Auteur: jb
Date: 29-03-2005 15:39
"Voilà, ces images sont donc très fabriquées, recomposées. Nous sommes loin de l'instantané. Proches de la peinture hyperréaliste, je les ai appelées Hyperphotos. J'ai voulu que cela reste de la photographie, ou du cinéma en arrêt sur image, que l'on y croit : j'ai donc veillé à rester dans la plus grande vraisemblance photographique possible : respect des ombres, des reflets, des défauts de la réalité.
Ces paysages sont souvent très recomposés. Afin d'obtenir ce que je cherchais, je me suis constitué des collections d'arbres, de cieux, de champs, de forêts que j'assemble ensuite..."
La photo que j’aime le plus est une photo pensée, construite. L’auteur a pris une petite chose de rien du tout, une brindille pour préciser, et l’a photographiée de telle manière que cette brindille porte en elle le monde – mon monde, comme je le vois-. Techniquement, elle est irréprochable. Bien entendu, cette qualité technique participe aussi de son intérêt. Sans maîtrise technique, difficile de faire passer l’émotion. Toutefois combien de photos techniquement parfaites mais qui me laissent de marbre. Celles de JF Rauzier me mettent mal à l’aise, au moins elles font naître chez moi un sentiment, trouble peut-être, mais sentiment quand même qui va m'obliger à m'interroger.
N’est-ce pas simplement que les uns choisissent l’objet qui va représenter leur vision du monde, exprimer leur démarche et j’ignore pourquoi mais je les crois plus heureux, plus accomplis car leurs sujets sont pensés, réfléchis. Ils mettent en œuvre.
« La magie de la photo, c’est que c’est l’objet qui fait tout le travail. Les photographes ne l’admettront jamais et soutiendront que toute l’originalité réside dans leur inspiration, dans leur interprétation photographique du monde. C’est ainsi qu’ils font de mauvaises, ou de très bonnes photos, confondant leur vision subjective avec le miracle réflexe de l’acte photographique.» Plus loin
« Quand je photographie, je ne pense pas au sens…Voilà pourquoi la photographie est pour moi un mode d'apparence heureux du monde et ce, quoi que contienne l'image»
A contrario de ceux qui pensent leur œuvre et qui semblent en être heureux, j’ai le sentiment que J Baudrillard n’a pas été heureux de penser. Il semble être allé vers la photographie pour s’éviter de penser. A quoi voulait-il échapper ? Le vide de sens ? Son métier de philosophe ne semble pas l’avoir aidé à donner un sens à sa vie, alors la photographie comme "c’est l’objet qui fait tout le travail", un refuge pour s’oublier ?
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