Auteur: Nicolas Marailhac
Date: 06-08-2004 12:42
Bonjour,
Question intéressante dans l'absolu, en effet, mais sur laquelle je pense qu'il est possible de dire tout et son contraire, pour le plaisir en quelque sorte…
Concernant la remarque de Jean-Louis Llech, à propos des commandes d'état (tiens tiens, ça me fait penser à un certain Raymond D. tout ça!): franchement, c'est comme pour l'œuf et la poule, je ne sais pas des deux qui commence. D'ailleurs, je pense qu'Eugène Atget a commencé à travailler tout seul dans son coin, d'abord avec ses documents pour artistes, avant de représenter un quelconque intérêt pour des institutions publiques. Quant à l'usage de l'appareil de grand format, il aurait eu du mal à faire autrement à son époque, sauf bien sûr sur ses derniers jours, mais on ne se refait pas… J'espère que les photographes n'attendent pas une commande d'ampleur, qu'elle soit publique ou privée, pour utiliser tel ou tel type d'appareil!
Ensuite, qu'il ait été reconnu aux États-Unis bien au-delà de ce qu'il peut représenter en Europe, ça c'est un fait avéré.
Je trouve assez pertinent le point de vue d'Henri Gaud, pas grand'chose à en dire pour le moment car c'est une piste nouvelle pour moi. Très pertinent!
Pour en revenir aux influences, franchement on peut dire que ça va dans tous les sens et ce depuis longtemps:
- les pictorailistes européens qui ont influencé les confrères nord-américains;
- certains de ceux-là qui se retournent et recherchent la photographie pour elle-même, avec effet d'influence en Europe;
- apparition du reportage au petit format, principalement en Europe, adaptation de la formule aux États-Unis, et contrecoup avec le style documentaire américain;
- apparition, plutôt utilisation massive et réfléchie de la couleur;
- retour d'influence en Europe, filiation avec les travaux de l'école allemande;
- exportation de ce style partout, etc…
Tout ça me fait fortement penser au développement industriel des techniques: certaines naissent ici, sont améliorées là-bas, sont utilisées massivement ailleurs, par effet de concurrence un autre procédé est mis au point encore ailleurs, etc.
On oublie peut-être la photographie japonaise, pourtant ancienne, qui a souvent recours au grand format, et qui s'est inscrite, au dix-neuvième siècle, dans la tradition de l'imagerie traditionnelle, tradition qui s'est exportée par ses estampes et qui a tant influencé les occidentaux.
Bref, ce n'est qu'un grand jeu de va-et-vient passionnant, je vois ça comme une sorte de belle pelote de laine qu'il serait bien difficile de démêler et c'est sans doute très bien comme ça, je trouve.
N
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