Auteur: Nicolas Marailhac
Date: 01-07-2004 10:30
Bonjour,
J'ai une petite expérience en ce domaine; je ne veux pas faire croire que j'en suis spécialiste et que j'aie fait le tour de la question: ce n'est qu'un point de vue particulier, mais qui doit correspondre à des pratiques en usage.
Une jeune plasticienne réalise des installations qu'elle photographie, et ce sont les photographies de ses installations éphémères qu'elle vend la plupart du temps (les installations sont parfois construites en galerie ou institutions, mais la plupart du temps dans des lieux privés ou en plein champ, ce ne sont donc pas, a priori, les installations qu'elle vend). Sans qu'elle se soit particulièrement posé la question de ce choix, elle photographie de manière traditionnelle, obtient des tirages couleur qu'elle numérise, parfois retouche, et fait tirer par des procédés numériques (jet d'encre couleur avec quelques garanties de stabilité que j'ai oubliées).
Elle vend des tirages en édition limitée, mais avec un certificat qui autorise l'acheteur à demander un retirage si une détérioration des images apparaissait. Cette proposition est valable pendant une durée limitée (99 ans après la transaction si j'ai bonne souvenance) sous réserve que l'artiste soit en vie, évidemment, et qu'il lui soit techniquement possible de faire refaire une épreuve. Sinon, elle s'engage à proposer une autre pièce.
Bien sûr, dans son cas, la photographie n'a peut-être pas l'importance qu'elle peut avoir pour un auteur beaucoup plus "photographe". Sans qu'elle méprise la photographie, cet outil n'est qu'un outil pour garder une mémoire qui, selon elle, s'efface de toute façon, quel qu'en soit le support (y compris la nôtre). Et l'ensemble de son travail interroge la disparition et la fragilité, ce contexte lui permet d'établir son discours.
Il y a peut-être là une ouverture, une possibilité en attente de quelque chose de mieux établi.
Sinon, de manière plus générale, je crois que les collectionneurs sont malgré tout assez frileux à l'achat d'épreuves numériques. Les exposants (galeristes, institutions, etc.) demandent un maximum de précautions avant d'accrocher, de manière souvent temporaire, des travaux numériques, alors que penser quand il s'agit d'un achat définitif?
Peut-être que des personnes proches du monde de l'art vidéo pourrait avoir un point de vue intéressant: certaines contraintes du support vidéo se retrouvent en photographie numérique, non?
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