Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 20-09-2003 11:51
Monsieurt Peyre,
j'aime beaucoup votre concept de glissement "du sujet extérieur vers notre relation au sujet". Je vais y réfléchir.
Par contre, lorsque vous dites "décider que son vecteur d'expression sera telle ou telle focale", je crois que le rapport au sujet, que je ne nie pas, bien au contraire, est en relation étroite avec l'équipement. En effet, selon le sujet traité, on aura des focales, des films, des dos différents pour établir cette relation.
Certains travaillent exclusivement au 35mm, ou au 50mm etc... N'est-ce pas un choix réducteur ?
En effet, décider que telle ou telle focale est le prolongement naturel de l'oeil, n'est-ce pas quelque part s'emprisonner dans un système, et passer à côté de certaines occasions de s'épanouir différemment. C'est un choix quer je désapprouve mais que je respecte.
Pour moi, il y a deux approches :
- Ou partir avec une idée "pré-réfléchie" du type de sujet qu'on va traiter. Dans ce cas, on a fait des repérages préalables, voire des Pola ou des schémas de PdV. C'était le cas lorsque je faisais des "séries" (vieilles portes en bois, clôtures etc...)
Mais je devais parfois me mettre des oeillères lorsque je passais à côté d'un beau sujet, mais qui ne rentrait pas dans ce programme. (Et de toutes façons je n'avais parfois pas l'objectif, ou le film qu'il fallait pour le traiter).
- Ou partir à l'aventure, avec un attirail complet, et préparé pour faire face à quasiment toutes les situations. On ne sait jamais ce qu'on va rencontrer, mais quoi qu'il en soit, on aura dans son sac l'objectif, le film et le dos nécessaires pour le traiter.
On choisit un type d'appareil, dont on doit bien connaitre les possibilités, les limites et les contraintes. Vous savez quels types d'appareil j'utilise. Master et Rollei F. Mais je n'emporte jamais les deux en même temps.
Avec la Linhof, j'ai soit la PdV à main levée , viseur-télémètre, soit la PdV "posée" au trépied-dépoli. Compte tenu du poids et de l'encombrement, lorsque je prends la Linhof, je pars faire de la photo.
Avec le TLR, la photo n'est jamais le but de mon déplacement.
La relation établie avec le sujet est, avec les deux appareils, différente de ce qu'on a avec un réflex. Le côté "arme" du réflex m'agresse personnellement, et je ne veux pas l'imposer aux autres. Les deux, Linhof et Rollei ont un côté désuet, suranné, qui plait ou amuse les gens. Mais ils se sentent moins menacés que lorsqu'on pointe sur eux un "Canon de 135". (marqué en plus "canon"...wouaff ! ) et que l'on vise, tire, mitraille.
Comme en plus je n'ai pas un physique de paparazzo, mais plutot un air (involontaire) d'AA, ça facilite beaucoup les choses.
JLL
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