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 La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: robert colognoli 
Date:   27-02-2005 21:56

Merci à tous ceux qui ont apporté un commentaire le mois dernier.

Ce mois-ci,

Susan Sontag.
La photographie. Titre original – On photography.
Traduit de l’américain par Gérard-henri Durand et Guy Durand.
Editions du Seuil - 1979.
ISBN 2-02-005235-0
Recueil d’essais sur la photographie publié en 1977.

« Prendre un cliché, c’est participer à la vulnérabilité, à la nature instable et mortelle d’un être ou d’une chose. En découpant dans le vif et en gelant l’instant qui passe, chaque photographe porte témoignage de la fuite impitoyable du temps ».


Et ici, une anecdote rapportée par Tonino Guerra dans le livre « Andreï Tarkovski – Lumière Instantanée ».
Andreï Tarkovski – Lumière instantanée.
Editions Philippe Rey – Paris – octobre 2004.
Préface de Dominique Fernandez et textes de Tonino Guerra et Giovanni Chiaramonte.
ISBN 2-84876-015-X
Jimmy Péguet nous avait présenté ce livre en décembre 2004, je reprends ses mots.
« Un bien joli petit livre de photographies d'Andreï Tarkovski "Lumière instantanée". Petits polaroid couleur de repérages de tournages ou déjà de souvenirs, photos de Russie d'abord et plus tard de l'Italie d'adoption, lumières dorées, lumières fragiles, portraits du chat, jeu des enfants avec le chien, rais de lumière sur la table, bouleaux de la maison en Russie, chambres ou statues d'Italie, des ruines et du bordel parfois, quelques jolies citations... ».

« Lorsque je me suis marié à Moscou en 1977, Tarkovski avait à la main un appareil photo Polaroid et se déplaçait joyeusement avec sa nouvelle découverte. Antonioni et lui étaient mes témoins et, selon l’usage de l’époque, c’est à eux qu’il revenait de choisir la mélodie que le petit orchestre devait jouer au moment de la signature. Ils choisirent Le Danube Bleu.
Antonioni utilisait lui aussi beaucoup le Polaroid à cette époque ; je me souviens que, lors de repérages en Ouzbékistan pour un film qui n’a finalement pas été tourné, il voulut offrir à trois vieillards musulmans une photographie qui les concernait. Après un coup d’œil rapide, le plus âgé rendit l’image au metteur en scène en lui disant : « Pourquoi arrêter le temps ? »
Ce renoncement extraordinaire nous laissa tellement stupéfaits, que nous ne sûmes quoi répondre. »


Des hommes d’images cloués sur place par la réponse spontanée de ce vieillard qui pour lui-même avait fait le tour de la question !
Robert Colognoli.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Michel Guigue 
Date:   27-02-2005 22:15

Bonsoir,

J'étais devant et apparemment 'attaque' en premier ; 'intervient' serait plus juste sur ce forum amical.

« Pourquoi arrêter le temps ? »

Ce vieillard musulman a bien raison.

Chaque photographie que je fais, comme vous, fige un instant. Ce qui reste de cette image fait partie du passé dès la vue suivante enclanchée.

Demain est pour moi plus intéressant.
M.G.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: henri peyre 
Date:   28-02-2005 07:11

Il est intéressant de mettre en perspective le moyen d'expression "photographie" avec les autres moyens d'expression artistique.
Evidemment la photographie a sa propre matière, plutôt plus pauvre que la peinture, si bien qu'on n'a pas l'habitude de compter cet aspect en sa faveur.
Par ailleurs la photographie semble être avec le cinéma un médium de "réalité". Preuve en est qu'elle semble historiquement avoir obligé la peinture à l'abstraction.
Ensuite, contre le cinéma et avec la peinture, elle arrête le temps.
Pas comme le cinéma et la musique, elle est totalement muette.
Elle prétend par nature à l'immédiateté du déclenchement, contre le labeur de la peinture, de la sculpture, de la gravure, contre les machines du théâtre...

Comme elle capte ainsi du réel, très vite, mais de façon arrêtée et silencieuse, elle semble être plus du domaine de la trace. Représentant un objet réel, mais un objet gravement tronqué, elle
- témoigne ainsi de l'existence d'une réalité
- nous la livre coupée à la hache
- nous permet de creuser effroyablement dans notre propre durée de vivant un temps infiniment arrêté, nous donnant un nouveau pouvoir, celui de nous promener dans l'instant et d'y repérer scrupuleusement tous les détails que le mouvement aurait effacés.

Autrement dit elle pourrait bien nous donner par sa nature un pouvoir qui relève de l'autopsie. Méthode normalement appliquée aux morts.

AInsi « Prendre un cliché, c’est participer à la vulnérabilité, à la nature instable et mortelle d’un être ou d’une chose. En découpant dans le vif et en gelant l’instant qui passe, chaque photographe porte témoignage de la fuite impitoyable du temps ».


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: jb 
Date:   28-02-2005 09:30

« Pourquoi arrêter le temps ? »
Question d’un vieillard plein de sagesse ou question d’un homme résigné ?. Question magnifique quoiqu’il en soit, comme toutes les questions qui nous incitent à réfléchir.
D’ailleurs mon désir est-il d’arrêter le temps ? N’est-il pas plutôt de fixer l’instant, mais pas n’importe quel instant. Un instant que je ne veux pas oublier, que je veux graver profondément en moi, pour me souvenir simplement parce que ma mémoire me fait tellement défaut. Lorsque je regarde une photographie, le moment précis me revient en mémoire et le contexte qui l’entoure aussi. Sans elle, ce moment aurait été probablement oublié. Je ne la regarde pas en me disant « j’ai arrêté le temps » mais plutôt « Tiens, je l’avais oublié ce moment » et le film se déroule dans ma tête, instant toujours heureux.
Une photo, juste une manière de multiplier le bonheur de l’instant.

Merci Monsieur Colognoli


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: fabian da costa 
Date:   28-02-2005 10:40

et la photographie comme métaphore (Minor White ) , comme "équivalent" (Stieglitz), ne nous offre-t-elle pas une échappée ,ne peut-elle nous ouvrir une porte sur la dimension symbolique du réel ?


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: guillaume p 
Date:   28-02-2005 12:57

Pourquoi voudrait on toujours que la photographie arrête le temps ? Qu'elle arrête le mouvement est-il aussi certain ?

Cette idée n'est elle pas valable uniquement dans un rapport très particulier au temps, quand le désir est de saisir le mouvement à son point culminant, point remarquable que la photographie transforme en événement ? L'instant décisif. Fraction de temps dont la singularité tient au fait qu'il n'a jamais eu lieu et ne se reproduira peut être pas…
Ou encore quand le désir est de garder la trace ? Trace d'une chose menacée par le temps, synonyme de changement.

Dans cette optique, la photographie serait une machine à produire du passé, de l'histoire. C'est sa capacité à garder la trace qui est ici en jeu… La photographie relate ainsi des faits ou un état des choses qui immédiatement nous amène à mesurer, en temps, la distane qui nous sépare de ces choses ou faits.

Mais la photogaphie peut aussi, comme la peinture, échapper au temps terrestre, ou du moins produire son propre temps par la production d'espace.
Ici, le rapport au temps est tout autre, et ce temps peut se placer devant soi, en projection, simplement parce que l'espace, c'est du temps à venir.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: bim 
Date:   28-02-2005 15:29

Pourquoi arrêter le temps? La formule est très belle en effet.

Mais il ne faut pas oublier que dans l'Islam la représentation de l'être humain est proscrite, et le vieillard Ouzbek a peut-être voulu dire avec élégance "cela nous éloigne des vraies valeurs, qui sont essentiellement humanistes et abstraites"?


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   28-02-2005 15:30

" pourquoi arrêter le temps? "

Mais le photographe n'arrête pas le temps.....il ne fait que figer la durée individisible, irréversible et inéxorable du temps qui passe entre une coordonnée et une autre que l'on pourrait appeler "click" et "clack".

Même si pour l'oeil, à vitesse d'obturation trés rapide, la durée entre click et clack est imperceptible, donnant l'impression que le temps s'arrête, cette impression est une illusion, car entre click et clack, il y aura toujours une certaine durée.

Pourquoi dit-on "arrêter" bien que nous pouvons observer la trace du mouvement d'une personne qui bouge lors d'une pause longue? Pourquoi, alors que la photo n'exprime toujours qu'une durée relative déterminée par nos deux compères click et clack?

Pourtant, à l'instar du cinéma, la photo ne re-présente pas une certaine durée en mouvement, bien qu'entre click et clack, il peut y avoir et, même, il doit y avoir du mouvement.

Qu'est-ce qui est véritablement figé ds une photo? Est-ce le temps ou le mouvement? Difficile d'envisager l'un sans l'autre et vice et versa......et difficile de nier qu'elle fige le temps car la photo est l'expression même d'un certaine épaisseur du temps (entre click et clack) et difficile de nier qu'elle fige le mouvement (pause longue et personne qui se meut > trace du mouvement).

Pourtant si nous voyons la trace du mouvement, cette perception est d'ordre spatiale. En effet, il est impossible de voir le mouvement durer, mais nous déduisons de la trace du mouvement sur l'espace de la pellicule une certaine durée (du mouvement).

En somme, la photo exprimerait paradoxalement une certaine durée qui ne dure pas.
Elle ne figerait pas le temps ni le mouvement. Elle figerait la durée (relative entre le "bonjour" de Click et le "au revoir" de Clack). Mais elle ne la néantise pas, elle l'exprime par les propriétés de l'espace (les fameuses traces de mouvement en pause longue....et même si l'oeil ne le perçoit pas qd la vitesse est rapide, cela reste vrai).

"elle semble être plus du domaine de la trace" dit Henry.......j'aime cette expression !!

Bon, rien de trés nouveau.....peut-être que ma réflexion, c'est comme abattre des portes ouvertes......à défaut de vous intéresser, cela m'aura fait réfléchir.

Désolé ;-)


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   28-02-2005 15:59

Une photographie est un instant volé à l'éternité.

Pendant des siècles, l'homme a été totalement incapable, non pas d'arrêter le temps - nons ne savons toujours pas le faire non plus - mais d'isoler un instant précis et d'en faire quelque chose de différent parce que fixé sur une pellicule.

C'est un bouleversement que de pouvoir dégager de toutes ces secondes celle qu'on aura décidé de voler. Et cette seconde sera différente de toutes celles qui la précèdent et la suivent, parce qu'elle ne disparait pas totalement.

Formidable responsabilité du photographe aussi de décider que c'est cet instant là qu'on choisit, et pas un autre. Pourquoi celui-ci ?


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   28-02-2005 16:08

Jean-Louis,

Je suis d'accord, mais la peinture n'avait-elle pas cette prérogative quand elle était encore figurative?

Sinon trés belle expression "instant volé à l'éternité".......c'est exactement ce que je voulais dire en affirmant "une durée qui ne dure pas".

N.D.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   28-02-2005 16:24

J'avais bien sûr pensé à la peinture. Mais je n'ai pas continué la comparaison, parce que la peinture se décale de l'instant photographique.

Je sais, c'est une question de relativité. Mais entre le moment où un tableau est commencé et le dernier coup de pinceau, il se peut se passer une très longue période.
Le peintre peut abandonner une toile plusieurs mois avant de la reprendre. Alors que dans la photographie, l'attente entre le début et la fin de l'exposition de la pellicule à la lumière est une question de secondes, peut-être de minutes, un peuplus longtemps parfois, mais le décalage est restreint.

Dans la peinture, il y a beaucoup d'influence de la subjectivité du peintre.
Il y a certes aussi une subjectivité dans la photographie, mais elle est très relative. Le cadrage, la durée de la pose, la profondeur de champ, le choix de la pellicule et du format...
Mais en comparaison avec la peinture, c'est très peu de chose, et c'est quand même la photographie qui se rapproche le plus de l'instant.
La photographie n'est-elle pas la seule pratique dans laquelle on parle d'instantané ?


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   28-02-2005 16:34

Différence quant à la procédure, quant rapport à l'objet, mais identité quant à l'objet....


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: guillaume p 
Date:   28-02-2005 17:39

Bien entendu, tout comme elle coupe dans l'espace, la photographie coupe dans le temps, mais, si ce fait est incontournable dans l'acte photographique, il n'est pas aussi sûr que cette coupe temporelle saute systématiquement aux yeux et que l'image dise :
— "regarde,
le temps qui fuit."

Je pense que Henri ne s'offusquera pas si je dis que le discours de la trace, de l'index, du 'ça a été' de l'ami R.B., est un discours qui pèse sur la photographie, la ramenant toujours à ce rapport au temps décrit plus haut : le souvenir de ce qui fût, le passé. Comme si la photographie était toujours appelée à témoigner d'un temps révolu, attachée au réel qu'elle représente.
Je crois au contraire que la photographie permet de se projeter, mais j'arrête là avant de répéter ce que j'ai dit plus haut… ;-)

Quand au cinéma, son rapport au temps est, je crois, d'une toute autre nature…Même si, 24 fois par seconde, il coupe aussi dans le temps, il permet de manipuler le temps à différents niveaux (durée du plan, temps du récit, ellipse, …).


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   28-02-2005 18:07

Quant au cinéma, ce n'est pas si différent que cela, c'est en effet la succession de durées figées qui, enchainées à la vitesse de 24 i/sec, donne l'illusion d'une durée une et indivisible. Mais cela n'est qu'une illusion.

Comme dirait Môssieur nouvelle vague: "la photo c'est la vérité.....le cinéma, c'est 24 fois la vérité par seconde".

Fonction extatique de la photographie...


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Caro 
Date:   28-02-2005 19:21


Merci pour cette phrase mensuelle,

La photographie qui fige un instant sur les êtres ou bien sur le monde urbain ou industriel est une photo témoignage ou reportage .
( trés belles et nécéssaires)

D'autres clichés peuvent apporter une vision personnelle ou imaginative qui n'ont pas d'aspect temporel mais seulement influencé par une culture....
ex Lèvres à lèvres de Man Ray

bonne soirée
Caro


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   01-03-2005 11:23

Robert, merci pour cette magnifique phrase.

"Prendre un cliché, c’est participer à la vulnérabilité, à la nature instable et mortelle d’un être ou d’une chose. En découpant dans le vif et en gelant l’instant qui passe, chaque photographe porte témoignage de la fuite impitoyable du temps."

Eugène Atget aurait particulièrement apprécié, je pense. C'aurait pu être le leitmotiv de son oeuvre.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: henri peyre 
Date:   01-03-2005 21:50

Ce n'est pas le discours de Barthes qui pèse à cet endroit précis. A preuve du contraire ce n'est pas évident de pouvoir photographier "ce qui sera" (si tu as une recette, je prends ;-)). Plus facile de photographier le "c'est "qui devient forcément un "ça a été" pour celui qui a la photo dans les mains. Ce n'est pas là-dessus que Barthes fait du détournement de sens, c'est sur sa volonté de transsubstantation, sur sa volonté catholique de découvrir la matière physique de sa mère dans la photo qu'il contemple.
Là on est dans un délire qui a pas mal pesé.
Pour le "ça a été", ça tient debout.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: guillaume p 
Date:   02-03-2005 09:14

Pour le 'ce qui sera', on pourrait prendre pour exemple les images de synthèse et images composites produites par les architectes dans le but de donner une image de bâtiments futurs… ;-) Il y a aussi des artistes qui produisent des images de synthèse de lieux imaginaires… du 'cela pourrait être'. Voir ici : http://lumas.de/?id=491&artist=5&motiv=115
Tout ça n'est pas de la photographie, mais ça y ressemble de plus en plus !
-_-

Je voulais dire plus haut que l'importance donnée au fait que 'ça a été', autrement dit la supposée preuve que présenterai toute photographie, pèse en tendant à confiner la photographie à ce rôle, donc à l'attacher au réel qu'elle représente, surtout à la singularité de ce qu'elle représente.
De ce fait, une image photographique composée a posteriori à partir d'éléments prélevés au réel est souvent désignée comme mensongère.
Au fond, ceci est très banal…


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   02-03-2005 09:27

En y réfléchissant, cette phrase pourrait aussi s'appliquer à n'importe quel produit de l'industrie horlogère...
Si je regarde ma montre qui marque dix-sept heures, je pourrais aussi penser qu'elle a marqué quinze heures, puis seize etc... de la même manière. Et le constat de la fuite du temps s'applique également.

...Sauf qu'à seize heures quarante deux minutes et vingt secondes, j'ai appuyé sur le déclencheur de mon appareil photographique. Et cela en fait un instant particulier, du moins pour moi.
Les appareils "modernes" avec horodatage figurant sur le cliché seraient ils plus précieux que les autres, puisqu'ils enregistrent également le moment exact où l'image - et donc le temps - a été figée ?


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: jb 
Date:   02-03-2005 17:05

Celui qui ne connaît pas l’avenir ne peut pas comprendre le sens du présent. Si je ne sais pas vers quel avenir le présent me mène, comment puis-je dire si ce présent mérite mon adhésion ?
Prendre une photo à un moment très précis pour l’éterniser, c’est comprendre et accepter que ce moment va disparaître. Il n’y a là rien de morbide ou de pessimiste. Juste la lucidité de l’éphémère et avec ça, une plus grande capacité de profiter pleinement du moment.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: nicolas.R 
Date:   02-03-2005 17:27

« Prendre un cliché, c’est participer à la vulnérabilité, à la nature instable et mortelle d’un être ou d’une chose. En découpant dans le vif et en gelant l’instant qui passe, chaque photographe porte témoignage de la fuite impitoyable du temps ».

Well...?
J'interroge cette vulnérabilité depuis quelques temps. Elle est tout sauf une fausse sensibilité. Et puisque Tarkovsky est évoqué (merci Robert) je renvoie à son film culte (pour moi bien entendu :-)): "Stalker". A un moment du film lorsque les protagonistes font une pause avant "d'affronter" le dernier couloir qui mène à la "Chambre des désirs", une voie "off" disserte en une belle image sur la vulnérabilité mais aussi sur la souplesse d'une pousse tendre et verte, infiniment adaptable malgré sa fragilité et sa fugacité. L'opposition porte ensuite sur la solidité d'un arbre qui finira par mourir, sec, dur, apparemment solide...L'image peut sembler facile, certes, elle n'en est pas moins exacte. Dans ce film les "volontaires" bravent des périls, qui au fur et à mesure qu'ils s'approchent de la Chambre, revêtent des attendus de plus en plus personnels, jusqu'à ce que nos héros soient confrontés aux racines de leur propre être, de leur propre contradictions. Nul d'entre eux ne réussira à affronter ses propres désirs et à entrer dans la Chambre qui naturellement réalise ces désirs. La scène est fabuleuse: la violence de l'un est prête à s'exercer, le doute de l'autre l'anéantit...
Le voyage de retour se fait, laissant le "passeur" désespéré. Désespéré que plus personne n'aille jusqu'au bout de lui-même, soit capable de passer au-delà de ce qui fait sa structure, de ce qui l'a fait...
C'est cette vulnérabilité là qui manque. Elle se révèle lorsque la peur du temps s'est éteinte, laissant l'être hors de lui-même...
Voilà ce que m'évoque cette phrase. La photo comme une possibilité de réduire les valeurs de notre propre identité, comme si elle nous débarassait du souçi d'exister demain, au profit de l'immédiat inconnu ...

Amicalement

Nicolas


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Xavier R 
Date:   02-03-2005 19:59

Sontag a(vait) une vision religieuse de la photo la soi disante lutte contre le temps devient un garde fou de la pulsion de mort véhiculée par les trois religions monothéistes.
De nombreux interdits concernants la représentation photographique mais aussi picturale nous viennent des trois seuls livres possibles.
La représentation réel du réel est une volonté bourgeoise qui se méfie de l'imaginaire créatif comme de la peste.
On ne peut comparer la photographie avec la peinture ou tout autre moyen créatif .
La peinture bien avant l'abstraction ne montrait pas la réalité, dire que la photographie a conduit la peinture vers l'abstraction et une erreur puisque toutes les oeuvres commandées par l'église sont pures abstractions.
La photo concurrence la peinture non pas artistiquement mais commercialement quand il s'agit de tirer le portrait des dominants.
L'abstraction en peinture vient (on le dit) de Kandinski suite a une erreur de manipulation d'une de ses toiles.
A partir de l'impressionnisme les différents pouvoirs ne contrôle plus les peintres qui deviennent libres de même pour les fauves, les expressionnistes, surréalistes, cubistes ect . Jusqu'au Pop Art qui comme par hasard nous montre reproduit mécaniquement des boîtes de soupes et des portraits de stars et l'on nous dit : voila la subvertion!
Le pop art est le seul mouvement controlé du début à la fin par le pouvoir.Pure manipulation médiatique, la première depuis l'impressionnisme.
Aucun artiste du pop art n'est mort pauvre.
Tout ça pour dire que la photographie est mouvement qu'elle ne produit qu'illusions est volonté de son auteur.
Qu elle n'a rien a voir avec le présent le passé et le futur.
Elle est pure fiction elle sort tout droit de la volonté créatrice d'un être humain débarrassé des préjugés sociaux, un être libre enfin.
Tant pis si tout cela fait hurler dans les chaumières.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: jb 
Date:   02-03-2005 20:46

"elle sort tout droit de la volonté créatrice d'un être humain débarrassé des préjugés sociaux, un être libre enfin"
Quelle illusion que se croire débarassé des préjugés sociaux...


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: nicolas.R 
Date:   02-03-2005 21:29

JB,
Pourquoi pas ? :-)
Il faut bien commencer cette entreprise d'auto-libération par un pan de notre vaste microcosme ....
Bonne soirée
Nicolas


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: jb 
Date:   02-03-2005 21:37


Excusez-moi, j'ai fait une mauvaise manip et j'ai tout effacé.
Quelle illusion que se croire débarrassé des préjugés sociaux...Dans tout ce que vous nous écrivez, qu’est-ce qui est préjugé et qu’est ce qui est fait établi ?


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: guillaume p 
Date:   03-03-2005 07:09

Merci Xavier pour cette belle série d'aphorismes ! ;-)

En passant, si on parle d'abstraction en peinture, n'oublions pas Cézanne…
-_-


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   03-03-2005 09:00

" dire que la photographie a conduit la peinture vers l'abstraction et une erreur puisque toutes les oeuvres commandées par l'église sont pures abstractions. "

Je vais peut-être dire une grosse bourde, mais il me semble avoir entendu Cocteau (est-ce bien lui?) reprendre ds une interview cet argument de la bouche de Picasso himself pour expliquer le passage à l'abstraction.

Un ange: l'idée est abstraite, la représentation picturale est figurative (avant le 20è siecle) > un bébé avec des ailes

Votre argument ne tient pas car vous confondez idée et représentation....en vous suivant, on pourrait dire que ce sont les Grecs qui ont inventé l'abstraction avec le centaure......???


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   03-03-2005 09:21

Robert Colognoli,

j'ai une remarque et un petit reproche à vous adresser :
vous mettez depios quelques mois en ligne des phrases, des citations, qui ne laissent personne indifférent. Et elles sont souvent particulièrement bien choisies.

Mon reproche - très amical - est que vous mettez cette citation du mois en ligne, puis vous vous retirez sur la pointe des pieds, nous laissant en débattre.

Le choix de ces phrases n'est pas neutre. Le soin que vous mettez à choisir une citation met en valeur vos connaissances et votre sensibilité. Je pense que vos contributions, vos apports à la discussion seraient très enrichissant.
Après tout, il ne s'agit pas d'une énigme dont vous seul connaitriez la solution.

Question subsidiaire : personnellement, établiriez vous un lien entre les phrases successives, ou les considérez vous indépendantes les unes des autres ?


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: jb 
Date:   03-03-2005 09:34

Monsieur Llech,
J'étais justement en train de me dire les mêmes choses que vous au sujet des phrases de Monsieur Colognoli et j'en profite pour remercier ce dernier de nous donner l'occasion de les lire.


 
 Arrgh!
Auteur: Nicolas Marailhac 
Date:   03-03-2005 10:06

Bonjour,

J'ai eu une surprise ce matin en lisant le message de Xavier; désolé si c'est lourd, mais je le reprends en bloc.

La représentation réel du réel est une volonté bourgeoise qui se méfie de l'imaginaire créatif comme de la peste.
Ah bon, et la belle époque du réalisme socialiste? Ou bien, moi qui travaille un peu avec des auteurs venant de Chine, vous croyez que c'est une espèce de bourgeoisie qui se méfie de leur imaginaire?

On ne peut comparer la photographie avec la peinture ou tout autre moyen créatif.
Non bien sûr, mais si on adopte le point de vue de l'historien d'art, on peut établir des parallèles entre les évolutions des pratiques, les uns inspirant les autres qui cherchent à se démarquer d'encore autres auteurs, etc. Et en allant plus loin, on peut considérer que la photographie a été comme une recherche de progrès positif de la pratique du dessin, avant de parler de peinture.

La peinture bien avant l'abstraction ne montrait pas la réalité, dire que la photographie a conduit la peinture vers l'abstraction et une erreur puisque toutes les oeuvres commandées par l'église sont pures abstractions.
Merci de nous rappeler le premier argument, quant aux commandes de l'Eglise (je prends le soin d'utiliser la majuscule conventionnelle), non ce ne sont pas des œuvres abstraites. Peut-être pensez-vous qu'elles le sont car elles mettent en images des faits, des gestes ou des personnages qui ne sont pas tous historiques, pas tous réels en tant que faits avérés. Mais ce n'est pas cela l'abstraction en histoire de l'art, l'abstraction c'est une démarche (sur soi) visant à se démarquer du monde visible autant qu'un travail de recherche sur l'outil, la matière même, utilisé pour une pratique donnée. On dira souvent que l'abstraction ne cherche pas à imiter le naturel, le visible. Or les commandes religieuses ne rentrent pas dans ce cadre, elles donnent les habits du vraisemblable à des choses imag(in)ées quand elles ne dépeignent pas, plus ou moins fidèlement (au sens de 'plus ou moins en accord avec une doctrine ou une culture'), des faits, des gestes ou des personnages.

La photo concurrence la peinture non pas artistiquement mais commercialement quand il s'agit de tirer le portrait des dominants.
?? Je ne comprends pas, quel sens donnez-vous à cette phrase? Vous semblez dire que pour faire unportrait, il est désormais plus intéressant commercialement de le faire par la photographie, c'est ça?

L'abstraction en peinture vient (on le dit) de Kandinski suite a une erreur de manipulation d'une de ses toiles.
J'aimerais bien avoir vos sources! Que le parcours de certains créateurs ait été infléchi par certaines erreurs ou certaines surprises, voire certaines bêtises (comme celles de Cambrai), c'est une chose, ç'a pu arriver; mais il ne faut pas oublier que le plus important, ce qui les démarquent, c'est que cet événement fortuit a été interprété, compris, assimilé, synthétisé ou je ne sais quoi.
Franchement, ce genre d'affirmation légère, surtout dans le cas de cet auteur pour qui tout ce qui est extérieur peut devenir intérieur, qui a publié (et donc un minimum intellectualisé son travail) Du spirituel dans l'art et Point, ligne, surface au moins… Ce genre d'affirmation donc, ce serait comme réduire la découverte de la théorie de la gravitation universelle à une simple pomme en chute libre: ce n'est qu'un prétexte, et encore, dans le cadre de la fable que l'on se plaît à colporter.

A partir de l'impressionnisme les différents pouvoirs ne contrôle plus les peintres qui deviennent libres de même pour les fauves, les expressionnistes, surréalistes, cubistes ect . Jusqu'au Pop Art qui comme par hasard nous montre reproduit mécaniquement des boîtes de soupes et des portraits de stars et l'on nous dit : voila la subvertion!
Le pop art est le seul mouvement controlé du début à la fin par le pouvoir.Pure manipulation médiatique, la première depuis l'impressionnisme.
Aucun artiste du pop art n'est mort pauvre.

Je dirais plutôt qu'aucun artiste du PopArt n'est mort vivant, ça c'est sûr. :-)
Quant au reste, de la liberté des uns et du contrôle des autres, ça me fait un peu sourire: en réalité, je trouve que d'une part ça manque d'arguments, d'autres part c'est tellement gros qu'il n'y a rien à rétorquer. Le seul exemple qui me vienne à l'esprit pour vous contredire, mais je le pense suffisant, c'est que même les impressionnistes ont eu besoin du secours d'une forme de pouvoir, celui de la critique (celle qui lui a été favorable tout autant que celle qui a pu s'y opposer: toute opposition est une légitimation par l'absurde), pour exister.

N


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   03-03-2005 10:44

Bien exp(l)osé Nicolas....

Nicola.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   03-03-2005 11:03

" l'abstraction c'est une démarche (sur soi) visant à se démarquer du monde visible autant qu'un travail de recherche sur l'outil, la matière même, utilisé pour une pratique donnée. On dira souvent que l'abstraction ne cherche pas à imiter le naturel, le visible "

Oui mais un ange n'est pas un personnage naturel, ni visible > définition à préciser

Pourtant, cela n'est pas de l'abstraction.

L'abstraction est la tentative de représentation de pures formes, objet dont le contenu ne figure pas les objets du monde réel. On pourrait faire une analogie avec les mathématiques.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   03-03-2005 11:15

Xavier,
Vous mettez en branle une analyse au travers de filtres politiques de la peinture et de la photographie, donc partiellement faussée par des présupposés doctrinaux, et une terminologie stéréotypée.

"volonté bourgeoise", "tirer le portrait des dominants", "les différents pouvoirs ne contrôle plus les peintres ", "Le pop art est le seul mouvement controlé du début à la fin par le pouvoir"
Ce langage pseudo-marxisant fonde les rapports entre les peintres, les photographes et le "pouvoir" sur des rapports d'argent et de force que vous voudriez amener à des rapports de classe.

Il est légitime de vouloir analyser la position des photographes et des peintres vis à vis des pouvoirs en place en termes de lutte des classes, mais il faudrait un peu plus de subtilité, un peu moins de lourdeur dans les arguments qui ne sont en l'occurence que des clichés.
Vos arguments n'en sont pas, parce qu'ils sont assénés sans aucun développement, sans la moindre ébauche de démonstration et ils n'ont rien à voir avec une démarche dialectique sincère et honnête.
On frise parfois la caricature anticommuniste, ce qui dessert totalement la volonté initiale qui aurait pu être intéressante.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: robert colognoli 
Date:   03-03-2005 12:28


Jean-louis Llech, je ne prends pas votre remarque comme un petit reproche mais plutôt comme une interrogation.
Cette rubrique "la phrase du mois" me parait intéressante car elle permet de parler d'autre chose que "le plus grand nombre de lamelles de diaphragme d'un objectif"; cette question a été posée et a reçu plus de réponses que toutes celles additionnée dans cette rubrique depuis trois mois!
Les questions techniques sont importantes aussi, et on est très heureux de trouver une réponse quasi instantanée à quelque chose que l'on ne sait pas et pour laquelle c'est la loi du "tout ou rien", d'un coup on est renseigné.
Les réactions aux phrases que je vous propose permettent d'exprimer un avis, une sensibilité, parfois des avis complètement opposés mais de même intérêt.
Mon but n'est surtout pas de jouer le rôle de meneur de débat, d'arbitre... mais simplement de faire réagir pour que tout le monde en profite, moi le premier.
Le mois dernier, j'avais proposé quelques phrases sur l'utilisation du noir et banc ou de la couleur. J'avais présenté la perception de dix photographes, cinq pour le noir et blanc et cinq pour la couleur. Il y avait de quoi discuter. Débat enterré en quelques jours. Je n'ai pas osé relancer pour ne pas avoir l'air de "faire l'article". On m'a même reproché de balancer ça comme ça, qu'il y avait tout et son contraire... il y en avait peut-être trop, effectivement? J'en tiens compte, tout s'apprend!
Très honnêtement quand je peux argumenter je le fais, mais le plus souvent je suis largué par le niveau de certaines interventions sur le plan connaissances et esprit critique. Je n'ai aucune connaissance spéciale en photographie. Souvent je ne peux que me contenter de profiter. La force de ce forum c'est que chacun jette une pierre dans la rivière et à la fin on peut traverser.
Avant de lancer cette rubrique, j'en avais demandé l'autorisation à Henri Peyre. Je ne voudrais pas justement qu'on pense que je profite du forum pour faire un petit sous forum.
Je reprends ici le texte d'introduction du départ en janvier dernier.

Nouvelle rubrique mensuelle sur le forum – "La phrase du mois - janvier 2005".
Au cours de différentes lectures, j’ai relevé quelques phrases, citations, aphorismes… qui m’ont paru intéressants et qui pourraient donner matière à discussion, provoquer des réactions, critiques, ou simplement faire réfléchir sur la photographie.

Je souhaiterais vous présenter chaque mois, un échantillon pioché au hasard dans la boîte.
Chaque mois, un nouveau fil, intitulé «la phrase du mois », sera ouvert au même moment où Henri Peyre publie les nouveaux articles sur le site.
Notre souhait est de déclencher vos commentaires, engager une discussion interactive, alimentée par vos expériences, lectures, qui pourrait se prolonger jusqu’au mois suivant ou une nouveau thème sera proposé.

Je vous demanderais donc de participer activement, à chaud, ou à froid après avoir ressorti un bouquin, retrouvé un article, ce qui demande, bien sûr, un petit effort mais qui laisse toujours quelque chose en retour … ceci pour nous faire profiter de votre propre perception ou de celle d’un auteur qui vous a touché.



Pour la dernière question; il n'y a pas de lien spécial entre chaque proposition. J'ai écrit sur l'ordinateur quelques phrases d'avance (j'espère tenir le rythme) et à la fin du mois, je choisis un peu avec l'air du temps. Le mois dernier j'ai présenté quelque chose sur la couleur parce que ça tombait bien avec quelques expositions en ce moment à Paris et avec le fil de Chung leng sur l'exposition de Stephen shore à l'Hôtel de Sully, que je n'avais pas vue d'ailleurs parce que je suis en province.
J'avais aussi quelque chose sur Richard Avedon et Susan Sontag disparus recemment... donc à venir.

Ne pensez pas que je jette un os par terre pour voir le combat, c'est tout le contraire. D'ailleurs si vous avez de votre coté quelques citations intéressantes, je suis preneur, je ne fonctionne qu'avec ce que j'ai lu et c'est peu!
Pour terminer, j'apprends tellement sur ce site et ce forum que ma contribution n'a pour seul but que d'aller dans le même sens.
RC.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: guillaume p 
Date:   03-03-2005 12:36

Robert, attention !
Si chacun jette une pierre dans la rivière, certes, on fera un pont, mais aussi un barrage !
-_-

Vous dites craindre de 'faire l'article' en faisant remonter le fil… Mais pourquoi pas, puisque vous lancez ces discussions, proposer des synthèses partielles de ce qui vous semble intéressant, pour faire avancer le shimili… shlimi… shilimi… vous voyez quoi !


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Denis 
Date:   03-03-2005 14:01

Bienheureux celui qui sait ce qu'est le temps. Je suis prendeur de toute information à ce sujet.


Amicalement


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   03-03-2005 14:16

Vous pouvez nous en dire plus, je ne vois pas le rapport, même si je suis preneur comme vous.....


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Xavier R 
Date:   03-03-2005 14:58

1:Je ne suis pas marxiste.
2:Qui a parlé du réalisme socialiste?
Pas moi.
Que ceux qui croient encore que le pouvoir dit socialiste n' a rien à voir avec le capitalisme, continuent encore à le croire, je m'en fout comme dirait H.G.
Mais je n'y avais pas pensé merci de me faire découvrir que:
Le réalisme socialiste ressemble foutrement au pop art.
3: Kandinski a bien sure travaillé dans le sens de l'abstraction bien avant l'incident. je ferai juste remarquer que je prend la précaution d'écrire:(on le dit) Oui mais ou?
Arte et Monographie Maeght.
4:Ne rien faire pour lutter contre les préjugés sociaux n'est certes pas une illusion , mais elle conduit tout droit à Auschwitz. Continuait Jb vous avez sûrement raison, puisque cette idée est majoritaire de part le monde.
5: Pour le style lourdingue désolé mais je suis pressé.
Mais sources en générale viennent des écrits libertaires et situationnistes.
Pour la dialectique je cite de mémoire se qu'en dit un écrivain français, Qui? Qu'elle importance vous n'êtes pas d'accord.
"La dialectiques! Cette putain! Une catin qui couche avec le tout venant de la pensée."
6: J'oubliais l'histoire des bons bourgeois qui préférèrent la photographie à la peinture pour se faire tirer le portrait arrêtant ainsi le temps plus efficacement et plus rapidement (arrêter le temps plus rapidement cela ne vous dit rien!) que la peinture si vous ne connaissez pas cette histoire et s'il faut argumenter pour vous la faire connaître je suis désolé de vous le dire mais il y a une faille dans vos connaissances qui j'en suis convaincu sont cependant bien supérieures aux miennes.
7: Les chaumières se sont quelque peu agité. Non?


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: romain 
Date:   03-03-2005 15:57

est-ce qu'il n'y aurait pas une certaine discontinuité granulaire du temps?

romain


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Pauper P. 
Date:   03-03-2005 16:30

Le temps n'est-il pas un continuum que l'on peut freiner ou accélérer? L'arrêter est un processus impossible. Une photo n'arrête donc pas le temps. Le temps biologique de la vie n'est pas figé par la capture de quelques photons, quel que soit le piège. Même si les photons sont de nature granulaire.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: jb 
Date:   03-03-2005 16:37

"Ne rien faire pour lutter contre les préjugés sociaux n'est certes pas une illusion , mais elle conduit tout droit à Auschwitz. Continuait Jb vous avez sûrement raison, puisque cette idée est majoritaire de part le monde".

Xavier, de grâce, ne déformez pas mes propos. Qui dit qu'il ne faut rien faire pour lutter contre les préjugés. En tout cas, pas moi. Essayer de s'en débarasser, ce n'est pas la même chose que d'en être débarassé totalement. Je sais seulement combien il est difficile d'avoir un jugement personnel sans préjugé et avoir la certitude d'en être débarassé, c'est peut-être bien cela qui peut mener tout droit à Auschwitz car où mène les certitudes ?

Cordialement


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Denis 
Date:   03-03-2005 17:02

Nicola,



"Vous pouvez nous en dire plus, je ne vois pas le rapport, même si je suis preneur comme vous....."


je voulais juste dire sousforme de clin d'œil qu'en dépit de ce que j'ai lu sur le sujet, chez les scientifiques notamment, qui associent la flêche du temps avec la notion d'entropie, ou chez les philosophes, je ne comprend toujours rien à cette notion qui, je l'avoue, m'échappe totalement. Et il me semble que cela a un rapport avec ce fil puisqu'il est question d'arrêter le temps. Voilà.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Xavier R 
Date:   03-03-2005 17:15

Ok Jb, nous sommes d'accord.
Il n'empêche que la démarche pour tenter de se bonifier est juste.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   04-03-2005 14:33

Denis et Pauper P. je suis entièrement d'accord avec vous.....mais qui a prétendu ici dire ce qu'est le Temps?? Cependant, la phrase du mois fait référence à l'idée de flêche du temps....

Le Temps est la question la plus profonde et principielle qui soit, la plus passionnante mais la plus savoneuse également.

S'interroger sur le statut de la Photo c'est nécessairement ne pas passer à côté de cette question. Et s'il est impossible de la comprendre, je veux dire d'en faire le tour, il est cependant possible et raisonnable, avec qques définitions scientifiques des propriétés du temps, de réfléchir aux rapports qu'entretiennent Photo et Temps.

" Le temps n'est-il pas un continuum que l'on peut freiner ou accélérer? "

Vous voulez parler des jumeaux relativistes d'Einstein? Selon cette théorie, oui ! ;-)


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: jb 
Date:   07-03-2005 09:46

Xavier,
"Ok Jb, nous sommes d'accord.
Il n'empêche que la démarche pour tenter de se bonifier est juste."

Oui la démarche est juste mais ô combien difficile !
Si à la fin de la journée, je pouvais prétendre que je suis meilleure que la veille, combien j'en serais heureuse. Mais si, déjà, à la fin de ma journée, je pouvais me poser cette question, tous les jours, et pas seulement une fois de temps en temps, ce serait déjà pas si mal. L'important n'est peut-être pas forcémment d'arriver. Ce serait prétentieux de penser qu'on est arrivé. Prendre la bonne direction, là est l'essentiel.

"Tenter de se bonifier", c'est un chemin que je souhaite ardemment ne pas perdre de vue.
Cordialement


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   07-03-2005 11:15

jb je croyais que cela voulait dire jean baptiste? ;-))


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: jb 
Date:   07-03-2005 12:39

Bonjour Nicolas,
Non, non, je ne suis pas l'apôtre que tu crois. Vouloir s'améliorer n'est pas de l'ordre de la religion mais d'une certaine vision de la vie. La religion nous dit que nous serons récompensé dans un au-delà. ma récompense, je la veux tout de suite et maintenant. Comme celle que j'ai présentement, dans la pièce où je me trouve, inondée de soleil. Là est mon Dieu...
Cordialement


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: jb 
Date:   07-03-2005 12:45

Excusez-moi, Nicolas, pour le "tu" qui m'a échappé. N'y voyez surtout aucune marque d'irrespect ou de familiarité.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: François LETERRIER 
Date:   07-03-2005 12:56

" Prendre un cliché, c’est participer à la vulnérabilité, à la nature instable et mortelle d’un être ou d’une chose. En découpant dans le vif et en gelant l’instant qui passe, chaque photographe porte témoignage de la fuite impitoyable du temps ".

Pourquoi considérer comme impitoyable la fuite du temps ? L'écoulement du temps (je ne pense pas qu'il s'agisse d'une fuite au sens de l'action qui consiste à se sauver, ni d'un écoulement intempestif, comme une fuite d'eau due à un trou dans une canalisation ou à un joint de robinet usé) est imperturbable et dépourvu de tout sentiment. Si le photographe porte témoignage, c'est d'un moment, qui peut être un très court instant (images d'un balle de fusil qui pénètre dans une ampoule électrique), d'un court instant (image de sportifs en action) d'un instant (le sourire d'un enfant ou l'expression d'une personne aimée ou terribles images des conflits entre les hommes) d'un petit moment (flou de bougé donnant l'idée du mouvement lors de prises de vues à long temps de pose –par exemple au sténopé) ou même d'un sujet sans notion précise de temps (vastes paysages, images d'architecture, natures mortes).
Dans tous ces cas, il s'agit d'un témoignage qui peut être daté, donc repérable par rapport au temps universel (au sens physique et impersonnel de cette expression) et avoir un intérêt pour un grand nombre de personnes (ce n'est plus un témoignage si la photographie n'est pas regardée). Ce témoignage n'a souvent de la valeur que pour le photographe lui-même et pour ses proches. Qui n'a pas passé un agréable moment, souvent amusé, parfois nostalgique (peut-être est à cette nostalgie que Susan Sontag fait allusion) à tourner les pages d'un album de photo ou à pêcher des photos de familles plus ou moins bien classées depuis quelques générations dans des boîtes ! A ce propos, il n'est pas inutile de penser à l'avenir. Combien d'images sans légende et sans date n'ont elles pas irrémédiablement perdu leur valeur de témoignage ? Et ce témoignage devient alors une machine à remonter le temps : ne revit-on pas devant ces images les instants contemporains de la prise de vue ? Selon le contexte du moment où la photographie est regardée et de celui où elle a été prise, celui qui la regarde éprouve des sentiments variés : d'amusement, de tristesse, d'étonnement lorsque la mémoire faire ressurgir la scène, d'indifférence aussi lorsque aucun souvenir précis ne revient à la conscience...
Alors en effet, le photographe participe à la vulnérabilité et à la nature instable et mortelle d'un être ou d'une chose puisque, dans la plupart des cas, la même photographie ne pourra jamais plus être reprise. En même temps, en gelant l'instant qui passe, il atténue le caractère inexorable de l'écoulement du temps puisque, support de la mémoire, la photographie permet de revivre un moment du passé.

Antonioni utilisait lui aussi beaucoup le Polaroid à cette époque ; je me souviens que, lors de repérages en Ouzbékistan pour un film qui n’a finalement pas été tourné, il voulut offrir à trois vieillards musulmans une photographie qui les concernait. Après un coup d’œil rapide, le plus âgé rendit l’image au metteur en scène en lui disant : " Pourquoi arrêter le temps ? "
Je comprends la stupéfaction d'Antonioni et de ses collaborateurs. La photographie n'arrête pas le temps ! Elle ne fait que donner une représentation d'un court instant dans une localisation bien précise. On peut se poser la question cependant de savoir pourquoi ce vieillard a pensé que la photographie qui lui était remise allait arrêter le temps tel que lui le percevait. Mais il me paraît impossible de répondre à cette question.

François L


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   07-03-2005 13:17

Très joli, François. J'apprécie beaucoup.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Jean VIGNE 
Date:   07-03-2005 16:44

Arrêtez les références hors-propos à Auschwitz. Auschwitz, c'est une petite fille de dix ans qui, soixante-trois ans après, pleure parce que l'on a tué sa mère. C'est trop sérieux pour faire de la rhétorique avec. On garde ça à l'intérieur.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Xavier R 
Date:   07-03-2005 19:56

Oui surtout ne parlons de rien.
Parlons de belles cartes postales.
De l'argentique et du numérique.
Du (petit) du moyen et du grand format.
Parlons de tout.
Ne parlons pas du reste.
Oublions les barbares.
Laissons les massacrer.
Laissons les petites filles pleurer leur mère.
Tant qu'il y aura de belles lumière oublions la vie.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Xavier R 
Date:   07-03-2005 20:26

Des fous,
ont photographié (et je me moque du format utilisé), filmé, écrit pour témoigner. Ils y en a même qui racontent, vous vous rendez compte quelle impudeur, l'histoire de tous ses gens assassinés et de ses autres qui continuent à pleurer.
Et puis ils y a ceux qui comme un certain prof de fac à Lyon nient l'existence de la petite fille qui pleure sa mère.
Alors tant pis si vous prenez celà pour de la rhétorique.
Bonnes photos


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: robert colognoli 
Date:   07-03-2005 20:48

Ce vieillard s'est vu transformé en simple image figée. La conscience du temps qui continue de s'écouler inexorablement comme du sable entre les doigts lui aura dicté cette réponse?
La photographie n'arrête pas le temps mais elle peut sortir et "sauver" un instant du passage dans le domaine du souvenir ou de l'oubli.
Tout le talent du photographe est de choisir quoi retenir.
RC.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: jb 
Date:   07-03-2005 21:37

Monsieur Vigne,
Je ne viens pas sur ce site pour polémiquer mais il me semble que par un accord tacite, par pudeur et au nom de la douleur qu'il est difficile d'exprimer, plus personne n'osait dire à propos d'Auschwitz. Et puis vous voilà, avec vos gros sabots.
Monsieur Vigne, chut...


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: jb 
Date:   07-03-2005 22:02

"peut sortir et "sauver" un instant du passage dans le domaine du souvenir ou de l'oubli."

c'est joliment dit.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Jean VIGNE 
Date:   08-03-2005 08:41

Excusez-moi. Je me suis mal fait comprendre. C'est un nom qui exige du respect et de la gravité, et qui revient trop souvent dans des discussions futiles.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: jb 
Date:   08-03-2005 10:09

Oui, nous sommes d'accord.
Bonne journée


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   08-03-2005 13:17

Le problème n'est pas d'en parler, mais que certaines comparaisons n'ont pas besoin du recours à ce genre d'exemple....


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   08-03-2005 13:36

> Bonjour Nicolas,
Non, non, je ne suis pas l'apôtre que tu crois. Vouloir s'améliorer n'est pas de l'ordre de la religion mais d'une certaine vision de la vie. La religion nous dit que nous serons récompensé dans un au-delà. ma récompense, je la veux tout de suite et maintenant. Comme celle que j'ai présentement, dans la pièce où je me trouve, inondée de soleil. Là est mon Dieu...
Cordialement <

Je suis bien d'accord avec toi.....les spéculations sur un improbable bonheur à venir ds l'au-delà, c'est une belle arnaque pour étouffer les légitimes contestations possibles des gens qui souffrent, ici et maintenant.

Bon bain....

;-))


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: guillaume p 
Date:   08-03-2005 14:24

Nicola (sans esse) semble oublier qu'il y a d'autres religions, et d'autre conceptions de l'ici et de l'au-delà… bref…

Mais si on revenait un peu sur le temps photographique…

Je vois qu'il y a un fort attachement à l'idée que la photographie permettrait de conserver une parcelle de temps, comme si la photographie permettait de fabriquer de la mémoire, ou mieux du souvenir. J'ai l'impression que ces souvenirs ne sont pas partageables parce qu'ils seraient plus évoqués par l'image que vraiment contenus dans l'image, comme si l'image pouvait provoquer le souvenir, comme le font souvent les odeurs. Ce qui situe ce souvenir à un niveau très personnel. De même, l'Histoire ne peut se satisfaire uniquement d'images, ou du moins, l'image à caractère historique ne peut être sans le récit qui l'accompagne.

Si on s'en tient à l'image photographique seule, et pour revenir au temps, il me semble intéressant de se poser la question du point de vue du spectateur. Pour ce dernier, le temps est pour ainsi dire à sa disposition. Contrairement au cinéma où le temps est imposé et défile mécaniquement, le temps du spectateur face à une photographie dépend de sa seule volonté. Il peut prendre le temps ! ;-)
Donc, à mon sens, ce n'est pas le temps qui compte en photographie, mais l'espace. L'espace en tant que, à la fois, distance et rapport entre les choses. Et ce que fait la photographie, en coupant dans le réel, c'est fabriquer un nouvel espace en instaurant une distance et un rapport entre les choses dont elle retient l'image. Elle permet de rapprocher, d'éloigner, d'opposer, …, soit de construire avec un vocabulaire spatial, le temps étant laissé au spectateur.
Ce qui m'amenait plus haut à dire que l'espace, c'est du temps à venir, et que le temps en photographie se situe devant le spectateur et non derrière l'opérateur.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   08-03-2005 15:23

Cher Guillaume, mes propos ne s'étendaient qu'à l'échelle du christianisme.....car nous évoquions Jean-Baptiste un peu plus haut.

Mais libre à vous.

Bravo, cependant pour la distinction entre "créer du souvenir" et "occasion du souvenir", fallait-il le préciser! Eh oui, encore la madeleine....

> Et ce que fait la photographie, en coupant dans le réel, c'est fabriquer un nouvel espace en instaurant une distance et un rapport entre les choses dont elle retient l'image <

oui mais "couper ds le réel" ce n'est pas couper ds l'espace mais ds le temps.....


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: guillaume p 
Date:   08-03-2005 15:33

"couper ds le réel" ce n'est pas que couper ds l'espace mais c'est aussi couper ds le temps…
Je corrige ! Permettez…

Bien entendu qu'il y a coupe dans le temps, mais je crois que le temps est alors évacué.
Pouvez vous concevoir un instant (juste le temps d'en discuter… ;-)) qu'une photographie ne soit pas là que pour ramener au présent une chose passée ? Je m'intéresse au point de vue du spectateur dans le présent de son face à face avec une image qui ne toucherai ni à son propre passé, ni à un quelconque fait historique.

Ou alors on peut continuer à paraphraser la proposition de Susan Sontag…


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   08-03-2005 16:23

Je suis entièrement d'accord avec vous Guillaume, la notion du temps envisagée de manière psychologique ne m'intéresse pas. D'ailleurs quand je l'envisage, je le pense comme une durée qui ne dure pas (ce que j'ai écris plus haut) ou plus poétiquement comme le disait Jean-Louis, me semble-t'il, comme un instant volé à l'éternité....


En fait je commence à comprendre ce que vous vous vouliez dire il y a qque tps par "contemplation".... je m'excuse de ne pas avoir compris tout de suite.


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicolas Marailhac 
Date:   08-03-2005 16:36

Bonjour,

On s'éloigne peut-être un peu de l'idée originelle, mais ça ne manque pas d'intérêt.

Des derniers messages je lis deux idées qui m'interpellent:
- la photographie et son rapport au temps;
- le temps ou l'espace?

La photographie et son rapport au temps.
Je ne suis pas d'accord si on lit le Couper du réel comme étant uniquement une section du temps. Certes, l'obturateur ne va laisser passer la lumière qu'une fraction de temps. Mais le cadrage ne va laisser passer qu'une fraction du réel. Laquelle est prédominante? A priori, aucune; ensuite, tout dépend du rapport que chaque image entretient avec l'un et l'autre des deux concepts (car je pense aussi que le réel est un concept).
J'aurais tendance à rejoindre Guillaume dans sa manière d'imaginer le lien qui se crée entre une image, son spectateur et ce qui l'entoure, temps et espace. Je dirais que le temps ne m'importe plus, seul compte l'espace de liberté qui se trouve devant mon regard et mon esprit, espace dans lequel il est facile de voyager par et dans tous les sens, y compris dans le temps. Il y a alors télescopage des deux concepts.

Le temps ou l'espace?
C'est étrange que l'on ne puisse imaginer les deux sans un rapport d'opposition. Or je trouve que l'un et l'autre sont si liés qu'il n'est pas possible d'en établir un contour sans aucun rapport avec l'autre.
Je trouve que souvent, c'est l'agencement, le cadrage, l'équilibre des tons qui crée un mouvement dans une image, et ce mouvement, ça implique un rythme, une succession, un rapport au temps, forcément. Une image n'est jamais plate quand on la regarde, elle prend forme, elle bouge car nous évoluons dans ce qu'elle nous propose.
Cela va de la première photographie venue au Carré blanc sur fond blanc ou aux monochromes bleus: là où a priori il n'est plus question ni d'espace ni de temps, je peux me trouver dans un abîme de contemplation, je peux me perdre à voyager.

C'est peut-être à cette capacité d'évasion que chacun(e) évaluera la pertinence d'une image (mais je pense que ça s'applique aussi à d'autres domaines). En ce sens je comprends la réaction du vieillard ouzbèque (en notant la remarque très pertinente de Bim, qui doit avoir une grande part d'importance pour expliquer cette réaction).

Mais je comprends aussi le mot de Susan Sontag; je crois que sa conception de la photographie, en particulier au moment où elle a dû écrire ces lignes, concernait la photographie comme vraiment une prise de vue, la photographie comme moyen d'enregistrement d’un être ou d’une chose. Or elle peut aussi être, pour rejoindre ou aller dans un sens proche de celui de Guillaume, la projection d'un monde intérieur, le moyen d'expression (le mot est juste) d'une conception des choses, une manière pour quelqu'un(e) de dire ce que ça pourrait ou devrait être.

À chacun(e), auteur ou spectateur, de trouver un point où être.

N


 
 Re: La phrase du mois - mars 2005.
Auteur: Nicola Delorme 
Date:   08-03-2005 16:45

"couper ds le réel" ce n'est pas que couper ds l'espace mais c'est aussi couper ds le temps…

Je me suis mal exprimé, la correstion de guillaume à mon propos est valide par rapport à ce que je pense....il n' y a pas d'opposition, mais une relativité entre les deux.




 
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