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 Synthèses des archives - 3 : Perception et restitution de l'espace
Auteur: Marc Genevrier 
Date:   30-08-2002 18:38

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des messages déposés sur le forum galerie-photo.org entre juin 2001
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Rapport entre cadrage, perspective et focale standard --- Vincent Ziegler <vincent-ziegler@wanadoo.fr> --- date : 13 juin 2002 10:26:41
Bonjour à tous,
je livre aujourd'hui sur le site une "théorie" que j'ai construite au fil des années d'expérience (j'utilise le vocable "théorie" en toute modestie : je n'ai pas la prétention d'être un théoricien). J'ai exprimé ladite "théorie" dans le cadre d'échanges privés avec certains d'entre vous.
Ma "théorie" est qu'il n'y a pas 1 focale standard, mais 2. Surprenant, non !? Posons les bases du raisonnement :

1) par focale standard, on entend focale capable de restituer la même perspective que celle de l'oeil humain ;
2) par perspective humaine, on entend respect des proportions entre premier-plan et arrière-plan ;
3) on cadre "à l'italienne" (horizontalement) ou "à la française" (verticalement) ;
4) le photographe qui travaille avec une focale standard cherche à exprimer une sensation de sérénité dans la création de ses images, surtout s'il s'agit d'un photographe paysagiste.

Je m'explique (gardez bien présent à l'esprit les 4 points précédents pour suivre le fil du raisonnement) :

Il me semble, avec l'expérience, que c'est le CHAMP VERTICAL de l'image qui a le plus d'importance sur la perspective, et c'est sur ce champ vertical qu'apparaît le mieux la perspective (RESPECT DES PROPORTIONS ENTRE PREMIER-PLAN ET ARRIERE-PLAN). Ainsi, pour en arriver au fait je vais développer sur la base du 24x36 :

* cadrez "à l'italienne", et vous appliquerez Pythagore à un carré de... 24 sur 24 : il vous faudra un 35 mm ;
* cadrez "à la française", et vous appliquerez Pythagore à un carré de... 36 sur 36 : vous utiliserez un 50 mm.

Le champ horizontal de l'image a une moindre importance. Qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dit : je ne dis pas qu'il n'a pas d'importance, mais celle-ci est mineure. Je compare ce champ à votre tête qui pivote lorsque vous admirez un paysage dans sa largeur. Le champ vertical, quant à lui, c'est votre oeil. Pour exemple extrême, prenons le cas d'un appareil panoramique 6x17 (Fuji, Linhof... ) : on nous dit que la focale standard est de 180 mm. Que nenni, messire, que nenni ! La plupart du temps, ces appareils sont utilisés pour cadrer "à l'italienne". Puisque c'est le champ vertical qui compte et qu'on se fout du champ horizontal, la focale standard est de 80 mm (56x56).
"A l'ITALIENNE", la focale standard d'un 6x7 sera de 80 mm, d'un 6x8, de 80 mm, d'un 6x9, de 80 mm, d'un 6x12, de 80 mm, d'un 6x17... En revanche, les focales standards de ces appareils seront différentes pour un cadrage "à la française".

180 mm n'est donc pas la focale standard d'une chambre panoramique 6x17, je ne suis pas d'accord ! C'est du 13x18 recadré !

Amicalement,
Vincent


Re: Rapport entre cadrage, perspective et focale standard --- Marc Genevrier --- date : 13 juin 2002 13:34:47
Bonjour Vincent,
je trouve votre théorie assez séduisante, je crois effectivement que la hauteur de l'image est prépondérante. Mais je me demande tout de même s'il existe une focale "normale". Vous partez en somme du principe que l'oeil voit toujours l'espace et la perspective de la même manière, je n'en suis pas sûr. Pour preuve, si vous avez l'habitude de photographier toujours au grand angle, votre oeil et votre cerveau s'adaptent et vous voyez plus souvent en grand angle. Les petits enfants, au contraire, ont une vision bien plus étroite, c'est plus une vision au téléobjectif. Ne leur demandez pas de saisir une scène de manière globale, ils se concentrent plus sur des détails. Peut-être que la culture joue aussi un rôle. Autre exemple : devant un panorama, on peut choisir à volonté de saisir l'espace dans sa globalité, en s'attachant aux relations entre la terre et le ciel par exemple, ou de scruter l'horizon pour admirer le clocher d'une petite église, au loin.
Par contre, l'oeil a aussi des limites (on ne voit jamais comme avec un fish-eye), et il y a donc peut-être plutôt une plage de focales acceptables, en gros ce dont l'oeil lui-même serait capable.
Pour moi, l'image est un objet autonome qui propose une représentation de l'espace. Pour que cette représentation soit crédible et ne passe pas pour un effet spécial ou exagéré, il faudrait donc qu'elle ne sorte pas des capacités standards de l'oeil. Mais ces capacités sont vastes et cette crédibilité va être fondée sur la focale utilisée, certes, mais aussi sur le rapport hauteur/largeur (le carré est "centripète" et modifie dont la perception de la profondeur), la distance au sujet (la focale normale serait-elle la même pour des objets à l'infini ou pour un gros plan ?), etc.
Cela dit, d'accord avec vous pour briser le mythe de la focale standard !
Marc


Re: Rapport entre cadrage, perspective et focale standard --- E. Bigler --- date : 13 juin 2002 16:26:53
Je ne rentrerai pas dans des considérations esthétiques mais je dirai simplement quelques idées géométriques et techniques qui sont dans un autre monde que le monde esthétique, donc qui ne confirment ni infirment les jugements sur la "normalité" d'un matériel, d'une prise de vue, du rendu d'une image.
1) d'un point de vue donné, il n'y a pour l'oeil qu'une seule perspective. Cette perspective, sur film, en supposant qu'il n'y a pas de forte bascule, sera la même quelle que soit la focale choisie. En cas de forte bascule, on peut discuter, c'est plus compliqué. Maintenant, vous n'enregistrer qu'une partie de toute la perspective qui serait celle d'un sténopé parfait placé là où est votre oeil.
2) Lors de la lecture de l'image, le rendu de perspective n'est identique que si on se place à une distance égale à la focale de départ multipliée par le grandissement du tirage. On n'est pas souvent dans ces conditions. Là intervient la liberté esthétique. Les photos prises avec un très grand angle de chambre donnent l'effet classique de la 'distorsion des sphères' en bord de champ. C'est parce qu'on les regarde de beaucoup trop loin : en collant le nez sur le tirage, à la distance 'perspectivement correcte', ces sphères en bord de champ n'apparaîtraient pas distordues.
3) je ne pense pas qu'on puisse utiliser le champ visuel de l'oeil pour définir une focale normale photographique. L'oeil balaye, il est à la fois télé et grand angle. Télé : l'illusion de la Lune en est l'exemple flagrant ; 1/2 degré d'angle pour cette pleine lune qu'on croirait remplir toute la scène lorsqu'elle se lève à l'horizon. D'où la tricherie obligée en publicité de rajouter une lune prise avec une très longue focale pour la superposer sur une scène prise avec une focale "normale".
Grand angle ; l'oeil est sensible aux mouvements presque sur 180 degrés, mais avec une résolution très faible.
Pour moi ma conjecture est que la notion de focale photographique normale est historiquement liée au triplet de Dennis Taylor, le premier anastigmat photographique (3 lentilles comme le Geronar) ; il couvre en diagonale un peu plus que sa focale. Puis vint le Tessar en 1902 dont l'angle de champ est un peu plus grand mais pas beaucoup plus que le triplet. Un Tessar de 40mm couvrira honnêtement une diagonale de 43mm. En 35 mm, pour la même diagonale, il sera un peu au-delà de sa couverture optimale. En 45 ou 50, il sera parfait. C'est cette formule Tessar qui est pour moi la focale normale car elle a représenté le meilleur rapport qualité/prix/poids pendant un siècle.


Suite : subjectivité et intégration de la culture --- Vincent Ziegler --- date : 13 juin 2002 16:36:03
J'avais oublié le paramètre culturel. Disons cependant que cette approche me convient car elle me permet de choisir au mieux, ou plutôt au moins mal, l'objectif qui me permettra de traduire les sensations de sérénité que j'ai éprouvées en me promenant dans un beau jardin paysagé. Et puisque nous sommes dans la subjectivité, je vais vous relater une anecdote : à une époque où je pratiquais la photographie paysagiste avec un 24x36, j'étais toujours étonné d'avoir des images beaucoup trop claires à mon goût lorsque je me contentais du réglage indiqué par la cellule, et même avec un éclairage plat sur des valeurs correspondant de surcroît à un "gris moyen". Tout à fait par hasard, je tombe un jour sur un article du "Photographe" traitant de ce problème sur les matériels japonais. L'auteur de l'article poursuit et explique que, pour les japonais, une image réussie est, pour nous occidentaux, à la limite du "diaphane".
Tout ceci pour dire que la culture joue un rôle prépondérant pour déterminer ce que nous appelons "focale standard" et que le choix de celle-ci est bien plus complexe qu'une simple histoire de théorème de Pythagore appliqué aux côtés du format.
Amicalement, Vincent


Re: Rapport entre cadrage, perspective et focale standard --- Marc Genevrier --- date : 14 juin 2002 07:22:45
Je crois aussi que les proportions de l'image influencent la perception que nous en avons. Un panoramique horizontal paraît toujours très plat, alors qu'un carré a plus de profondeur, il me semble. C'est sans doute lié à un certain nombre de lignes de force à l'intérieur du cadre, en particulier aux diagonales et à leur inclinaison. Peut-être que l'oeil assimile ces diagonales à des lignes de fuite, comme dans l'exemple classique d'un beau carrelage bien régulier. Avec un format très horizontal, les diagonales sont peu inclinées, ce qui donne un effet de tassement des différents plans dans le sens de la profondeur. Au contraire, un format très vertical espace plus les plans, un peu comme quand on regarde depuis un point d'observation en hauteur, qui permet de détacher les choses dans la profondeur. Bon, ça, c'est un peu ma "théorie" à moi, et elle vaut essentiellement sans bascule et décentrement, comme si on avait un simple sujet centré.
Ensuite, les lignes verticales vont prendre plus ou moins d'importance justement par une sorte d'interaction avec des lignes de force (de fuite) du cadre. Enfin, je crois qu'il y aurait là quelque chose à creuser pour bien comprendre.
Marc


Re: Rapport entre cadrage, perspective et focale standard --- Vincent Ziegler --- date : 14 juin 2002 08:54:20
Voilà, Marc, c'est exactement ainsi que j'ai construit ma réflexion sur le principe de "focale standard" : en regardant les panoramiques de Plisson, je m'ennuyais. L'absence de lignes de forces me dérangeait. Les perspectives étaient compressées et étouffaient "l'ambiance". J'avais désespérément envie d'ouvrir le champ vertical des images. L'été dernier, j'ai longuement discuté avec un architecte paysagiste. C'était à l'occasion d'une visite dans un jardin périgourdin. Le travail des perspectives était d'une telle harmonie, qu'être condamné à ne photographier que des détails devenait frustrant, à la fois pour le photographe et à la fois pour l'architecte. Pour la cohérence de mon raisonnement, je parlais hier de sérénité. C'est bien ce qui se dégage d'un jardin, n'est-ce pas ? Un objectif grand-angle suggère plutôt un aspect "sportif" voire "agressif", avec des premiers plans disproportionnés par rapport aux arrière-plans : ce n'est pas ce qu'il y a de mieux pour traduire l'atmosphère dont je parle. Quant à l'argumentaire d'Emmanuel, il est des plus logique. Mais, raisonnablement, combien de fois dans une existence allons-nous présenter ainsi nos images, ou admirer celles des autres ? Pour ma part, je feuillette plus souvent des éditions d'art dans un fauteuil. Ainsi, ma "théorie" n'est qu'un compromis adapté à mes besoins en photographie paysagiste. Elle ne se veut pas universelle.
Amitiés, Vincent


Re: Rapport entre cadrage... images carrées ou rectangulaire... --- E. Bigler <bigler@ens2m.fr> --- date : 14 juin 2002 08:55:46
Je me hasarde en terrain subjectif. En ce qui concerne la perception qu'on a d'une image carrée ou rectangulaire en diapositive projetée, j'ai remarqué que la diapo carrée qui remplit tout l'écran avec une finesse de grain et une grande luminosité donne une impression de réalité, celle d'"être dans la scène" supérieure à ce que donne le 24x36 qui apparaît plus comme une image à lire (qui peut être de très haute qualité) qu'une représentation la plus fidèle de la réalité.
Je ne suis pas certain que cette impression de "naturel" soit liée au rendu de perspective géométriquement correct ou non. Pour que le rendu de perspective soit "naturel" il faut se placer à une distance égale à la diagonale de l'image si elle a été prise avec une optique de focale égale à la diagonale du format. En général on est un peu plus loin dans les projections familiales. Mais lorsque c'est, disons, une image projetée carrée de 1,2mx1,2m, la diagonale fait 1,70. En se plaçant à cette distance plutôt courte on aura alors vraiment l'impression d'être "dans la scène". Je ne sais pas pourquoi mais je ne ressens pas la même impression d'après 24x36 même en se plaçant à la distance courte de "perspectif correcte" soir la diagonale de l'image projetée si on a enregistré avec (idéalement) un 43 mm (45-50 en fait).


Re: Rapport entre cadrage, perspective et focale standard --- Marc Genevrier --- date : 14 juin 2002 09:35:10
Je précise un peu à propos de la différence entre format horizontal et vertical. Il me semble que, quand l'oeil regarde une image, il y cherche des éléments qui l'aideront à reconstruire ce que j'ai appelé un espace crédible. Généralement, ce sera des lignes, car les surfaces sont plus difficiles à interpréter. Ces lignes pourront alors être assimilées à des lignes de fuite. Si ces lignes n'existent pas, ou si celles qui existent ne sont pas satisfaisantes ou exploitables, l'oeil va essayer de trouver des lignes imaginaires, notamment les diagonales.
Dans la réalité, le mouvement de scrutation de la profondeur de l'espace me semble être un mouvement vertical de l'oeil/de la tête : je regarde à mes pieds et je regarde devant moi des objets de plus en plus lointains. C'est un mouvement de bas en haut. C'est sans doute pour cela que les lignes ascendantes (verticales ou obliques très inclinées) de l'image ont un rôle majeur à jouer dans cette reconstruction de l'espace. A l'inverse, une ligne horizontale correspond au mouvement de la tête de gauche à droite, donc au balayage d'un objet qui peut être situé dans le même plan. C'est donc moins riche.
Ainsi, je crois que l'orientation du format influence la manière dont l'oeil parcourt et lit l'image, la façon dont il y recherche des informations capables de le renseigner sur l'espace qui est représenté. Pour peu qu'elle contienne suffisamment d'éléments pertinents, une image verticale donnera une plus grande impression de profondeur parce que sa lecture reproduit le mouvement naturel de lecture des profondeurs dans la réalité. Par contre, l'horizontale favorise une lecture dans un même plan.
Et le carré ? Il ne privilégie aucune des deux lectures, d'où la très grande impression de liberté qu'il donne. C'est peut-être cette impression qui contribue aussi à cette impression de réel devant une diapo 6x6 : l'oeil ne se sent plus "contraint" à une lecture particulière et fait son choix, comme dans la réalité.
Bon, j'ai conscience que tout ça ne tient pas bien compte de la façon dont l'oeil fonctionne. Et c'est aussi mon point de vue d'homme d'après la Renaissance, qui a déjà vu plein de peintures avec de beaux carrelages quadrillés. Ah, culture, quand tu nous tiens !
Marc


Images carrées ou rectangulaires... --- Vincent Ziegler --- date : 14 juin 2002 10:09:11
Vous êtes à la source même de ma réflexion qui a commencé par la recherche d'un compromis entre la sérénité du naturel et le besoin que j'avais de montrer l'ampleur d'un paysage en recourant au cadrage à la l'italienne. C'est ainsi que je suis parti du carré, remarquant qu'il me procurait une sensation plus proche du naturel quant à la perspective. J'ai appliqué le même raisonnement pour le cadrage à la française qui a - ne le répétez surtout pas ! - ma préférence. Mais c'est, et je le répète, un compromis entre l'objectivité scientifique et la subjectivité. Car, comme je l'explique à Marc, mes images sont faites pour être "feuilletées" dans un bon gros fauteuil avec un bon verre de vin à la main. Cette question de perspective, de naturel et de sérénité me turlupine d'autant que je projette de réaliser un court-métrage paysagiste, quelque chose de très photographique ou pictural, qui privilégierait la composition et l'éclairage. En fait, rien du reportage vidéo classique, mais plutôt des "tableaux animés"..
Bien à vous


Re: Rapport entre cadrage, perspective et focale standard --- Jimmy Péguet --- le 14 juin 2002 10:31:44
Il est toujours intéressant de chercher à voir comment fonctionne l'oeil quand on regarde une image seule, ou mieux encore, une page d'images. Petit jeu auquel je m'amuse très souvent. L'oeil va bien entendu chercher des lignes, des formes et des rapports de lumière, mais il va aussi chercher des éléments familiers et identifiables, qui vont interagir avec ce qui suit : il me semble qu'en premier, il va chercher des éléments vivants proches de lui, des figures humaines. Ensuite, il va s'arrêter sur les figures animales. Encore plus loin, il me semble que ce qui va l'arrêter, ce sont les artefacts humains, et d'abord ceux qui bougent. En dernier, si la page propose des éléments graphiques, il va s'arrêter sur ces éléments, moins immédiatement identifiables, en cherchant à leur associer des formes connues. Tout ceci étant bien entendu modifié par l'habitude et la culture.


Re: Rapport entre cadrage, perspective et focale standard --- MGUIGUE@aol.com --- date : 28 juin 2002 02:07:10
En ce qui concerne l'oeil qui est à la fois télé et grand angle, j'applaudis à deux mains avec la formation scientifique que j'ai suivie. Je suis en effet opticien et titulaire d'un DES en optique physiologique. L'oeil, donc, est un instrument d'optique formidable plein de défauts, possédant plusieurs surfaces asphériques (cornée, cristallin) et une surface sensible sphérique (la rétine). Il a d'autre part -en restant simple- une particularité qui le distingue des pellicules : avoir une “acuité” très différente entre le centre et la périphérie.
Je m'explique avec la petite démonstration suivante qui demande votre collaboration. En lisant ces lignes, vous êtes forcément devant un écran ! Fixez ce dernier mot “écran” et essayez en même temps de voir l'heure qui est en bas à droite. Impossible sans tourner les yeux vers ce point en bas à droite ! (du moins sur mon écran). La notion de “télé-grand angle” de Ziegler peut alors se transformer en “précis-global”.
Une autre petite démonstration : Tendez devant vous vos deux bras avec les mains tendues et fixez un point éloigné comme la poignée de la fenêtre ou le clocher de l'église si vous avez cette chance. Tout en fixant ce point éloigné, écartez les mains en remuant le bout des doigts ; ces derniers restent visibles un bon bout de temps et quand vous ne les percevez plus, observez vos bras qui font pratiquement un angle de 180° ! Où est la focale standard équivalente de l'oeil ?
Sans aller plus loin, toutes les théories que l'on peut avancer sur le 24x36 (à l'italienne, à la française, à la verticale), le 6x6, le 13x18xou autre 6x17 ne sont que des théories avortées d'avance !
Revenons à la démonstration de l'écran d'ordinateur ci-dessus et plaçons nous face à un grand tableau de Maître dans l'une des salles du Musée du Louvre ou tout autre tableau plus modeste et observons -non pas le tableau- les mouvements qu'effectuent nos yeux face au spectacle présenté. Balayages, arrêts sur certains détails, suivi de certaines lignes, retour à certains éléments, ... L'oeil est en effet télé et grand angle à la fois, il n'est jamais télé car ne voit pas plus gros quand il fixe un détail et n'est jamais grand angle non plus au sens où pourrait l'affirmer la pellicule. Je ne parle pas ici du cerveau qui a lui aussi son mot à dire sur le sujet car il est en fait le récepteur et l'interprétateur final de toute cette alchimie visuelle ; c'est lui, en final qui fournit les sensations visuelles, avec son vécu, ses expériences, ses souvenirs, son éducation ; en tenant compte du contexte. Très, très loin des 50mm et des “normes” !
Dans cette histoire de focale, tout le monde a raison ; avec son vécu, ses expériences et son éducation. Ne perdons pas de vue le “ressenti” de l'être humain décideur et pousseur de bouton, de celui qui a envie de faire partager ce ressenti avec l'image finalisée, qu'elle soit sur un mur en 1m de large ou coincée sur 20 cm dans un livre. Partant de là, toutes les théories se trouvent un peu et même beaucoup bousculées ; en particulier la notion de “panoramique”. Certaines photographies dites “panoramiques” ne sont-elles pas prises au 180mm, voire plus ? Ce format, plus large que haut par rapport aux habitudes, est très plaisant et “payant” ; mais n'est pas un panoramique au sens où le Larousse le définit.
M. G.


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