Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 26-03-2005 10:05
Je pense qu'on va vers ce qu'il y a de plus affreux en termes de faiblesse d'image lorsqu'on insiste absolument pour utiliser un sténopé avec des petits formats de film (ou de silicium, le problème est le même). En comparaison, même le plus affreux appareil à optique en verre paraît être un aigle de Schaffhouse équipé d'un oeil d'aigle d'Oberkochen.
Je le dis sans esprit polémique justement parce que la Journée Mondiale du sténopé s'annonce, journée au cours de laquelle la Franche-Comté par l'intermédiaire du Grand Chef Jean Daubas (que je salue bien bas au passage) sera le centre de l'Europe Sténopiste pendant vingt-quatre heures ;-);-)
(Sans la liberté de blâmer les gars de Moisenay, il n'est point d'éloge flatteur pour ceux de Liesle).
Rendez-vous le 24 Avril 2005
http://www.pinholeday.org/?setlang=fr
Par exemple le meilleur sténopé du monde fabriqué par rayonnement synchrotron au ForschungsZentrum de Karlsruhe dans le laboratoire du Herr Pr. Dr. Schwartzenbergmannweiler, utilisé sur un format 24x36mm (diamètre optimal de 0,2mm pour une distance de travail de 30 mm ; autant avoir un grand angle tant qu'à faire) ne vous donnera jamais plus que 50 kilo-pixels équivalents dans votre image. Pas trop de souci avec le vignettage, si le sténopé est bien conçu, pas de vignettage mécanique mais une décroissance incontournable c'est le cos^4 theta comme la plupart des copains en verre ; mais pour la luminosité c'est du f/150 alors que M. Petzval lui-même montait déjà à f/3,6 en 1840 !! Même l'objectif Chevalier utilisé par Nicéphore Niépce ouvre déjà à f/15 !! Un peu comme le dernier apo ronar de d'Henri Gaud, qui est tout de même plus piqué (mais beaucoup plus lourd) ! ;-);-)
Le moindre appareil d'amateur (pour ne pas dire 'le plus simple appareil' ce qui attirerait immédiatement des plaisanteries déplacées sur un sujet sérieux) ; et je ne dis même pas : appareil des années trente du vingtième siècle, mais le modèle original pour film en bobines de M. George Eastmann lui-même vous en donnera beaucoup plus.
Et pour le prix d'un sténopé de haut de gamme acheté chez un marchand de sténopés, vous aurez trois appareils japonais 24x36 des années 70-80, deux ou trois Holgas (horresco referens), un ou deux Fex 6x9 sur film 620, etc.... l'appareil original de M. Eastmann vous coûtera bien plus cher, étant passé en 'collection' !!!
En conclusion voici ma feuille de route pour descendre à coup sûr dans les profondeurs abyssales de l'anti qualité d'image.
1/ choisir comme film un ekta E3 des années 1960 mais en format minox 8x11 mm ; ou bien récupérer un capteur silicium des années 1970, un modèle de la classe 10 k-pixels ;
2/ choisir comme mode de formation d'image le sténopé ;
3/ s'écarter le plus possible du diamètre de sténopé optimal ; choisir de préférence un trou nettement plus petit que le diamètre optimal, afin de perdre sur les deux tableaux : l'image sera à la fois bien plus sombre et bien plus floue ;
4/ percer de préférence à la pointe d'un Opinel N° 12 le sténopé dans une feuille de carton ondulé de 3 mm d'épaisseur pour que ce soit moins cher et plus solide ; attention aux mains, bien bloquer la virole ; il y très peu de sténopistes au monde capables de descendre en-dessous de 0,2mm à l'opinel sur carton ondulé : lors de la Journée Mondial du 24 Avril, ce sera l'occasion unique de les rencontrer ;
4/ essayer de soigner le moins possible l'étanchéité à la lumière dans l'appareil ; c'est assez délicat, avec un peu d'entraînement on peut y arriver, ce qui a l'avantage de former des images multi-sténopé (c'est créatif) ;
5/ si vous optez pour la photochimie, utilisez de préférence : une chimie périmée, un révélateur bien oxydé, utilisez de préférence une température de bains la plus différente possible des 20°C ; inutile de fixer, comme cela vous économiserez aussi sur le bain éliminateur d'hyposulfite.
Je ne parie surtout pas que vous n'arriverez jamais à faire moins bien, car comme dit le terrifiant diction : le pire n'est jamais sûr
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