Auteur: Nicolas Marailhac
Date: 31-05-2004 10:32
Bonjour,
Je ne me permettrais pas d'argumenter à la place de K2, mais je vais quand même me permettre de donner mon point de vue sur une de ces éternelles ritournelles de photographe, à savoir le procédé (oui oui, le procédé) Cibachrome ®.
Moi je vois ça comme ça: la photographie (comme une foultitude d'autres pratiques) est un ensemble de choses qui se construisent les unes sur les autres, unies par quelques ingrédients simples: la lumière, la ligne, la couleur (et le mouvement, où il est le mouvement, hein?!) quand tout le monde est réuni, parfois seulement un ou deux des membres. La prise de vues est une étape, le tirage en est une autre.
Quelle que soit la méthode de tirage retenue, c'est une étape de construction au même titre que les autres. Et moi j'ai une espèce d'intime conviction qui me fait croire que si je devais (faire) tirer des positifs, je m'attacherais à utiliser un procédé qui s'inscrive dans la lignée des précédents. Bien sûr, ce choix ne regarde que moi. Et en ce sens, le procédé Ilfochrome ® me semble plus proche du reste que les divers procédés de tirage numérique: on reste dans l'idée de la construction, on envisage l'image comme un ensemble, dont certaines zones sont certainement plus intéressantes que d'autres, mais comme un ensemble concret. Alors que pour moi, l'analyse numérique me fait penser à une auscultation par le détail, à une espèce de déconstruction par le plus-petit-élément pour rééchafauder un ensemble.
Ceci dit, je comprendrais parfaitement l'argumentation de quelqu'un(e) qui me présenterait une autre alternative qui prendrait en compte le particulier, le plus-petit-élément, pour construire son travail. Il n'y a pas là de manichéisme :-).
Dit autrement, je trouve très pertinente la vision de Signac, surtout replacée dans son contexte (je ne peux pas m'mepêcher de faire des rapprochements pour avoir un point de vue d'ensemble!), mais elle ne me touche guère, elle ne fait pas vibrer la chose qui dirait celui-là a vu des choses que tu aurais pu vouloir montrer, toi aussi.
Enfin, le Cibachrome ® et ses contraintes de tirage "à l'inverse de l'inverse" autant que ses qualités plastiques propres a, d'une part, au moins ce mérite de ne pas laisser indifférent, d'autre part un charme certain, je lui trouve une froideur très étrange parce qu'elle aspire vraiment le regard. On ne regarde pas une de ces images, on plonge dedans.
Bien sûr, quand il est bien fait! Et encore une fois, tout ceci ne regarde que moi…
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