Auteur: Nicolas Marailhac
Date: 03-03-2005 10:06
Bonjour,
J'ai eu une surprise ce matin en lisant le message de Xavier; désolé si c'est lourd, mais je le reprends en bloc.
La représentation réel du réel est une volonté bourgeoise qui se méfie de l'imaginaire créatif comme de la peste.
Ah bon, et la belle époque du réalisme socialiste? Ou bien, moi qui travaille un peu avec des auteurs venant de Chine, vous croyez que c'est une espèce de bourgeoisie qui se méfie de leur imaginaire?
On ne peut comparer la photographie avec la peinture ou tout autre moyen créatif.
Non bien sûr, mais si on adopte le point de vue de l'historien d'art, on peut établir des parallèles entre les évolutions des pratiques, les uns inspirant les autres qui cherchent à se démarquer d'encore autres auteurs, etc. Et en allant plus loin, on peut considérer que la photographie a été comme une recherche de progrès positif de la pratique du dessin, avant de parler de peinture.
La peinture bien avant l'abstraction ne montrait pas la réalité, dire que la photographie a conduit la peinture vers l'abstraction et une erreur puisque toutes les oeuvres commandées par l'église sont pures abstractions.
Merci de nous rappeler le premier argument, quant aux commandes de l'Eglise (je prends le soin d'utiliser la majuscule conventionnelle), non ce ne sont pas des œuvres abstraites. Peut-être pensez-vous qu'elles le sont car elles mettent en images des faits, des gestes ou des personnages qui ne sont pas tous historiques, pas tous réels en tant que faits avérés. Mais ce n'est pas cela l'abstraction en histoire de l'art, l'abstraction c'est une démarche (sur soi) visant à se démarquer du monde visible autant qu'un travail de recherche sur l'outil, la matière même, utilisé pour une pratique donnée. On dira souvent que l'abstraction ne cherche pas à imiter le naturel, le visible. Or les commandes religieuses ne rentrent pas dans ce cadre, elles donnent les habits du vraisemblable à des choses imag(in)ées quand elles ne dépeignent pas, plus ou moins fidèlement (au sens de 'plus ou moins en accord avec une doctrine ou une culture'), des faits, des gestes ou des personnages.
La photo concurrence la peinture non pas artistiquement mais commercialement quand il s'agit de tirer le portrait des dominants.
?? Je ne comprends pas, quel sens donnez-vous à cette phrase? Vous semblez dire que pour faire unportrait, il est désormais plus intéressant commercialement de le faire par la photographie, c'est ça?
L'abstraction en peinture vient (on le dit) de Kandinski suite a une erreur de manipulation d'une de ses toiles.
J'aimerais bien avoir vos sources! Que le parcours de certains créateurs ait été infléchi par certaines erreurs ou certaines surprises, voire certaines bêtises (comme celles de Cambrai), c'est une chose, ç'a pu arriver; mais il ne faut pas oublier que le plus important, ce qui les démarquent, c'est que cet événement fortuit a été interprété, compris, assimilé, synthétisé ou je ne sais quoi.
Franchement, ce genre d'affirmation légère, surtout dans le cas de cet auteur pour qui tout ce qui est extérieur peut devenir intérieur, qui a publié (et donc un minimum intellectualisé son travail) Du spirituel dans l'art et Point, ligne, surface au moins… Ce genre d'affirmation donc, ce serait comme réduire la découverte de la théorie de la gravitation universelle à une simple pomme en chute libre: ce n'est qu'un prétexte, et encore, dans le cadre de la fable que l'on se plaît à colporter.
A partir de l'impressionnisme les différents pouvoirs ne contrôle plus les peintres qui deviennent libres de même pour les fauves, les expressionnistes, surréalistes, cubistes ect . Jusqu'au Pop Art qui comme par hasard nous montre reproduit mécaniquement des boîtes de soupes et des portraits de stars et l'on nous dit : voila la subvertion!
Le pop art est le seul mouvement controlé du début à la fin par le pouvoir.Pure manipulation médiatique, la première depuis l'impressionnisme.
Aucun artiste du pop art n'est mort pauvre.
Je dirais plutôt qu'aucun artiste du PopArt n'est mort vivant, ça c'est sûr. :-)
Quant au reste, de la liberté des uns et du contrôle des autres, ça me fait un peu sourire: en réalité, je trouve que d'une part ça manque d'arguments, d'autres part c'est tellement gros qu'il n'y a rien à rétorquer. Le seul exemple qui me vienne à l'esprit pour vous contredire, mais je le pense suffisant, c'est que même les impressionnistes ont eu besoin du secours d'une forme de pouvoir, celui de la critique (celle qui lui a été favorable tout autant que celle qui a pu s'y opposer: toute opposition est une légitimation par l'absurde), pour exister.
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