Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 05-02-2005 16:25
Il me semble un peu dur d'atteindre 40 pl/mm à f/64 quel que soit le format, la diffraction est indépendante de la focale et du format. Si on s'en tient à la formule théorique de la période de coupure : N_eff * lambda et la fréquence de coupure en pl/mm avec lambda en microns :
f_c(pl/mm) = 1000/(N_eff*lambda_microns)
(pas de facteur 1,22 dans cette formule-là)
avec lambda = 0,5 microns ce qui est très optimiste on trouverait à f/64, N_eff = 64 : f_c = 31 pl/mm. N_eff désigne l'ouverture effective qui double au rapport 1:1, ne pas l'oublier, çà diffracte encore plus en macro !!
Pour les évaluations des tendances pour les effets de diffraction, dans un but comparatif je recommande de prendre f_c = 1000/(0,7 * N) qui est un plus plus réaliste. La formule rend assez bien compte de ce dont on peut rêver en moyen et grand format lorsqu'on est fermé au-delà du meilleur diaph et qu'on entre effectivement dans le régime où l'optique est limitée par la diffraction. Pour le cas du meilleur diaph il n'est pas raisonnable de chercher une formule globale cela dépend tellement de la formule optique considérée qu'il vaut mieux s'en remetttre aux spécifications effectives des optiques. nénanmoins si vous regardez les courbes FTM d'un apo ronar de 240 à f/22 au centre vous verrez qu'on est en butée sur les limites physiques de diffraction.
Au-dela des pl/mm du verre il faut tenir compte du détecteur qu'on met derrière.
Les films sont tous les mêmes du 24x36 mm au 30x40cm.
Plus le format est petit plus la granularité du film empêche de tirer parti des ressources de l'optique. Le même raisonnement s'applique aux détecteurs silicium avec le facteur de correspondance expérimental (version 2004, révisable en fonction des progrès de la technique) entre les deux mondes qui dit : si la destination finale de l'image est d'être numérisée, un demi-format silicium par capture directe, pour des raison de bruit, donne la même qualité qu'un film plein format numérisé (on perd à nouveau en repassant le film dans un scanner, et le bruit du film est bien moins bon que celui du silicum à résolution égale).
Revenons au 20x25. Des tests sur mire de M. Perez faits avec un bon tessar 300mm d'Allemagne de l'est pour le format 20x25 (disons plutôt 18x24 pour des raisons culturelles et historiques) le crédite de 60 pl/mm au centre, disons 40 pl/mm garantis sur tout le champ sans tricher. à ce niveau, la résolution du film n'importe plus sauf à aller chercher un traitement spécial pour grossir le grain (y en a qui aiment ;-) Pour obtenir le même résultat en petit format il faudrait passer au moins 8 fois plus soit plus de 300 pl/mm optique plus film. Ce genre de performance, à la portée de la photo scientifique dans des conditions particulières, ou qui apparaît dans le Zeiss camera Lens News sur agfa ortho 25 pour nous faire regretter ce film, est, soyons réalistes une micro-seconde, hors d'atteinte de la photographie ordinaire et encore plus de la pratique décontractée de la photo sur film.
On pourrait embrayer par un petit couplet en faveur de la décontraction apportée par les moyens et grand formats pour un résultat impeccable. En compétition avec le petit format tendu à l'extrême pour essayer de sortir le meilleur, une pratique décontractée des moyens et a fortiori des grands formats, a priori sur sujets tranquilles et statiques sur pied si on veut pousser le piqué au maximum (mais une Technika s'utilise aussi à main levée) , vous offre la qualité pro, sur un plateau, sans forcer. C'est l'autre supériorité du grand format, c'est de pouvoir faire du très bon travail en étant bien plus libre. Tout classique. Matériel classique, optique classique, par exemple un bon vieux tessar, film classique un bon FP4 d'autrefois ou un Tri-X à l'ancienne, révélateur classique, agrandisseur classique.. seul le scanner --si on renonce au tirage optique classique-- pourra être moderne mais là encore on le choisira, en grand format, décontracté, de bureau-à-plat et pas trop cher au lieu de rêver extraire 9600 dpi d'un timbre-poste 24x36 avec une machine à 20000 euros.
Il y a un article intéressant au sujet de l'interaction film/optique, que je trouve un peu décourageant vis à vis de l'utilisation de films à grain ultra-fins, ultra-résolvants en 24x36 c'est le compte-rendu de tests de M. Erwin Puts. Merci à J.C. Launey pour nous avoir pointé vers cet article dans cette discussion récente
n-f-62993.html
La compilation d'articles où on trouve celui de M. Erwin Puts est sur le site de Bob Monaghan
http://medfmt.8k.com/mf/resolution.html#gig
Roger Hicks a un point de vue intéressant, à savoir que pour lui --sans tenir compte des progrès des détecteurs silicium, c'est un autre débat -- compte tenu des films actuels les moyens formats sont ceux qui offrent la meilleure adéquation entre le flm et l'optique. En d'autres termes si je compresd bien de point de vue: petit format, le film limite ; grand format, le film est "trop fin", moyen format : in medio stat virtus. Tout ceci est peut-être un peu trop schématique car on ne tient pas compte de l'utilisation finale des images, on fait peu de cas des réglages des mouvements en grand format, mais c'est un point de vue que je trouve raisonnable pour la qualité d'image si on garde en mémoire les 150 pl/mm dont sont capables les films noir et blanc et diapos modernes à grain fin... et les 100 pl/m pour ne pas dire plus dont on peut rêver si on croit les tests sur mire des meilleures optiques 6x6 et 6x7.
Dans ma pratique d'amateur 01-2005 je me range pour l'instant derrière le Général Hicks au garde à vous en réservant le 24x36 à la photo de famille et en résistant au chant des sirènes des formats 9x12 et au-delà (cela va être très dur de résister encore longtemps, galerie-photo me fait la vie dure, même Henri Gaud veut encore monter en format ;-)
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