Auteur: guillaume p
Date: 31-03-2005 20:52
Il ne s'agit pas de diabolisation de focales, ni de sacralisation d'un procédé. Tu m'agaces avec ta façon de dévaloriser les propos en les déplaçant. Je le dis amicalement, avec la franchise de rigueur. Et je garde le sourire grâce au registre religieux que tu utilises : diable, sacré, inquisition, icône, autel, … (petit, j'ai été enfant de cœur, et on riait beaucoup dans le dos du prêtre… j'ai gardé une sorte de réflexe conditionné…).
Pour faire simple, je n'aime pas le grand angle, et au lieu d'en rester à un avis tranché sans intérêt, je l'argumente, ou du moins, j'essaie… voir plus haut.
Je ne comprends pas les trois niveaux que tu proposes, tout du moins les mots que tu mets dessus ; je mettrai ça sur le dos d'un désaccord sur le sens. Bien sûr, je comprends ça en terme de valeur de plan, comme on dit au cinéma : le plan d'ensemble, le plan rapproché et le gros plan. Peu importe l'exactitude du parralèle, cela permet effectivement une gradation de l'ensemble au détail, ce qui est somme toute une méthode assez 'classique' de représentation de l'architecture (ce qui ne lui enlève aucune valeur… je ne dénigre pas). Méthode que j'utilise au demeurant dans les travaux de commande, quand il s'agit de documenter un édifice. Cela fait aussi partie de la méthode de conception en architecture, où il y a un incessant va-et-vient du général au particulier.
Mais cette approche par les valeurs de plans ne nécessite pas forcément l'utilisation du grand angle. Je peux par exemple penser la représentation d'un édifice en terme de parcours, et en quelque sorte coller au point de vue (physique) d'un piéton qui approcherait l'édifice, en jouant de la distance physique à l'objet… Ce travail est tout à fait faisable avec une seule focale, et c'est d'ailleurs préférable pour une question d'unité de regard. C'est aussi une méthode possible pour penser et concevoir un édifice (penser et représenter sont intimement liés en architecture).
Cette question d'unité du regard me semble très importante parce qu'elle permet de mieux raccorder, pour le lecteur, les divers éléments forcément abstraits ('ôtés de' par la coupe spatiale de la photographie) l'édifice. Dans le cas contraire, soit l'utilisation de focales variées, cette lecture par raccordement est je crois plus difficile, essentiellement pour une question de variation de l'échelle perçue. L'architecture ne pouvant qu'échapper au cadre photographique, il est à mes yeux essentiel, si on veut documenter un édifice, de proposer une représentation qui permette au spectateur de procéder à une synthèse, chose qu'une unité de regard aide.
Mais peut-on pour autant documenter de manière sincère, ou du moins complète l'architecture ?
That is the big question !
Je ne parle pas de relevé photogrammétrique qui est la photographie la plus objective possible en ce sens qu'elle permet d'extraire une qualité physique de l'objet lui-même (ses dimensions). Cette objectivité est celle de la géométrie, seule chose qui accorde tout le monde dans le processus de conception-réalisation d'un édifice. Au passage, les Becher, par l'utilisation de longues focales et d'une certaine distance, arrivent à atteindre à cette pureté géométrique, forcément objective parce que langage de description de l'objet.
En dehors de cela, pas d'objectivité possible. Sur ce point, je crois qu'on est d'accord.
D'autre part, tu ne peux pas condamner ce que tu appelles chez les autres un procédé (appelons le méthode) alors que toi même tu t'appuis sur une méthode pour construire ton travail. C'est abuser !
S'il y a un minimum de pensée en amont de la photographie, cela se traduit par des pré-supposés, un parti pris, ce qui n'exclue pas le risque, le hasard ou la surprise. Pour ma part, et cela correspond à ma vision (pas seulement le sens de la vue), ça passe par l'utilisation de focales normales à longues. Peut être est ce un atavisme, un héritage culturel lié à la représentation de l'architecture dans la peinture…
Voilà aussi pour aujourd'hui…
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