Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 19-09-2004 11:02
Vincent, je voudrais rebondir sur ce que vous dites, avec quoi je suis globalement d'accord :
"En étant a son compte, les conditions externes ne changent nullement (pression du chiffre, de la marge etc...) ce qui change c' est d' avoir l' éventuelle satisfaction de se mettre la pression soi-même et non plus subir cette même pression de la part d'un supérieur..."
Les diverses pressions que vous citez existent partout, mais ce sont des effets et non des causes.
La véritable différence n'est-elle pas entre choisir soi-même ses objectifs - et en assumer les contraintes - d'une part et subir les conséquences des objectifs définis par la hiérarchie ?
Dans le second cas, on a en plus très rarement la possibilité de négocier les moyens pour atteindre ces objectifs.
Il y avait un secteur de l'économie qui était relativement à l'abri de cette loi du profit, c'était le service public : c'est à dire tout ce qui permettait à un habitant de la Lozère d'avoir le téléphone, ou de pouvoir circuler en voiture en hiver aux mêmes conditions économiques qu'un habitant de la région parisienne. Je simplifie volontairement, bien sûr.
Le service public est par essence mutualiste. Le déneigement doit être efficace que ce soit pour 50 ou pour 2000 habitants au km².
Le ramassage scolaire des enfants de la Creuse doit se faire avec la même fréquence et la même qualité qu'en Seine et Marne.
On a commencé par introduire dans le système des notions de rentabilité. Ça a été le début de la fin. Un service public ne peut pas être rentable. Il doit optimiser l'utilisation des crédits qui lui sont confiés, et c'est une chose tout à fait différente.
A partir de là, les privatisations ont commencé. Vous verrez d'ici quelques années où cela nous mènera.
Je rejoins Henri lorsqu'il dit : "Les multinationales ne sont que ce que les hommes qui les dirigent veulent bien faire, et ce que l'homme de la rue leur laisse faire.
Il suffit de dire non et puis c'est tout, Mais bien sûr personne ne veut dire non,
ni les gens qui achètent les produits, ni les gens qui y travaillent, ni les actionnaires".
Le problème est que nous laissons tout faire.
Cela me rappelle cette vieille histoire, que vous avez tous entendue un jour :
"Quand ils sont venus arrêter, au petit matin, mon voisin du dessus, il a crié, et je n'ai rien dit,
"Quand ils sont venus ensuite arrêter mon voisin d'en dessous, il a aussi crié, mais je n'ai rien dit,
"Quand ils sont venus m'arrêter, j'ai crié, mais il n'y avait plus personne pour les en empêcher."
Remplacez "arrêter" par "délocaliser" ou "fermer" ou "restructurer" ou licencier", et vous aurez une idée de la cage à écureuil dans laquelle nous sommes entrés. Volontairement.
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