Auteur: Nicolas Marailhac
Date: 28-07-2004 18:54
Bonjour,
Réponses dans le désordre:
- que la RMN soit un EPIC où est le problème? Est-ce que cela en pose pour la Cité des Sciences? Soit, c'est un statut qui permet à une entité dépendant de l'administration d'être à la fois relativement autonome et relativement bénéficiaire (j'ai dit permet car je ne pense pas que ce soit le cas de la RMN); alors dans ce cas on remet en cause le statut, mais pas l'étabiseement;
- qu'il n'y ait pas de ministère fédéral de la culture allemand, certes (par exemple), mais que l'Allemagne soit une république fédérale (toujours le même exemple) déplace les compétences; à chaque état ensuite de gérer et l'éducation, et les routes, et les hôpitaux, et la culure, donc on finira bien par s'y retrouver;
- d'ailleurs, en France, je suis d'accord que nous avons une particularité étrange appelée le centralisme parisien, mais quelle est la proportion de musées nationaux par rapport aux musées départementaux ou municipaux? Donc on finit encore plus par s'y retrouver avec nos voisins des républiques fédérales, vu que ce sont les régions, les départements ou les municipalités qui gèrent (à tort ou à raison) les institutions culturelles*;
- je ne comprends pas l'allusion à Shakespeare et au beaucoup de bruit pour rien, ça évoque tellement de choses…
- je ne savais pas que la RMN refusait l'accès à certaines catégories de professionnels (je suppose que vous parlez du site), mais ça me semble étrange; vous voulez dire qu'on n'a pas accès à leur fonds de manière gratuite, non?
- la RMN n'a pas pour but de favoriser, en tout cas certainement pas de manière directe, la création artistique, du moins c'est ce que je me suis toujours dit, me trompé-je? Oui, ils conservent et ils gèrent un fonds de documents, ils sont là pour ça, non?
- le retour des œuvres à leur lieu d'origine ou de production est une vaste question que l'on se pose depuis quelques siècles, quelle que soit la distance (dans l'espace ou le temps) du point de départ; en gros, ils ne rendent jamais rien, ils prêtent souvent, et ils étudient au cas par cas pour les grosses demandes très politiques par exemple; donc sous cet angle je comprends le refus de se séparer d'œuvres ou de documents;
- le problème des collections immenses et des accrochages ridicules est tout aussi récurrent, mais avec ce genre de dialogue il faudrait arrêter de créer pendant mille ans, on regarde tout ce qu'on a, on s'en met plein les mirettes et on peut continuer; toujours le même (et passionnant, c'est vrai) débat entre conservateurs et créateurs et/ou publics;
- la RMN, d'après ce que je crois savoir (mais je peux me tromper), participe ou peut-être édite elle-même des travaux de recherche et des catalogues d'expositions, mais pas de grands livres à sujets. Que l'on me reprenne si je me trompe, mais je ne crois pas que ce domaine concurrence directement les éditeurs privés. Je le répète, je me trompe peut-être. Quant à la qualité de leurs livres, je suis d'accord pour dire qu'ils font exactement comme tout le monde: des fois c'est bien, des fois pas.
- les pays anglo-saxons, mais les autres aussi, ont certes une manière différente d'envisager l'administration, d'une part (il est vrai que là, on est bien lotis…), et le rapport à la culture, d'autre part. Je dis bien différente, je ne dis pas meilleure. Je n'ai pas la même opinion d'un acteur culturel comme le MoMA que pour tel autre Corbis.
- quand j'entends un plombier américain me parler de la politique de son pays, je ne pense pas qu'il parle au nom des plombiers américains; de la même manière, la qualité de ce monsieur, si elle est mentionnée, signifie-t-elle qu'il parle au nom de son employeur? Heureusement que je ne travaille pas pour la Poste ou je ne sais quoi! :-)
Je me retrouve dans la position de l'avocat du diable, d'autant plus difficile à tenir que je n'adhère pas spécialement à toutes les positions à défendre. Mais il y a du bon et du mauvais partout, ce que je tiens à souligner c'est que, selon moi, on est en train de tirer à boulets rouges sur quelque chose de pas foncièrement mauvais, comme le dit Robert Colognoli, sous le prétexte qu'on a face à nous un monsieur qui prend la parole et qui travaille dans un ministère. Moi je fais la différence, d'autant que, encore une fois, je ne sais pas si c'est au nom de son employeur qu'il la prend.
N
* à ce propos, j'entends assez souvent des jeunes gens me dire qu'ils ont essuyé un refus de poste à caractère culturel en région parce qu'ils n'étaient pas de la région; tandis que dans la ville de mes parents, un membre de la famille du maire est directeur du musée municipal (certes, cela n'augure pas de ses compétences, ce peut être quelqu'un de très compétent), un autre est conservateur de la bibliothèque et un autre est chargé des travaux d'urbanisme qui remodèlent actuellement le paysage urbain. Alors je ne veux pas dire que ce sont là des personnes incompétentes, mais je trouve que la personne qui a, un jour, décidé que tout se passait sur concours à Paris et que tout dépend d'une administration indépendante des aléas familiaux n'a pas forcément eu une mauvaise idée. Mais ce n'est certainement pas la meilleure non plus. En tout cas, je suis d'accord, c'est très différent comme dit plus haut.
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