Auteur: Michel Hébert
Date: 12-12-2002 20:24
Oui, je l’avoue, mon volume «Le système des zones et la sensitométrie » indique des méthodes basées sur la pratique assidue et pointue des deux sujets. En tant qu’auteur cité, je me permets de mettre mon grain de sel sur quelques aspects soulevés dans ce forum.
Le nombre de gris, de noirs et de blancs de l’échelle des zones devient confus selon qu’il soit question de prise de vues ou de calibrage des matériaux. Et la densité minimale du film qui détermine l’indice d’exposition n’est pas nécessairement celle qu’on a toujours citée.
Les sept gris et les neuf tonalités de l’échelle des zones
Ansel Adams a conçu son échelle des zones pour qu’on puisse simultanément se représenter, à la prise de vues, la gamme de gris du papier de contraste moyen et le contraste moyen de sujet de 7 crans. L’échelle sépare donc, à cet effet, la gamme du papier en 7 intervalles de gris, encadrés du noir et du blanc.
Adams a également attribué une équivalence d’un cran entre chaque zone. Ainsi, les 7 gris représentent également la latitude normale du film, de trois crans inférieurs et de trois crans supérieurs à la valeur centrale du gris moyen, la zone V.
Les zones II et VIII sont les limites extrêmes de la gamme de gris (perception de fins détails). Toute tonalité plus sombre que la zone II est rendue en noir (très foncée et sans détails) et toute tonalité plus claire que la zone VIII est rendue en blanc (très claire et sans détail). Visuellement, les tonalités placées en zones III et VII sont plus significatives, car ces placements de tonalités foncées et claires joignent la traduction de volumes ou de reliefs. Mais il est important de situer les valeurs limites de la latitude de nos matériaux.
Quant à la nécessité de discerner plusieurs types de noirs et plusieurs types de blancs, cela a peu d’importance à la prise de vues, ni lors de l’observation du tirage final par le spectateur. Une zone noire I et une zone blanche IX suffisent à compléter l’échelle. Ces aspects ne sont utiles qu’aux étapes de calibrage et dépendent beaucoup des types de matériaux utilisés.
Pour appuyer tout ça, le fabricant Stouffer annonce maintenant sur son site (www.stouffer.com) l’échelle positive « Zone System Chart RZ9 » comprenant 9 tonalités dont 7 gris, numérotées en chiffres romains de I à IX.
Le calibrage des films au densitomètre
La densité minimale de 0,10/ support + voile est une référence classique en sensitométrie pour déterminer l’indice d’exposition d’un film. Tous les standards scientifiques et industriels d’Angleterre, d’Allemagne, de France, puis de l’ISO, l’ont évoqué depuis les travaux d’Herter et Drieffield de 1890.
Dans mon ouvrage, (chapitre 6, p.112-113,) j’explique qu’on relie cette norme arbitraire bien établie à une exposition en zone I, parce qu’une si faible densité sur le film ne peut produire que du noir sur le papier (environ 97 % du noir maximum). Sur une courbe de film développé moyennement ou normalement, si on obtient cette densité en Zone I, on obtiendra de 0,20 à 0,25/ support +voile en zone II, ce qui est assez élevé pour produire le gris le plus foncé du papier, égal à 90% du noir maximum. C’est donc cette densité du film qui est la plus utile à considérer comme densité minimale, parce qu’elle correspond au début de la gamme de gris du papier et de l’échelle des zones. On défini comme densités utiles du film celles qui correspondent à la gamme du papier.
C’est lorsqu’on évalue les indices d’exposition de films différemment développés (N+ et N-) que la référence de 0,20 / support +voile devient plus exacte, car quelle que soit la façon dont les densités progressent selon le degré de développement, on évalue directement, sur la courbe du film, une densité minimale qui correspond toujours au début de la gamme de gris du papier, soit le gris très foncé de la zone II.
En conclusion
La densitométrie est une science qui sert à tester et à calibrer de façon précise et complète nos matériaux photographiques. Les graphiques faisant la synthèse de la progression des indices d’exposition et du contraste du film permettent de situer rapidement plusieurs standards de développement à la fois (chapitre 7 : La synthèse des caractéristiques) On peut tester nos matériaux en les évaluant de façon visuelle, par contacts et agrandissements protocolaires. Ça permet de se faire l’œil dans une démarche logique, mais les résultats demeurent approximatifs (Chapitre 3 : Le calibrage des matériaux).
Ansel Adams a utilisé la densitométrie pour mettre au point son invention, le système des zones. Ce système constitue le lien entre la connaissance des matériaux photographiques et la pratique de l’art photographique en noir et blanc. Le système des zones sert à créer des images par « le langage des tonalités », selon l’imagination du photographe et sa connaissance des matériaux qu’il utilise (introduction p.3).
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