient le "Kairos".

C'est le jeu du chat et de la souris. Quand Baudrillard parle de miracle réflexe ou de magie de l'acte photographique, c'est précisément qu'il en va presque du miracle que cet instant s'invite ds la chambre du photographe. Certes, le photographe de reportage est plus à l'affût, prêt à bondir pour l'enfermer à jamais sur sa pellicule, mais il en va plus de l'intuition, du réflexe et de l'anticipation. Pas le temps de réfléchir.

La façon dont Giacomelli en parle est plus poétique....on sent une sorte de religiosité entre lui et l'objet. Et quand l'oiseau est ds la boite, eh bien pourquoi ne pas parler de miracle !!!

Je comprends que la phrase de Baudrillard puisse choquer dés lors que cette distinction n'est pas explicitée.....toute la faiblesse d'une citation prise hors de son contexte.

Amen.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Caro 
Date:   31-03-2005 15:51

Bonjour,
merci pour ce temps de réflexion sur la photo

" la magie de la photo c'est que c'est l'objet qui fait tout le travail"
Avec un modéle , même s'il y a composition du décors , de la pose,des habits; le modéle apporte sa propre perception de l'histoire évoquée.Peut-être Virginie, Cécilia ou Marie-Laure ou Bastien font-ils plus l'image que moi...

" intimité particuliére avec le réel à un moment donné"
Phrase passionante et bien énoncée ; en effet, un regard , une caresse que je ne retrouverai pas même si le modéle accepte de poser une nouvelle fois.

" se placer à la limite du faux , pour comprendre ce qu'est le vrai"
cela peut être une vision en traitement croisé
Certaines photos sont actuellement en classe de maternelle et les enfants sans norme à cet âge sont trés locaces: feux d'artifice de couleurs, barque fantastique....
l'expérience sera renouvelée l'année prochaine.
Se placer à la limite de l'imaginaire, soit dans les couleurs décalées ou dans une géométrie variable , voir les deux.

enfin la photo comme "refuge pour s'oublier" non mais une passion pour s'ouvrir aux autres et rencontrer des personnalités trés variées: une joie de communiquer à travers les photos.

bonne réflexion et bonne production photographique
Caro


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: jb 
Date:   31-03-2005 22:20

Bonsoir et merci à Nicolas pour ces précisions.
Vous avez raison de souligner combien difficile est la réflexion sur une citation mais au moins elle nous donne l'occasion d'aller plus loin.

A ce sujet, voici un extrait de "Le Xerox Et L'Infinity."
"Dans l'usage de l'appareil photographique, par exemple, ces virtualités ne sont plus celles du sujet qui "réfléchit" le monde selon sa vision, ce sont celles de l'objet qui exploite la virtualité de l'objectif. Dans cette perspective, l'appareil photo est une machine qui altère toute volonté, qui efface toute intentionnalité et ne laisse transparaître que le pur réflexe de prendre des photos. Le regard même est effacé, puisqu'il lui est substitué l'objectif, qui est complice de l'objet, et donc d'un retournement de la vision. C'est cette involution du sujet dans la boite noire, cette dévolution de sa vision à celle, impersonnelle, de l'appareil, qui sont magiques. Dans le miroir, c'est le sujet qui joue son imaginaire. Dans l'objectif, et sur les écrans en général, et à la faveur de toutes les techniques médiatiques et télématiques, c'est l'objet qui se livre "en puissance", dont la virtualité, et non la réalité, s'impose dans l'image."
Il persiste et signe. En tout cas je ne retrouve pas non pous l'idée de photo-reportage.
Je crois que pour en savoir plus, il faudrait regarder du côté de son rapport à l'objet...
Bonne recherche


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: robert colognoli 
Date:   31-03-2005 23:34

Les citations sont, par définition, sorties de leur contexte, mais comment faire autrement, ça n'est que le point de départ d'une discussion.
Moins il y a de balises, plus on peut laisser aller sa pensée!
Libre à chacun de lire l'ouvrage d'où est tirée le citation, j'essaie de donner la référence complète chaque fois.
Je ne pense pas que Jean Baudrillard soit pervers, il a fait des photos, je ne pense pas qu'il "crache dans la soupe".

Pour Monsieur Xavier R, est-ce qu'il vous serait agréable de voir un pluriel quand il y a plus d'une citation proposée?
Si vous pensez que j'utilise un procédé malsain, vous vous trompez tout simplement.
Essayez de contribuer positivement, là, trois interventions pour tirer vers le bas... bon!
RC.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: jean-francois Rauzier 
Date:   31-03-2005 23:36

Tout a fait.
Je suis heureux que vous parliez de michel Tournier.
J'aime énormémént son écriture et j'ai eu l'occasion de le rencontrer ; Je lui ai demandé d'écrire sur mes photographies. Il m'a alors repondu qu'il était romancier. Qu'il fallait que ce soi un poète qui écrive sur des photos. Le roman c'est pour le cinéma, c'est la poésie qui s'accorde à la photographie.
C'est totalement hors sujet, mais vous l' avez évoqué et ces paroles m'ont beaucoup servi...


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Roland 
Date:   01-04-2005 09:56

Baudrillard ne se fait certainement pas une idée plus fausse ou plus juste de la photo que d'autres, que vous ou moi, que les pictorialistes ou le Capra du républicain fauché dans son élan en blanc.
A chacun de poser ses cadres, c'est un régal de les lire...
Aujourd'hui, avec les automatismes et la légèreté du matériel, il n'y a plus de discriminant technique qui permette une sélection entre le bon et le moins bon.
Mais il y a encore et toujours la chance et la patience d'attendre, le hasard qui étonne celui qui s'est rendu disponible, et l'exploitation qu'il saura en faire pour rencontrer le regard de l'autre sur son image. Car c'est celui qui regarde l'image qui fait le sens, celui qu'on espère intéressé, voir admiratif à son égard, soi qui avons "pris" cette image dans notre mécanique à lumière.
Trouver son "style" au regard des autres est une problématique commune et légitime. Ca existe et ça fait exister dans sa famille, avec "sa" femme" et avec "ses" enfants, autrant qu'au bureau ou à l'atelier ou dans les pages de Chasseur d'Images.
Je me régale à lire tous ces points de vue. Quelles belles photos de nos conditions d'existence.
Comment passer la tête à la fenêtre et être reconnu, même si l'on n'est pas connu?
Et bien, voilà, j'utilise la boîte à lumière et en plus je parle (et j'écris). L'essentiel est bien de parler (et d'écrire). L'image y prend son sens. Sans les mots, il n'y a pas d'images, elle n'a aucune présence dans l'émotion ni dans l'intelligence.
Il y a trop d'images partout, c'est de la banalité, de la dilution dans la multitude des spectacles de la "société marcahande" (remarquez combien chacun cherche à se différencier en ressemblant à une image commune, que ce soit dans les marques de vêtement ou dans des 4x4 aussi fonctionnellement inutiles que ridicules).
Continuons à parler et à raconter notre histoire de notre présence dans le monde. Le monde existe-t-il quand on ne le voit pas, et le photographe (et d'autres) sont à la recherche de sa découverte?
Ou bien le monde n'existe-t-il que parce qu'on le regarde (et les photographes (et d'autres) sont ses inventeurs?
Ces questions sont extrèmement importantes. Elles actualisent sans cesse le débat entre Platon et Démocrite.
Je suis heureux que Platon n'ait pas mis à l'oeuvre son projet de brûler Démocrite. Mais je suis particulièrement triste (voir dépressif) que nous ayons perdu le texte ( l'objet?) de Démocrite et tant sacralisé celui de ce Platon si peu libertaire.
Voyez combien la technique des pièges à photons peut enclencher la récurrente confrontation entre les différentes interprétations du monde et du sens de vivre ensemble. Elles sont vieilles comme le monde, mais le sage n'est pas toujours celui que l'histoire à retenu sur le devant de la scène (et de l'objectif).


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Nicola D 
Date:   01-04-2005 10:22

Tournier, Baudrillard.......houla, je me perds !!! JB pourriez-vous indiquer l'auteur de vos sources?


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: jb 
Date:   01-04-2005 10:48

Bonjour,
Excusez-moi, Nicolas. L'auteur est toujours Baudrillard. J'ai complétement oublié de le préciser.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Gérard F. 
Date:   01-04-2005 14:12

Cher Roland,

je suis trés heureux de trouver sur ce forum hautement résolutoire un confrère de la pensée.
Clairement : quelqu'un qui essaye de penser en sachant qu'il est faillible.

Je rappelle que le dogme de l'infaillibilité pontificale (Pie IX) ne s'applique pas aux photographes et aux philosophes de la photographie.
En toute logique et conformément à la réalité, tous les hommes sont mortels, y compris les évêques de Rome et les pontifes de la photographies.

Je n'ai pas dit penseur professionnel breveté et patenté. Car il semble que les professionnels de la pensée se gourrent parfaitement quand ils pensent photographie.

Ainsi, Platon est une vieille lune outrageusement fardée et enflée ( à prendre à f/11 à I/S ou selon la recette de A. Ansels de 1941 ). A dégonfler d'urgence . A une autre époque on aurait pendu ce salaud totalitaire par les pieds au soleil jusqu'à complet désséchement de pensée ( f/16 à 1/S).
Il faut encore rappeler ce truisme trivial vulgaire et commun : Platon n'a pas inventé la chambre noire.

Cher Roland, de tout coeur et de toute pensée.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Nicola D 
Date:   01-04-2005 14:38

Jb il est évident qu'il ne pense pas aux types (photos composées) de travaux de JF Rauzier.....

"Dans cette perspective, l'appareil photo est une machine qui altère toute volonté, qui efface toute intentionnalité (...) "....cette formule est vraie mais l'idée de la post prod sur photoshop lui échappe !! Tel que l'explique trés clairement M. Rauzier (et bonjour jf rauzier au passage !! ;-)) ) pour l'élaboration de sa photo sur la répétition des vélos sur la route, il n'y a pas ds ce cas dilution de la volonté ds l'appareil photo, car il y a intention de construire une image absolument nette et si pour le contenu ce que dit Baudrillard reste valide, pour la représentation de ce contenu ça ne l'est plus dés lors que M.Rauzier explique qu'il a pris plusieurs photos du même contenu mais en modifiant la profondeur de champ de telle sorte qu'en assemblant les photos, l'image soit parfaitement nette.

Du coup c'est plutôt la volonté de JF Rauzier qui tord le coup aux limitations techniques qu'imposent tout appareil photo à la profondeur de champ. C'est M. Rauzier qui légifère.

"cette dévolution de sa vision à celle, impersonnelle, de l'appareil, qui sont magiques"....n'est plus valide!!!!

;-))


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Nicola D 
Date:   01-04-2005 15:12

Sinon pour répondre à M. Colognoli, il faudrait avoir des précisions sur la définition des concepts de "virtualité", "involution" et "dévolution" qui restent un peu obscurs jetés ainsi ds la mare....Mais je serais plutôt de ceux qui applaudissent vos initiatives Robert, n'y voyant rien de malsain....


Gérard F. vous êtes un sacré personnage (?) !! Je ne vois pas ce que Platon vient faire ici. D'ailleurs je me risquerais à dire que Rolland et vous c'est la face opposée d'une même pièce.....si vous voyez ce que je veux dire.

Cordialement.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: jb 
Date:   01-04-2005 17:47

Roland
j'aime beaucoup ce que vous avez écrit (très bien écrit).


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: jb 
Date:   01-04-2005 17:56

gérard,
Ne crachons pas sur Platon. Ne nous a-t-il pas enseigné que la philosophie est fille d'Etonnement ? Sans cela nous ne serions pas là à partager ces instants à chaque fois que nous voilà étonnés des idées des uns et des autres.
Longue vie à la phrase du mois.
Cordialement


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: albert lemoine 
Date:   05-04-2005 21:30


Bonjour,

J'apprécie beaucoup l'esprit des photographies présentées sur le site.
Un site qui se définit comme celui de "la photographie haute résolution" et
dont on pourrait préciser qu'il est surtout celui de "la photographie
imaginaire". Je pense notamment aux images magiques de Henri Peyre, mais
cela va pour les autres aussi. Pourquoi ?

A partir du moment où on prend le temps de poser son pied quelque part,
qu'on travaille à la chambre ou, parfois comme je le fais au téléphone
portable (ce n'est pas le même pied), on prend forcément le temps d'imaginer
ce que sera l'image future.

On peut donc affirmer qu'il existe aussi une haute résolution de la
photographie imaginaire. N'est-ce pas là l'essentiel... ?

Pour répondre à la question, je retiens juste le début dans le texte de
Baudrillard : "La magie de la photo". Cela suffit amplement. Le reste,
je ne le comprends pas. Peut-être qu'il manque le contexte. Je ne connais
pas de "mauvaises" ou de "très bonnes photos". Et pour "le miracle réflexe
de l'acte photographique", je ne crois pas aux miracles.

Giacomelli est plus cool. Et son lapsus : "ce sont les images qui me
choisissent", a été vivement souligné par Robert qui pose d'ailleurs la
question : "l'autre (Giacomelli) l'a simplement choisi, ou a été choisi ?".
Bien sûr que non, Giacomelli a bien choisi, d'être un photographe. Il nous
fait le phantasme de celui qui est en empathie avec le monde et est choisi
par ce monde pour y faire de belle photographies. Chouette ! Comme le disait
justement un intervenant, si il avait connu l'ordinateur, il aurait détouré
ses personnages.

La phrase de Giacomelli me fait penser à celle de Cortazar : "Je me suis
offert en cadeau d'anniversaire à ma montre".

Je découvre aujourd'hui ce forum et je remercie Jean-François qui me l'a
indiqué. Vos interventions sont d'une grande qualité, je vous remercie
aussi. Je lui avais écrit hier, après avoir lu sa conférence, en lui disant
que j'y trouvais beaucoup d'affinités avec ma propre démarche panoramique.
Et je précisais aussi : Si nos intentions sont semblables, nos images sont
les notres.

Dans la déclaration d'intention de Robert, qui cite Baudrillard,
Giacomelli et J.F Rozier, je sens comme une légère contradiction. Et bien
non, je ne le pense pas. Tout le monde peut s'accorder. Je vais vous donner
un exemple selon mon expérience. A une certaine époque, je ne connaissais
pas l'ordinateur. Je fabriquais des photographies par surimpressions à la
prise de vue. J'assemblais sur la même photographie différentes choses pour
créer un espace imaginaire. Je pouvais très bien impressionner la photo avec
plusieurs surimpressions et finir l'image le lendemain en y surimpressionnant
d'autres choses dans un autre endroit. Mais j'ai vite compris que les
photographies les plus évidentes étaient celles réalisées dans la même séance,
au même endroit. J'appelerais cela l'esprit du lieu. Et à cet esprit là, je m'y
offre volontier.

Amitiés,
albert
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Photographies imaginaires :
http://photo.imaginaire.free.fr/
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 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: robert colognoli 
Date:   05-04-2005 21:59

Les citations ne sont que le point de départ d'une discussion. La magie c'est ça, chacun y projette sa perception. C'est comme un jeu de balle qui rebondit, qui est détournée, qui revient où on ne l'attend pas. Le temps de préparer une réponse, et quelqu'un l'a déjà faite... et nous amène ailleurs.
RC.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Denis Desbleds 
Date:   06-04-2005 01:10

Si je puis me permettre, jb, l'étonnement, c'est d'abord Aristote.


 
 Re: La Phrase du mois - avril 2005.
Auteur: Nicola D 
Date:   06-04-2005 09:04

Denis Aristote est un disciple de Platon, ça veut dire qu'il est né aprés.....l'étonnement est un concept platonicien, vous vous trompez.

Désolé.

Robert arrêtez de vous justifier, la longueur des fils que vous initiez parle pour vous...!

Cordialement.




 
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