Auteur: Jimmy Péguet
Date: 20-01-2003 19:21
il faut vivre avec son temps, on y met bien des voitures,
je te signale que dans un temps (1988) je fesait des photos gratuitement pour les enfants en grande surface et je gagnait bien ma vie..
Une photo et une voiture, pour moi, c'est pas pareil jusqu'à preuve du contraire. Et faire des photos d'enfants dans le hall d'un hyper, c'est également différent d'une expo de photo. Je ne vois pas bien le rapport avec le fait de bien gagner sa vie. Je veux bien qu'on puisse imaginer une installation dans un supermarché, mais il me semble ce n'est pas vraiment la manière dont Jean-Philippe, par exemple, envisage les choses. En dehors du modèle galerie, inaccessible à l'amateur moyen, il n'existe pas des tas d'endroits où on peut présenter correctement ce qu'on fait, sans prétention, avec des gens qui prennent soin de vous installer dans de bonnes conditions, sans vous faire payer l'installation, mais ça se trouve. Encore une fois, ce qui me semble le plus important, c'est l'adéquation entre l'endroit, le public, les photos, plus que l'exposition à tout prix n'imorte où. Des expos minables, il y en a des tas, généralement mal présentées dans les endroits les plus incongrus. Qui les regarde ? Et de toute façon, une expo, ce n'est jamais gratuit : il faudra payer les cadres, si on présente de manière classique. Si on mégote, ça se voit. Si c'est une association ou un truc comme ça sans gros moyens qui vous héberge, il faudra peut-être parfois partager quelques frais, affiches, cartons...
Quant à vendre par ce biais-là, c'est une autre histoire. Exposer pour se faire plaisir, c'est une chose, vendre ses tirages, fantasme courant, en est une autre. Les tirages photo, tout le monde le sait, se vendent en général assez mal ici. C'est accentué par le fait qu'il est souvent mal vu de savoir vendre (un artisse, n'est-ce pas, ça ne s'occupe pas de ces choses-là, ça fait désordre). Il me semble que si un bon photographe voulait vivre directement de la vente de ses photos, il faudrait qu'il commence par acquérir des notions de vente, qu'il apprenne à élaborer des stratégies (un bien grand mot), et qu'il soit capable de s'y tenir dans le temps. C'est comme tout, si on n'a pas ça dans la peau, certaines choses s'apprennent. A supposer qu'il ait le temps de s'y mettre. Qu'il accepte d'apprendre des choses qui le rebutent à priori, ce qui est différent de vendre son âme au diable. Il n'y a pas de garantie que ça marche, ça ne se fait pas en un jour, c'est long, mais pourquoi pas imaginer un modèle différent des modèles classiques ? Il y en a qui parviendront à en vivre doucement, lentement, et pour d'autres, il faudra des méthodes différentes. On demande aujourd'hui à la plupart d'entre nous d'être polyvalents : je suis encadreur, par exemple. Il me faut être bon artisan, avoir des notions d'esthétique, savoir gérer, apprendre à communiquer, faire preuve de psychologie et deviner en deux secondes qui est le client, la couleur du papier de son mur, ce qu'il lit, m'intéresser à tout pour essayer d'anticiper, et j'en passe... S'il me manque une seule de ces choses-là, je suis mal. Je n'irais pas jusque là pour un photographe, c'est évidemment différent, mais j'essaye de faire comprendre ce que je veux dire. Que je pense qu'il y a certainement moyen de monter quelque chose et de se faire connaître pour un bon qui en aurait envie, mais qu'il faut essayer de contrôler le plus de choses possible, plutôt que de chercher à se couler dans des moules qui sont la plupart du temps des impasses.
On peut aussi continuer à se faire benoîtement plaisir sans penser à vendre. Je précise que c'est le cas en ce qui me concerne.
J'imagine que beaucoup ne seront pas d'accord.
|
|