Auteur: Nicolas Marailhac
Date: 09-06-2004 08:59
Bonjour,
Je reconnais au moins un autre talent à Richard Avedon: c'est de ne rien laisser transparaître de toute son installation dans ses images; ses portraits de In the American Westne nous laissent que face à la personne photographiée; la distance qui nous sépare d'elle est insondable, certes, mais pas tant que sur l'image présentée en couverture du livre de Laura Wilson (d'ailleurs, vu le tirage du soufflet, je ne pense pas qu'il s'agisse là d'un portrait comme ceux si connus; sans doute une vue annexe ou un essai pour quelque chose de plus global)… :-)
Je pense que cela n'est justement pas donné à tout le monde de pouvoir réaliser de tels portraits quand l'on sait ou que l'on croit savoir les conditions de réalisation: il devait certainement y avoir une équipe autour de l'auteur, et son appareil lui-même n'est pas suffisamment discret pour mettre en un semblant de confiance. Richard Avedon, pas plus bête qu'un autre, devait le savoir, en a joué, a certainement fait un beau paquet de mauvais portraits, mais en a ramené une poignée de la plus belle tenue. C'est ça qui compte, et il l'a fait.
Tous ces débats, ces polémiques plutôt, sur le fait que certains ont besoin de s'entourer de plein de compétences diverses, tandis que d'autres, présentés comme plus "purs", feraient tout eux-mêmes et tout seuls, me laissent un sentiment d'amertume: à quoi est-ce que l'on s'intéresse? À une image ou à une mise en œuvre?
Bien sûr, le besoin de savoir fait que l'on peut avoir envie, légitimement, de remettre un contexte autour des résultats qui nous touchent; néanmoins, ne pas oublier que c'est ce que l'on voit qui compte.
Est-ce que quelqu'un qui ferait de simples paysages à la chambre ne se ferait pas dire qu'il sort la grosse Bertha pour faire un truc tout simple? Peut-être, mais ça a du sens si cela participe de sa manière de voir.
Enfin, moi, pour ce que j'en dis, hein…
N
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