Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 22-09-2003 12:32
Au moment où j'écris ces lignes, le groupe est toujours sur place, je vous donne donc quelques impressions personnelles des deux premières journées. Vous aurez à n'en pas douter les derniers commentaires sous peu.
Cette fois Jimmy Péguet avait fait fort en prévoyant tout le matériel nécessaire au développement par voie humide, il nous doit donc un grand merci pour tout ce travail ainsi qu'aux propriétaires du gîte, M. et Mme Colomb, qui nous ont reçus si chaleureusement (vous connaissez le coup de la cuve à sulfiter les polaroïds qui se renverse sur le tapis du salon ? heureusement rien de tel n'est arrivé...).
Des amateurs passionnés avaient sorti leurs plus beaux barytés N&B en 50x60. Génial le procédé de séchage à bande gommée qui permet de tendre parfaitement le baryté pour le remonter ensuite bien aplati sur le support de son choix. Ce que j'ai vu redonnerait la Foi dans le Noir et Blanc au plus mécréant. Une expérience recommandée, donc.
Les professionnels, modestement, s'en étaient tenus à des formats nettement plus petits, Philippe Ayral, en grand seigneur, avait laissé ses beaux soixante-septante quelque part entre le pont du Mont Blanc et la Vallée de l'Arve pour ne pas décourager les amateurs. Pour sa superbe 'master-class' du samedi après midi il nous montra en direct ce qu'on obtient par contact à partir d'un négatif 13x18-5"x7" avec les procédés platine-palladium. Inutile de décrire les images qu'il obtient en quelques mots, il faut non seulement les voir, mais aussi voir l'artiste à l'oeuvre.
Marc Grandjean et Henri Gaud, eux aussi, se contentèrent de formats finalement assez petits par rapport aux beaux tirages 50x60 : "que" 24x24cm pour les diapositives de PdV aérienne verticale qualité IGN/Zeiss/film-aéro de M.G., et "que" 20x25cm pour les diapositives de la photothèque d'Henri Gaud. Du piqué ? bon... il y en a un peu ;-);-) sur ces images magnifiques, que ce soient les contacts N&B 5"x7" de P. Ayral ou les diapos grand format de MG et HG.
À ceux qui se posent encore des questions sur la difficulté de développer les plans-films, je recommande la démo de François Croizet à la chambre 30x40. En pas plus de temps qu'il ne m'en fallut pour exposer, sulfiter, frotter (merci Philippe... ah les gélatines noires du P/N ! ce n'est pas le sulfite qui les fait se décoller ! il faut y mettre un peu la patte) puis finalement laver un petit polaroïd 665 P/N (8,5x10,5cm), F. Croizet nous chargea, exposa et développa un plan-film 30x40 de chez Maco. Bon, on argumentera qu'il avait fait le plein d'eau et de charbon dans l'apo-ronar de 480 dès le matin, que le diaph et le Packard étaient à la bonne pression, et que sur sa chambre "maison" réglée sur l'hyperfocale à f/90 la mise au point est vite faite... n'empêche, une cuve à développer à tambour, qu'est-ce que cela marche bien.
Dimanche après-midi, les Journées du Patrimoine tombaient à pic (et à Vic) pour la master-class d'Henri G. sur les photos des fresques en intérieur lumière naturelle exclusivement. Respect du lieu et de l'esprit des bâtisseurs, rigueur de la démarche du photographe sur le plan esthétique et technique, on croit connaître de l'avoir lu sur galerie-photo : mais le vivre en direct, c'est mieux...
Je ne sais pas quel accès de mansuétude prit à Henri G., mais il choisit pour les étudiants un sujet de faible contraste, dans le genre zone V-1/2 à zone V+1/2, ce qui permit aux tenants des cellules non spotmètre de trouver à peu près le même temps de pose que «celui du prof'».
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Sinon et tout à fait hors sujet, une suggestion de jeu de société au cas où les participants s'ennuieraient lors d'une prochaine session (l'impossibilité d'une telle chose rend donc ce qui suit parfaitement improbable, évidemment).
Le jeu consiste à demander à un professionnel ou à un amateur passionné de « mettre en route » un débutant sur un modèle de chambre exactement à l'opposé du modèle préféré de celui qui explique. Celui qui explique perd le jeu dès qu'il cite dans la conversation les avantages de sa chambre à lui et les désavantages de celle que le débutant vient d'acheter. En quelque sorte, une variante du jeu du "mot interdit". Par exemple --je choisis une situation tout à fait absurde et improbable-- un(e) débutant(e) apporte une chambre technique de Münich métallique à abattant frontal, et celui qui explique ne jure que par les monorail de Schaffhouse. Si le mot "S...r" est prononcé, celui qui explique est éliminé immédiatement. Le débutant, lui, perd s'il prend la décision de revendre l'appareil avant d'avoir compris comment on s'en sert. En cas de match nul la tournée de Chablis qui marque la fin du jeu passe de un déci par personne à deux décis.
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Parmi le beau matériel, on citera la ZONE VI 20x25 de P. Ayral, et une superbe Rittreck 13x18 métallique pliante d'Alain Bacouël. Sans oublier un Tessar 6,3 de 305 en monture laiton, le vrai, celui du brevet de 1902, acheté par un jeune professionnel avec sa première chambre. Cent ans après, la tradition n'est pas perdue.
Enfin parmi tant de discussions passionnantes, un échange entre Henri Gaud et Alain-Marc Oberlé sur l'évolution des métiers de photographe et des métiers de l'édition nous plaça au coeur des mutations que vit la photo professionnelle en ce moment.
On regrettera évidemment de ne pas avoir pu rester les trois jours.
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