Auteur: Nico
Date: 24-11-2003 11:13
Bonjour,
jahzz dit: il reste pour moi la personne qui a osé attaquer des éditeurs de cartes postales ayant reproduit et commercialisé neuf cartes postales montrant la place des Terreaux à Lyon (aménagée par lui) sans son accord et sans le créditer au verso des cartes
Pour ma part, et dans le cadre d'un procès terminé, je trouve que juger Daniel Buren (que, je le répète, je ne connais pas ni ne cherche à défendre au-delà de ce qui me concerne) sur ce seul critère est un peu hâtif.
Une expérience similaire est arrivée à un photographe de mes amis, qui a photographié à la demande de ses propriétaires un domaine historique, dans le but d'une publication et de cartes postales. En l'occurence, le débat n'est pas tout à fait le même car il n'était pas l'auteur du patrimoine représenté. Il s'est rendu compte, une fois le livre édité et les cartes sorties, que son nom n'apparaissait qu'une fois en fin de livre; bon, passe encore (même si la pilule est dure à avaler quand une pleine page sur deux est une photographie). Par contre, aucune mention de son nom sur les cartes. Or, le droit lui reconnaît la propriété des œuvres photographiques, seul le droit de reproduction et d'utilisation a été commercialisé. Résultat: procès, demande d'indemnités et tout ce qui s'ensuit.
Je précise que son travail a été fait dans le cadre d'un contrat; les sommes demandées par sa partie peuvent sembler énormes. Mais il s'agit d'un principe. Et, pour l'anecdote, sans qu'il paie les frais de procédure, la réparation a été la mention de son nom et le franc symbolique (un euro eût été mieux, certes!).
Je pense qu'il en est sensiblement de même dans le cas de la place des Terreaux. Connaissant:
- le caractère des créateurs français comme Daniel Buren, qui défendent comme leur prunelle leurs travaux (à tort ou à raison, chacun se fait son opinion)
- une certaine tendance du droit et certains faits de jurisprudence tendant à donner un caractère hautement mercantile à la reproduction d'une image
- et en me disant en plus que l'équipe de Daniel Buren a dû rédiger quelque part une note du type des Avertissements visant à se prémunir de toute reproduction non-contrôlée de leurs travaux
eh bien j'en conclus qu'un procès, quelle qu'en soit l'issue, était à prévoir.
D'autant plus qu'un procès, avant tout problème d'argent (ce sur quoi on a trop tendance à se focaliser, et ça contribue à cet effet pervers), cherche à mettre en lumière un délit. Ici, si le délit est la non-reconnaissance du travail de l'équipe de Daniel Buren, alors il y a délit. Le fait que le tribunal ne reconnaisse pas la demande de dommages et intérêts souligne l'intrication des colonnes dans un patrimoine qui dépasse ce à quoi a droit Daniel Buren. Donc, tant mieux que sa demande de dommages et intérêts ne lui ait pas été accordée!
Au-delà de tout ça, ça soulève des questions que chacun peut se poser:
- quand je vois une image sans légende, que lire?
- quand je vois une image mal légendée, que lire?
Une autre anecdote, qui m'est arrivée:
Lors d'une exposition organisée dans le cadre d'un festival de photographie à visée internationale, j'ai vu une image d'un photographe connu, représentant un lieu très connu, portant une légende complètement farfelue. Je m'emporte, je trouve qu'il y a tromperie et que ça demande réparation. On me répond poliment que:
- d'abord c'est pas si grave, jusqu'à présent personne ne s'était manifesté, alors... (je suis quand même arrivé dans les derniers jours d'accrochage)
- ensuite je n'ai pas à m'emporter, "il n'y a pas mort d'homme quand même!"
- enfin on ne va pas changer la légende pour encore quelques jours d'accrochage, en plus ça évite des manipulations risquées.
En imaginant un caractère féroce (que je n'ai pas, malheureusement?), il y a la matière à procès, au moins de la part du photographe, ou de celle des propriétaires du lieu représenté, ou de son auteur, et je trouverait ça justifié.
N
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