Auteur: seb
Date: 19-04-2004 19:29
Guillaume,
l'arc de triomphe est un monument aux morts, qui plus est de personnes mortes pour la patrie, soit un symbole culturel français très fort. Nike est une entreprise américaine qui fabrique des chaussures. Or, en ce qui me concerne, je trouve osé que d'annoncer l'ouverture d'un nouveau magasin Nike en France en re-fabriquant l'arc de triomphe (culture + France) avec des boites de chaussure américaines (Amérique + économique), comme si l'économique pouvait tout s'approprier, tout reconstruire. De plus, cette pub a été diffusée lors des tensions opposant la France aux Usa / guerre en Irak. CQFD.
/ coeur à l'ouvrage : il s'agit d'une pub télé, et je peux vous garantir que le traitement réalisé n'évoque pas ce que vous, vous évoquez . La fille ne saute pas en l'air après avoir mangé sa barre chocolatée, mais continue mécaniquement et tristement son travail.
Je n'ai pas dit "toutes les publicités nous font réfléchir", mais certaines y arrivent et je trouve cela très bien parce qu'elles touchent bcp de monde, ne sont pas élitistes.
Bref, vous avez votre opinion et moi la mienne. Restons-en là, même si je pense que notre conversation ne peut ennuyer les autres utilisateurs du forum puisqu'ils ne sont pas obligés de la suivre.
Je terminerai en vous souhaitant uen bonne soirée et par cet extrait d'article de Libération.
Pub: mais où est passée l'audace?
La conjoncture économique morose et le regain de puritanisme nuisent gravement aux créatifs.
Par Catherine MALLAVAL
samedi 10 avril 2004 (Liberation - 06:00)
«Des fois, j'ai honte. Je pourrais devenir antipub quand je vois certaines campagnes. Le pire, je crois que c'est dans l'alimentaire avec une inflation de "mmmh" ou de "c'est bon", en guise de réflexion», balance Gilbert Scher, directeur de création de l'agence de pub Enjoy. «Y en a marre des pubs avec des visuels à deux balles. Marre de ceux qui font pas leur boulot.» Marre d'être obligé d'admettre que «90 % des pubs qui sont dans le métro sont d'une atrocité sans nom, renchérit Gabriel Gaultier de l'agence Leg. Moi, je veux revoir des pubs vivantes, joyeuses, sans peur du risque, du mauvais goût ou de perdre un client». «Il reste du très bon, mais c'est vrai aussi qu'il y a de plus en plus de déchet», ajoute Rémi Babinet, président et directeur de création de BETC Euro RSCG.
Une bande d'originaux prêts à rejoindre la cohorte grandissante des antipub ? Qu'on ne vienne quand même pas trop les chatouiller avec ces barbouilleurs. «On a tendance à surpondérer un truc épiphénoménal. D'ailleurs, je pense que plutôt que d'offrir des espaces réservés aux antipub, la RATP ferait mieux de réagir en expliquant que sans la pub les usagers paieraient leur ticket plus cher», dit Gaultier. «Les journaux, dont la liberté dépend pour une large part de leurs recettes publicitaires, montent les antipub en épingle.» Bref, circulez. Alors quoi ? Une bande de schizophrènes en train de se tirer des balles dans le pied ? Faux. Si ces trois-là <caron> entre autres <caron> pestent contre l'actuelle médiocrité de la pub, molle si molle, s'ils ont le moral tout raplapla, c'est qu'ils aiment la pub. Tous membres, à titre individuel, du Club des directeurs artistiques, ils comptent bien retrousser leurs manches. Faire (re)monter le niveau en promouvant le meilleur de la création (lire ci-contre).
Court terme. L'intention est louable. Tant qu'à être matraqué autant l'être bien. Mais la tâche risque d'être ardue. D'abord, il y a la récession, entamée en 2001. «Elle est loin d'avoir stimulé la création», analyse Babinet. En cause : la concentration des agences. Et des annonceurs très réticents à l'idée d'aller chercher du dépotant chez les petites, «alors que ce n'est pas le cas aux Etats-Unis, par exemple». Autre conséquence de la crise : l'avalanche de pubs destinées à faire vendre immédiatement plutôt que de viser le long terme en travaillant la marque (ah ! les fantasmatiques sagas de Dim). Des exemples ? Là, ils se lèvent tous contre Danone, et ses spots à trois balles pour ses produits frais. Et ce n'est pas tout. La crise, à en croire Gabriel Gaultier, a encore renforcé la puissance des «costards gris». Comprendre les commerciaux, prêts à tout pour décrocher un annonceur. Et à déballer un arsenal pseudo-scientifique pour les rassurer.
Régression. «Merde aux rétroprojecteurs», annonce Gaultier sur le site Internet qui fait l'autopromo de son agence, où l'on voit défiler une longue liste de tous les travers archi-marketing dont la production publicitaire ferait bien de se débarrasser : «Napoléon n'a pas pré-testé la bataille d'Austerlitz auprès d'un panel représentatif d'Autrichiens» ; «Avec un bon cost-controler, la tour Eiffel ne ferait que 50 centimètres de haut»... Une coquetterie de créatif ? Il n'est en tout cas pas le seul à pester contre ces maux : «Maintenant, les trois quarts des campagnes sont pré-testées. On coupe tout ce qui dépasse un peu», s'agace aussi Gilbert Scher, qui est allé jusqu'à écrire dans un hebdomadaire spécialisé : «C'est plus de la récession. C'est de la régression.»
Régression en effet «la vague de puritanisme», dénoncée par tous. Avant, comme dit Scher, on se marrait quand Myriam, au lendemain de l'élection de Mitterrand, enlevait le haut, puis le bas, en affichant ses fesses sur des affiches. Aujourd'hui, tout juste si l'on ne se fait pas taxer de pervers pour avoir souri devant l'affiche qui disait : «Babette, je la lie, je la fouette, et parfois elle passe à la casserole.» C'était en 2000. Insensé le tollé déclenché par les féministes ! «Pourtant, la publicitaire était une femme comme moi. Et, pour nous, il était évident que c'était du second degré et de l'humour, se souvient Coralie Hebert, chef de produit. Après tout ce battage, nous avons dû "alléger" nos slogans. Dommage, parce que les ventes avaient monté de plus de 30 %.»
Bref, «ça rigole pas», reconnaissent les publicitaires, même s'il est légitime de «protéger l'image de la femme», et de s'en prendre à des pubs <caron> avant tout mauvaises <caron> comme celle du string Sloggy. «Quelque part, nous payons le prix de la vague du porno chic. Ce que les gens ne savent pas, c'est que ces pubs ont été majoritairement faites par les marques de mode elles-mêmes, et non par des agences !»
Réglementation. Et comme si tout cela ne suffisait pas, «au puritanisme, il faut d'ailleurs ajouter la propension à tout vouloir réglementer». Dans l'air du temps, une loi protégeant l'image de la personne humaine et, au niveau européen, une autre destinée à l'obésité. Dur ? Comme persifle Gaultier sur son site : «Ce n'est pas votre publicité qui est nulle, c'est vous.»
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