Auteur: Marc Genevrier
Date: 28-02-2003 08:26
Il y a une chose qui va disparaître, c'est tout le symbolisme, presque la mythologie, liés au négatif, à cette étape intermédiaire fragile, qui demande de l'habitude et du savoir-faire pour devenir lisible, et qui nécessite ensuite une nouvelle interprétation. Sinon, je ne vois pas en quoi, sur le principe, le fait que la lumière soit traduite par des grains d'argent ou des bits change quoi que ce soit de fondamental. Analogique ou numérique, c'est toujours un intermédiaire, une interprétation, et la différence entre les deux n'est pas toujours visible sur le tirage final (la différence sera peut-être du même ordre qu'entre un tirage d'après diapo et un tirage d'après négatif).
Les questions qui se posent sont peut-être plus de nature déontologique, sur les manipulations des images. Mais cela fait déjà un moment que les ciels bleus des dépliants touristiques n'ont rien de naturel, que les dents des mannequins sont plus blanches que blanc, etc.
Donc je ne sais pas s'il faut repenser la photographie. Peut-être qu'une des caractéristiques du numérique, c'est d'augmenter l'autonomie (relative) de l'image photo par rapport à la réalité, mais ce n'est qu'un changement d'intensité, et j'y vois l'avantage de mettre fin à une certaine illusion.
Enfin, ce qui est menacé de mourir, est-ce que ce n'est pas plutôt l'image fixe que l'image photo, dans un monde qui ne jure plus que par le mouvement ? Et ça, ce n'est pas lié du tout à la bataille argentique/numérique.
Marc
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