Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 04-03-2005 09:26
Monsieur Siegel,
vous vous compliquez inutilement la vie. Trop de précision finit par nuire à la précision.
il est normal que vous ne trouviez pas les mêmes résultats avec les quatre (?) modes de mesure que vous utilisez, puisque les paramètres de mesure sont à chaque fois différents.
- Mesure spot : vous mesurez en principe sur une zone très étroite, de l'ordre de 1° à 4°. Cette mesure est très précise, mais elle donne un couple diaphragme-lumière pour une infime partie du sujet. Il faut par conséquent appliquer plusieurs mesures spot sur plusieurs zones représentatives du sujet, les intégrer en appliquant une sorte de pondération qui fera ressortir la hiérarchie des lumières que vous voulez voir figurer sur votre cliché final.
- Mesure sur le dépoli : La mesure à la sonde sur le dépoli mesure sur la surface de la sonde. Elle prend en compte le tirage du soufflet, le filtre éventuellement mis en place, (ce qui est une erreur, il vaut mieux mesurer sans le filtre et appliquer le coefficient après) et le dépoli est une zone plus sombre. Donc il faut aussi interpréter la mesure obtenue. Et à mon avis, ce n'est pas parce qu'elle est prise dans les conditions "réelles" (la sonde est censée mesurer ce que verra le film, qu'elle est la plus précise et la plus fidèle. Au contraire. C'est pourquoi je crois que c'est la moins pratiquée, mais certains pourront me contredire.
- Mesure réfléchie : vous ne dites pas quel est l'angle de mesure, mais mettons 30°. Par rapport à une mesure spot de 1°, vous n'aurez jamais la même mesure avec une zone analysée de 30°. Si vous intégrez plusieurs mesures de 1°, vous vous approcherez peut-être de la mesure unique réfléchie.
- Mesure incidente : la mesure avec la sphère d'intégration prend en compte non pas la lumière reflétée par le sujet, mais la lumière qu'il reçoit, donc des éléments différents des autres modes de mesure. Elle est également très précise, et quand vous pouvez vous approcher suffisamment près du sujet, je mettrais cette méthode en second derrière la mesure spot.
Alors, aucun des quatre modes de mesure n'est faux, et chacun peut trouver en fonction de ses pratiques des avantages à tel mode sur tel autre.
Les systèmes de mesure avec un posemètre sont conçus au départ pour vous donner toujours la valeur d'une zone de gris neutre à 18%. A vous ensuite de savoir l'interpréter.
Simplement, vous ne partez pas avec les mêmes critères d'analyse au départ, la même surface à analyser. C'est pourquoi vous ne trouvez jamais le même résultat à l'arrivée.
Et vous compliquez réellement ce qui peut être simple.
Bien qu'elle soit la seule à prendre en compte des paramètres comme le tirage du soufflet, la mesure à la sonde est à mon avis la moins bonne des quatre. Elle est probablement plus valable en studio qu'en extérieur, mais il y a une procédure d'apprentissage et donc de "calibrage" de la sonde qui n'a peut-être pas été effectuée.
A mon avis, le plus précis et le meilleur mode est la mesure spot, avec une lecture sur plusieurs zones du sujet à photographier, donc multi-spot.
Il vous permet de donner à chaque zone qui vous intéresse une sorte de "coefficient de pondération" qui traduit l'importance que vous voulez lui donner sur la photo.
La mesure spot suppose une réflexion préalable sur la manière dont vous voulez traiter le sujet, une prévisualisation des différentes valeurs sur l'image finale, et une analyse pour voir comment vous voulez que ces différentes lumières soient traduites sur votre cliché.
Je dirais qu'en théorie, si vous pouviez pondérer virtuellement chacune des quatre mesures en tenant compte de ses valeurs réelles et de ses paramètres spécifiques, vous devriez finir par trouver une mesure identique.
Mais c'est un travail inutile. Il vaut mieux choisir une seule mesure, pour ma part je suggèrerais la mesure spot, et bien apprendre à la maîtriser plutot que de vous disperser, probablement par peur de ne jamais obtenir la bonne mesure.
L'important n'est jamais d'obtenir un couple diaphragme-lumière donc un indice de lumination, mais de savoir l'interpréter pour le retraduire sur votre cliché en vue d'obtenir le résultat que vous avez décidé d'obtenir. La mesure de la lumière est une action volontariste, par laquelle vous traduirez votre perception personnelle du sujet.
Je ne sais pas si j'ai été clair. Ce n'est pas de la technique que je voudrais faire passer, c'est presque de la philosophie.
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